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regarder ces contractures comme des manifestations pathologiques?

Où finit la physiologie? Où commence la pathologie? Question épineuse et qui peut facilement aboutir à une logomachie. Mais enfin ce serait aller loin que de dire que tout ce qui dépasse la normale est pathologique. Il y a des gens qui ont une acuité visuelle extraordinaire; on n'a pas encore songé à bâtir pour eux des hôpitaux. Ne peut-il y avoir des organismes sains et doués cependant d'une excitabilité neuro-musculaire peu commune? Serait-il si difficile chez eux d'obtenir des contractures dans l'état hypnotique? Entre le grand et le petit hypnotisme, n'y aurait-il pas le moyen hypnotisme, et pour peu que vos nerfs soient sensibles à l'excitation, doit-on vous ranger parmi les hystériques? Entre la Salpêtrière et Nancy, nous tenons pour le parti du juste milieu. Les mots sont faits pour éclairer les questions. Si les termes de physiologique et de pathologique ne servent qu'à rendre la question plus obscure, il n'y a qu'un parti à prendre : c'est de les écarter.

En réfléchissant sur l'oeuvre de Charcot, une réflexion assez piquante se présente à l'esprit. Remontons cinquante ans en arrière, nous trouvons deux questions jouissant du privilège d'intéresser le public, à des degrés divers cependant, mais tellement discréditées chez les médecins qu'on n'aurait pas même osé en faire mention devant un corps savant: c'est la phrénologie et le magnétisme animal. Faire une case spéciale dans le cerveau pour chacune des qualités morales et intellectuelles, quelle absurdité! Quant au magnétisme animal, il était relégué avec la quadrature du cercle au plus bas degré du dédain. Si quelque tête mal organisée s'était aventurée à composer un travail sur ce sujet, le sort du mémoire était assuré: il descendait sans bruit dans la tombe discrète des archives.

Il est assez étrange que le moins aventureux, le plus prudent, le plus réfléchi, le plus grave des professeurs ait conquis sa notoriété par des théories qui, sous d'autres appellations, touchent de bien près à ces systèmes de si mauvais renom. Les localisations cérébrales poussées un peu plus loin deviendraient de la phrénologie, et, de l'aveu de tous, l'hypnotisme est le magnétisme animal débarrassé des oripeaux dont le couvraient certains charlatans.

Charcot naquit juste à temps pour recueillir avec gloire l'héritage de Gall, qui succombait en 1828 sous le coup de l'humiliation et du mépris. Et cent ans après le fameux rapport où cinq membres de l'Académie des sciences de Paris déclaraient, par l'organe de Bailly, que dans le mesmérisme l'imagination fait tout, le magnétisme est nul, cette même Académie recevait dans son sein, à cause de ses travaux sur l'hypnotisme, le maître même de cette école qui refuse à la suggestion le pouvoir de produire les phénomènes les plus importants et les plus essentiels de l'état hypnotique.

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Les corps savants ont la sagesse des vieillards. Ils pèsent et discutent mûrement, ils cherchent à faire la part du vrai et du faux, et ce n'est que bien lentement qu'ils se décident à admettre les faits et les théories quelque peu extraordinaires.

L'opinion publique, au contraire, est dès l'abord séduite par le curieux, le rare, l'étrange. Mais qu'il soit dit à sa louange que son entraînement pour ce qui est purement factice ne dure guère. Si l'entraînement persiste, s'il s'accroît au lieu de diminuer, c'est qu'il y a quelque chose de vrai dans l'objet qui la fascine. La science empêche l'opinion publique de trop s'égarer; mais c'est souvent l'opinion publique qui fraie la voie là où la science hésiterait à s'engager. Si Gall et Mesmer n'avaient pas existé, on ne parlerait peut-être pas de Charcot.

G. HAHN, S. J.

regarder ces contractures comme des manifestations pathologiques?

Où finit la physiologie? Où commence la pathologie? Question épineuse et qui peut facilement aboutir à une logomachie. Mais enfin ce serait aller loin que de dire que tout ce qui dépasse la normale est pathologique. Il y a des gens qui ont une acuité visuelle extraordinaire; on n'a pas encore songé à bâtir pour eux des hôpitaux. Ne peut-il y avoir des organismes sains et doués cependant d'une excitabilité neuro-musculaire peu commune? Serait-il si difficile chez eux d'obtenir des contractures dans l'état hypnotique? Entre le grand et le petit hypnotisme, n'y aurait-il pas le moyen hypnotisme, et pour peu que vos nerfs soient sensibles à l'excitation, doit-on vous ranger parmi les hystériques? Entre la Salpêtrière et Nancy, nous tenons pour le parti du juste milieu. Les mots sont faits pour éclairer les questions. Si les termes de physiolo gique et de pathologique ne servent qu'à rendre la question plus obscure, il n'y a qu'un parti à prendre : c'est de les

écarter.

En réfléchissant sur l'oeuvre de Charcot, une réflexion assez piquante se présente à l'esprit. Remontons cinquante ans en arrière, nous trouvons deux questions jouissant du privilège d'intéresser le public, à des degrés divers cependant, mais tellement discréditées chez les médecins qu'on n'aurait pas même osé en faire mention devant un corps. savant: c'est la phrénologie et le magnétisme animal. Faire une case spéciale dans le cerveau pour chacune des qualités morales et intellectuelles, quelle absurdité! Quant au magnétisme animal, il était relégué avec la quadrature du cercle au plus bas degré du dédain. Si quelque tête mal organisée s'était aventurée à composer un travail sur ce sujet, le sort du mémoire était assuré: il descendait sans bruit dans la tombe discrète des archives.

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Il est assez étrange que le moins aventureux, le plus prudent, le plus réfléchi, le plus grave des professeurs ait conquis sa notoriété par des théories qui, sous d'autres appellations, touchent de bien près à ces systèmes de si mauvais renom. Les localisations cérébrales poussées un peu plus loin deviendraient de la phrénologie, et, de l'aveu de tous, l'hypnotisme est le magnétisme animal débarrassé des oripeaux dont le couvraient certains charlatans.

Charcot naquit juste à temps pour recueillir avec gloire l'héritage de Gall, qui succombait en 1828 sous le coup de l'humiliation et du mépris. Et cent ans après le fameux rapport où cinq membres de l'Académie des sciences de Paris déclaraient, par l'organe de Bailly, que dans le mesmérisme l'imagination fait tout, le magnétisme est nul, cette même Académie recevait dans son sein, à cause de ses travaux sur l'hypnotisme, le maître même de cette école qui refuse à la suggestion le pouvoir de produire les phénomènes les plus importants et les plus essentiels de l'état hypnotique.

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Les corps savants ont la sagesse des vieillards. Ils pèsent et discutent mûrement, ils cherchent à faire la part du vrai et du faux, et ce n'est que bien lentement qu'ils se décident à admettre les faits et les théories quelque peu extraordinaires.

L'opinion publique, au contraire, est dès l'abord séduite par le curieux, le rare, l'étrange. Mais qu'il soit dit à sa louange que son entraînement pour ce qui est purement factice ne dure guère. Si l'entraînement persiste, s'il s'accroît au lieu de diminuer, c'est qu'il y a quelque chose de vrai dans l'objet qui la fascine. La science empêche l'opinion publique de trop s'égarer; mais c'est souvent l'opinion. publique qui fraie la voie là où la science hésiterait à s'engager. Si Gall et Mesmer n'avaient pas existé, on ne parlerait peut-être pas de Charcot.

G. HAHN, S. J.

PSYCHIQUE DE LA BÊTE

L'ARAIGNÉE (1)

« Les animaux ne se gouvernent pas eux-mêmes; ils sont dirigés et gouvernés par la nature, moyennant un double instinct qui, d'une part, tient leur activité constamment en éveil et en développe les forces, de l'autre, provoque tout à la fois et circonscrit chacun de leurs mouvements. Un premier instinct les porte à la conservation et à la défense de leur vie propre, un second, à la propagation de l'espèce; et ce double résultat, ils l'obtiennent aisément par l'usage des choses présentes et mises à leur portée. Ils seraient d'ailleurs incapables de tendre au delà, puisqu'ils ne sont mus que par les sens et par chaque objet particulier que les sens perçoivent. Bien autre est la nature humaine. En l'homme, d'abord, réside dans la perfection toute la vertu de la nature sensitive, et dès lors il lui revient, non moins qu'à celle-ci, de jouir des objets physiques et corporels. Mais la vie sensitive, même possédée dans toute sa plénitude, non seulement n'em

(1) Observations et expériences sur quelques individus d'espèces des iles de Madagascar, La Réunion et Maurice.

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