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l'hypothèse de notre origine animale que timidement, par la nécessité où ils sont de nier systématiquement le Créateur et à défaut d'une autre théorie qu'ils puissent accepter sans trahir leur cause?

Les idées, il est vrai, marchent avec les découvertes, et les siècles futurs verront peut-être le triomphe du système que le manque de preuves et son insuffisance même nous forcent de rejeter aujourd'hui. Il serait bien téméraire pourtant de lui prédire de si brillantes destinées. Nous serions heureux d'être démenti par l'événement; mais, à notre sens, le mode d'apparition de l'Homme en ce monde. restera toujours un problème scientifiquement insoluble.

CONCLUSION.

Les récents développements de l'archéologie préhistorique, de la paléontologie, de l'anatomie et de la physiologie comparées ont mis en lumière une foule de faits intéressants. Loin de renverser la doctrine spiritualiste au sujet du rôle de Dieu dans la nature, les données nouvelles lui fournissent un système de défense d'autant plus sûr qu'elles sont souvent le fruit de travaux entrepris pour la combattre. Ni les tendances progressistes de Virchow, ni le parti pris antireligieux de Huxley, ni le criticisme affecté de Vogt, ni le dogmatisme sectaire de Haeckel, ni même le génie dévoyé de Darwin n'ont hâté la solution du problème anthropologique dans le sens matérialiste et athée.

En 1892, le professeur Virchow de Berlin l'avoua sans détour au Congrès international de Moscou.

Dans la question de l'Homme, dit-il, nous sommes repoussés sur toute la ligne. Toutes les recherches entreprises dans le but de trouver la continuité dans le développement progressif ont été sans résultat. Il n'existe pas

de Proanthropos, il n'existe pas d'Homme-singe; le chaînon intermédiaire demeure un fantôme (1). »

Carl Vogt ne laisse pas plus de place à l'équivoque. A son avis, l'échec est complet: il sera sans remède, si l'on ne change enfin de méthode, si l'on ne renonce aux généralisations téméraires que les observations ne cessent de démentir. Voici toute sa pensée :

- Partout, dans ces investigations du plus haut intérêt, nous sommes forcément renvoyés, non à des représentations générales, dont on a ébouriffé le monde, mais à des recherches spéciales s'attachant aux faits, bornées à des cas limités et circonscrits, qui doivent être menées avec la plus grande circonspection et entrer dans les détails les plus minimes en apparence. C'est de cette manière qu'on résoudra peut-être, en usant d'une patience à toute épreuve, quelques-unes des questions pendantes; et si l'on n'y réussit pas, il vaut encore mieux avouer son insuccès que de s'efforcer de couvrir les lacunes avec un enduit limoneux que la moindre averse fait découler en boue (2). »

Nous n'avons rien à ajouter à des déclarations si peu suspectes. Également recommandables par leur profond savoir, Virchow et Vogt sont, au surplus, à l'abri de tout soupçon de spiritualisme.

Malgré trente années d'efforts, l'école antireligieuse en est donc encore à chercher le champ futur des combats et des recherches anthropologiques. Comment ne pas rappeler à ce propos les prédictions qu'a formulées, depuis l'origine de la controverse et jusqu'au dernier jour de sa vie, un savant auquel les hommes de tous les partis ont rendu les plus sincères hommages?

C'était en 1870. Darwin n'avait pas encore publié son ouvrage sur La Descendance de l'Homme; mais déjà le public tirait la conclusion des prémisses posées dans le traité fondamental sur L'Origine des espèces, et avait fait

(1) REVUE SCIENTIFIQUE, 1892, t. L, p. 591.

(2) Vogt, Dogmes dans la science, REV. SCIENT., 1891, t. XLVIII, p. 79.

de l'Homme le petit-fils ou du moins le cousin du Singe. Dans son livre sur Charles Darwin, de Quatrefages, l'illustre professeur du Muséum, crut devoir corriger ce qui lui paraissait une méprise, et observa que le savant anglais avait fait à peine deux ou trois allusions très indirectes à la possibilité d'appliquer ses idées générales au problème spécial des origines de l'humanité. Il ajouta :

« Si jamais Darwin le traite avec quelque détail et en sortant du vague que ne permettrait pas un pareil sujet, on peut compter sur un travail curieux, où abonderont les preuves d'un savoir immense et d'un esprit des plus pénétrants. Mais on peut aussi être certain que le maître échouera comme ses disciples; que pour Darwin comme pour Vogt, et pour les mêmes raisons, tout cet effort étayé des plus ingénieuses hypothèses n'aboutira qu'à l'inconnu (1).

Devant cette impuissance avouée des ennemis de la foi, les catholiques auraient tort de vouloir limiter le mouvement scientifique. Dans la question de nos origines, moins que dans toute autre, la doctrine révélée n'a rien à craindre des découvertes futures. Elle paraît être à l'abri de toute atteinte, pourvu que l'on se garde de prendre des vues personnelles pour l'interprétation autorisée de la Bible, des opinions probables pour des dogmes certains, des explications contestées pour la parole de Dieu.

Sans doute, il sera sage, jusqu'à plus ample informé, de s'en tenir, pour la création d'Adam et d'Eve, au sens littéral de la Genèse. Cependant, des théologiens dévoués aux intérêts de la vérité s'en écartent sans que l'Église les y ramène. De quel droit leur disputerait-on le terrain de l'hypothèse et de la libre discussion? La fausseté de leurs systèmes n'a pas été péremptoirement démontrée, et, malgré toutes les déceptions des dernières années, l'avenir pourrait prononcer en leur faveur.

(1) De Quatrefages, Charles Darwin et ses précurseurs français, 1870, p. 372.

En attendant que la lumière se fasse, il importe de s'unir contre l'ennemi commun et de combattre à outrance ceux qui, sous prétexte de progrès, retirent leurs hommages au Créateur du monde, à la source de toute vie, au foyer de toute intelligence, et vont brûler de l'encens devant la personnification honteuse de tous les désordres, l'idole informe et toujours branlante du matérialisme.

FR. DIERCKX, S. J.

DE L'INTRODUCTION DES SCIENCES

DANS

LE PROGRAMME DES HUMANITÉS (1)

La question de l'introduction des sciences proprement dites dans le programme classique des humanités n'est pas de celles qui se puissent résoudre par la pure dialectique. C'est une question complexe; sa solution est intimement liée à celle d'autres problèmes non moins importants et

(1) Cet article est un écho de la discussion sur l'enseignement des sciences naturelles dans les collèges, qui a eu lieu à la Société scientifique de Bruxelles, dans les sessions d'avril 1893, de janvier et d'avril 1894. MM. Proost, Degive, Thiébauld, Wouters ont préconisé, pour des raisons diverses. un enseigne ment des sciences naturelles, concomitant avec celui qui constitue les humanités actuelles (grec, latin, français, flamand ou allemand, histoire et géographie, éléments de mathématiques, notions de physique et de cosmographie), bien entendu en introduisant dans cet enseignement classique des modifications plus ou moins profondes.

M. Mansion, au contraire, a proposé de n'enseigner les sciences naturelles qu'après la rhétorique, dans une classe préparatoire de l'Université, pour ceux qui se destinent aux études médicales.

Le résumé des idées émises dans cette discussion paraîtra dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles.

L'article de M. Marlin que nous publions aujourd'hui peut être regardé comme une pièce complémentaire de cette discussion.

La Rédaction de la Revue, en y insérant cet article, ne prend nullement la responsabilité des opinions qui y sont défendues, particulièrement sur le quantum scientifique élémentaire qu'il est possible d'enseigner dans les premières classes des collèges, même à des élèves d'élite, et sur le but de l'enseignement du grec et du latin.

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