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serait-ce pas une inconséquence, une contradiction tout-à-fait indignes de Dieu et, dès lors, impossibles? Il faut donc que toute chose ici-bas possède les moyens nécessaires pour atteindre sa fin.

Or, nous avons vu que l'homme considéré, non plus dans quelqu'une de ses facultés, mais dans sa personnalité tout entière, a une fin qui n'est pas de ce monde, et nous avons vu ensuite que cette fin inévitable, fondée sur les plus saintes et les plus invincibles nécessités, l'homme par lui-même n'en connaît pas la nature et ne sait pas suffisamment les moyens de l'atteindre.

Dirons-nous que Dieu a voulu de ce côté là seul laisser son œuvre inachevée, incomplète et souffrante? Quoi! tandis que tous les êtres créés sans exception remplissent spontanément et complètement leur destinée, l'homme seul, le Roi de la création, n'aurait pas reçu de son Auteur de quoi atteindre la sienne!

Quoi! il y aurait une loi morale, la plus haute et la plus redoutable de toutes les lois, et l'homme pour qui seul elle est faite, ne saurait pas du tout à quoi il s'expose en la violant, ni ce qu'il peut attendre en y demeurant fidèle!

Quoi! il y aurait un tribunal dressé aux limites extérieures de ce monde; tous les hommes y seraient appelés, et nul homme n'aurait connu distinctement certains devoirs principaux sur l'accomplissement desquels tous doivent y être jugés! Et

tous ces êtres intelligents et libres seraient fatalement traînés à cette fin dernière les yeux bandés, sans savoir ni où ils vont, ni précisément ce qu'il aura fallu faire pour être justifiés à ce tribunal, ni surtout s'il y aura eu, pendant cette course de la vie, quelques moyens expiatoires pour détourner la condamnation suprême!

Quoi! l'homme, le chef-d'œuvre des mains de Dieu, le privilégié de sa toute-puissance, en serait là; et Dieu qui l'a si magnifiquement doté d'ailleurs l'aurait laissé dénué de ce qui lui est le plus nécessaire; et Dieu qui a si parfaitement pourvu à tout en toute chose, n'aurait pas suppléé à cette ignorance naturelle de sa créature bien-aimée, n'aurait pas éclairé ses voies, ne lui aurait pas dit quelque part vers quelle alternative il marche invinciblement, ce qu'il doit faire de sa liberté actuelle, ce qu'il doit espérer ou craindre pour l'avenir! Je le demande à tout esprit sérieux et sincère, n'est-ce pas impossible?

Donc, Dieu a parlé. Arrivé à cette conviction intime par le seul usage de ma raison, que dois-je faire, sinon prêter l'oreille. Où Dieu a-t-il parlé, qu'a-t-il dit? Voilà ce que je me demande et ce que je dois me demander.

Et aussitôt trois cent millions d'hommes (1),

(1) Comme nous parlons de tous ceux qui croient à la Révélation chrétienne et à Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, nous devons comprendre ceux mêmes qui, bien que séparés

vivant avec moi, aujourd'hui même, sur cette même terre, me répondent ou par la confession expresse de leur foi, ou du moins par tous les actes importants de leur vie : « Oui, Dieu a parlé aux hommes par son Verbe, qui est venu en ce monde, que nous adorons comme son Christ, et c'est pourquoi nous sommes chrétiens. >>

Certes, on ne peut le nier, voilà déjà un grand fait devant lequel je ne puis passer sans m'en rendre compte, d'autant plus qu'il y a là tout d'abord une présomption, une lueur, une espérance de trouver les notions précises qui me manquent et dont j'ai besoin.

J'interroge donc le Christianisme et je lui demande s'il peut me donner ces notions importantes, et il me répond par son Credo, si court, si simple et où tout se trouve.

Je lui demande spécialement quelle est, après cette vie, la sanction de la loi morale, et il me répond que c'est pour les âmes justes ou justifiées, la vue de Dieu et sa possession sans fin; que c'est pour les méchants morts volontairement dans leur iniquité, la séparation de Dieu sans retour (1). Je

de l'Eglise catholique sur des points particuliers, conservent néanmoins cette foi fondamentale. A ce compte, en disant trois cent millions nous restons certainement au-dessous du nombre réel.

(1) Nous verrons plus loin comment ce châtiment n'a rien que la raison la plus difficile ne doive admettre.

sens tout de suite qu'une telle sanction n'a pu être imaginée par l'homme.

Je lui demande si après avoir été coupable, on peut ici-bas redevenir juste devant Dieu, et il me répond qu'on le peut avec la médiation du Rédempteur, par l'aveu de ses fautes et par le repentir. Je trouve là un mystère qui m'élève (1) et des conditions que mon cœur approuve.

Enfin je lui demande s'il peut me donner un code complet de tous mes devoirs envers moimême, envers mes semblables et surtout envers Dieu, et il me présente son Catéchisme où je trouve non-seulement l'exposé net, précis, lumineux de tous les devoirs pour tous, sans excepter même les devoirs purement intérieurs qui n'ont jamais pu être prescrits par aucune législation humaine (2), mais l'invitation à toutes les vertus les plus pures, les plus héroïques, les plus surhumaines.

Ce qui est merveilleux, c'est que, d'une part, cette morale est si élevée que les plus grands génies s'étonnent de cette hauteur, que les esprits les plus incroyants admirent cette perfection; et d'autre

(1) Nous verrons également comment ce dogme, aussi bien que tous les mystères de notre Foi, tout en restant incompréhensible par certain côté, éclaire, console, soutient et ne peut présenter à notre raison aucune impossibilité.

(2) On a dit avec raison que les deux derniers Commandements du Décalogue mosaïque suffisaient pour indiquer une source divine. Celui-là seul commande aux pensées et aux désirs qui peut les atteindre en les discernant et en les jugeant.

part elle est si simple, si accessible que les petits enfants la comprennent, que les âmes les plus humbles en font la règle de leur vie.

Car cette morale si parfaite, le Christianisme ne se borne pas à me l'exposer en parole, il me la présente en action: ces vertus si hautes, l'amour de Dieu, l'amour du prochain quel qu'il soit, il les a fait pratiquer par toutes les classes; ces vertus si contraires aux penchants de la nature, l'humilité, le renoncement, l'abnégation, la mortification, il les a rendues presque communes; tellement qu'il me montre la voie de ma fin dernière, non plus seulement par la pleine lumière de son enseignement, mais aussi par les exemples de ses Saints qui marchent en foule devant moi et que je n'ai plus qu'à suivre.

Vraiment, est-ce que cela ne peut pas me suffire? Est-ce que déjà, malgré son orgueil et ses exigences, ma saine raison ne m'autorise pas à dire au Christianisme Puisque vous pouvez répondre si clairement, si pleinement à tout ce dont j'ai besoin, c'est que vous ne venez pas de l'homme; car l'homme n'a pas en lui-même ces réponses fermes, complètes et satisfaisantes; vous venez donc de Dieu.

Oui, je l'avoue, quand je n'aurais pas d'autre preuve de la révélation surnaturelle du Christianisme que la perfection d'une telle doctrine, surtout dans le dénûment entier où je suis de toute autre,

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