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Or, « il est certain qu'en cas de monopole, c'est la demande qui détermine principalement le prix."

Mais le débouché qui domine le marché des métaux précieux est celui qui est créé par la Monnaie. L'État ouvrant ce débouché peut donc fixer le prix (1) ».

Cette action n'est pas contestable, à mon avis. Mais il faut bien la préciser.

En substituant la vente au troc, en créant le besoin de monnaie, la société a créé une valeur qu'elle a attribuée aux métaux précieux.

Il en est ainsi, au surplus, chaque fois que naît un besoin nouveau et qu'il reçoit satisfaction. On a donné une plus-value au bois quand on a imaginé d'en faire des tables et des chaises.

Tout autant que le bois, les métaux précieux ont une valeur qui leur est propre, qui est réelle, qui s'attache en eux à un objet déterminé.

VIII. Caractère de l'action exercée par la loi en cette matière. Le pouvoir qu'a la loi d'ouvrir ou de fermer le débouché de tel métal en l'admettant ou non au monnayage influe bien certainement sur la valeur marchande de ce métal. La loi alors produit un effet économique indirect son pouvoir est ici uniquement et simplement l'action normale de la demande sur la valeur. Quand la loi crée de la monnaie de papier, elle n'obtient qu'un résultat juridique : elle oblige les citoyens, sans doute; elle n'ajoute rien à la valeur du papier sur lequel est inscrit le signe d'une valeur quelconque. Ce billet demeure un signe de valeur, non une valeur réelle. Si je le brûle, il me reste un peu de cendre; si je brûle une pièce de vingt francs, la fusion faite, il me reste un lingot d'or de 6,450 grammes environ, c'est-à-dire, à peu de chose près, une valeur de vingt francs, comme avant l'opération.

(1) La Monnaie et le bimétallisme international, p. 26.

Ce que la loi donne à la monnaie, ce n'est point sa valeur économique (celle-ci étant seulement, je pense, une conséquence indirecte de la fonction juridique de la monnaie) (1), mais une sorte de valeur sociale analogue à celle que la sanction juridique donne à tous les droits. La monnaie est une condition sociale de la satisfaction de nos besoins, tout comme l'appropriation des choses: aliments, outils, sol. Ce que la loi donne, c'est la force coercitive. Si la loi se retire, il ne reste rien de mon droit, en fait du moins, qu'il s'agisse du droit de propriété, ou du cours de la monnaie. C'est là une conséquence de la souveraineté de la loi, pas autre chose.

Mais la loi ne donne le pouvoir d'achat à la pièce de monnaie que comme elle me donne le droit de cultiver mon champ. Direz-vous que la valeur de mon champ vient de la certitude que j'ai de le cultiver paisiblement? Cela est vrai, mais en certain sens seulement. La question de savoir ce que vaut le champ au point de vue de la fertilité reste entière. Pour la monnaie aussi, la question de sa valeur reste intacte.

La vérité sur les divers éléments qui contribuent à fixer la valeur de la monnaie me paraît pouvoir être résumée ainsi :

Ce sont les qualités propres de l'or et de l'argent, qualités qui assuraient à ces métaux une valeur plus stable que celle des autres marchandises et qui les rendaient particulièrement aptes à servir de medium d'échange et de mesure de valeur, qui les ont fait choisir pour cet objet.

Par un effet harmonique de répercussion dont l'éco

(1) La valeur d'échange des choses vient de nos besoins.

La valeur de la monnaie et des métaux précieux vient du besoin de la monnaie: son rôle dans l'échange, voilà l'origine de sa valeur.

En déterminant la matière dont la monnaie doit être faite pour être reçue par les échangistes, la loi crée le besoin que la société a de tel métal en particulier. De ce point de vue elle a une part prépondérante dans la fixation de la valeur du métal monétaire.

nomie politique offre maint exemple, cette valeur est devenue plus stable par l'usage monétaire et par la consécration légale de l'usage.

III

L'ÉTALON MONÉTAIRE.

La valeur de la monnaie doit être aussi stable que possible les raisons en ont déjà été brièvement indiquées, et cette vérité peut être tenue pour un postulat.

I. Que faut-il entendre par valeur stable de la monnaie et spécialement de l'étalon monétaire? - Il importe de le faire remarquer tout d'abord, il n'existe pas de mesure de la valeur comparable à la mesure des longueurs, par exemple. Il n'y a pas de mesure de la valeur, dans le sens d'une unité invariable qui soit à la valeur ce que le mètre est aux mesures de longueur (1)

La valeur d'une pièce de vingt francs, c'est la faculté que me procure la possession d'une pièce de vingt francs d'acquérir une quantité donnée de marchandises, quantité qui peut varier tous les jours. Comme mesure, l'unité monétaire manque donc de précision.

Rendons cette vérité plus saisissante par un exemple. Voici la définition du yard, mesure anglaise de longueur, telle qu'elle résulte d'un Act du Parlement : « La ligne droite ou distance entre le centre des lignes transversales des deux chevilles d'or de la barre de bronze déposée au département de l'Échiquier, sera l'étalon vrai du yard, à soixante-deux degrés Fahrenheit. - - That the straight line or distance between the centers of the transverse lines in the two gold plugs in the bronze bar depo

(1) Cauwès, Précis d'économie politique, no 191.

,

sited in the office of the Exchequer shall be the genuine standard yard at sisty-two degrees Fahrenheit (1)

".

On discerne sans peine dans cette définition l'élément qui assure l'invariabilité de la longueur du yard : c'est la précaution qu'a prise le législateur d'indiquer à quelle température il faut porter le yard type pour obtenir la longueur vraie de cette mesure.

Qui pourrait suggérer la précaution équivalente qui permettrait de fixer invariablement la mesure de la valeur? Personne, j'imagine.

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Il faut bien se ranger à l'avis de M. Levasseur, quand il dit avec tous les économistes qu'il est impossible de fixer indéfiniment la valeur d'une marchandise quelconque », et qu'il fait l'application de cette affirmation générale à la monnaie. Le mètre, le litre, le gramme, dit-il, sont des mesures parfaitement fixes, parce qu'ils représentent une longueur, un volume, un poids déterminés, connus, invariables. Quel que soit l'objet que l'on mesure, soit en France soit en Chine, soit aujourd'hui soit dans cent ans, la longueur qu'on nomme mètre sera toujours la même longueur.

» On ne peut mesurer les objets qu'avec leur semblable, une longueur avec une longueur, un poids avec un poids. Il faut donc une valeur pour mesurer les valeurs. Mais ce qui vaut ici un franc ne le vaut pas ailleurs aujourd'hui, et ne le vaudra pas ici demain (2). La valeur n'est en réalité que le rapport qui s'établit au moment de l'échange entre les deux objets échangés (3) ».

(1) Procès-verbaux de la Conférence monétaire internationale de Bruxelles 1892, p. 310. -- International Monetary Conference Journal, p. 280.

(2) S'il s'agit du prix, si le marché est libre, et si toutes choses sont égales si les frais de transports sont déduits, par exemple, l'affirmation ne me paraît pas exacte en ce qui concerne les variations de prix d'un lieu à un autre. L'affirmation, au contraire, est pleinement exacte en ce qui concerne les variations dans le temps.

(3) Congrès monétaire international de Paris 1889. Compte rendu in extenso, p. 97.

Choix et unité de

II. Nature de l'étalon monétaire. l'étalon. - Ce sont ces constatations qui faisaient dire à M. Jones, à la Conférence de Bruxelles : < En ce qui concerne la monnaie, un étalon est et doit être une question de quantité, parce que les autres choses étant égales, c'est la quantité de monnaie qui détermine la valeur de l'unité de monnaie (1)

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Cette observation bien simple détruit par avance toute la théorie monométallique.

Une mesure, disent les monométallistes, est et doit être une. L'unité de l'étalon monétaire est donc essentielle. Aussi flétrit-on les bimétallistes de l'appellation de partisans du double étalon, pour bien indiquer la contradiction radicale que l'on prétend découvrir dans la doctrine des tenants de l'étalon qui sera appelé plus exactement étalon bimétallique que double étalon.

Le bimétallisme, en effet, n'est pas la doctrine de la dualité de l'étalon, mais la doctrine de l'emploi simultané de monnaies d'or et de monnaies d'argent comme moyen d'échange jouissant du plein pouvoir libératoire. L'étalon bimétallique est un, non moins que l'étalon unique d'or ou l'étalon unique d'argent. Ce qui le prouve péremptoirement, c'est l'unité de prix. Cette garantie de l'unité réelle de l'étalon, essentielle au point de vue pratique, celui de la sécurité des transactions, n'est donc pas l'apanage des régimes monétaires monométalliques. Bien au contraire, nous voyons dans beaucoup de pays l'étalon unique accompagné de l'agio, et produisant la dualité des prix. A coup sûr, il n'est rien de plus dissemblable à l'étalon unique qu'un régime monétaire qui combine l'attribution à un seul métal du rôle monétaire et le cours forcé d'une monnaie de papier inconvertible. Et pourtant c'est à cela que le monométallisme or mène plus d'un pays du vieux et du nouveau monde !

(1) Procès-verbaux, p. 309.

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