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dional depuis dix ans. Ainsi les grandes nymphales, parmi les lépidoptères, ont presque complètement disparu. La Vanessa antiopa est devenue très rare; de même, parmi les coléoptères, le lucane cerf-volant, l'Astynomus, le Prionus, sont devenus introuvables dans notre région. Il serait grand temps, au point de vue des amateurs d'insectes, que l'âge d'or, prédit par M. Berthelot au dernier banquet des chimistes français, commence pour nos campagnes, et que la synthèse du sucre, des matières grasses et albuminoïdes permette de rétablir ces superbes plantations d'amentacées et de cupulifères qui faisaient de cette région un petit Éden au commencement du siècle (1).

La longue sécheresse du printemps et de l'été dernier ont favorisé d'une façon exceptionnelle la reproduction des guêpes. Elles s'étaient multipliées chez nous au point de devenir un véritable danger pour les enfants. Le procédé de destruction qui nous a le mieux réussi consiste à introduire le soir dans les nids souterrains du coton imbibé de pétrole et d'y mettre le feu. Nous avons obtenu ainsi quantité de nids de guêpes vulgaires, de guêpes germaniques et de Vespa crabro (frelon). Plusieurs colonies de ces derniers s'étaient établies dans des trous de mulots ou dans de vieux arbres aux environs de mon talus, et presque sur les bords de la Dyle. Un nid a été trouvé dans un grenier près d'un jardin d'apiculteur dont ils ont décimé les abeilles et pillé le miel. Par contre, les nids de guêpes ont été violemment ravagés l'an passé par les larves épineuses des volucelles, grosses mouches dont la livrée rappelle chez certaines espèces celles des guêpes ou des bourdons, par les stries et la couleur. Ces mouches, également parasites des bourdons, qui sont repoussées avec fureur par les sentinelles des nids, pondent à

(1) Aux États-Unis, le gouvernement a dû intervenir pour mettre un terme à ces déprédations. Le Canada ne s'est pas arrêté en si bonne voie; il a distribué des primes à ceux qui plantaient des arbres et institué une fête annuelle à l'occasion de ces plantations.

la surface du carton, et leurs larves aveugles pénètrent à l'intérieur pour dévorer les larves et les nymphes. Puis elles sortent du nid en automne pour se métamorphoser en terre au printemps suivant, et recommencer le cycle de leurs évolutions, qui limitent providentiellement la multiplication des guêpes, car elles se multiplient en raison directe de la reproduction des vespides. Un autre diptère, le Conops, procède de la même façon, mais ses larves se développent à l'intérieur du corps des guêpes et des bourdons; et, chose curieuse, il pénètre dans les nids sans obstacle, au vu et au su des sentinelles si acharnées après les volucelles.

Les colonies de la guêpe frelon ne dépassent guère deux cents individus. Le nid n'a qu'une ou deux rangées de cellules et est attaché par un pédicule recouvert d'une espèce de toiture arrondie. Au surplus, voici la coupe d'un de ces nids en construction (fig. 1).

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On le voit, l'architecture de ce nid est moins compliquée que celle du nid de la guêpe sylvestre, dont nous avons recueilli également dans notre vallée plusieurs échantillons suspendus aux branches des arbustes. La guêpe des bois (Vespa rufa) nidifie en terre comme la guêpe vulgaire, mais elle est plus petite et a le ventre roux.

Ce développement anormal des guêpes a permis aux naturalistes de contrôler et de rectifier certaines données admises jusqu'ici.

Ainsi, M. F. Marchal constate que les reines fondatrices ne sont pas les seules pondeuses des nids, mais que les ouvrières, dites neutres, ont pondu l'an dernier des œufs en nombre considérable. Seulement ces oeufs ne sont point fécondés et donnent toujours des mâles.

Siebold avait déjà démontré l'existence des ouvrières pondeuses chez les polistes, guêpes à abdomen plus mince et plus pointu, qui construisent un nid en forme de coupe dont le pédicule est fixé généralement aux parois des rochers (1). Leuckaert avait constaté avant lui que les ovaires de ces guêpes contenaient des œufs, et ces œufs sont capables de se développer sans fécondation. C'est un cas de parthéno gène incontestable, car la dissection a montré que le réceptacle séminal, qui existe chez les femelles des guêpes, comme des abeilles, est toujours dépourvu de spermatozoïdes.

La parthenogène serait beaucoup plus commune chez les guêpes que chez les abeilles, suivant M. Marchal; c'est surtout au mois d'août que ce phénomène se manifeste; il est subordonné comme chez les abeilles à l'alimentation intensive. Il cesse dès que la nourriture devient moins abondante et moins riche.

Il semble résulter de ces observations que le sexe femelle est déterminé seulement par la fécondation chez les hyménoptères.

(1) On trouve communément cette espèce dans les provinces de Namur et de Luxembourg. Nous avons eu l'occasion de faire observer ses travaux en 1883 à M. le baron de Moreau, au château d'Andoye.

Cependant il faut se garder de généraliser ces observations, car chez d'autres hyménoptères, comme les Cynipides par exemple, la parthénogénèse, qui se continue pendant plusieurs années, n'engendre que des femelles.

Nous avons, dans un précédent article (Les Instincts des hyménoptères, REV. DES QUEST. SCIENT., tome XXI, pp. 540 et suiv.), signalé la singulière et en apparence inexplicable faculté de certaines abeilles solitaires, comme les osmies, de pondre à volonté des mâles et des femelles suivant que les cellules qu'elles rencontrent en pondant sont petites ou grandes.

Les observations précédentes fournissent une explication très simple et très vraisemblable de ce curieux phénomène.

Lorsque l'abeille voit une petite cellule, par exemple, un réflexe se produit instantanément, resserrant les sphincters de l'orifice de la poche qui contient le sperme emmagasiné sur le trajet de l'oviducte. Alors l'œuf passe infécondé et nécessairement il ne peut en naître qu'un mâle. Au contraire, la vue d'une large cellule entraîne la dilatation de l'ouverture de la poche, et la fécondation se produisant entraîne la procréation d'une femelle. Ce serait un nouvel exemple des admirables et innombrables causes finales qui se révèlent à l'observateur dans l'étude des phénomènes biologiques et particulièrement du système nerveux.

On sait que les gâteaux des guêpes sont superposés dans un plan horizontal, contrairement à ceux des abeilles, et que leurs diverses assises de cellules prismatiques hexagonales sont soutenues et séparées par des piliers de carton. Les assises inférieures, construites en dernier lieu, sont formées de cellules plus larges destinées à l'incubation des reines.

Les espèces souterraines ne donnent des mâles qu'à la mi-août et des femelles-reines en septembre; les espèces aériennes produisent des mâles et des femelles dès le mois de juin.

Après l'hivernage, les grosses femelles, fondatrices de colonies, commencent immédiatement la construction de leur nid en jetant les bases d'une première assise de cellules où elles déposent des oeufs qui donneront naissance à des ouvrières. Les larves carnassières restent fixées par l'anus au fond de leurs cellules et reçoivent à manger la tête en bas. Elles se tissent un cocon pour la nymphose et déchirent après la dernière métamorphose la calotte de soie qui leur barre le passage. Ces petites femelles n'atteignent que la moitié du diamètre des reinesmères; elles se distinguent des mâles par des antennes plus courtes et un anneau de moins à l'abdomen.

Les observations de M. Marchal mettent en lumière l'automatisme de l'instinct de ces insectes auxquels des naturalistes trop complaisants ou imbus de théories à priori ont prêté de l'intelligence, comme aux abeilles.

Les expériences confirment la thèse que nous avons soutenue dans nos précédents articles, à savoir que l'instinct doit se réduire à une série de réflexes admirablement enchaînés en vue d'une fin à atteindre, mais à la combinaison desquels l'insecte est absolument étranger. Ce qui le prouve, c'est que dès qu'on interrompt ou qu'on intervertit la série, l'animal, en apparence si intelligent, devient absolument stupide. Il n'y a pas plus de raison d'admettre l'intelligence chez ces insectes que dans les mécanismes construits par la main des hommes. « C'est un véritable engrenage de machine », conclut M. Marchal, en constatant que la guêpe n'a aucune notion raisonnée de la succession et du but des actes qu'elle accomplit.

Ces causes finales fournissent, à notre avis, les meilleurs arguments en faveur de l'existence d'une intelligence extrinsèque, c'est-à-dire de la création, n'en déplaise à MM. les transformistes matérialistes, dont l'imagination se paie de mots. Comme le disait très bien Voltaire, si le travail d'une montre prouve l'existence d'un horloger, il ne viendra à l'esprit de personne de soutenir que ces séries

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