Le moteur à gaz pauvre qui est à parité avec la machine à vapeur pour une puissance de 300 chevaux, aurait certainement la priorité pour 50 ou 100 chevaux, peut-être aussi pour 200. Aux puissances de 500, 1000 chevaux et plus, les rôles se renversent; il est alors avantageux d'installer une machine à vapeur et une chaudière. Toutefois, si on a à sa disposition des gaz de hauts-fourneaux ou de fours à coke, le moteur à explosion permet de produire la force motrice dans des conditions exceptionnelles de bon marché. Quant à la turbine à vapeur, c'est à la possibilité de construire des unités de 10 000, 20 000 chevaux et même davantage, qu'elle doit la préférence dont elle est l'objet de la part des centrales électriques et à bord des navires. La machine à vapeur à piston a donc perdu beaucoup de terrain et cela sans espoir de retour. Un vaste champ d'action reste cependant encore ouvert devant elle. La turbine ne convient bien qu'à la construction de groupes électrogènes; elle se présente mal pour actionner par câbles ou courroies des lignes d'arbres de transmission, office que la machine à piston remplit au contraire très bien. Celle-ci sera par conséquent préférée dans les filatures, tissages etc., usines dont la puissance dépasse rarement 2500 chevaux. Par câbles, le transport d'énergie absorbe 5 %; avec l'électricité, à cause de la double transformation de kilogrammètres en kilowatts et inversement, il faut tabler, en tenant compte de la perte en ligne, sur un déchet de 20%. Pour les forces de 50 à 200 chevaux, les machines demi-fixes ont permis de soutenir la concurrence du moteur à gaz. Grâce à la forte surchauffe qu'on leur a appliquée, on est arrivé à des records extraordinaires de consommation. On ne peut pas espérer avoir d'aussi bons résultats en marche industrielle, mais il est permis d'escompter une dépense de charbon de grille inférieure à 600 grammes par cheval-heure effectif. En remplaçant le grand cylindre des machines compound par une turbine à basse pression, M. Rateau a sensiblement amélioré leur rendement. On sait, en effet, que l'action de la vapeur, dans une machine à piston, se fait d'une manière d'autant plus avantageuse, que la pression est élevée, tandis que c'est l'inverse pour la turbine. Il était donc rationnel de faire d'abord travailler la vapeur qui vient de la chaudière derrière un piston, et de la recevoir ensuite dans une série de roues où elle se détend jusqu'au vide presque absolu que procure le condenseur Westinghouse-Leblanc. On réalise ainsi un bénéfice d'au moins 25%, et qui peut même atteindre 40%. Il est enfin possible d'utiliser la vapeur d'échappement pour servir au chauffage de séchoirs, de bains, d'étuves etc. La machine monocylindrique se présente particulièrement bien dans ce cas. Elle fait usage de la pression de la vapeur pour produire la force motrice, et après la détente elle la laisse s'échapper avec la majeure partie de ses calories, qui servent pour le chauffage. L'émission centrale, inaugurée par Todd, reprise avec succès par Stumpf, sous le nom de machine à équicourant, a encore renforcé la position de la monocylindrique et permis de la construire jusqu'à 1500 chevaux. En résumé, si la machine à vapeur traverse une crise, si son champ d'action s'est réduit, ce n'est pas une raison pour croire qu'elle va prochainement disparaître, vaincue par ses rivales. Dans bien des applications, son emploi s'indique de préférence et les autres moteurs ne pourraient pas la remplacer convenablement. D'ailleurs, obligée de se défendre, elle se perfectionne tous les jours. La concurrence que les machines motrices se font est un stimulant pour leurs constructeurs, un élément de progrès pour la mécanique appliquée, et un bénéfice constant pour l'industrie, car toutes ces luttes se poursuivent à son profit. L'impression de cette livraison s'achevait quand nous apprimes la mort de l'un des membres les plus fidèles et les plus distingués de la Société scientifique de Bruxelles, Louis-Joseph Cousin, né à On le 24 février 1839, et pieusement décédé à Bruxelles le 14 octobre 1913. Après avoir conquis brillamment le grade d'ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées en 1863, à l'examen de sortie de l'École du Génie civil de Gand, Louis Cousin pratiqua l'art de l'ingénieur et en même temps en enseigna l'une des parties les plus importantes, les constructions civiles, d'abord à l'Université de Louvain (1867-1890), puis à Santiago du Chili. Il organisa dans cette ville l'École Polytechnique, en même temps qu'il y était ingénieur-conseil du gouvernement pendant dix ans (1890-1900). Revenu en Europe, il s'intéressa toujours au Chili où, grâce à lui, maints ingénieurs belges purent trouver des positions lucratives et respectées. Louis Cousin fut membre de la Société scientifique de Bruxelles dès l'origine. Quand la première section n'était pas encore devenue trop exclusivement mathématique, il y publia plusieurs travaux relatifs à l'art de l'ingénieur, que l'on trouve dans les six premiers volumes de nos ANNALES. Il fit partie du Conseil général de notre Société de 1877 à 1890, et après son retour du Chili en 1900, il y rentra et en demeura l'un des membres les plus écoutés jusqu'à sa mort. II fut vice-président de la Société en 1877-1878, 1883-1884, 19061907, et Président en 1907-1908. C'est pendant sa dernière vice-présidence, que la section des sciences technologiques fut créée et séparée de la section des sciences mathématiques. Louis Cousin avait exposé les motifs de cette création le 25 janvier 1906 dans un rapport bref et lumineux (ANNALES, t. XXX, 1re partie, pp. 117-120) qui a entraîné le vote de l'assemblée générale, le 9 avril 1907. La Société scientifique de Bruxelles gardera toujours avec reconnaissance le souvenir de Louis Cousin comme de l'un de ses membres les plus dévoués.. TABLE DES MATIÈRES DU VINGT-QUATRIÈME VOLUME (TROISIÈME SÉRIE) TOME LXXIV DE LA COLLECTION 225 255 272 Livraison de Juillet 1913 LE DOCTEUR HENRI DESPLATS, par M. le D' Adrien Besson. ÉVOLUTION ET CAUSALITÉ, par M. Jacques Laminne ORIENTATIONS NOUVELLES DANS L'ÉTUDE DU MÉTABOLISME ANI- Kaisin. VARIÉTÉS. I. Le progrès de la culture par la science et - II. Les écrits chinois de Verbiest, par le R. P. H. Bos- BIBLIOGRAPHIE. - I. Leçons sur l'intégration des équations II. I. Exercices et compléments de mathématiques 299 300 III. Problèmes de mécanique et cours de cinéma- 301 301 305 VI. La Télégraphie et la Téléphonie simultanées et VIII. Recueil des constantes physiques, N. N. IX. Tables annuelles des constantes et données numé- 307 314 315 X. Métrophotographie, par J. Ch. Saconney, Ph. 316 XI. Étude des mouvements des grèves dans la Baie chalas XII. Handbuch der Pharmakognosie, par A. Tschirch, 319 326 XIII. Botanique coloniale, par M. Dubard, É. D. W. 327 É. D. W.. 329 XV. L'Élevage de l'Autruche, par A. Ménegaux, 330 XVI. De scrupulis, par A. Gemelli, J. Maréchal 332 FRANÇOIS BONDEL ET SES ÉTUDES SUR LES « NUOVE SCIENZE » L'ISLAM AUX INDES, SON INFLUENCE EXTÉRIEURE, par le R. P. P. Dahmen, S. J... LE STATUT ET LE DÉVELOPPEMENT DE LA CAISSE GÉNÉRALE DE 353 381 406 442 494 CHRISTOPHE COLOMB (Suite), par M. Fern. Van Ortroy |