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et aussi à l'autre extrémité, où elle devient trop faible. Cette irrégularité trouve son explication toute naturelle dans la présence de l'archipel des six gros nunataks dont l'exploration était le but du voyage de Jensen. Entravant dans leur marche vers l'ouest les glaces, qui s'accumulent contre leurs flancs d'amont, ils provoquent un abaissement anormal de la surface de l'Inlandsis au couchant, mais en même temps un exhaussement brusque au levant, de telle façon qu'il s'établit de part et d'autre une compensation et que la régularité de la courbe n'en est que passagèrement dérangée. Prolongée par hypothèse jusqu'au milieu du continent, elle donnerait 2080 mètres d'altitude au point central de l'Inlandsis dans cette zone méridionale.

Le profil de l'itinéraire de Nordenskiold en 1883, sous le 68°25' parallèle, décrit un arc de cercle notablement plus surbaissé que les deux précédents. Son rayon, égal à 23 356 kilomètres, ne donnerait que 2360 mètres d'altitude au point culminant, 358 de moins que celui du premier profil, sous le 64°15' parallèle, et cela nonobstant la largeur plus grande du pays. Elle est de 680 kilomètres environ au lieu de 445.

On se souvient que lorsqu'il s'était vu contraint de s'arrêter, Nordenskiold, avant de revenir en arrière, avait envoyé ses deux éclaireurs lapons, montés sur leurs patins à neige, faire une longue reconnaissance vers l'est. A leur retour, ceux-ci assurèrent s'être avancés à 220 kilomètres de distance jusqu'en un point situé à 1952 mètres de hauteur. La régularité quasi-géométrique de la voussure de l'Inlandsis rendait facile de vérifier l'exactitude de ces assertions. Le profil de leur itinéraire, dressé au moyen de leurs observations barométriques sur les cotes de niveau du pays traversé, concordait-il avec celui de l'itinéraire de Nordenskiold de manière à en prolonger régulièrement la courbe? En aucune façon. Les deux profils ajustés bout à bout forment une ligne brisée au point de jonction. Celui des éclaireurs lapons se tient

trop bas et dessine une courbe énormément plus tendue que l'autre. Son rayon aurait des millions de kilomètres.

Voici l'explication très vraisemblable de ce fait singulier. Les Lapons ont lu sans erreur les indications de leur baromètre sur l'altitude du terrain, mais ils se sont trompés dans l'estimation des distances parcourues. Tous les explorateurs de l'Inlandsis ont signalé combien facilement on s'exagérait celles-ci, et dans des proportions fantastiques, parfois de plus du triple.

Si le point extrême atteint par les Lapons a réellement 1952 mètres de hauteur, il doit se trouver à 65 kilomètres du point terminus du voyage de Nordenskiold, et non à 220.

Le profil de l'itinéraire du lieutenant Peary en 1886, un peu au nord du précédent, par 69°30', dessine une courbe analogue, sauf qu'elle est plus arquée et que les pentes sur les quarante premiers kilomètres sont beaucoup plus raides et s'écartent davantage d'un arc de cercle.

V

Dans son mémoire écrit en 1892, Nansen dégageait de la comparaison de ces divers éléments les conclusions suivantes La ligne de faîte de l'Inlandsis, ou son axe longitudinal, dessine une courbe comme son axe transversal, mais plus irrégulière; son altitude est moindre dans le nord du Groenland qu'au midi; enfin son point culminant doit se trouver entre l'endroit où lui, Nansen, l'a franchie, et celui où l'eût atteinte Nordenskiold s'il avait poursuivi jusque-là son voyage. Voici en quels termes il résume l'ensemble de nos connaissances sur la forme extérieure de la carapace glaciaire : « L'Inlandsis se voûte avec une régularité remarquable d'une côte à l'autre, comme on doit l'attendre d'une masse plastique aussi gigantesque. La surface glacée peut être comparée à un

bouclier pointu vers le sud, dont le profil longitudinal aussi bien que le profil transversal est courbe. La courbure transversale correspond à un arc de cercle dont le rayon, du sud au nord, grandit rapidement. La surface du bouclier est arquée plus fortement au sud, tandis qu'au nord elle s'aplatit beaucoup (1).

"

La première de ces conclusions est devenue très contestable depuis le dernier voyage de Peary en 1892. Peu de détails encore en ont été publiés; nous savons seulement que, dans la région tout à fait septentrionale où le navigateur américain l'a traversée, vers le 80° degré de latitude, l'Inlandsis forme un plateau de 2400 mètres d'altitude moyenne, autant que sous le 68. Entre ces deux points son profil longitudinal deviendrait donc tout à fait horizontal, ou même dessinerait une série d'ondulations, sans cependant retrouver les 2700 mètres d'élévation que Nansen lui a reconnus dans sa partie méridionale.

Cet aplatissement à l'endroit où le continent présente sa plus grande largeur, où l'Inlandsis a le plus de place pour s'étaler, ne peut guère s'expliquer que par une abondance moindre des précipitations atmosphériques. En effet, l'étendue supérieure du bassin de réception, la rigueur excessive du climat et, partant, la faiblesse de l'ablation sont autant de circonstances qui doivent accroître l'épaisseur de la carapace glaciaire. Puisque c'est le phénomène inverse que l'on constate, il faut admettre que le sol qui la supporte est moins élevé, ou bien qu'elle est plus maigrement alimentée. Il y a lieu de faire observer à l'appui de cette seconde manière de voir que les mers voisines, plus septentrionales, sont beaucoup plus froides. L'évaporation y est peu active et les vents qui en viennent sont médiocrement chargés d'humidité.

J. DE LA VALLÉE POUSSIN.

(1) PETERMANS MITTEILUNGEN, Ergänzungsheft, no 105, pp. 76-77.

LE COURANT ÉLECTRIQUE

L'histoire

ou la fable - raconte que Thalès, l'un des sept sages de la Grèce, né à Milet en 640, et qui mourut de vieillesse en 548, observa le premier, pendant qu'il assistait aux jeux olympiques, l'attraction que l'ambre frotté exerce sur les corps légers. On ne peut tirer de cette anecdote qu'une conclusion certaine, c'est que la connaissance de ce phénomène, de si mince intérêt mais qui devait être de si grande conséquence, remonte à une haute antiquité. Longtemps elle resta isolée.

Ses premiers développements sont dûs à William Gilbert (1540-1603), qui entreprit de soumettre au frottement toutes les substances qui lui tombaient sous la main. Beaucoup d'entre elles se comportèrent comme l'ambre vis-à-vis des corps légers. Gilbert en dressa une liste déjà longue, et consigna les faits qu'il avait observés dans un chapitre de son livre De Magnete, magneticisque corporibus et de magno magnete Tellur e, publié à Londres en 1600. Il y emploie le mot électrique, dérivé du nom de l'ambre en grec et en latin, pour caractériser cette propriété attractive produite par le frottement: «Vim illam electricam (qui rappelle l'ambre) nobis placet appellare quae ab humore provenit. » Les derniers mots de cette

citation font allusion aux conceptions théoriques, très obscures et peu sages, que Gilbert s'était hâté de formuler sur la nature intime de ce phénomène (1).

Tels furent les débuts d'une science qui s'étend aujourd'hui à toutes les branches de l'activité humaine : un détail presque insensible que le hasard découvre et que la curiosité attentive consent enfin à observer, à contrôler, à poursuivre dans ses conséquences. En faisant ces premiers pas, si petits qu'ils puissent paraître, dans un champ inexploré, Gilbert n'a pas moins mérité de la science que ses successeurs qui y ont cueilli, à sa suite, une si belle moisson.

Deux siècles plus tard, toutes les connaissances en électricité se bornaient encore à ce que nous appelons l'électrostatique, dont Coulomb découvrit les lois en 1785. Elles se concentraient autour de la machine à frottement, que l'on fut cent ans à perfectionner; de la bouteille de Leyde, que le hasard mit aux mains des physiciens pour leur ouvrir les premières vues sur les phénomènes de l'induction; et du paratonnerre, qui fut la première application utile de la science électrique.

En 1800, une ère bien autrement féconde s'ouvre avec Volta (1745-1827), c'est-à-dire avec la découverte de la pile, l'un des instruments les plus admirables que les sciences aient produits.

C'est une source nouvelle d'énergie électrique, où le travail chimique remplace le frottement, et qui nous montre la prodigieuse activité de cet agent mystérieux sous des aspects au premier abord tout différents. Entre les mains de Davy, d'Ersted, d'Ampère,... la pile livre coup sur coup tant et si grands secrets qu'elle cède sous le poids des découvertes qu'elle suscite : après avoir régné quelque temps en maîtresse dans le domaine de l'électrodynamique, elle abdique enfin, à la suite des travaux de Faraday, en

(1) Voir REVUE DES QUEST. SCIENT., octobre 1893: Deux passages curieux d'un livre oublié.

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