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considéraient comme illégitimes en raison même des dangers qu'elles faisaient courir, sont entrées franchement dans la pratique, aujourd'hui que leur innocuité est parfaitement établie. De ce nombre sont les sections osseuses en vue de redresser les membres difformes, l'ouverture des articulations pour en retirer certains corps étrangers, la cure opératoire des hernies, etc.

Je devrais citer encore bien d'autres exemples, comme le traitement des abcès froids, les résections articulaires, le broiement et l'extraction des corps étrangers de la vessie, l'extirpation du larynx, l'enlèvement du corps thyroïde; mais j'ai hâte d'en venir à ce qui constitue le plus beau triomphe de l'art opératoire, la chirurgie viscérale.

Il existe un certain nombre d'organes importants cachés dans les profondeurs de l'économie et dont les désordres morbides semblaient autrefois du ressort exclusif de la médecine pure j'ai nommé le foie, la rate, l'utérus et les ovaires, l'estomac et l'intestin, les reins, voire même le cerveau, les poumons et le cœur. Ces noli me tangere de l'ancienne chirurgie, les chirurgiens modernes ont osé porter sur eux une main que l'on pourrait appeler téméraire, si des succès éclatants, inespérés, n'étaient là pour légitimer leur périlleuse hardiesse. L'ovariotomie, stigmatisée naguère à l'Académie de médecine de Paris et qualifiée de criminelle par l'une des illustrations de la chirurgie française, est acceptée partout et partout pratiquée avec les meilleurs résultats. L'enlèvement de l'utérus et de ses annexes, l'extirpation d'un rein, l'ouverture de la vésicule biliaire, son excision même, sont des opérations incontestablement délicates, mais dont on ne peut mettre en doute, dans des circonstances données, ni la légitimité, ni les immenses bienfaits. Les chirurgiens n'ont-ils pas poussé l'audace jusqu'à enlever par tranches des parties dégénérées du cerveau, jusqu'à soulever cet organe pour aller à la base du crâne sectionner certaines

racines nerveuses dont la lésion entretenait d'intolérables douleurs, jusqu'à retirer des corps étrangers implantés dans le cœur, jusqu'à exciser des cavernes tuberculeuses du poumon, jusqu'à extirper des cancers de l'estomac et de l'intestin? Je m'arrête, car je touche aux confins du domaine nouvellement conquis, et les obstacles qui se multiplient sur la route ne nous permettent guère de pousser plus avant. Ces grandes audaces, je m'empresse de l'ajouter, ne sont l'apanage que de quelques opérateurs d'élite, et elles resteront sans doute longtemps encore à l'état d'exception. Il me suffira de vous les avoir signalées pour vous donner une idée du caractère entreprenant et superbe de la chirurgie moderne.

Si le rôle de prophète n'était si dangereux, nous serions bien tenté de répéter ce que Boyer, le plus savant chirurgien de son temps, écrivait en 1822 en commençant son grand ouvrage : La chirurgie a fait de nos jours les plus importants progrès et semble avoir atteint, ou peu s'en faut, le plus haut degré de perfection dont elle paraisse susceptible. Mais nous avons foi dans l'avenir, et du point culminant où nous sommes arrivés, nous entrevoyons la possibilité de nouvelles conquêtes. Que de fois, après avoir délivré quelque infortuné d'un mal qui empoisonnait ou menaçait son existence, ne voyons-nous pas l'ennemi vaincu en apparence reparaître sur un autre point de l'organisme et rendre vain notre premier succès! C'est surtout quand il s'agit de lésions tuberculeuses ou cancéreuses que ces déceptions nous attendent. Nous avons beau poursuivre la maladie sans relâche et ne nous arrêter que devant l'impossible: la lutte, il faut bien l'avouer, est souvent inégale et le triomphe final n'appartient pas toujours au chirurgien. Car si notre art est bien près de la perfection, la science chirurgicale, celle qui pénètre la cause intime des maladies et découvre les moyens de rendre l'organisme rebelle à leurs atteintes, cette science est loin d'avoir dit son dernier mot. C'est

donc à la science que nous confessons nos impuissances, et c'est d'elle que nous attendons de nouvelles ressources. Nous lui devons l'anesthésie et l'antisepsie. Qu'elle nous procure des armes efficaces contre la tuberculose et le cancer, et la chirurgie se sent apte à de nouveaux triomphes. Ce sera là, nous le souhaitons vivement, l'œuvre du xx siècle. Le XIX a cueilli sa part de lauriers. Néanmoins jamais le nombre des travailleurs n'a été aussi considérable, jamais l'activité n'a été aussi fiévreuse, dans le vaste domaine des sciences biologiques et médicales. Cette situation, qui fait la gloire de notre époque, autorise toutes les espérances.

DEBAISIEUX.

L'INLANDSIS DU GROENLAND"

FORME ET DIMENSIONS

I

L'extension de l'Inlandsis, du grand champ de glaces intérieures, sur la presque totalité de la surface du Groenland, ne peut plus faire l'objet d'un doute sérieux, depuis les dernières explorations de M. Nansen en 1888, du lieutenant Peary et du capitaine Ryder en 1892.

Le voyage de M. Nansen a établi d'une manière positive ce que les tentatives de ses devanciers permettaient déjà de soupçonner, la continuité de la carapace glaciaire à travers toute l'étendue du pays, de la côte orientale à la côte occidentale. Non seulement il n'existe aucune terre libre dans l'intérieur du continent, mais c'est là que l'Inlandsis atteint son altitude la plus élevée et qu'il présente suivant toute vraisemblance sa plus grande épaisseur. En effet, le profil en hauteur de l'itinéraire de l'intrépide voyageur, dressé au moyen de ses observations journalières sur l'altitude de ses lieux de campement, décrit une courbe, quelque peu irrégulière, mais qui se rapproche d'une façon frappante d'un arc de cercle.

(1) Voir cette REVUE, janvier 1893, pp. 26 et suiv., Les Voyages d'exploration sur l'Inlandsis du Groenland, par M. J. de la Vallée Poussin.

Tous les explorateurs qui, avant lui, s'étaient aventurés sur le champ de glace, Whimper, Jensen, Nordenskiold, Peary dans son premier voyage, ont constaté que sa surface s'élevait constamment à mesure qu'ils s'écartaient de ses lisières, mais par une pente de plus en plus douce.

Partout où ses escarpements terminaux sont aperçus sous une même latitude tout à la fois vers la côte orientale et vers la côte occidentale, on est donc fondé a admettre qu'entre ces deux points il présente une masse continue. Or, sa présence à des distances plus ou moins grandes de la mer, mais nulle part bien considérables, a été constatée sur tous les rivages explorés du pays.

Les derniers voyages nous ont fait connaître qu'à cet égard les côtes septentrionales et désertes n'offrent pas un caractère différent des côtes habitées. Seulement, tandis qu'au midi c'est la rive orientale qui est la plus étroitement assiégée par l'Inlandsis, et la rive occidentale qui possède la plus large frange de terres libres, c'est l'inverse dans le nord. Vers le détroit de Smith et le canal de Kennedy, les grèves elles-mêmes disparaissent en maints endroits sous les amas de glace qui s'écoulent lentement dans la mer, et la frange libre y est aussi resserrée et fréquemment interrompue qu'à la Terre du Roi Frédéric VII. Il en est tout autrement, au delà du 70° parallèle, du littoral de l'est, visité par l'expédition allemande de la Germania en 1870 et où, plus récemment, le capitaine Ryder a hiverné et fait de nouvelles découvertes. Là s'étend une région vaste, dépouillée de neige et de glace pendant l'été, couverte de montagnes imposantes et creusée de fjords parfois très profonds, dont quelques-uns s'avancent jusqu'à cent kilomètres dans l'intérieur du continent sans rencontrer l'Inlandsis. Mais cette barrière de montagnes franchie, ses nappes blanches reparaissent aussitôt.

Existe-t-il enfin à l'extrême nord du Groenland, dans sa partie la plus inaccessible et jusqu'à ces derniers jours

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