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de la création, parce qu'ils nous transportent dans des sphères où nos lumières naturelles n'ont aucun accès quelconque. Les panthéistes nous demandent comment Dieu a pu faire le monde de rien. Nous n'avons aucun embarras à répondre que nous ne le savons pas. Ils nous demandent comment le monde qui est étendu peut exister en Dieu qui est simple. Nous ne le savons pas davantage. Mais aussi qu'est-ce que le néant devant Dieu? Qu'est-ce que la simplicité en Dieu? Qu'est-ce que l'étendue par rapport à Dieu? N'est-il pas mille fois évident que nous n'en savons pas le premier mot. Alors comment trouver du possible et de l'impossible dans ce que nous ne connaissons pas du tout. Est-ce que Dieu ne dit pas à chacun de nous, ce que dans son inaccessible Grandeur, Il disait à Job: Où étais-tu quand je posais les fondements de la terre? Que peux-tu en dire quand tu n'en as aucune idée? (1) Au contraire, Dieu nous dit à tous de rentrer dans notre cœur (2), parce que le royaume de Dieu est en nous (3). C'est là que se trouve la bonne et saine psychologie. Rentrons-y donc de nouveau et nous y trouverons comme corollaire des principes déjà posés, l'inexorable réprobation du panthéisme.

(1) Ubi eras quando ponebam fundamenta terræ. Indica mihi si habes intelligentiam (Job XXXVIII, 4.)

(2) Redite prævaricatores ad cor (Is. XLVI, 2.)

(3) Ecce enim regnum Dei intra vos est (Luc XVII, 21.)

En effet, nous venons d'y voir avec toute la clarté dont nos âmes peuvent être illuminées ici-bas la distinction essentielle du bien et du mal moral: nous y avons vu ensuite la liberté de l'homme et sa responsabilité personnelle. Voilà des vérités qu'il nous est formellement impossible de ne pas admettre sous peine de nous arracher une partie intime de nous-mêmes. Or, voilà ce qu'avec le panthéisme, vous seriez obligés de méconnaître et de désavouer.

Quel est le fond du système panthéiste? c'est, d'après le sens même littéral du mot, que Dieu est tout et que tout est ou une émanation ou un écoulement de la substance divine. Or, sur une telle doctrine, il est impossible de ne pas admettre le raisonnement qui suit :

Si Dieu est tout, c'est Dieu qui seul fait tout en tous. Dès lors il n'y a plus de volonté personnelle, conséquemment il n'y a plus de liberté, il n'y a plus même ni personnalité ni individualité pour qui que ce soit. Le monde entier, y compris le genre humain, n'est plus qu'un grand tout homogène, qu'une grande masse qu'agite en sens divers une âme commune et universelle Mens agitat molem.

Mais alors où est le bien, où est le mal? Évidemment tout est bien puisque tout est également l'œuvre de cette âme unique et générale qui est Dieu.

Mais alors pourquoi se faire un devoir de vaincre

ses mauvais penchants? Il n'y a plus de penchants mauvais, ils sont tous légitimes au même degré, venant tous du même principe souverain.

Mais alors pourquoi des châtiments destinés à punir les coupables? Il n'y a plus de coupables puisqu'il n'y a plus ni liberté possible, ni distinction aucune au fond; puisque c'est partout la même substance qui est poussée ou qui se pousse ellemême fatalement comme un aveugle et perpétuel tourbillon dans toutes les directions contraires.

Mais alors pourquoi des lois, pourquoi de la morale, pourquoi l'estime, pourquoi le blâme, pourquoi l'amour de la vertu, pourquoi l'horreur du vice? N'est-il pas évident que dans ce système, ce ne sont plus là que des préjugés et des injustices, puisqu'il n'y a plus que des instincts tous également bons à suivre, et que l'homme le plus parfait est celui qui ressemble le mieux aux animaux sans raison, se jetant sur leur pâture et assouvissant tous leurs appétits naturels?

O vous, s'il en est, qui osez prôner de tels enseignements, laissez-nous vous le dire, vous n'êtes pas sincères, et, sans peut-être vous en rendre compte, vous vous mentez à vous-mêmes. Autrement veuillez comprendre.

Ou bien vous niez la rigueur des conséquences que nous venons d'exposer, et alors vous abjurez le plus simple bon sens; ou bien vous les admettez, et alors il n'y a plus rien de sacré pour vous; et

alors vous ne pouvez plus avoir intérieurement ni reconnaissance pour votre père, car vous ne lui devez rien, et vous êtes un mauvais fils; ni fidélité dans vos serments, car rien ne vous oblige, et vous êtes un malhonnête homme; ni compassion pour vos semblables, car ils suivent irrésistiblement comme vous leur destinée, et vous êtes un homme sans entrailles; ni respect d'aucun genre pour aucune loi quelconque, car nul n'a le droit de vous en imposer aucune, et vous êtes un être dangereux qu'il faut séquestrer comme une bête féroce.

Si vous affirmez, et je le crois, que vous n'êtes rien de tout cela, alors c'est que vous ne croyez rien de ce que vous dites; c'est que comme nous tous, et comme tous les hommes, vous croyez à la vertu, ne fût-ce qu'à celle de votre mère; c'est que vous croyez aux remords, ne fût-ce qu'aux vôtres. Conséquemment vous croyez à la responsabilité personnelle, conséquemment à la liberté intérieure de chacun, conséquemment enfin à la personnalité humaine.

Donc vous voyez clairement que le panthéisme est une absurde monstruosité; donc il vous est impossible de ne pas reconnaître qu'il y a une nature créée entièrement distincte de la nature divine.

IV.

IMPOSSIBLE QU'IL N'Y AIT PAS UNE SANCTION A LA LOI MORALE AILLEURS QU'EN LA VIE PRÉSENTE.

La loi morale.existe, elle est écrite en nous au plus intime de notre nature, elle fait partie essentielle de notre être intelligent et libre. Tout ce que, dans l'aveuglement de nos pensées ou dans l'entraînement de nos convoitises, nous pouvons faire pour en voiler les prescriptions ou pour en dénaturer l'économie, ne va jamais jusqu'à nous en faire renverser les bases ou méconnaître les premiers principes. Partout et toujours l'idée du juste est en nous opposée à l'idée de l'injuste, nous l'avons surabondamment démontré. Il y a donc une loi morale.

Dès lors il est impossible qu'il n'y ait pas pour cette loi une sanction, ou ce qui revient au même, il est impossible qu'il n'y ait pas des récompenses promises à ceux qui lui seraient fidèles, et des peines réservées à ceux qui s'en feraient les violateurs. Ce sont encore là des vérités dont nous avons la pleine et sûre compréhension, et dont conséquemment le simple énoncé doit suffire.

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