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analogues à ceux qui accidentent les bords s'observent dans la partie centrale de l'Inlandsis, mais moins nombreux, plus aplatis, plus allongés, moins distincts. On ne peut guère se montrer affirmatif au sujet de leur origine, et d'ailleurs M. Nansen ne dit nulle part qu'ils sont plus nombreux ou plus proéminents sur un des deux versants que sur l'autre.

Les crevasses enfin, produites par les inégalités du lit sur lequel chemine un glacier, n'existent pas plus que les nunataks sur le plateau intérieur, et la zone externe où elles se rencontrent est moins large à l'est qu'à l'ouest. L'expédition de 1888 cessa d'en voir au delà d'une quinzaine de kilomètres de la côte orientale, tandis que vers l'ouest elle aperçut les premières à quarante-cinq kilomètres de la lisière.

A côté des ondulations dont nous venons de parler, il en est d'autres, plus petites, d'une nature toute différente et répandues partout à la surface de l'Inlandsis. Ce sont des mamelons bas et allongés; leurs arêtes sont alignées invariablement du nord au sud, et dans l'intérieur, où elles deviennent plus rares, s'étendent en ligne droite à perte de vue. Ils n'ont aucune connexion avec les mouvements du sol et doivent leur existence, soit au vent qui souffle fréquemment et avec violence de l'intérieur vers les côtes, soit, et cette opinion semble la mieux fondée, au mouvement propre de l'Inlandsis lui-même. A la surface d'un amas de matières visqueuses en mouvement il se forme toujours des ondulations caractéristiques, disposées concentriquement autour du point initial du déplacement. Or, sur l'Inlandsis, elles sont perpendiculaires à la direction du déplacement des glaces et d'autant moins nombreuses qu'on se rapproche davantage du centre, c'est-àdire de la région où ce déplacement est le plus lent. Les éclaireurs lapons, dépêchés en avant par Nordenskiold, ont fait la remarque que les ondulations du champ de glace marquaient les étages par lesquels s'opère son relèII SÉRIE. T. v.

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vement progressif. A une plaine presque horizontale succède un léger renflement auquel fait suite une nouvelle plaine dominant la précédente. Ce serait un argument de plus, mais Nansen ne rencontre nulle part cette affirmation pour la confirmer ou la contredire.

Aucun fait décisif bien établi ne vient donc ni démentir, ni corroborer la première des deux hypothèses proposées pour expliquer la position excentrique de l'axe de la masse glaciaire. Nous allons voir qu'il en est différemment de la seconde, l'inégale répartition des précipitations atmosphériques entre les deux versants.

III

Il saute aux yeux que cette répartition exerce une action directe et très efficace sur la forme de l'enveloppe glacée, et que celle-ci acquerra son épaisseur maximale là où l'écart sera le plus grand entre l'alimentation par les chutes de neige et l'ablation par fusion ou séparation.

La hauteur de la tranche d'humidité reçue annuellement par les diverses parties du Groenland est encore ignorée. Une seule chose est certaine, c'est, dans la moitié méridionale de ce continent, la rigueur plus grande du climat à la côte est qu'à la côte ouest. Le contraste entre elles est frappant. La marge de terres libres est beaucoup plus étendue le long de cette dernière, elle y atteint en quelques endroits cent cinquante kilomètres de largeur; et tandis qu'on y voit maints golfes pénétrer jusqu'à des distances considérables dans l'intérieur sans être obstrués par l'Inlandsis, celle-ci repousse de ses bras fantastiques les eaux des fjords détachés de l'océan et s'avance presque partout jusqu'aux rivages qui regardent le large. On peut se demander si l'inclémence du climat de la côte orientale n'est pas un effet du voisinage plus prochain de l'Inlandsis en même temps qu'une cause de celui-ci. La

quantité de neige qui tombe chaque année sur le versant est n'a jamais été fixée au moyen d'observations suivies, mais il existe de très sérieux motifs de croire qu'elle l'emporte sur celle que reçoit l'autre versant.

En effet, tandis que les nuées venues de l'océan abordent directement l'Inlandsis sans avoir rien perdu de leur humidité, celles qui arrivent de la mer de Baffin ne l'atteignent qu'après avoir traversé la chaîne de montagnes côtières, située en dehors de la limite des glaces, où elles se déchargent en majeure partie. Les vents d'ouest doivent donc être beaucoup plus secs que les vents d'est sur le plateau intérieur, d'autant que l'évaporation est plus importante sur l'océan qu'entre le Groenland et l'Anérique. La température des eaux s'y élève sous l'influence du Gulfstream et malgré la présence de la banquise bordière. Celle-ci d'ailleurs n'acquiert jamais une bien grande largeur vers le nord de la péninsule, et son action réfrigérante, le fait a été constaté souvent, est très limitée. En dehors de cette ceinture assez étroite, les eaux océaniques sont sensiblement plus chaudes que celles de la mer de Baffin, et partant l'évaporation doit y être plus active. En même temps la banquise provoque la condensation rapide des nuages qui passent au-dessus d'elle immédiatement avant d'atteindre le champ de glace.

Les choses, semble-t-il, ne se passent pas de la même façon dans la moitié septentrionale du pays. Au delà du 70° parallèle, l'Inlandsis abandonne les rivages de la côte orientale et recule beaucoup vers l'intérieur. L'expédition allemande de 1870, celle toute récente du capitaine Ryder, ont reconnu dans ces parages la présence de montagnes élevées découvertes de neiges, de fjords profonds qui s'avancent librement jusque bien avant dans les terres et dont les rives sont peuplées d'animaux arctiques, lièvres, rennes, même des boeufs musqués. Des mousses s'y montrent par places au flanc des montagnes; des pelouses bien fournies, accompagnant le cours des ruisseaux, tapissent le

fond des vallées. Le capitaine Ryder, hivernant dans cette Arcadie boréale, y a fait la découverte d'une forêt en miniature, composée de saules nains poussant sur un tapis de mousses, aux troncs noueux et contournés, espacés de plus d'un mètre, et dressant à six ou huit centimètres de terre leur petit bouquet de feuilles vert pâle.

Sous la même latitude, tout autre est le spectacle offert par la côte occidentale. La carapace glaciaire y commence presque partout avec le continent, la marge de terre libre s'y réduit à presque rien et le climat y est rigoureux à ce point que la fonte des neiges en été est presque nulle. Dans ces parages, l'Inlandsis déverse de toute part ses courants glacés dans la mer, et l'on y rencontre des glaciers, tels que celui de Humboldt, présentant un front continu de cinquante kilomètres.

Il est donc probable que, dans cette partie du Groenland, les précipitations atmosphériques sont autrement distribuées qu'au midi; elles sont plus abondantes sur le versant occidental, et c'est de ce côté que se trouve l'axe du champ de glace.

IV

En résumé, le profil de celui-ci est la résultante d'actions complexes exercées par le degré de plasticité des matières composantes, le relief continental, les agents atmosphériques, la température, en un mot le climat. L'importance respective de ces divers éléments n'étant connue avec exactitude pour aucun d'entre eux, il est impossible d'en déduire directement par le calcul la forme qu'ils ont imprimée à la carapace glaciaire. Cette forme ne peut encore être déterminée que par approximation, au moyen des observations faites par les explorateurs sur l'aspect, les altitudes et le degré d'inclinaison des quelques parties de l'Inlandsis qu'ils ont parcourues.

C'est le travail auquel s'est livré un ami de Nansen, le

Dr A. Hansen. Il a dessiné le profil d'une coupe transversale de l'Inlandsis passant par le point central de l'itinéraire suivi par son ami. Cet itinéraire s'écarte naturellement plusieurs fois, tantôt au nord et tantôt au midi, de la ligne inflexiblement droite tracée par cette coupe. Or, comme la surface du plateau glacé se relève vers le nord, les cotes de niveau calculées par les explorateurs au cours de leur voyage ne pouvaient être utilisées telles quelles pour fixer les contours du profil. M. Hansen les a donc augmentées ou réduites suivant qu'elles étaient situées à gauche ou à droite de celui-ci, basant cette opération sur l'hypothèse que le relèvement du champ de glace vers le nord est de 7m, 50 par kilomètre. Le profil qu'il a obtenu par ces procédés ne dessine pas une courbe parfaitement régulière, mais elle se rapproche d'une façon frappante d'un arc de cercle dont le rayon aurait 10 382 kilomètres. C'est vers les bords, où l'inclinaison des pentes s'accentue brusquement, que la courbe du profil s'écarte davantage de celle d'un pareil arc de cercle. La corde de celui-ci, dont le point culminant, avons-nous dit, s'élève à 2718 mètres de hauteur, aurait 468 kilomètres de développement; or, d'Umivik au fjord d'Améralik, la largeur du pays atteint 445 kilomètres seulement.

Le même travail a été fait pour les voyages des prédécesseurs de M. Nansen. Aucun de ceux-ci, on s'en souvient, n'a réussi à traverser le continent dans toute sa largeur; ils n'ont fait que pénétrer à une certaine distance sur son revers occidental. Les calculs auxquels leurs itinéraires ont été soumis n'ont pu donner nécessairement que des résultats beaucoup plus hypothétiques. Les voici.

Dans la zone comprise entre 62°40' et 62°50' de latitude, parcourue par l'expédition danoise sous les ordres du capitaine Jensen, le profil du champ de glace se rapproche de la courbe d'un arc de cercle qui aurait 8954 kilomètres de rayon. Il s'en écarte sensiblement en deux points, près du bord, où son inclinaison est trop forte,

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