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Or, c'est là ce qui se passe dans la plus grande partie de nos actions, surtout de nos actions ordinaires, de nos regards, de nos paroles, de nos

mouvements.

Quand ces actions sont tout-à-fait indélibérées, elles peuvent quelquefois appartenir à l'ordre physiologique, ce qui est étranger à l'ordre moral : mais quand elles sont précédées ou accompagnées d'une advertance quelconque de notre intelligence, d'une adhésion quelconque de notre volonté, nous sentons très-bien en les faisant que nous pourrions ne pas les faire, qu'aucune violence ni extérieure, ni intérieure ne nous y contraint et qu'elles sont ainsi le produit pur de notre libre arbitre. Nous en avons la conviction spontanée et indestructible; tellement que si dans une de ces innombrables circonstances de la vie on venait nous demander ce qui nous a contraints à faire ce geste ou à dire ce mot, nous répondrions aussitôt sans que la moindre hésitation nous fût possible: rien ne m'y a forcé, je l'ai fait librement.

Or, cette liberté vous ne la sentez pas moins, vous la sentez peut-être mieux encore lorsque des intérêts ou des penchants vous attirent vers quelque préférence, parce qu'alors l'exercice que vous en faites ou que vous pouvez en faire, appelle davantage votre attention. Veuillez encore consulter votre expérience quand, par exemple, la cupidité naturelle vous pressait de garder pour vous-même

l'argent que sollicitait de votre charité la misère du pauvre, ne sentiez-vous pas très-bien intérieurement que vous pouviez donner ou ne pas donner cette aumône? Et si, après que vous l'avez faite dans la plénitude de votre propre volonté, quelqu'un venait vous dire que vous n'étiez pas libre de la refuser, n'en seriez-vous pas encore plus révolté dans votre bon sens, que blessé dans votre délicatesse? Donc il vous est impossible de méconnaître la liberté de votre âme.

Cette preuve directe est d'une rigueur absolue et pourrait nous dispenser d'aller au-delà. Mais il en est une autre qui se rattache mieux à notre sujet et qui n'est pas moins décisive : c'est celle qui tient à la responsabilité morale de nos actions.

C'est encore là une conviction intime et invincible de l'humanité tout entière, que chacun est responsable personnellement de ses actes dans sa propre conscience.

Cette vérité se manifeste surtout par l'idée que l'on a partout d'un coupable et par le châtiment qu'on appelle sur lui.

Voilà un parricide, il a volontairement donné de ses propres mains la mort à son père, à sa mère, et l'on sait qu'il l'a fait pour jouir plus tôt de l'héritage qu'il devait recueillir de leurs dépouilles.

Ici encore nous disons aux libres penseurs veuillez vous interroger sincèrement vous-mêmes. Vous est-il possible, vous est-il libre de ne pas regarder

cet homme comme chargé dans sa conscience, comme flétri dans sa personne, comme marqué dans son être d'une tache d'infamie? Le doute même le plus léger vous est-il possible alors?

Cependant ce jugement si sûr, cette appréciation qui sort du fond même de votre nature et que vous sentez venir de Dieu, de quel droit le porteriezvous si l'homme qui en est l'objet n'avait pas été libre et si l'acte que vous lui reprochez n'avait été que l'effet inévitable d'une aveugle fatalité? De quel droit alors le puniriez-vous ou le jugeriezvous digne de punition? Et cependant vous l'en jugez digne, et malgré toutes les théories que vous avez pu rêver en faveur du fatalisme pour amuser votre esprit ou pour endormir vos remords, il vous reste au fond de l'âme la conviction impérissable que tout crime appelle un châtiment et qu'un châtiment infligé au coupable est un acte légitime.

Vous pouvez ne pas être unanimes sur la nature. de la punition. Ainsi vous avez pu avoir des doutes sincères sur la peine de mort, parce qu'elle peut être discutée dans une autre sphère de principes, mais quant au châtiment lui-même, en tant que réparation ou satisfaction d'un désordre introduit dans le monde moral, vous est-il possible de ne pas vous avouer à vous-même que c'est une justice, un droit, un bien?

Aussi les peuples mêmes qui ont cru au destin au point d'en faire un Dieu, de lui élever des

autels et de lui adresser des adorations, ont-ils tous abjuré forcément dans leur conduite ce dogme aveugle, puisque tous ils ont eu dans leurs lois un code de châtiments divers pour être appliqués aux divers crimes; puisque tous ils ont voué à la malédiction la mémoire des méchants: tant il est vrai qu'ils leur attribuaient la responsabilité personnelle de leurs actions mauvaises, et que conséquemment ils croyaient par une conviction quelquefois peut-être inaperçue, mais toujours intime, à la liberté qu'avait le méchant, de ne pas faire le mal, et à la malice volontaire qu'il a eue en le commettant.

Donc, il est impossible de méconnaître que l'homme est responsable de ses actes; donc, il est impossible de mettre en doute la liberté humaine.

III.

IMPOSSIBLE QUE LA NATURE DIVINE SOIT CONFONDUE AVEC

LA NATURE CRÉÉE.

Ici encore nous aurions sous la main des démonstrations directes et concluantes. Malgré l'imperfection de nos connaissances sur ces deux natures mises en rapport, il nous suffirait de

signaler dans l'une et dans l'autre, des caractères réciproquement inconciliables. Ainsi la nature créée est certainement imparfaite; nous le sentons par nous-mêmes; la nature divine est la perfection par essence, nous ne pouvons la concevoir

autrement.

La nature créée en tant que matière est nécessairement limitée puisqu'elle est étendue et que l'étendue peut toujours être agrandie, ne fût-ce que dans la pensée : la nature divine est substantiellement infinie et ne peut recevoir aucun accroissement même dans aucune hypothèse imaginable.

Enfin la nature créée est certainement contingente; tout ce qui lui arrive prouve qu'elle n'a pas la vie en propre, qu'elle la reçoit et la perd tour à tour comme un bien qui ne lui appartient pas. La nature divine, au contraire, c'est l'Être dans son principe et dans sa plénitude; c'est l'Être vivant de soi et par soi, Ens à se, dit l'École : Ego sum qui sum, dit le Seigneur dans la Sainte Écriture. Donc ces deux natures sont essentiellement distinctes: donc le panthéisme qui les confond est impossible.

On ne peut nier que ces raisonnements ne soient légitimes et rigoureux, attendu que leur contexture est irréprochable et que nous avons suffisamment l'intelligence de tous les termes qui les composent.

Il en est tout autrement des impossibilités que les panthéistes voudraient nous objecter du côté

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