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mation du capital. Grâce à la monnaie, et par le moyen du prêt d'argent, l'épargne, jusque-là stérile, a porté des fruits et est devenue la semence d'une richesse nouvelle

le crédit a mis à la portée de tous le moyen d'exercer une activité lucrative.

Telles sont les causes de l'utilité de la monnaie au point de vue économique. Au point de vue juridique, elle tire son utilité du cours légal, de l'obligation imposée à tous par le pouvoir souverain de l'accepter en paiement. Le cours légal n'est d'ailleurs que la consécration que la loi donne à l'usage. L'État n'est point la source de la vie économique ni de la vie juridique, mais bien la nature; l'État ne fait qu'en sanctionner les manifestations normales. La question de l'intervention de l'État, de la convenance et de l'efficacité de cette intervention, est au fond des controverses sur la monnaie. Il ne faut pas s'en étonner: elle est au fond des controverses économiques sur la propriété et sur le travail; quoi d'étonnant dès lors si on la retrouve à propos de l'échange qui a toujours la propriété ou le travail pour objet. Dans cette question délicate, les opinions extrêmes et à priori s'éloignent de la vérité et de la réalité des faits. L'Etat doit avoir quelque part à la vie économique, mais il n'est pas le créateur de la richesse son rôle est celui de garant d'une répartition pacifique et de surveillant d'une répartition équitable.

Les controverses auxquelles l'étude théorique de la monnaie donne lieu se rattachent:

1° à sa définition, c'est-à-dire à la détermination de sa nature même ;

2° et particulièrement à la détermination de ce qui en constitue la valeur ;

3o au choix de l'étalon monétaire et à la possibilité d'établir entre les deux métaux un rapport de valeur qui soit stable;

4o à la portée de la théorie dite théorie quantitative de la

monnaie, c'est-à-dire à l'influence exercée sur les prix par les variations qui se produisent dans la masse monétaire circulante.

Ces questions sont les seules que je compte aborder. Il convient pourtant de dire en passant que les controverses se continuent sur le terrain des faits. Le désaccord porte sur les points suivants: La crise de l'argent a-t-elle une cause naturelle ou une cause légale ? La crise économique a-t-elle pour cause (pour cause d'ordre matériel bien entendu) les perturbations monétaires ou seulement des modifications intervenues dans la production industrielle et agricole, modification des procédés de production, pays producteurs nouveaux, conditions nouvelles des transports?

I

DÉFINITION DE LA MONNAIE.

I. Origine de la monnaie. - Tous les peuples civilisés, dès l'antiquité, ont remplacé dans la pratique quotidienne des échanges le troc par l'achat-vente. C'est une convention dans laquelle figure uniformément une marchandise appelée monnaie, qui est prise comme équivalent de toutes les autres (1)

Il serait aisé de baser sur cette constatation une définition de la monnaie. Mais la définition serait prématurée. L'accord est loin d'être fait sur la nature de la monnaie, aussi la difficulté n'est-elle pas d'en donner une définition, mais de choisir entre toutes celles qui ont été proposées.

La détermination du rôle économique de la monnaie et des conditions requises pour qu'une chose puisse devenir monnaie nous aidera à faire ce choix.

́(1) Cauwès, Précis d'économie politique, no 202.

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II. Fonctions et qualités de la monnaie. La monnaie instrument d'échange. Quelles sont les fonctions de la monnaie? Quelles doivent être, en vue de ces fonctions, les qualités de la monnaie ? L'usage de la monnaie est né des inconvénients du troc, notamment du défaut d'équivalence dans le troc, de la difficulté de réaliser l'accord des volontés, rares étant les cas où le désir - ou le besoin de l'un des échangistes éventuels et le désir ou le besoin — de l'autre se trouvaient concorder. Trop souvent, contre une chose utile en soi, mais dont on n'avait point l'emploi, l'on ne pouvait obtenir qu'une autre chose, également utile, mais dont on n'avait pas l'emploi non plus. D'autre part, mainte substance corruptible se trouvait perdre toute valeur, faute d'emploi immédiat; mainte richesse, pour se conserver, exigeait des frais tels que sa possession devenait onéreuse...

M. Stanley Jevons rend frappant ce dernier trait par le récit de la déplaisante mésaventure de Mlle Zélie. Voici l'histoire telle qu'il la raconte : « Il y a quelques années, Mlle Zélie, chanteuse du Théâtre Lyrique de Paris, fit autour du globe une tournée artistique, et donna un concert aux lles de la Société. En échange d'un air de La Norma et de quelques autres morceaux, elle devait recevoir le tiers de la recette. Quand on fit les comptes, on trouva qu'il lui revenait pour sa part: trois porcs, vingttrois dindons, quarante-quatre poulets, cinq mille noix de coco, sans compter une quantité considérable de bananes, de citrons et d'oranges. A la Halle de Paris, la vente de ces animaux et de ces végétaux aurait pu rapporter quatre mille francs, ce qui aurait été pour cinq airs une assez jolie rémunération. Mais dans les Iles de la Société les espèces étaient rares; et comme Mlle Zélie ne put consommer elle-même qu'une faible partie de sa recette, elle se vit bientôt obligée d'employer les fruits à nourrir les porcs et la volaille. »

Pour obvier aux inconvénients du troc, on s'accoutuma

à accepter dans tous les échanges une même marchandise pour équivalent de toutes les autres. Cette marchandise devint ainsi l'instrument universel de l'échange.

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Comme exemple des monnaies primitives monnaies des temps primitifs, monnaies des peuples arriérés de l'ère moderne on peut citer le bétail, les fourrures, les coquillages, les verroteries. L'usage de la monnaie métallique est également fort ancien. Les métaux furent d'abord échangés à l'état natif ou à l'état de lingots; on leur donna ensuite une forme déterminée: celle du disque a prévalu et s'est perpétuée. Les premières monnaies métalliques des Latins furent marquées d'une tête de bétail qui rappelait l'unité monétaire antérieure. L'appellation du numéraire pecunia continua à rappeler cette origine quand la tête de bétail cessa de figurer sur les monnaies.

A la première fonction de la monnaie se rattachent toutes les autres. L'on peut donc traiter dès à présent des qualités qui furent recherchées dans l'objet auquel le rôle monétaire fut dévolu.

Ces qualités sont l'exacte divisibilité et l'inaltérabilité. On peut y ajouter une assez grande valeur sous un petit volume pour la facilité de la conservation et de la circulation, et pour la réalisation d'une condition d'importance capitale l'accord sur l'objet ainsi choisi. Ceci n'est point une qualité de la monnaie, mais seulement la condition sans laquelle il n'y a point de monnaie.

Les qualités requises de la monnaie sont réalisées à un haut degré par les métaux dits précieux. L'or et l'argent sont extrêmement malléables, ils ont donc la qualité de la divisibilité; ils sont inaltérables (incorruptibles, incassables, presque inusables).

III. L'équivalence des prestations, condition essentielle de l'échange. -La marchandise choisie comme monnaie dut avoir une valeur qui lui fût propre. La monnaie es une création de l'accord, de l'habitude des échangistes, et

dans l'échange chacun des échangistes veut recevoir l'équivalent de ce qu'il donne. Cette équivalence est de l'essence de l'échange.

Si les métaux précieux furent choisis pour remplir le rôle de monnaie, c'est que les échangistes eurent la ferme conviction que les lingots ou les disques qu'ils recevaient valaient les objets qu'ils échangeaient contre du fer, de l'argent ou de l'or.

L'un des éléments de cette valeur attribuée aux métaux précieux, ce fut incontestablement leur rareté, rareté qui est un facteur important de la valeur pour la généralité des choses. Il convient d'ajouter que la rareté et l'abondance sont choses relatives: il est incontestable que, par un effet de répercussion harmonique dont les phénomènes économiques fournissent maint exemple, le fait que les échangistes choisirent les métaux comme monnaie ajouta à la valeur du métal, en étendant considérablement son emploi, en créant la demande du métal pour l'usage monétaire à côté de la demande du métal pour l'usage industriel et somptuaire.

L'accord des échangistes semble bien être un accord libre. De ce point de vue, il crée pour une part la valeur de la monnaie, mais, d'autre part, l'usage monétaire semble bien être l'attribut naturel des métaux précieux : de cet autre point de vue le choix des échangistes apparaît comme forcé, et la valeur de la monnaie comme la conséquence unique de ses qualités intrinsèques.

- C'est par la nature des choses que tous les peuples parvenus à un certain développement ont choisi l'un de ces deux métaux - l'or et l'argent - pour l'intermédiaire de leurs échanges, dit M. Paul Leroy-Beaulieu. Ces métaux ont par eux-mêmes une certaine utilité; puis ils plaisent par leur éclat ; ils sont d'un usage général pour la parure; ils sont rares et d'une production difficile; à peu près inaltérables, ils se laissent diviser avec facilité; ils ont un poids considérable sous un petit volume; vu le

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