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faveur de la machine d'induction, où le travail mécanique prend à son tour la place du travail chimique.

Au fur et à mesure que les faits d'observation se multiplient et qu'on en découvre les lois, les applications pratiques deviennent plus nombreuses et plus variées. Tous les phénomènes électriques sont successivement utilisés; ils sortent l'un après l'autre des laboratoires pour pénétrer dans la vie industrielle, commerciale et domestique. Aujourd'hui l'électricité a été disciplinée à tous les usages à la communication de la pensée, à grande distance, par l'écriture et la parole; à l'éclairage public et privé; à la distribution de l'heure; au service des instruments enregistreurs de toute espèce. Elle extrait les métaux de la matière qui les contient, et force le cuivre impur, tel que le donne un premier traitement métallurgique et dissous dans les acides, à reprendre sa nature métallique en abandonnant tout ce qui le souillait. Elle revêt d'or et d'argent des matières moins précieuses et plus exposées aux injures des actions extérieures. Elle donne aux dissolvants aqueux le pouvoir, qui n'appartenait jadis qu'à la fusion ignée, de déposer les métaux dans des moules appropriés où ils revêtent, avec une correction parfaite, les formes les plus délicates de la statuaire et de l'ornementation. Elle se prête elle-même à la fusion des métaux les plus réfractaires et fournit à la science ses foyers les plus intenses. Elle tend même à se substituer à la vapeur sur nos voies ferrées, et promet à l'industrie le transport à distance de l'énergie mécanique qu'elle permet déjà d'utiliser sous mille formes différentes. Le réseau de ses fils conducteurs, dont la trame se resserre chaque jour et qui s'étend chaque jour davantage, franchit les océans, enlace les cités, envahit nos demeures; l'énergie y circule, non pas seulement à l'ordre des savants et des ingénieurs, mais au gré des profanes, mesurée, transformée et débitée comme on ferait, à peu de chose près, d'une denrée.

Ces progrès considérables ont profondément modifié les points de vue sous lesquels, il y a un demi-siècle à peine, on envisageait les phénomènes électriques. Des notions restées longtemps obscures se sont précisées; des distinctions importantes ont exigé la création de dénominations spéciales; enfin les nécessités de la science pure et celles des applications pratiques ont rendu indispensable l'établissement d'un système de mesures et, pour chacun des effets électriques, le choix d'une unité particulière. Une langue que ne parlaient point encore nos professeurs de physique s'est peu à peu formée : l'étrangeté des mots nouveaux qu'elle emploie, la bizarrerie des mots connus qu'elle assemble témoignent de profonds changements dans les idées qu'elle manie. D'autre part, l'extension toujours croissante des applications en étend chaque jour l'usage tous aujourd'hui ont intérêt sinon à la parler correctement, au moins à la comprendre.

Sa syntaxe, hérissée de formules, ne peut guère sortir des traités spéciaux où elle est exposée; mais elle n'est heureusement nécessaire qu'à ceux qui aspirent à une connaissance approfondie des théories électriques et de leurs applications. Ses éléments, au contraire, sont très abordables, et il est possible de les vulgariser à l'usage de ceux qui désirent seulement connaître les idées générales qui ont cours aujourd'hui dans la science, la manière dont les notions essentielles se tirent de l'expérience, se coordonnent en lois et se rattachent aux principes généraux de la mécanique, et le sens précis des dénominations particulières et des unités spéciales qui se rencontrent à chaque page des publications relatives à l'électricité (1).

Même restreint dans ces limites, le sujet dépasse

(1) Voir dans l'ANNUAIRE POUR L'AN 1893, publié par le Bureau des longitudes, la Notice sur la corrélation des phénomènes d'électricité statique et dynamique et la définition des unités électriques, par M. A. Cornu. Nous utiliserons, en plus d'un endroit, cet excellent travail.

beaucoup les bornes d'un article. Pour l'y faire rentrer, nous ne parlerons que du Courant électrique.

La science et l'industrie utilisent plusieurs sources du courant électrique. Nous nous proposons d'étudier spécialement celle que fournit la pile, et cela pour des raisons de moindre aridité et de plus grande simplicité. La pile est, en effet, le premier générateur que l'on a connu; en y rattachant les notions que nous voulons exposer, nous pourrons suivre, presque pas à pas, l'ordre historique, assister à la naissance et aux développements successifs de l'électricité dynamique. En outre, de tous les générateurs, la pile est celui dont la construction est la plus simple et le fonctionnement le plus accessible; elle nous conduira donc au but par un chemin beaucoup plus aisé.

Quelles relations rattachent les phénomènes de l'électricité statique et ceux de l'électricité voltaïque ? Dans quelles conditions le courant électrique prend-il naissance? Quelles sont ses propriétés? Comment peut-on les soumettre à des mesures rigoureuses? Quelles lois les rattachent entre elles?

Aucun problème de physique n'a été mieux résolu que ceux-là: sur tous ces points, nos connaissances sont très précises et constituent un corps de doctrine parfaitement homogène, qui embrasse les résultats fournis par l'expérience, indépendants par conséquent de toute hypothèse, et qui les expose en les assimilant, par une conception simple de l'esprit, aux phénomènes matériels que nous avons sans cesse sous les yeux. Les résultats expérimentaux sont et resteront vrais, quels que soient les progrès futurs de la science; mais l'assimilation à travers laquelle nous les considérons aujourd'hui fera place, sans doute, à une façon plus élevée de les envisager, si nous parvenons un jour à pénétrer la nature intime des phénomènes électriques. Sur ce point notre ignorance est grande et nous n'aurions à présenter que des conjectures.

I

L'histoire de la pile s'ouvre par une anecdote qui a été racontée de façons fort diverses. Vers 1789, Galvani (1737-1798), poursuivant des expériences relatives à l'action de l'électricité statique sur les animaux, disposait, pour ses essais, des cuisses de grenouilles fixées à un crochet de cuivre, qui fut employé à les suspendre à un balcon de fer. Le contact du fer et du cuivre déterminait des convulsions vives et répétées dans les membres de la grenouille, qu'on voyait rebondir dès que leur poids les ramenait au contact du fer. Galvani s'empressa de reproduire ce phénomène pour l'étudier de plus près. Il reconnut que les convulsions se produisent toujours lorsqu'on établit une communication métallique entre les nerfs et les muscles de la grenouille; et il constata qu'autant ces convulsions sont peu intenses et fugitives lorsqu'on n'emploie qu'un seul métal pour mettre en rapport les nerfs et les muscles, autant elles deviennent vives et persistantes lorsque l'arc métallique est formé de deux métaux diffé

rents.

Galvani était médecin : il chercha dans les tissus de la grenouille l'explication du phénomène, et le considéra comme étant dû à une électricité animale. Dans sa pensée, la grenouille devenait un condensateur, dont les nerfs formaient l'armature interne, les muscles l'armature externe. Les forces vitales produisaient l'électricité nécessaire à la charge. L'arc métallique provoquait la décharge en mettant au contact les armatures de noms contraires (1).

Volta s'empara du sujet, refit les expériences, en imagina de nouvelles et rejeta la théorie. Se fondant sur le

(1) Aloysii Galvani, De viribus electricitatis in motu musculari commentarius; MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE BOLOGNE, t. VII, 363. Les mémoires de Galvani ont été réédités, en 1844, par l'Institut de Bologne, avec commentaire de Gherardi.

fait que les convulsions ne se produisent nettement que quand l'arc est formé de deux métaux, il attribua la cause du phénomène à l'électricité physique prenant naissance au contact de deux métaux différents quels qu'ils fussent. Les tissus de la grenouille ne jouaient, selon lui, que le rôle passif d'un électroscope très sensible.

Le monde savant s'intéressa vivement à ce débat mémorable, dont l'issue resta longtemps douteuse. Galvani, en effet, n'avait pas tout à fait tort. La grenouille peut être considérée comme un condensateur chargé de l'électricité produite par la combustion de matières contenues dans les muscles et qui y sont brûlées par l'oxygène du sang; mais il n'y a pas d'électricité animale. En s'attachant à ce côté inexact de sa conception, il la rendait inutile.

D'autre part, Volta n'avait pas complètement raison. Sans doute, le contact de deux métaux différents peut produire quelques traces d'électricité statique que l'habile physicien sut rendre sensibles; mais seul, il n'en peut développer en quantité suffisante pour en faire une source utilisable. S'il le pouvait, l'arc bimétallique mettrait aux mains de l'homme le pouvoir magique de produire la lumière, la chaleur, le magnétisme, la puissance mécanique et les forces chimiques sans dépense de travail! Toutes ces énergies ne peuvent naître de rien.

Ce principe n'éclaira pas les recherches de Volta; mais en demandant à l'expérience des arguments propres à établir sa thèse et à ruiner l'électricité animale, il fut amené à remplacer la grenouille de Galvani par un corps humide quelconque, et constata que deux métaux, séparés par un lambeau de drap préalablement plongé dans une eau acide et réunis par un arc métallique, excitent un développement continu d'électricité. Il ne vit, dans cette expérience, qu'une confirmation de ses idées la force électrique était due au contact des métaux; le liquide interposé ne jouait que le simple rôle de conducteur. Il eût pu remarquer cependant que le liquide est actif, au

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