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HISTOIRE

HISTOIRE

UNIV. OF CALIFORNIA

DE BOSSUET.

LIVRE CINQUIÈME.

Genre de vie de Bossuet à la Cour. Conférence avec le ministre Claude. Affaire de M.me de la Vallière. Affaire de M.me de Montespan.

PENDANT toute l'éducation de M. le Dauphin,

I. Bossuet vit

dans la re

Cour.

Bossuet se renferma dans l'exercice de ses devoirs et de ses fonctions. Estimé et respecté de toute la traite à la Cour, il y vécut dans la retraite, et il n'entretint avec toutes les personnes que la naissance, les dignités, le crédit ou la faveur élevoient au pre

mier

rang, que les simples relations commandées par le devoir, ou prescrites par l'usage.

Cette conduite fut généralement approuvée. On sentit qu'en s'éloignant du commerce du monde, il honoroit plus son siècle et la Cour par ses études et ses travaux, qu'il n'auroit pu le faire par une oisive assiduité dans la société. Il étoit d'ailleurs prévenant et poli; il ne manquoit jaBOSSUET. Tome 11.

Ι

* Mts. de Ledieu.

mais à aucun devoir de bienséance. Les ministres et tous les grands de la Cour vouloient être comptés au nombre de ses amis, et la bienveillance même des princes venoit le chercher jusque dans sa retraite.

<< * Il vécut à la Cour avec la frugalité et la mo» destie dont il a fait profession toute sa vie. Sa » table étoit servie d'une manière convenable, >> mais sans délicatesse et sans profusion; ses meu»bles très - simples, son équipage modeste, sa >> maison peu nombreuse et composée des seuls. » domestiques nécessaires à son service. Sans >> faste, sans ostentation, sans vains amusemens, » il ne parut jamais rien sur sa personne que de >> grave et de sérieux; on eût cru voir un simple ecclésiastique. »

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Bossuet n'étoit pas seulement à la Cour le précepteur du Dauphin. Déjà placé par l'opinion publique au premier rang des grands hommes d'un grand siècle, sa renommée avoit fixé autour de lui un certain nombre de disciples choisis, qui s'honoroient d'être admis à l'école d'un tel maître. La plupart étoient ecclésiastiques, et attachés à la Cour par les fonctions qu'ils y exerçoient; quelques magistrats et des gens de la Cour qui partageoient le même goût pour l'étude et la retraite, étoient aussi admis dans cette société si distinguée.

Tous ces hommes plus ou moins célèbres, que leur rang et leur profession sembloient devoir rendre étrangers à un genre de vie si grave et si sérieux, venoient se réunir tous les jours chez Bossuet à une heure marquée. Lorsque le temps et la saison le permettoient, ils se rendoient tous ensemble à la promenade pendant les séjours de la Cour à Saint-Germain, à Versailles et à Fontainebleau.

Pendant toute sa vie et même au dernier voyage que Bossuet fit à Versailles, peu de mois avant sa mort, pendant l'été de 1703* « il ne » parut jamais à la Cour dans les promenades publiques, qu'environné de l'élite du clergé ». Les générations s'étoient succédées; d'autres disciples avoient remplacé les premiers disciples de Bossuet; mais il étoit toujours resté le chef et l'oracle de cette école de religion et de science..

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« C'étoit un spectacle imposant pour tout ce qui habitoit Versailles, de voir jusqu'à la fin de » sa vie ce vieillard vénérable par ses cheveux » blancs, et plus encore par tant de travaux et de gloire, se promener, suivi de ce nombreux » cortége, dans les allées du petit parc de Ver»sailles, et surtout dans celle que toute la Cour >> étoit convenue d'appeler l'allée des Philoso>> phes, » pour consacrer en quelque sorte le sou

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* Ibid.

*Ibid.

venir des promenades de Bossuet et de ses dis

ciples.

Ces philosophes (1) étoient, comme on l'a dit, Fénélon, l'abbé Fleury, Pélisson, l'abbé Renaudot, l'abbé de la Broue, l'abbé de Langeron, l'abbé de Saint-Luc, la Bruyère, l'abbé de Lon*Mts. de guerue, Cordemoi et quelques autres. «<< * C'étoit

Ledieu.

* Ibid.

» dans ces promenades qu'on voyoit Bossuet ré» soudre les difficultés qu'on proposoit sur l'E>>criture sainte, expliquer un dogme, traiter >> un point d'histoire ou une question de philo» sophie. Là régnoit une entière liberté. On par»loit de tout indifféremment sans gêne, sans » prétention. Aux plus graves discussions sur la » religion et sur la philosophie se mêloient des » réflexions sur les nouveaux ouvrages de litté»rature qui occupoient le public; et souvent » Bossuet, entraîné par son goût pour tout ce qui étoit grand et sublime, récitoit avec une » mémoire imperturbable les plus beaux mor>>ceaux des poètes anciens et modernes. »

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Quelquefois même avec cette simplicité naïve que n'exclut pas le génie, «<il laissoit lire de>> vant lui quelques fragmens de ses propres ou>> vrages; il recueilloit les observations de tous

(1) Il est assez piquant d'observer comment en moins d'un siècle, ce nom de philosophe a changé d'acception.

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