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nous le disons dans le langage de la morale chrétienne, des pécheurs endurcis qui, après avoir vécu tranquilles, heureux, triomphants, arrivent ainsi à leur dernier jour, chargés d'iniquités et de succès, de souillures et de jouissances, d'abominations et d'orgueil. Ils meurent après avoir oublié Dieu, après l'avoir méconnu, bravé, insulté, après l'avoir défié de les punir. Quoi! Ils meurent, et tout serait dit. Mais alors ils auraient donc eu raison; mais alors il n'y aurait donc plus d'autre vertu que le crime heureux; mais alors ceux qui se font violence pour rester fidèles au devoir ne seraient que des dupes. Alors il faut non-seulement étouffer la voix de tous les siècles et déchirer toutes les pages de l'histoire; mais il faut se voiler la face et se plonger dans tous les abîmes du désespoir en maudissant le jour qui nous a vu naître......

Notre main tremble en écrivant ces lignes. Mais heureusement ces suppositions sont aussi absurdes qu'exécrables; et si ce sont là d'horribles blasphèmes contre la justice éternelle, ce sont en même temps de révoltantes insultes contre le plus vulgaire bon sens. Non, non, cela n'est pas possible, et il n'y a pas en ce bas monde de lumière plus resplendissante que l'évidence intime qui me manifeste cette impossibilité. Non, mon Dieu, à part même toute religion positive, il n'est pas possible que

le méchant l'emporte pour toujours (1); non il n'est pas possible que le juste soit pour toujours opprimé (2). Non, le martyr qui verse son sang pour votre gloire en invoquant votre nom ne peut pas tomber sans avenir dans la froide indifférence de la tombe, confondu avec l'impie qui vous blasphême, avec l'apostat qui vous trahit, avec le bourreau qui vous persécute dans vos saints. Non, cela n'est pas possible.

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Cette invincible démonstration nous dispense de prouver directement la spiritualité de notre âme et sa survivance au corps, ce que cependant nous eussions pu faire sans précisément sortir de l'ordre de nos idées (4); mais à quoi bon, puisque nous

(1) Væ impio in malum; retributio enim manuum ejus fiet ei (Is. II, 11).

23).

(2) Non dabit in æternum fluctuationem justo (Ps. LIV, (3) Reddet unicuique secundum opera ejus (Rom. II, 6), (4) La démonstration directe de la spiritualité de l'âme se fonde sur certaines incompatibilités manifestes entre la nature de ses facultés et les qualités constitutives de la matière.

1o Tout ce qui est matériel doit pouvoir être perçu par nos

sommes arrivés en face d'un rapprochement d'où cette vérité résulte dans toute la manifestation de son évidence.

Les bons et les méchants ne pouvant pas être confondus après la mort, et cependant leurs corps étant sous nos yeux dissous et perdus dans la même poussière du tombeau, il faut bien que la sanction indispensable dont nous avons parlé

sens, en supposant nos organes assez parfaits pour voir les plus petits atômes, pour entendre les plus légers mouvements, etc. Or, il répugne absolument que les facultés de notre âme, par exemple notre volonté, puissent jamais être l'objet d'aucune perception ni de nos yeux, ni de nos oreilles, ni de notre toucher, etc.

2o Nous ne pouvons pas concevoir la matière sans les parties qui la composent, ni ses opérations sans le mouvement de ces parties, et au contraire il nous est impossible de concevoir rien de semblable dans notre âme ou dans ses affections diverses. Soit par exemple une âme tourmentée par la jalousie : assurément nous pouvons imaginer là un profond et violent travail de regret, de tristesse, de haine, de vengeance; mais comment pourrions-nous supposer que ce travail de la pensée se repliant sur elle-même, ne fut que le jeu de molécules organiques. L'énoncé seul de cette supposition n'inspire-t-elle pas à la raison une invincible répugnance.

3o Nos livres saints nous enseignent, et il est démontré par la science, que dans le monde visible Dieu a tout fait avec nombre, poids et mesure. Omnia in mensurâ et numero et pondere disposuisti (Sap. xI, 21). Or, est-il possible de ne pas voir avec une évidence insurmontable que le monde moral est tout-à-fait inaccessible à ces trois conditions. Quel rapport établir entre une quantité numérique et la nature de la vertu? Comment appliquer les idées de mètre et de kilogramme aux idées d'estime et de mépris?

Par ces diverses raisons il est démontré que tout ce qui constitue l'ordre moral est simple et que notre âme est spirituelle. Mais nous n'avons ici nul besoin de ces démontrations directes.

s'opère sur leurs âmes. Donc les âmes sont distinguées des corps; donc elles leur survivent.

V.

IMPOSSIBLE DE SAVOIR PAR LA RAISON SEULE CE QU'EST PRÉCISÉMENT LA SANCTION DE LA LOI MORALE.

La justice divine ne s'exécute pas entièrement ici-bas. Elle se contente de nous envoyer çà et là quelques avertissements épars qui nous disent assez haut que son œil voit tout, et que, si Elle est patiente, c'est qu'Elle est éternelle. Du reste, quant à l'ensemble des choses, il suffit d'observer comment l'humanité marche et comment les hommes meurent, pour être très-convaincus que Dieu ne règle pas ses comptes avec nous ici-bas, et nous avons tous, avec nos simples lumières naturelles, la conviction, l'intelligence, la claire vue de cette parole révélée. Dieu jugera plus tard le juste et l'impie, et alors seulement, chaque chose sera mise en place (1); c'est ce qui est suffisamment démontré.

Mais quel sera ce règlement définitif de toute chose? Quels seront les châtiments infligés aux

(1) Justum et impium judicabit Deus, et tempus omnis rei tunc erit (Eccl ¡, 17).

coupables? Quelles seront les récompenses décernées aux justes? Que seront-ils et dans leur genre el dans leur durée? S'exerceront-ils dans un ordre purement naturel, analogue à celui où nous sommes maintenant, ou bien dans un ordre surnaturel tout différent du nôtre? Les peines et les joies seront-elles simplement celles d'ici-bas dans un degré plus intense, ou bien seront-elles audessus de tout ce qu'on peut éprouver et ressentir pendant cette vie préparatoire? Enfin les effets de cette double sanction s'opèreront-ils dans le cours d'une durée successive et limitée, ou bien se consommeront-ils dans l'éternité même de Dieu, immuable et infinie?

Évidemment, ce sont autant de questions pour lesquelles notre intelligence personnelle, non plus que l'intelligence de tous les hommes réunis, n'a pas un mot de réponse.

Et la raison pour laquelle nous n'en savons et nous n'en pouvons savoir absolument rien par nous-mêmes, ce n'est pas seulement que ces arrêts suprêmes s'exécutent dans une sphère où ne pénètre aucun regard humain, c'est surtout parce que cette destinée de l'homme a été réglée dès le principe par le seul bon plaisir de Dieu, et que dès lors, nul n'en peut être instruit, à moins que Dieu lui-même ait fait connaître sa pensée souveraine et ses mystérieux desseins.

Assurément Dieu eût pu vouloir ne créer l'homme

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