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XXIV.
Bossuet

tion des ca

* Mts. de

Ledieu.

les plus réguliers et les plus appropriés aux circonstances, pour extirper dans leur racine ces monstrueuses conceptions de quelques imaginations déréglées, qui étoient un sujet de scandale pour les ames religieuses, et de triomphe pour les esprits corrompus.

Dès le moment où Bossuet apprit l'exaltaprovoque la tion D'INNOCENT XI, il augura favorablement des condamna- dispositions d'un pontife recommandable par sa suistes. piété *. Il rédigea un projet de lettre qui sembloit supposer qu'elle étoit écrite au nom de plusieurs évêques de France. Il y exposoit au pape la corruption, qu'on s'efforçoit d'introduire dans la morale chrétienne par des raffinemens et des subtilités absolument opposés à la sainteté et à la simplicité de l'évangile. Il exhortoit INNOCENT XI à suivre l'exemple D'ALEXANDRE VII, qui avoit déjà frappé d'anathême les propositions les plus condamnables de ces indéfinissables casuistes. Nous n'avons point retrouvé ce projet de lettre de Bossuet; mais l'abbé Ledieu qui l'avoit sous yeux *, nous apprend « qu'elle étoit écrite en » latin et qu'elle étoit si belle, qu'elle méritoit » d'être rendue publique ».

* Ibid.

les

On ne peut guères douter que cette lettre n'ait contribué à exciter le zèle D'INNOCENT XI, et n'ait

influé sur la condamnation que ce pontife porta en 1679, en proscrivant soixante-cinq propositions des nouveaux casuistes.

Mais les décrets D'ALEXANDRE VII et D'INNOCENT XI émanés du tribunal de l'inquisition, n'étoient point et ne pouvoient pas être reçus en France. Cependant les protestans se prévaloient du silence de l'Eglise gallicane pour lui reprocher l'espèce d'indifférence, avec laquelle elle laissoit violer les principes les plus sacrés de la morale évangélique. Plusieurs évêques de France avoient à la vérité opposé des censures sévères à ces coupables excès; mais ces décisions particulières et isolées ne pouvoient avoir autant de force et d'autorité, qu'une censure prononcée au nom de l'Eglise de France toute entière.

Aussitôt que Bossuet vit l'assemblée de 1682 en activité, il proposa l'établissement d'une commission chargée spécialement de l'examen de la morale. L'assemblée applaudit unanimement à un projet si digne d'elle; et M. de Harlay luimême plaça Bossuet à la tête de cette commission.

*

Il s'occupa aussitôt à recueillir toutes les propositions qui méritoient d'être censurées. Il les vérifia lui-même dans les auteurs dont elles étoient extraites; il traça un plan où toutes les

* Ibid.

matières se trouvoient classées suivant l'ordre des préceptes du décalogue; il plaça sous chacun de ces préceptes les propositions des casuistes qui leur étoient contraires; et il attacha à chaque proposition les notes et les qualifications qu'il présumoit devoir être énoncées dans la censure.

Il fit plus; il composa pour l'instruction des membres de l'assemblée plusieurs traités particuliers sur les points les plus importans, que les casuistes s'étoient efforcés d'obscurcir par leurs déplorables subtilités. Ce fut dans cette vue, et en cette occasion qu'il composa son traité sur l'usure, où il établit dans huit propositions, la doctrine de l'Eglise sur cette matière ; les principes des probabilistes furent discutés et réfutés dans un autre traité. Il donna sur l'amour de Dieu des règles et des maximes qui rappeloient aux chrétiens l'obligation que leur impose ce précepte, le premier, le plus saint et le plus naturel de tous les préceptes.

A l'exemple du concile de Trente, il joignit à la censure des propositions des chapitres de doctrine où il exposoit les principes et les règles, que la parole de Dieu et la nature même prescrivent sur les devoirs les plus essentiels de la vie chrétienne et sur toutes les parties de la morale.

Ce grand travail étoit précédé d'une préface, où il en développoit tout le plan, et en démontroit la nécessité; il avoit fait entrer dans cette préface les plus magnifiques éloges de l'Eglise romaine, et des papes ALEXANDRE VII et INNOCENT XI, qui avoient déjà porté de pareilles censures (1).

Bossuet avoit si bonne opinion du zèle d'INNOCENT XI pour l'honneur de la religion et de l'Eglise, qu'il aimoit à se persuader, que les divisions actuelles du saint Siége et de la Cour de France n'empêcheroient pas le pape de donner la sanction de son autorité à une censure qui seroit reçue avec applaudissement dans toutes les parties de l'Eglise. C'étoit dans cette confiance qu'il écrivoit à Rome au théologien du cardinal d'Estrées (M. Dirois): « Vous pouvez être cer>> tain que nous irons très-modérément, tâchant » de parler de sorte que le saint Siége puisse >> confirmer ce que nous ferons, et changer en » bulles les décrets de l'inquisition, dont l'auto

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*

rité, comme vous savez, ne fait point loi ici, » de sorte que notre intention est de préparer » la voie à une décision, qui nous donne la paix

(1) On trouve tout ce travail de Bossuet pour l'assemblée de 1682, dans le tome 111 de ses OEuvres posthumes.

* Le 6 mars

1682.

ici, et y affermisse éternellement la règle des

» mœurs ».

La commission du clergé avoit déjà examiné et approuvé toutes les parties du plan de Bossuet; il étoit prêt à en faire le rapport à l'assemblée; et la censure alloit être portée, lorsqu'elle reçut ordre de se séparer le 29 juin 1682.

On ne peut que se livrer à des conjectures sur les motifs qui portèrent Louis XIV à rompre si brusquement une assemblée qui avoit si bien mérité de l'Eglise, du roi et de la France: on attribua dans le temps cette résolution imprévue aux représentations du cardinal d'Estrées, chargé alors des affaires de France à la Cour de Rome.

Ce ministre fit valoir avec beaucoup d'art toutes les considérations qui devoient inviter le roi à se renfermer dans les mesures de modération et de fermeté qu'il s'étoit prescrites, et qui avoient si heureusement rempli toutes les vues de sa sagesse, et tous les intérêts de sa politique.

Le droit de régale, étendu sur toutes les Eglises du royaume avec l'aveu et le consentement du clergé lui-même, la déclaration de l'assemblée sur la puissance ecclésiastique, le dévoûment entier et absolu de toute l'Eglise de France

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