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Né à Marche, le 26 décembre 1834, Louis Henry entra à l'Université catholique en 1851 ; il y conquit, en 1853, le diplôme de candidat, en 1855, celui de docteur en sciences naturelles. Il alla ensuite à l'Université de Heidelberg, pour s'y spécialiser en chimie mieux qu'il n'avait pu le faire à Louvain. A son retour d'Allemagne, en 1858, il fut chargé du cours de minéralogie à Louvain, mais dès 1863 il devint titulaire du cours de chimie générale et le resta jusqu'à sa mort, bien qu'à la fin de sa vie il ait dû, pour cause de santé, se faire suppléer par son fils.

Il fut nommé correspondant de la classe des Sciences de l'Académie en 1865, membre titulaire en 1886. Il y avait défendu vaillamment avec Gilbert les droits de la pensée catholique au respect de tous et c'est cela seul qui explique l'écart entre les deux dates que nous venons de rappeler. Maintes autres Académies, comme nous l'avons dit plus haut, entre autres l'Institut de France, se firent un honneur de le compter au nombre de leurs membres.

Il fut l'un des fondateurs de la Société scientifique de Bruxelles, qui l'appela deux fois à être son Président, en 1879-1880 et en 1893-1894. C'est à son initiative que l'on doit l'institution des Concours de la Société et l'organisation du système de subsides destinés à l'encouragement des recherches scientifiques. Dans sa première présidence, aux débuts de la Société, il signala avec beaucoup de perspicacité les écueils qu'elle devait éviter, et indiqua la voie qu'elle devait suivre elle devait toujours être vraiment scientifique et travailler non pour un public restreint, mais s'adresser à l'universalité du monde savant par des recherches originales sérieuses (1).

Il nous en donna l'exemple. Il publia dans nos ANNALES trois ou quatre grands mémoires, notamment

(1) ANNALES DE LA SOC. SCIENT. DE BRUXELLES, t. III, 1878-1879, seconde partie, pp. 397-420.

un travail très important sur la polymérisation des oxydes métalliques, puis une foule de notes substantielles, fruit de ses savantes recherches sur la solidarité fonctionnelle, la volatilité des composés carbonés, les lois de nombre, etc. Ces contributions, signées d'un nom dont l'autorité grandissait d'année en année, assurent à nos ANNALES, dans le domaine de la chimie, une valeur durable.

S'il m'était permis de parler de quelques travaux de Henry, publiés ailleurs, je signalerais son article La Crémation (1875), qu'il suffirait d'abréger pour en faire une excellente étude sur la question; puis ses deux lectures à l'Académie de Belgique sur Stas et la loi des poids (1899-1900). Ce mémoire est un fragment de la Philosophie chimique, que Henry a rêvé d'écrire toute sa vie, sans pouvoir en trouver le temps, sollicité qu'il était sans cesse par des recherches expérimentales nouvelles. Mais pendant un demi-siècle, par ses déterminations numériques exactes, il n'avait cessé de travailler à cette philosophie chimique en prouvant, autant qu'il le pouvait, que les lois de la chimie ne sont des lois-limites pour des corps idéaux, comme la loi de Boyle-Mariotte, mais des lois mathématiques exactes où se vérifie la parole biblique dont Berzėlius fait l'épigraphe de son traité des Proportions chimiques: Omnia in mensura et numero et pondere disposuisti (Sap., XI, 21).

pas

C'était là une des pensées directrices qui faisait l'admiration du grand savant, du grand chrétien que fut Louis Henry. Il en contemple sans doute l'éternelle vérité dans le royaume de la lumière sans ombre, où nous espérons que la Divine Providence l'a déjà introduit, à cause du bien qu'il a fait à tant de générations d'élèves, par sa science, son culte du devoir et surtout par l'exemple de sa foi.

P. M.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES

ET LA

PHILOSOPHIE SPIRITUALISTE (1)

(Suite)

La recherche du siège exact des éléments de perceptivité, pour chacune de nos sensations, entreprise chez les animaux au moyen d'excitations encéphaliques et de lésions expérimentales des voies sensorielles périphériques et centrales, et chez l'homme par les méthodes anatomo-cliniques et la méthode embryogénique de Flechsig, a conduit à quelques résultats définitifs et suffisamment précis, dans les limites d'une détermination qui ne pourra jamais être absolument rigoureuse. Ainsi, on sait que la région prérolandique, que nous avons dit déjà être un centre psycho-moteur, est en même temps un centre psycho-sensoriel tactile. On sait aussi que les voies auditives aboutissent à la partie postérieure de la première circonvolution temporale, et les voies visuelles dans un territoire situé à la face interne des lobes occipitaux, de part et d'autre de la scissure calcarine (le cunéus et une partie de la circonvolution linguale). On pense que les centres olfactifs sont localisés dans la région de la circonvolution

(1) Voir REVUE DES QUEST. SCIENT., 3 série, t. XXIII, 20 janvier 1913, pp. 192-228.

de l'hippocampe et de la corne d'Ammon, et les centres gustatifs à l'extrémité antéro-interne des deux lobes temporaux.

Quant au sens commun, nous avons vu que la Scolastique en admettait l'existence. Saint Thomas en établissait la nécessité en faisant remarquer que chaque sens particulier est apte à distinguer les unes des autres les qualités sensorielles qui sont de son ressort; ainsi, la vue distinguera le blanc du noir ou du vert; mais distinguer le blanc du doux, ni la vue ni le goût ne le peuvent, pour la raison que celui-là seul peut établir une distinction, qui connaît les choses à distinguer. Il faut donc que cette fonction soit le propre d'un sens commun, qui centralise toutes les appréhensions des sens particuliers, et les saisisse eux-mêmes dans leur acte appréhensif. Non seulement je vois (ce qui est l'acte propre de l'organe visuel), mais je me vois voyant (« sicut cum aliquis videt se videre »); or, c'est là un acte qui ne peut procéder de l'organe de la vue, celui-ci ne percevant que la qualité sensible qui le modifie, en quoi consistait, pour les Scolastiques, l'acte complet de la vision. Mais cette modification de l'organe visuel en détermine une autre, qui a son siège dans le sens commun, lequel perçoit non pas les choses vues, mais l'acte même de la vision (1).

Cet acte, étant du domaine sensoriel, dépend d'une faculté organique, à laquelle par conséquent il a fallu assigner un organe. Nous avons vu que la philosophie l'avait localisé dans la « première concavité cérébrale ».

Les raisons alléguées en faveur de l'existence du sens commun ne sont pas péremptoires, et en tous cas, on n'est pas encore parvenu à repérer son organe, le sensorium commune. Nous avons dit que l'opinion de l'ancienne physiologie avait beaucoup varié sur le siège

(1) Sum. theol., p. 1a, q. LXXVIII, a. 4, ad secundum.

à lui assigner dans le cerveau; la physiologie actuelle, ou ne le cherche plus, ou lui donne une tout autre signification.

Ce que nous venons de dire se rapporte à la détermination du siège cortical des centres de perceptivité; mais la question des localisations psycho-sensorielles ne tient pas toute dans cette détermination.

Les souvenirs d'images tactiles, auditives, visuelles, gustatives, olfactives, sont aussi du domaine de la psycho-sensorialité, et par conséquent relèvent d'un organe qu'il est légitime de chercher à localiser. La philosophie s'est sans doute posé la question de très bonne heure.

Les Scolastiques entendaient, sous le nom générique de sens, diverses facultés organiques par lesquelles l'âme entrait en relation avec les objets extérieurs et avec son propre corps, par un acte vital de représentation, et sous l'influence de l'impression que ces objets produisaient, soit par leur présence actuelle, soit par simple souvenir, sur certains organes appelés organes

sensoriels.

Les sens ainsi entendus se divisaient en sens internes et sens externes. Ces derniers, sensoriellement constitués par ce que nous appelons les organes des sens (l'oeil pour le sens externe de la vue, le bourgeon du goût pour le sens externe de la gustation, etc...), avaient pour fonction de représenter les caractères qualitatifs et quantitatifs des corps. Cette représentation constituait la sensation externe, et cet acte vital de sensation, ou perception de l'impression produite dans l'organe sensoriel, se passait tout entier dans l'organe externe (1). Or, cet organe peut disparaître, sans que s'évanouisse la représentation, l'image, le phantasme, soit de l'impression produite antérieure

(1) Sensus proprius « non cognoscit nisi formam sensibilis a quo immutatur; in qua immutatione perficitur visio ». Sum. theol., 1a p., q. LXXVIII, art. 4, ad secundum.

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