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DE L'AGE DES SÉPULTURES DES GROTTES

DES

BAOUSSÉ-ROUSSÉ (1)

A quelle époque vivaient les hommes dont les ossements ont été retrouvés, à différentes reprises, dans les grottes des Baoussé-Roussé, près de Menton?

Les opinions sont toujours très partagées à ce sujet; et les nouvelles découvertes, qui ont eu lieu en 1892 (2), loin de mettre fin aux controverses, n'ont fait que les aviver.

Cette question est d'ailleurs d'autant plus intéressante, qu'elle se relie à celle de l'existence de la religiosité, pendant les derniers temps de l'époque paléolithique.

Que nous soyons en présence d'ensevelissements véritables, pratiqués suivant un rite déterminé, cela ne fait de doute pour personne. Tout le monde s'entend également pour reconnaître que toutes ces inhumations sont de la

(1) Mémoire présenté au Congrès scientifique international des catholiques, le jeudi 6 septembre 1894,

(2) La trouvaille qui a été faite plus récemment encore, le 12 janvier 1894 (voir L'Anthropologie, t.V, 1894, pp. 123 et 124), semble devoir faire moins de bruit.

même époque (1). Mais l'accord cesse quand il s'agit de déterminer cette époque.

Les uns croient que les sépultures sont néolithiques; et même que les couches, qui les renferment, le sont égale

ment.

D'autres attribuent le tout à une période intermédiaire entre l'époque néolithique et l'époque quaternaire, au début de l'époque géologique actuelle ».

Ceux-ci partagent soit la première, soit la seconde de ces opinions relativement à l'âge des inhumations; mais reconnaissent que les dépôts, dans lesquels elles ont été pratiquées, sont quaternaires.

Ceux-là enfin pensent que les ensevelissements sont paléolithiques, aussi bien que les couches qui renferment les squelettes (2).

(1) Verneau, Nouvelle découverte de squelettes préhistoriques aux BaousséRoussé, près de Menton, in L'ANTHROPOLOGIE, t. III, 1892, pp. 530,531 et 539. G. de Mortillet, Sépultures nouvellement découvertes aux Baoussé-Roussé, in BULL. SOC. D'ANTHROP. DE PARIS, 1892, p. 446. A. Issel, LIGURIA GEOLOLOGICA E PREISTORICA, 1892, t. II, p. 265 et passim. - Arthur J. Evans, On the Prehistoric Interments of the Balzi-Rossi Caves, in THE JOURNAL OF THE ANTHROPOLOGICAL INSTITUTE OF GREAT BRITAIN AND IRELAND, May 1893, passim et pp. 293, 294. E. Rivière, BULL. SOC. D'ANTHROP. DE PARIS, 1892, p. 449; et Assoc. FRANÇAISE POUR L'AVANC. DES SCIENCES, Congrès de Pau, 1892, section de géologie, séance du 17 septembre 1892, passim. — G. A. Colini, Scoperte paletnologiche nelle caverne dei Balzi-Rossi, in BULLETTINO DI PALETNOLOGIA ITALIANA, 1893, pp. 283 et 326.

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Le travail de M. Colini expose, avec les plus grands détails, la question des sépultures des grottes de Baoussé-Roussé. Il renferme une bibliographie très complète. Bien que les conclusions en soient opposées à celles auxquelles j'arrive, je le citerai souvent. Je le ferai cependant moins que je ne le voudrais, afin de ne pas trop multiplier les renvois.

Je ferai remarquer, en passant, que M. Colini se trompe, quand il traduit, page 256, “un assez grand nombre, par “ un grandissimo numero „; et que cette erreur dénature la pensée des auteurs qu'il cite.

(2) Je crois inutile de faire l'énumération des savants qui ont soutenu ces différentes manières de voir. On la trouvera, ainsi que l'indication des mémoires, dans l'article de M. Colini, pp. 247, 248, 269, 276, 287, 295, 299, 301, 304, 305, etc. Mais je crois devoir signaler, bien que M. Colini l'ait déjà fait, l'erreur que M. Verneau et M. Evans ont commise au sujet de l'opinion adoptée par M. Issel. Ils disent, tous les deux, que ce dernier, dans son récent ouvrage, loc. cit., range les squelettes des Baoussé-Roussé dans l'époque miolithique, c'est-à-dire dans une époque intermédiaire entre l'époque paléolithique (pure palaeolithic,, dit M. Evans) et l'époque néolithique (A. Evans, loc. cit., p. 287; Verneau, loc. cit., p. 540). Il est parfaitement exact que M. Issel

J'ai déjà soutenu cette dernière manière de voir (1). Mais, comme elle a été plus contestée peut-être que jamais, à l'occasion des découvertes récentes, il ne m'a

attribue les squelettes de Menton à son époque miolithique; mais, après avoir dit qu'à sa première période celle qu'il appelle éolithique "appartiennent, pour la plus grande partie, des mammifères d'espèces éteintes,, il définit sa deuxième période la miolithique comme étant celle à laquelle " appartiennent des mammifères, soit d'espèces éteintes (ceux-là représentés par de rares individus), soit d'espèces encore vivantes aujourd'hui, mais émigrées, en partie, sous d'autres climats,. (Ibid., p. 95.) Je le demande, peut-on mieux indiquer la fin de l'époque quaternaire, la période qui, chez nous, constitue l'âge du renne? Mais ce n'est pas tout. A la page 265, M. Issel déclare que, sans aucun doute, les restes humains de la Barma Grande ne sont pas moins anciens que ceux trouvés par M. Rivière, dans les cavernes voisines, et remontent à l'âge paléolithique., Enfin, à la page 353, le savant italien dit que, pour lui, soit le terreau des cavernes des Balzi-Rossi, soit les squelettes humains qui gisaient dans ces cavernes, sont franchement schiettamente - paléolithiques,. Plus récemment encore, M. Issel a écrit: Par âge miolithique, contraction de miopaléolithique (lithique moins antique), j'entends celui qui précède immédiatement l'ère néolithique, et pendant lequel la pierre était encore travaillée par la seule aide de la taille., (Bullettino,... 1893, p. 86, in nota.) M. Verneau s'est emparé de cette phrase pour représenter de nouveau M. Issel comme partageant sa manière de voir. (BULL. SOC. D'ANTHROP. DE PARIS, 1893, p. 571.) Mais il a omis de mentionner le passage de la même page dans lequel M. Issel a dit : "L'examen des objets travaillés recueillis dans cette station les cavernes ossifères des Balzi-Rossiconfirme ma persuasion au sujet de la place qui leur convient dans la chronologie. Pour les raisons déjà énoncées dans un autre travail — Liguria... je persiste à les attribuer réellement — infatti — à la dernière phase des temps postpliocènes, appelée par moi âge miolithique., Il est clair que le sens donné par M. Verneau à la note de M. Colini n'est pas celui qu'entendait son auteur. (Colini, loc. cit., pp, 300, 301.) M.Verneau ne se trompe pas moins dans la façon dont il comprend l'époque cervidienne de M. Piette. Il écrit: Nous sommes tenté de faire remonter l'âge de la sépulture à l'époque cervidienne de M. Piette, c'est-à-dire à cette période intermédiaire entre l'époque quaternaire et l'époque néolithique proprement dite., (L'ANTHROPOLOGIE, 1892, p. 533.) Or l'époque de transition qui, selon M. Piette, sépare l'âge du renne de l'époque de la pierre polie,, et dont les dépôts contenaient, au Mas-d'Azil, des sépultures analogues à celles de Menton (BULL. Soc. d'anthrop., 1892, p. 448), n'est, en aucune façon, l'époque cervidienne, mais bien celle aux galets coloriés. L'époque cervidienne de M. Piette est celle de la seconde division de ses amoncellements de l'âge du renne; et elle comprend deux subdivisions : celle de l'assise tarandienne, en bas; et celle de l'assise élaphienne, en haut. C'est seulement après cette période élaphienne que les temps quaternaires furent clos. (Ed. Piette, Notions nouvelles sur l'âge du renne, annexe A, in A. Bertrand, LA GAULE AVANT LES GAULOIS, 2e éd., 1891, pp. 262 et suiv., et 270. Voir également, du même auteur, bien qu'elles soient postérieures au travail de M. Verneau : Notes pour servir à l'art primitif, in L'ANTHROPOlogie, t. V, 1894, p. 130 et suiv.)

(1) BULL. SOC. D'ANTHROP. DE PARIS, 1888, pp. 92 et suiv.

pas semblé inutile d'examiner de nouveau les diverses opinions que je viens d'énumérer, et les faits sur lesquels on les appuie.

Les partisans d'une période intermédiaire entre l'époque quaternaire et l'époque néolithique, soit pour les sépultures seules, soit pour les sépultures et les couches qui les renferment, ne font qu'ajouter aux raisons alléguées par les défenseurs de l'époque néolithique des considérations tirées de quelques faits, qui sont également favorables à l'âge paléolithique et des dépôts et des inhumations absence d'objets en pierre polie ou en poterie, différences qui existent entre les sépultures qui nous occupent et celles, positivement néolithiques, de grottes voisines. Aussi, puis-je négliger la première manière de voir. Si je parviens à montrer que l'attribution à l'époque néolithique ne s'impose en aucune façon, j'aurai prouvé, du même coup, que celle à une période intermédiaire ne le fait pas davantage. J'essaierai ensuite d'établir que les sépultures sont paléolithiques, aussi bien que les dépôts.

Tout d'abord, les couches archéologiques sont-elles de l'époque néolithique ?

L'affirmative a été déjà soutenue à propos des trouvailles de M. Rivière (1); mais elle l'a été peut-être plus nettement encore, lors des découvertes faites par M. Abbo, en 1892 (2).

Cependant, personne, que je sache, n'a jamais trouvé sauf en quelques endroits des couches superficielles de haches polies ni d'objets incontestablement néolithiques; et la poterie fait complètement défaut. Les quelques très grandes lames en silex, et les quelques

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(1) Voir Colini, loc. cit., pp. 247 et suiv.

(2) D'Ault du Mesnil, in BULL. Soc. D'ANTHROP. DE PARIS, 1892, pp. 442 et 449. M. d'Ault du Mesnil n'a émis cette opinion que pour les dépôts dont il a visité les fouilles, ceux de la cinquième grotte; mais elle rejaillit sur ceux des autres cavernes.

objets en os, qui ont été recueillis, non seulement auprès des squelettes, mais encore de différents côtés dans la masse des dépôts, peuvent parfaitement être quaternaires, nous le verrons tout à l'heure, bien que l'on déclare néolithiques ceux qui faisaient partie des mobiliers funéraires. Et des instruments, qui non seulement peuvent être paléolithiques, mais le sont, suivant toute probabilité, ont été trouvés, quelques-uns même en grand nombre. En silex, ce sont des pointes à cran (1), de petites pointes finement retouchées, analogues aux poinçons d'Excideuil (2), aux pointes de la grotte de Reilhac (3), et à celles de la couche n° 3 - certainement de l'époque du renne de la grotte du Docteur (4). En os, les objets sont peu nombreux. Cependant, sans parler d'aiguilles (5), et de certains poinçons (6) — peut-être des armatures d'hameçon dont la physionomie est plutôt paléolithique que néolithique, nous avons des pointes de sagaie ou de flèche, à base pointue (7), ou fendue (8), ou en biseau (9).

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(1) E. Rivière, De l'Antiquité de l'homme, dans les Alpes-Maritimes, 1887, pl. IV, V et VI. G. de Mortillet, Le Préhistorique, 2o éd., p. 360. - G. et

A. de Mortillet, Musée préhistorique, no 114.

-

(2) G. de Mortillet, loc. cit., p. 376. G. et A. de Mortillet, loc. cit., nos 115 et 117.

(3) E. Cartailhac et M. Boule, La Grotte de Reilhac, 1889, p. 34, fig. 18 à 22. (4) J. Fraipont et Tihon, Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Méhaigne, in MÉMOIRES COURONNÉS ET AUTRES MÉMOIRES PUBLIÉS PAR L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, t. XLIII, 1889, p. 29 et pl. XI, nos 40 et 41. (5) E. Rivière, loc. cit., no 9. — G. de Mortillet, loc. cit., pp. 400, 401. — G. et A. de Mortillet, loc. cit., nos 170 à 173. (6) E. Rivière, ibid., nos 5 à 7. A. de Mortillet, loc. cit., nos 176, 177. p. 44, fig. 47, 48. Reliq. Aquit., B. pl. (7) E Rivière, loc. cit., pl. X, n°

- G.

11.

de Mortillet, loc. cit., p. 401. — G. et

E. Cartailhac et M. Boule, loc. cit., VI, nos 10 à 15.

G. de Mortillet, loc. cit., p. 404.

(8) Pointes plates à base fendue: E. Rivière, loc. cit., pl. IX, no 11. G. de Mortillet, loc. cit., p. 402. Ce serait la forme la plus ancienne.,,

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G. et

A. de Mortillet, loc. cit., nos 188 et 189. — Pointes cylindriques également à base fendue: E. Rivière, ibid., no 20. G. de Mortillet, ibid. - G. et A. de Mortillet, loc. cit., no 190.

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(9) E. Rivière. loc. cit., pl. X, no 2 et 3. — G. de Mortillet, loc. cit., p. 402.— M. de Mortillet, se basant sur l'absence, ou, ce qui est plus exact, sur la pénurie, d'instruments en os, rapporte même cette industrie au solutréen. Le Préhistorique, p. 376; BULL. Soc. D'ANTHROP. DE PARIS, 1892, p. 444.

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