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LA QUESTION MONÉTAIRE

ENVISAGÉE DU POINT DE VUE THÉORIQUE

Des événements récents donnent un intérêt d'actualité à la recherche et à la détermination de la place qui doit être assignée parmi tous les facteurs de la crise économique et sociale -au facteur monétaire.

La crise monétaire bat son plein. Elle a provoqué la réforme monétaire de l'Inde et, d'autre part, elle a été rendue plus aiguë par cette réforme même. Elle a motivé la réunion prématurée du Congrès législatif de Washington qui vient enfin de voter, le 1er novembre 1893, l'abrogation du Silver Purchase Act de 1890. Cette loi, qui obligeait le secrétaire du Trésor (ministre des finances) de l'Union à acheter chaque mois 4 1/2 millions d'onces d'argent au prix du marché, portée en vue de remédier à la crise, avait renforcé une loi analogue antérieure; elle n'a pu empêcher la chute du prix de l'argent métal.

Quelle a été la raison d'être de cette politique des achats d'argent? Ces lingots qui n'étaient point portés à la Monnaie, mais remisés dans les caves du Trésor, sont entrés dans la circulation, sous la forme de billets, Trea

sury Notes. Ce régime monétaire, au moins singulier, était essentiellement temporaire et expectant. Il fut inauguré en 1878, époque à laquelle déjà on ne voulait plus monnayer l'argent déprécié à la suite de circonstances diverses; on ne voulait pas non plus se résigner à abandonner ce métal aux chances d'une dépréciation plus forte.

Quelle est la cause, ou quelles sont les causes de la crise de l'argent? Est-ce l'extraction excessive du minerai, est-ce la démonétisation réalisée en divers pays, et la suspension de la frappe par l'Union latine et par les États

Unis?

Je n'essaierai pas de résoudre la question dans cette étude, du moins d'une façon directe et explicite. Je compte seulement rappeler et comparer les données doctrinales du problème monétaire, en vue de faciliter par là la solution du problème et d'y apporter ma modeste contribution. Cette étude sera donc plutôt déductive : elle appelle au surplus, comme complément et comme moyen d'en contrôler les appréciations, l'examen critique des faits monétaires, examen qui permettra de formuler des conclusions basées sur l'induction.

L'étude des théories monétaires n'est pas d'ailleurs d'ordre métaphysique. Res tua agitur, telle est l'épigraphe de nombreux travaux publiés par Émile de Laveleye sur la monnaie. Qui que tu sois, lecteur, écrit-il en tête de l'introduction de son livre La monnaie et le bimétallisme international, c'est de ton intérêt qu'il s'agit dans ce livre. Comme la mort, la monnaie exerce son empire sur tous les humains. Lui-même a pris soin de raconter les conditions de son initiation aux mystères du problème monétaire. Il habitait, l'été, la campagne sur la frontière de France, à l'époque où, après la découverte des placers de l'Australie et de la Californie, l'or abondait et l'argent raréfié faisait prime. Je recevais mes petites rentes en or, dit-il, et l'hiver, rentré à Gand, je ne l'écoulais qu'à

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perte. L'homme est encore très enfant. Rien ne l'irrite comme une perte, si petite qu'elle soit, mais répétée chaque jour, sur des pièces de monnaie qu'il considère comme ayant leur pleine valeur. Je partageai donc l'agacement général et Je me mis à étudier la question de la monnaie. >>

A la suite de cette première publication (1), Émile de Laveleye ne cessa d'accorder une partie de son activité à l'étude de la monnaie. Pendant plus de trente ans, il ne se passa pour ainsi dire pas une année sans qu'il envoyât à la Revue des Deux Mondes ou à la Contemporary Review un nouveau plaidoyer bimétalliste il contribua ainsi, à l'étranger plus encore qu'en Belgique, à vulgariser la science monétaire.

Il en vint à considérer la monnaie comme la société humaine, se rencontrant par là, pensée commune, avec le grand Bossuet.

le lien de

dans une

Le rôle économique de la monnaie est considérable. C'est par l'usage de la monnaie que les échanges se sont multipliés, c'est la multiplicité des échanges qui a rendu possible et utile la division du travail, c'est sur la division du travail qu'est édifiée la société économique: car la division du travail est la source de l'activité productive des individus, source elle-même de la richesse des familles et des sociétés.

Il est une autre institution économique, se rattachant d'ailleurs à la division du travail, étant comme elle une des conditions sociales de la production (2) » : le crédit, dont l'usage de la monnaie est la condition sine qua non. Tous les inconvénients du troc qui ont fait rechercher un medium d'échange se retrouvent dans le prêt de réciprocité ou à titre onéreux et en restreignent ainsi la pratique. En s'introduisant dans les mœurs, le prêt d'argent est venu stimuler l'accumulation de la richesse et la for

(1) La Question de l'or, 1860.

(2) Expression empruntée à M. Gide.

II SÉRIE. T. v.

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sury Notes. Ce régime monétaire, au moins singulier, était essentiellement temporaire et expectant. Il fut inauguré en 1878, époque à laquelle déjà on ne voulait plus monnayer l'argent déprécié à la suite de circonstances diverses; on ne voulait pas non plus se résigner à abandonner ce métal aux chances d'une dépréciation plus forte.

Quelle est la cause, ou quelles sont les causes de la crise de l'argent? Est-ce l'extraction excessive du minerai, est-ce la démonétisation réalisée en divers pays, et la suspension de la frappe par l'Union latine et par les ÉtatsUnis?

Je n'essaierai pas de résoudre la question dans cette étude, du moins d'une façon directe et explicite. Je compte seulement rappeler et comparer les données doctrinales du problème monétaire, en vue de faciliter par là la solution du problème et d'y apporter ma modeste contribution. Cette étude sera donc plutôt déductive elle appelle au surplus, comme complément et comme moyen d'en contrôler les appréciations, l'examen critique des faits monétaires, examen qui permettra de formuler des conclusions basées sur l'induction.

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L'étude des théories monétaires n'est pas d'ailleurs d'ordre métaphysique. Res tua agitur, telle est l'épigraphe de nombreux travaux publiés par Emile de Laveleye sur la monnaie. Qui que tu sois, lecteur, écrit-il en tête de l'introduction de son livre La monnaie et le bimétallisme international, c'est de ton intérêt qu'il s'agit dans ce livre. Comme la mort, la monnaie exerce son empire sur tous les humains. Lui-même a pris soin de raconter les conditions de son initiation aux mystères du problème monétaire. I habitait, l'été, la campagne sur la frontière de France, à l'époque où, après la découverte des placers de l'Australie et de la Californie, l'or abondait et l'argent raréfié faisait prime. Je recevais mes petites rentes en or, dit-il, et l'hiver, rentré à Gand, je ne l'écoulais qu'à

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perte. L'homme est encore très enfant. Rien ne l'irrite comme une perte, si petite qu'elle soit, mais répétée chaque jour, sur des pièces de monnaie qu'il considère comme ayant leur pleine valeur. Je partageai donc l'agacement général et Je me mis à étudier la question de la monnaie. >>

A la suite de cette première publication (1), Émile de Laveleye ne cessa d'accorder une partie de son activité à l'étude de la monnaie. Pendant plus de trente ans, il ne se passa pour ainsi dire pas une année sans qu'il envoyât à la Revue des Deux Mondes ou à la Contemporary Review un nouveau plaidoyer bimétalliste il contribua ainsi, à l'étranger plus encore qu'en Belgique, à vulgariser la science monétaire.

Il en vint à considérer la monnaie comme la société humaine ». se rencontrant par là, pensée commune, avec le grand Bossuet.

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dans une

Le rôle économique de la monnaie est considérable. C'est par l'usage de la monnaie que les échanges se sont multipliés, c'est la multiplicité des échanges qui a rendu possible et utile la division du travail, c'est sur la division du travail qu'est édifiée la société économique: carla division du travail est la source de l'activité productive des individus, source elle-même de la richesse des familles et des sociétés.

Il est une autre institution économique, se rattachant d'ailleurs à la division du travail, étant comme elle une des conditions sociales de la production (2)»: le crédit, dont l'usage de la monnaie est la condition sine qua non. Tous les inconvénients du troc qui ont fait rechercher un medium d'échange se retrouvent dans le prêt de réciprocité ou à titre onéreux et en restreignent ainsi la pratique. En s'introduisant dans les mœurs, le prêt d'argent est venu stimuler l'accumulation de la richesse et la for

(1) La Question de l'or, 1860.

(2) Expression empruntée à M. Gide.

II SÉRIE. T. v.

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