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Un autre signe que la prospérité croissante du pays n'a pas pour rançon la misère des pauvres, c'est que de 1894 à 1908, le pourcentage des petites et des grandes propriétés soumises au droit de succession n'a pas varié.

Jusqu'ici nous n'avons examiné que les signes de prospérité de la masse de la nation, et plus particulièrement de la classe ouvrière. Les données de l'Income Tax vont nous donner des indications précieuses sur la richesse croissante de la classe aisée.

On sait que, dans le Royaume-Uni, tout revenu dépassant 160 ou 4000 fr. l'an est imposé: il va de soi que l'administration des finances possède les documents les plus précis sur les revenus imposables. Voici ce que ces documents nous apprennent de 1894 à 1907, le revenu imposable a passé de 673 millions de (environ 17 milliards de francs) à 946 millions de (soit près de 24 milliards de francs), soit une augmentation de 40 %, tandis que la population n'augmentait que de 7,5 %. Nous ignorons malheureusement le nombre de personnes soumises à l'Income Tax, et s'il y a augmentation ou diminution.

Les revenus sont classés en cinq catégories ou cédules la plus importante est la cédule D: revenus d'affaires, professions, emplois, entreprises; elle passe de 356 millions de £ à 518 millions de £ de revenu, soit un accroissement de 45 %. Vient ensuite la cédule A (propriétés de terres et de maisons) passant de 206 à 264 000 000 E, soit 28% d'augmentation. Puis, il y a la cédule E (revenus de fonctionnaires de l'État ou municipaux), s'élevant de 52 à 97 000 000 £, soit l'énorme accroissement de 86° et

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la cédule C (fonds d'État), passant de 39 à 48 000 000 £ (accroissement 27 %). Enfin, pour terminer arrive la cédule B (occupation de terres), qui tombe de 19 à 17 000 000, soit une diminution de 10 %.

Le tableau ci-dessous résume ce qui précède :

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Ces chiffres se passent de commentaires : ils démontrent d'une façon frappante l'augmentation de richesse de la classe aisée (ils sont tirés du STATIST. ABSTR., 1894-1907, p. 38 et suivantes).

Les DIPLOMATIC AND CONSULAR REPORTS, TRADE OF GERMANY FOR THE YEAR 1906, fournit des éléments de comparaison, mais pour la Prusse seulement, les autres pays allemands ayant d'autres bases d'impôt sur le revenu.

Remarquons d'abord que l'impôt sur le revenu commence à partir de 45 £, ce qui rendrait les données non comparables; heureusement qu'on partage les revenus en ceux inférieurs à 150 et ceux supérieurs à ce chiffre.

Prenons ces derniers, ce qui donnera un léger avantage à la Prusse, puisque dans le Royaume-Uni, le revenu n'est imposable qu'à partir de 160 £; nous négligerons cet écart.

En 1892, en Prusse, il y avait 318 000 personnes ayant un revenu supérieur à 150, d'une valeur totale de 152 000 000 £.

En 1906 le nombre des imposés s'élève à 526 000 et le revenu à 254 000 000, soit 68% d'augmentation. Comparons ces chiffres à ceux du RoyaumeUni ils s'étendent sur une période de treize ans, à une année de différence. L'accroissement des revenus est de 40 % dans les Iles Britanniques, de 68 % en

Prusse. La cause en est que les revenus des Prussiens étant beaucoup moindres, une plus faible augmentation absolue produit une plus grande augmentation relative. Ainsi, les revenus imposés s'élèvent en 1893 dans le Royaume-Uni à 673 000 000 £, et en Prusse (en 1892) à 152 000 000 € (soit 22,5 % des revenus anglais); en treize ans, les revenus anglais augmentent de 273 000 000 et les revenus prussiens de 102000000 £, soit 37% de l'augmentation anglaise, et néanmoins les Prussiens s'enrichissent relativement plus que les Anglais, mais absolument beaucoup moins, et c'est bien là ce qui importe. Cet exemple prouve ce que nous avancions. Il prouve de plus qu'il faut manier avec une extrême prudence les augmentations relatives, et nous aurons l'occasion de le rappeler lors de la comparaison des marines marchandes anglaise et allemande.

Il y a lieu d'apporter une légère correction aux données précédentes, parce que, si la Prusse a la même superficie que le Royaume-Uni, sa population est moindre. En 1905, la différence était de 14 %, on pourrait donc diminuer les chiffres anglais de 14 %•

Cela ne modifierait d'ailleurs pas la seule conclusion importante, qui est celle-ci que les classes aisées sont beaucoup plus riches dans le Royaume-Uni qu'en Allemagne.

Nous disons en Allemagne, et non en Prusse, parce que la Prusse représente très bien l'ensemble de l'Allemagne, car si elle comprend les parties les plus pauvres de l'empire, elle renferme aussi les plus riches vince Rhénane, Westphalie et Silésie.

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A côté des revenus soumis à l'Income Tax, on peut étudier le rendement même des impôts, pour examiner la situation économique d'un pays. Malheureusement, en Angleterre, de si nombreux changements ont été apportés à l'assiette de plusieurs impôts, que nous sommes obligés de négliger le produit des accises, du

timbre, du Land et Income Tax et des douanes, et de nous contenter de l'impôt sur les successions.

Cet impôt existe pour toute succession supérieure à 100. 11 a produit en 1894, 10 892 000 € (270 000 000 francs), et en 1908, 18 370 000 (460 000 000 fr.), soit une augmentation de 70%. Il est à remarquer que cet impôt a été réduit entre 1894 et 1908 dans une mesure assez importante, évaluée à 800 000 par an; d'autre part, la population a augmenté, ce qui permet d'accepter le taux d'accroissement de 70 % comme sensiblement exact.

L'impôt sur les successions corrobore ce que l'Income Tax nous a appris; il est même plus instructif, car il s'applique à un beaucoup plus grand nombre de personnes. En effet, l'Income Tax suppose 160 de revenu, tandis que l'impôt sur les successions suppose seulement une fortune de 100 %.

Nous voyons donc clairement que toutes les classes sociales aisées jouissent d'un bien-être croissant.

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Bien entendu, le prolétariat anglais prospère également nous l'avons prouvé précédemment. mais l'impôt sur les successions ne nous apprend rien à ce sujet.

Cette richesse du Royaune-Uni n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire, lorsqu'on examine l'activité des affaires.

Cette activité se manifeste de diverses manières, par exemple, par la création de sociétés anonymes.

Ainsi, en 1894, le capital versé des sociétés anonymes anglaises (chemins de fer exclus), c'est-à-dire constituées en Angleterre, s'élevait à 26 milliards de francs; en 1908, il était monté à 53 milliards, donc plus que doublé en moins de 15 ans.

Par contre, en Allemagne, ce capital ne s'élevait en 1908 qu'à 18 milliards. Ceci nous fait comprendre

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pourquoi il y a moins d'argent dans les Banques d'Epargne anglaises que dans les banques allemandes. Prospérité des affaires également, l'accroissement du mouvement du Clearing House de Londres passant de 147 milliards en 1886 à 318 milliards de francs en 1906. Jusqu'à un certain point aussi, le nombre de lettres et de cartes postales, ainsi que celui des télégrammes, est un indice de l'activité des affaires. En effet, la grande majorité des lettres et télégrammes se rapporte aux affaires. Quant aux cartes postales, nous croyons que les cartes postales illustrées entrent pour une large part dans leur accroissement. Malheureusement, les statistiques allemandes ne distinguent pas les lettres des cartes postales.

Les recettes des postes et télégraphes ont passé de 1894 à 1907 dans le Royaume-Uni, de 13 340 000 £ à 22 300 000 €, soit une augmentation de 67

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Le nombre de lettres a passé de 54 par tête et par an à 65, et celui des cartes postales de 54 à 87.

Le nombre de télégrammes a passé de 73 000 000 à 90 000 000 et la longueur des fils de 340 000 km. à 1510 000 km.

Par contre, en Allemagne, en 1907, l'on a envoyé 45 000 000 (50% du chiffre anglais) de télégrammes, le réseau avait une longueur de 598 000 km. (40 % du chiffre anglais) et le nombre de lettres et de cartes postales reçues par habitant s'élevait à 86 (57 % du chiffre anglais).

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Nous n'accumulerons pas davantage les exemples et preuves de prospérité.

Nous croyons avoir démontré suffisamment :

1° Que la nation anglaise dans son ensemble est prospère.

2o Que cette prospérité s'accroît.

3° Que la prospérité de la classe ouvrière s'accroît aussi bien que celle de la classe aisée.

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