Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[ocr errors]

aurait seulement la fierté de borner son public Cette belle parole est la formule même du désintéressement artistique. L'éducation d'une génération d'élite serait la plus belle des œuvres d'art.

Reste la masse, et ces établissements où la confiance et l'ambition réunies des parents versent des milliers d'élèves.

Pour ceux-là, le programme de M. le professeur Proost, développé à la session d'avril 1894 de la Société scientifique, me semble parfaitement conçu.

Suppression des sections professionnelles.

Enseignement scientifique élémentaire, mais méthodique, durant les trois premières années, avec les langues vivantes et l'histoire bien comprise; les mathématiques, l'hygiène.

Ceux qui, ayant fait ces trois années, renonceraient aux études, emporteraient du moins dans la vie un bagage de notions utiles; les autres pourraient, soit poursuivre ces études dans des sections spéciales préparatoires aux carrières spéciales, soit faire trois années d'humanités proprement dites, où la littérature générale et les langues anciennes seraient enseignées selon des méthodes permettant d'en avoir, au bout de ces trois ans, une connaissance générale suffisante. Nous disons: suffisante pour le niveau commun, et pour l'entrée à l'Université, selon les exigences actuelles.

Alors il se passerait ceci.

Arrivant pêle-mêle aux études supérieures universitaires, les élèves sortis de l'un et l'autre genre d'établissements ne resteraient pas longtemps confondus dans l'opinion de leurs maîtres et dans leurs succès respectifs. Je citerai ici un exemple. L'Athénée grand-ducal de Luxembourg a un programme à la fois littéraire et scientifique; dès la quatrième, chaque classe comporte l'étude d'une science. L'enseignement y est rigoureux; on y pratique les lectures privées; et le savoir approfondi est stric

tement exigé de l'élève dans toutes les branches. S'il vient à échouer dans une seule d'entre elles à son examen de fin d'année, il recommence celle-ci tout entière. Or, il arrive à la Faculté de philosophie de l'université de Liége des élèves de cet athénée; leur supériorité dans les langues et dans les branches littéraires éclate chaque année aux yeux des professeurs de la Faculté.

On ne peut donc faire à l'enseignement simultanément littéraire et scientifique l'objection qu'il n'a point été expérimenté!

Eh bien! les élèves sortant des humanités inférieures, comme on pourrait les appeler, se lasseraient bientôt d'être constamment distancés. Et, instruits par leur exemple, leurs successeurs renonceraient dès le collège à des études pour lesquelles ils n'étaient point faits, ou bien ils iraient s'offrir d'eux-mêmes au joug plus rigoureux de l'autre enseignement, que des maîtres énergiques seraient chargés (c'est la condition fondamentale) de maintenir envers et contre tout.

Et ce serait le désencombrement des professions libérales, des carrières dirigeantes. Ceux qui ne sont point aptes à diriger (et le nombre en est grand parmi ceux qui aspirent à le faire) reconnaîtraient leur insuffisance par leur rude et humiliante expérience.

:

Nous conclurons donc à la fois et sur la question théorique et sur la question de fait il faut un enseignement à la fois littéraire et scientifique, rigoureusement donné par des professeurs exigeants et inflexibles : ceci pour l'élite; il faut, pour la masse, une éducation scientifique et pratique, après quoi l'on tenterait de lui inculquer le plus possible d'éducation littéraire, en attendant que, chez des générations plus sages et instruites par l'expérience, le départ des aptitudes se fasse, entraînant celui des ambitions.

Et si l'ambition la plus haute est celle de ce sublime et divin enseignement des esprits et des âmes qui s'appelle

le sacerdoce, n'est-ce pas dans le choix et la formation d'un patriciat intellectuel qu'on peut fonder, pour l'éclosion de ces vocations souveraines, comme pour la régénération des sociétés vieillies et la fondation d'un avenir encore incertain, les plus légitimes espérances? Ne faut-il pas qu'au prêtre, à l'homme par excellence, rien aujourd'hui ne demeure étranger? Les exhortations et les appels que M. le chanoine Duilhé de Saint-Projet, dans son lumineux ouvrage l'Apologie scientifique de la foi chrétienne, adresse à ses frères dans le sacerdoce pour qu'ils se forment à entreprendre, contre le positivisme destructeur de la science et de la raison, plus envahissant et plus terrible que la plus dangereuse hérésie » (1), une lutte dont tout son livre démontre l'inéluctable nécessité et en même temps la possibilité triomphante pour quiconque se serait comme lui instruit aux sources les plus profondes de la vraie science, ces appels ne seront-ils pas écoutés ? ne reçoivent-ils pas leur autorité la plus éloquente du livre même où ils sont écrits? Lisez ce livre, si vous voulez vous édifier sur les nécessités contemporaines. Et puissent les initiateurs, qui n'ont jamais fait défaut aux besoins de la vérité, venir démontrer combien serait blasphématoire envers le catholicisme et calomnieuse envers ses enfants toute affirmation qui prétendrait leur attribuer, n'importe dans quel domaine ou pour quelle nécessité de leur cause, quelque intérêt au relâchement dans l'acquisition du savoir.

(1) Le cardinal Newmann.

JEAN MARLIN,

Dr en phil., D' ès lettres.

LES HOTES DE MON TALUS

Fin (1)

L'observation des éclosions d'insectes a présenté cette année, comme l'an dernier, un intérêt particulier à cause de la précocité extraordinaire du printemps et des chaleurs anormales de la première quinzaine de février, de la fin de mars et du mois d'avril.

Jamais on n'a vu en Belgique de floraison et de frondaison plus précoces. Les saules marceaux, les marronniers, le prunellier, l'aubépine, comme tous les arbres fruitiers, ont fleuri abondamment avant le temps normal. Les bois avaient revêtu leur livrée vert tendre dans nos plaines brabançonnes dès le 6 avril, qui fut marqué comme les jours suivants par des chaleurs estivales.

Cependant, chose curieuse, les éclosions de mars et d'avril semblent plutôt en retard sur celles de l'an passé. Mars a donné peu d'hyménoptères. Toutefois, à partir du 15, en visitant notre talus, nous avons retrouvé ses premiers hôtes du printemps: l'anthophore à pieds poilus, l'andrène, l'hyleus et le gracieux bombyle à la toison

(1) Voir la Revue des quest. scient., juillet 1893, deuxième série, tome IV, pp. 84 et suiv.

d'argent, au vol rapide comme l'éclair, planant devant les fenêtres de ces hôtes dont sa larve est le hideux parasite.

Ce n'est guère que le 27 mars qu'apparurent sur le sable les premières cicindèles, et que mes saules marceaux reçurent la visite des premiers bourdons et des premières guêpes, réveillées cependant depuis quelque temps de leur sommeil hibernal.

Rien de plus intéressant que d'observer les manœuvres de ces reines-mères qui se préparent chacune à entreprendre la construction de leur nid, les bourdons en faisant provision de pollen et de nectar pour élaborer la cire, et la guêpe, de fibres ligneuses pour fabriquer le papier ou le carton qui constitue les parois de ses cellules.

Les abeilles, les andrènes et les osmies ont trouvé également sur les saules marceaux une ample provende. On sait que quelques touffes de chatons ovoïdes du saule mâle suffisent pour alimenter une ruche au premier printemps.

Il y a quelque soixante ans, paraît-il, ce fait avait été observé par le vieux curé de mon village. Il avait planté dans la prairie voisine de mon talus et touchant à la cure des saules marceaux en quantité pour alimenter ses abeilles à leurs premières sorties. Maintenant que les ruches abondent dans les environs, les saules ont disparu. L'aveugle rage de destruction des arbres dont nos paysans semblent animés depuis quelques années semble s'étendre jusqu'aux buissons qui bordaient nos routes et consolidaient les talus de sable et de limon qui ruissellent aujourd'hui dans les chemins (1).

La multiplication des abeilles dans une région paraît entraîner la diminution, voire la disparition de certaines espèces sauvages; de même le déboisement a singulièrement diminué la faune entomologique du Brabant méri

(1) Nous possédons une carte des Pays-Bas, oubliée par un officier d'étatmajor français chez un fermier des environs des Quatre-Bras, qui permet de se faire une idée précise du boisement de la Belgique en 1815.

« ÖncekiDevam »