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une distinction fondamentale entre les lettres de change, billets (à ordre), chèques et mandats divers d'une part, et les banknotes d'autre part. D'après lui, parmi tous ces titres d'espèces diverses, les banknotes seraient le seul instrument de crédit qui agirait sur les prix (1) »

".

Dans cette énumération, il n'est même pas fait mention du papier monnaie inconvertible et pour cause, la valeur de cette pseudo-monnaie variant de pays à pays. Une telle circulation, dit M. Stanley Jevons, ne s'étend jamais au delà des frontières de l'État où elle est reconnue. Il n'y a donc pas lieu de nous en préoccuper davantage.

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En ce qui concerne les titres de crédit au sens strict c'est-à-dire sans y comprendre la monnaie fiduciaire, ils ne sont pas des moyens de paiement, ainsi que nous l'avons vu, mais des moyens de différer le paiement, et par là leur multiplication est sans action décisive sur les prix. Entre les prix et le crédit, je ne vois point de relation : le crédit ne sert ni à fixer les prix, ni à les acquitter. Pourquoi ?

Si admirable que soit l'organisation moderne du crédit, elle n'a pu en modifier l'essence, qui est non de suppléer au paiement, mais de différer celui-ci ou de substituer une personne à une autre ou une série de personnes les unes aux autres dans l'obligation de faire le paiement. Il est bien clair au surplus que le Clearing House, dont tout le monde connaît le mécanisme ingénieux, en esquivant l'emploi du numéraire par de simples virements de compte, a restreint son rôle dans l'échange, mais le numéraire reste la mesure régulatrice de la valeur, et c'est là le secret de l'action persistante des modifications dans la masse de la monnaie internationale sur les prix et l'état des affaires en général.

(1) Voir le résumé de sa déposition parmi les documents publiés dans le Compte rendu du Congrès monétaire de 1889, p. 324.

XIII. Rôle de la circulation internationale des titres. Les titres et leur circulation ont aujourd'hui un rôle important dans le règlement des différences du commerce international.

Cette importance, j'ai eu à la signaler, en ce qui concerne le commerce des États-Unis avec l'Europe, dans une étude consacrée à La Crise monétaire produite par la réforme monétaire de l'Inde (1). Quelle est l'influence de cette circulation sur les prix?

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Dans une communication faite récemment à l'Académie des sciences morales et politiques, M. Léon Say, en même temps qu'il signalait le rôle de la circulation des titres dans le règlement de la balance du commerce, faisait observer qu'il faut néanmoins que ceux-ci soient vendus pour que la liquidation soit faite et parfaite. Et lorsqu'il s'agit d'acheter ou d'échanger un titre, on mesure sa valeur, tout comme celle de 100 kilogrammes de blé, en la comparant à l'étalon de valeur. Un grand mouvement d'affaires exige une grande masse de numéraire en circulation. Les titres dont il s'agit ici, actions de chemins de fer, de grandes entreprises industrielles, etc., sont la représentation des choses qui sans les titres ne changeraient guère de possesseur...; on peut même dire que sans les avantages de la société anonyme ces entreprises auraient été impossibles. Pourquoi la circulation des titres permettrait-elle au commerce de se passer à due concurrence de monnaie métallique? Ces travaux publics gigantesques, leur exploitation une fois qu'ils sont établis, celle des voies ferrées, par exemple, n'exigent-ils pas au contraire une circulation de numéraire infiniment considérable, et n'est-ce pas ce qui explique l'absorption pour l'emploi monétaire de l'énorme quantité de métaux précieux offerte sur le marché des nations civilisées depuis 1850 (2)?

(1) Moniteur des intérêts matériels, no du 23 juillet 1893, p. 1735.

(2)

En 35 ans (1851-1885) le monnayage ou tout au moins l'emploi monétaire (couverture métallique des émissions de billets de banque, des silver

XIV. Rôle des billets de banque convertibles en monnaie métallique. Quand l'émission des billets de banque est convenablement réglée et garantie, certains spécialistes sont d'avis que ces billets peuvent être assimilés aux espèces et comptés à l'égal d'une augmentation de celles-ci - déduction faite de la quantité de monnaie métallique qui sert de gage de remboursement. Somme toute, quand le billet est convertible en monnaie métallique nationale, l'étalon de valeur est métallique, et le billet n'est qu'une créance au porteur et remboursable à présentation: il vaut ce que vaut le crédit de l'État débiteur. Pour le maintenir au pair, son remboursement en monnaie étalon doit demeurer certain aux yeux des détenteurs. Lors du krach Baring, la Banque d'Angleterre dut emprunter 75 000 000 de francs en or à la Banque de France, pour faire face aux demandes de remboursement. Ainsi s'est trouvée vérifiée une fois de plus cette vérité, que la faculté pour le créancier d'obtenir paiement en espèces métalliques, est la condition sans laquelle il n'y a point de crédit.

L'avis de Thorold Rogers me paraît d'autant plus intéressant à rapprocher de ces vues, que Rogers ne se payait pas de mots.

On a prétendu à tort, dit-il, que la monnaie de papier exerce sur les prix la même influence que la monnaie métallique. L'or et l'argent agissent sur les prix en vertu de leur valeur intrinsèque résultant de leur coût d'acquisition et de revient. Le billet de banque, qui n'a pas une valeur basée sur son coût d'acquisition et de revient, n'est qu'un signe représentatif des métaux précieux et n'est accepté que tant que dure la conviction qu'il est échan

certificates et des billets du trésor des États-Unis, etc.) a absorbé la plus grande part d'une production évaluable à plus de 29 milliards de marks (or et argent réunis), alors qu'en trois siècles et demi (1493-1850) la production avait été de 43 milliards de marks seulement., Soetbeer, Matériaux pour faciliter l'intelligence et l'examen des rapports économiques des métaux précieux et de la question monétaire, édit. française, p. 11.

geable contre espèces, à la volonté de son détenteur (1)

".

Certaines expressions de ce passage ne cadrent pas avec ce qui a été exposé plus haut (2). Cette réserve faite, je donne mon adhésion entière à l'idée caractéristique qu'il exprime Le billet de banque qui n'a pas de couverture métallique n'est qu'un instrument de crédit comme les autres, sauf en ceci, que sa multiplication doit être strictement limitée; à cette condition seulement, il conserve la qualité essentielle d'un bon papier de crédit, qui est d'être accepté au pair dans l'échange.

XV. Les situations monétaires commandent les situa

tions financières et fiduciaires. C'est l'importance de la réserve métallique qui forme la limite dernière de l'émission des billets de banque », dit M. Foxwell, autorité bimétalliste (3). Et M. Stanley Jevons, autorité monométalliste, exprime la même idée avec précision et souci de la bonne pratique banquaire, en disant qu'« on fera croître et diminuer la circulation du papier avec la quantité d'or déposée en échange (4) », si l'on veut conserver à la monnaie représentative la valeur d'échange de la monnaie réelle.

Bref, il y a une relation certaine entre le quantum de monnaie réelle et le quantum de monnaie représentative, entre le quantum de monnaie et le quantum des instruments de crédit. Le nier, c'est fermer les yeux à l'évidence, car les déductions de la théorie sont pleinement confirmées par les inductions de l'observation. Il suffira au lecteur non prévenu de lire le bulletin financier d'un journal pour être frappé de la relation des crises.

(1) Interprétation économique de l'histoire, p. 194.

(2) L'expression valeur intrinsèque résultant du coût d'acquisition est doublement fautive. Le qualificatif intrinsèque ne convient pas au vocable valeur, la valeur ne représentant aucune objectivité réelle; la valeur au surplus ne résulte pas uniquement du coût d'acquisition et de revient. (3) Compte rendu du Congrès monétaire de 1889, p. 463. (4) La Monnaie et le mécanisme de l'échange, p. 279.

XVI. La théorie quantitative et les écoles monétaires.— Dans le camp des monométallistes comme dans celui des bimétallistes se rencontrent des auteurs qui croient à l'action persistante des modifications dans la quantité de la monnaie sur les prix, et des auteurs qui nient cette action.

Chose singulière, les adversaires les plus résolus de la doctrine de la monnaie signe tombent, sans s'en douter, dans l'erreur qu'ils combattent généralement, quand ils prétendent que les instruments de crédit peuvent suppléer à la monnaie. Ils ne contestent pas le point de départ de la théorie quantitative et reconnaissent que le quantum raréfié des moyens de libération doit les faire rechercher. Ils pensent seulement que le développement du crédit rend la raréfaction impossible, et la crainte de cette raréfaction chimérique. C'est évidemment méconnaître que la matière dont la monnaie est faite doit avoir une valeur propre, et que c'est la condition sine qua non de la fonction d'étalon de valeur.

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Chose non moins singulière, on trouve des partisans de la monnaie signe réfractaires à l'idée que les instruments de crédit et le papier monnaie peuvent remplacer la monnaie. Je ne m'étonne pas que Montesquieu ait formulé la théorie quantitative en rappelant dans sa formule la doctrine de la monnaie signe : "L'établissement du prix des choses, dit-il, dépend toujours fondamentalement de la raison du total des choses au total des signes. C'est là d'ailleurs une formule si peu précise qu'elle cesse d'être exacte. Je comprends moins que cette mixture de doctrines soit encore possible aujourd'hui. En tous cas, si la monnaie n'est qu'un signe, n'est qu'un mot, que la matière dont elle est faite n'importe guère, il y a lieu d'identifier les billets de banque et les espèces métalliques au point de vue qui nous occupe. Cette opinion est celle d'Émile de Laveleye, mais il faut bien reconnaître que s'il était dans la vérité sur ce point, le bimétallisme n'aurait

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