Sayfadaki görseller
PDF
ePub

de physique est essentiellement provisoire; le nombre des cas auxquels elle s'applique est toujours infiniment petit en comparaison du nombre des cas qui lui échappent ; incessamment, elle se modifie et se complète pour embrasser les faits qui la démentent, sans jamais épuiser les exceptions.

Que surtout le philosophe n'oublie pas ce caractère symbolique des lois de la physique; les grandeurs que relient les équations par lesquelles ces lois s'expriment ne sont que des signes; pour interpréter ces signes, il faut une clé, clé compliquée que constituent les théories physiques: ces théories, le philosophe qui veut faire usage des lois de la physique doit en avoir une connaissance approfondie; faute de cette connaissance, la signification qu'il prêterait à ces lois ne serait qu'un contresens.

P. DUHEM.

CHARCOT

ET

SON INFLUENCE SUR L'OPINION PUBLIQUE

Si tous les pères agissaient comme celui de Charcot, il y aurait moins de déclassés dans les carrières libérales. Charcot père avait plusieurs fils, mais moins de fortune que d'enfants. Mes amis, leur dit-il, je ne puis vous fournir à tous l'enseignement universitaire. Celui qui se listinguera le plus parmi vous continuera ses études; les autres embrasseront une profession qui leur donnera lu pain si elle ne leur donne pas de la gloire. » JeanMartin remporta des prix. Sans ces prix, il aurait été peut-être un honnête épicier; il ne serait point devenu le Docteur Charcot ».

Le talent était aidé chez lui par la constance au travail. Tout ne fut pas succès dans sa carrière. Il échoua une première fois pour l'agrégation. Plus tard Vulpian eut la préférence pour la chaire de pathologie. Charcot tint bon; s'il n'arriva pas toujours le premier aux chaires, il devint cependant le premier et le plus remarqué des cliniciens français.

Sa vie nous occupera moins que son influence; voici cependant les états de service de Charcot. Ils nous fourniront des points de repère pour ce que nous aurons à dire dans la suite.

Né le 29 novembre 1825, Jean-Martin Charcot, après être sorti du Lycée Saint-Louis, suivit les cours de la Faculté de médecine. Il devint interne des hôpitaux en 1848 et fit son service à la Salpêtrière. Comme on le voit, sa vocation pour cet hospice se dessinait déjà.

Il présenta sa thèse de doctorat en 1853. Chef de clinique de 1853 à 1855, il donnait en même temps des leçons particulières. En 1856, nous le voyons médecin du bureau central. Il se présente une première fois pour l'agrégation en 1857 et échoue. Sa seconde thèse de 1860 lui réussit mieux et lui vaut le titre d'agrégé.

En 1862, sa carrière se fixe définitivement à la Salpêtrière, où il devient chef de service avec Vulpian, et les deux amis publient en collaboration les Archives médicales de la Salpêtrière. Charcot écrivait également dans la Gazette hebdomadaire. Un des grands travailleurs de la Société de biologie, il en devient successivement secrétaire et vice-président.

En 1866, sont inaugurées les leçons de la Salpêtrière, qui devaient devenir si fameuses.

L'assistance publique, faisant droit à ses observations, organise dans cet hôpital un service spécial pour les hystériques et le confie naturellement à Charcot (1870).

En 1872, Vulpian abandonne sa chaire d'anatomie pathologique à la Faculté de médecine. Charcot, qui avait déjà brigué ce cours en 1867, succède à son ami qui avait été alors plus heureux que lui.

Cette chaire officielle ne lui fit pas cependant oublier la petite chaire libre qu'il avait fondée à la Salpêtrière. La mort seule devait interrompre ses leçons sur les maladies nerveuses. Elles jetèrent un vif éclat en 1878, lorsqu'il fit revivre scientifiquement l'hypnotisme, qu'on croyait définitivement mort.

L'hypnotisme lui ouvre en 1883 les portes de l'Académie des sciences, où il succède à Cloquet. Il était alors titulaire d'une nouvelle chaire créée en sa faveur par la Faculté de médecine, la chaire de clinique des maladies nerveuses. Si la chaire était nouvelle, le cours ne l'était pas. La Faculté de médecine n'avait fait que donner une consécration officielle au cours favori de Charcot à la Salpêtrière.

De 1869 à 1880, quatre journaux médicaux lui durent leur existence. Avec Vulpian et Brown-Séquard, il inaugura les Archives de physiologie. En 1873, il coopère à la fondation du Progrès médical; en 1877, il crée lui-même la Revue mensuelle de médecine et de chirurgie; enfin, en 1880, Bourneville se sert de son nom pour assurer le succès des Archives de neurologie.

Charcot succomba à un accès de suffocation le 16 août 1893. Sa mort, pour être subite, n'était pas imprévue. Le mal le minait depuis longtemps, et il ne l'ignorait pas. Les circonstances dans lesquelles il avait été averti de la gravité de son état sont assez singulières. S'il avait des amis, il avait aussi des ennemis, et un de ceux-ci, un peu médecin lui-même, se fit un cruel plaisir de lui faire parvenir, pendant ses dernières années, une série de lettres anonymes où la maladie de Charcot était décrite avec un soin minutieux et où l'on s'attachait surtout à mettre en relief tous les signes d'une catastrophe prochaine.

Comme on le voit d'après la notice précédente, jusqu'à l'âge de trente-sept ans, la suite des événements de la vie de Charcot est celle de tout élève distingué de médecine qui aspire à l'enseignement universitaire et se prépare des titres à la première vacance qui viendra à s'offrir.

La nature spéciale de son talent se révéla lorsqu'en 1862 il devint avec Vulpian chef de clinique à la Salpêtrière.

La Salpêtrière avait un nom avant Charcot, mais c'est à lui qu'elle doit la célébrité dont elle jouit actuellement chez les profanes.

D'une étendue prodigieuse, car il couvre une superficie de 31 hectares, cet hospice avait, au 31 décembre 1869, quarante-cinq corps de bâtiments, 4862 fenêtres, et renfermait une population supérieure à celle de beaucoup de petites villes de province : elle s'élevait en effet à 4551 âmes.

Comme son nom l'indique, le terrain sur lequel s'élève la Salpêtrière servait autrefois à une exploitation de salpêtre. C'est la charité qui lui donna une autre destination.

Saint Vincent de Paul avait su inspirer ses propres sentiments aux dames de Paris. Beaucoup d'entre elles s'étaient tellement éprises d'amour pour les pauvres qu'elles avaient pris le nom de Dames de la Charité.

Les enfants trouvés, les orphelins, les malades indigents avaient déjà occupé leur zèle. Mais il en est de l'amour des pauvres comme de l'amour des richesses: plus on en a, plus on veut en avoir; et les Dames de la Charité ne pensèrent à rien moins qu'à s'emparer de tous les pauvres de Paris. M. de Paul n'y répugnait pas, et l'on fit tant et si bien qu'Anne d'Autriche accorda à l'œuvre « un grand emplacement de dix-huit à vingt arpents dans lequel il y avait divers corps de bâtiment de trente à quarante toises de long en forme de grange, où se faisait le salpêtre, et d'autres où il y avait une fonderie et quelques lieux propres à des magasins ».

Les Dames de la Charité et les Filles de la Charité, leurs auxiliatrices, s'y installèrent avec les pauvres qu'elles avaient pu décider à venir, et M. de Paul ne leur ménagea pas ses encouragements. Mais les Dames de la Charité n'étaient pas encore contentes. Tous les pauvres étaient loin de s'être rendus à leur invitation. Beaucoup trouvaient profit à exploiter leur misère feinte ou réelle, et préféraient les orgies nocturnes des Cours des Miracles au tranquille repos des dortoirs de la Salpêtrière.

Mais ce que femme veut, Dieu le veut. Les Dames de la Charité firent tant et si bien qu'elles obtinrent en avril

« ÖncekiDevam »