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» ment et de la tendresse que je vous avois vus » pour lui. »

Bossuet voulut même donner une espèce d'autorité à l'ouvrage, et le prémunir contre les attaques qui sembloient le menacer, en y attachant son approbation et celles de l'archevêque de Reims et de l'évêque de Grenoble, depuis le cardinal le Camus.

Mais quelque imposant que fût un pareil témoignage, le Traité de la sainteté et des devoirs de la vie monastique excita une discussion assez vive entre le savant Mabillon et l'abbé de la Trappe. Mabillon crut trouver dans l'interdiction que l'abbé de Rancé prononçoit contre les religieux qui se livroient à l'étude des sciences, une espèce de censure contre la congrégation dont il étoit membre, et qui a élevé tant de monumens utiles à la religion et aux lettres.

Cette différence d'opinion entre deux religieux qui se rapprochoient plus dans leur amour pour la religion et l'Eglise, qu'ils n'avoient de conformité dans le caractère et dans le goût des mêmes études, produisit plusieurs écrits, où peut-être l'on mit des deux côtés un excès de chaleur (1).

(1) Don Thuilier, ami et confrère de Mabillon, en écrivant l'histoire de cette contestation, suppose tous les torts du côté de l'abbé de Rance; et don Gervaise, ami et confrère de l'abbé

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Il eût été facile de prévenir dès l'origine une discussion sans objet et sans utilité, si l'on eût voulu observer avec Bossuet la sage distinction qu'il établit entre l'état solitaire et retiré auquel l'abbé de Rancé s'étoit voué, et qui étoit le seul pour lequel il avoit rédigé ses instructions, et les ordres religieux que l'Eglise a destinés à d'autres emplois. Peut-être l'abbé de la Trappe avoitil trop négligé d'exprimer cette distinction; et Mabillon avoit pu se croire justement fondé à réclamer contre une opinion qui empruntoit une grande autorité du nom et des vertus du réformateur de la Trappe, et pouvoit jeter une espèce de défaveur sur tout l'ordre de Saint-Benoît.

IV. Lettre de

Bossuet sur

de la Croix.

Ce fut dans un de ses voyages à la Trappe, que Bossuet eut occasion de voir le frère Armand, nouveau catholique. C'étoit un gentilhomme fran- l'adoration çais, réfugié en Hollande, où il s'étoit attaché au service du prince d'Orange. La lecture de quelques ouvrages de Bossuet avoit commencé par lui donner des doutes, et fini par le disposer à goûter sa doctrine. Il revint en France, fit abjuration, se retira à la Trappe, et fut admis à faire des vœux, après que sa vocation eut été longtemps éprouvée. L'abbé de Rancé s'étoit singu

de la Trappe, a prétendu montrer que son adversaire n'en avoit pas été entièrement exempt.

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lièrement attaché à ce nouveau proselyte, qui avoit beaucoup d'esprit et qui avoit fait de grands sacrifices pour se réunir à la religion catholique. Il voulut même lui donner un témoignage de son affection paternelle, en lui faisant prendre le nom d'Armand (1), à l'époque où il émit ses vœux solennels. L'abbé de Rancé le fit connoître à Bossuet, et l'autorisa à s'entretenir avec ce prélat sur des matières de religion. Il obtint ensuite permission de lui écrire, et de lui proposer ses doutes; c'est ce qui donna lieu à une réponse que Bossuet lui fit de Versailles, le 17 mars 1691, et qui a été publiée sous le titre de lettre de monsieur l'évêque de Meaux, sur l'adoration de la Croix; elle fut imprimée en 1692.

Dans cette lettre, Bossuet montre l'intention que s'est proposée l'Eglise, en rendant de si grands honneurs au signe de la rédemption des hommes.

L'Eglise, en montrant la croix, a ramassé sous » cette simple figure toutes les merveilles de la » mort de Jésus-Christ. Là, comme dans un lan» gage abrégé, tout ce que le Sauveur a fait pour >> nous se retrace à notre cœur et à notre pen» sée. Des volumes entiers ne rempliroient pas ce

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qui est exprimé par ces deux signes, par celui » de la Croix qui nous dit tout ce que nous de

(1) Armand étoit le prénom de l'abbé de Rancé.

»vons à Jésus-CHRIST, et par celui de nos sou» missions qui expriment au-dehors tout ce que >> nous sentons pour lui....

Quels honneurs, dit Bossuet, ne rend-on >> pas en public au livre de l'évangile..... Les pro>> testans eux-mêmes prêtent leurs sermens sur » le livre de l'évangile. Par ces honneurs on témoigne son attachement, non pas à l'encre et » au papier, mais à la vérité éternelle qui nous » y est représentée. Je n'ai encore trouvé per» sonne d'assez insensé pour accuser ces prati» ques d'idolâtrie. Je demande à présent, qu'est>> ce donc que la croix, sinon l'abrégé de l'évan

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gile, tout l'évangile sous un seul signe et sous >> un seul caractère.....

» Il ne faut qu'une seule chose pour confondre >> les esprits contentieux ; c'est que le culte ex» térieur n'est qu'un langage pour signifier ce » qu'on ressent au-dedans. Si donc à la vue de la » croix tout ce que je sens pour Jésus-Christ se » réveille, pourquoi à la vue de la Croix ne » donnerois-je pas toutes les marques extérieures » de mes sentimens ?.....

» Les protestans traitent ce culte de supersti» tieux, parce qu'il n'est pas commandé; et ils sont » si grossiers, qu'ils ne songent pas que le fond >> de ces sentimens étant commandé, les marques

» si convenables que nous employons pour les > exciter, ne peuvent être que louables et agréa»bles à Dieu et aux hommes....

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» Voilà pour ce qui regarde les choses, après

quoi c'est une trop basse chicane de disputer » des mots. En particulier celui d'adorer a une si

>>

grande étendue, qu'il est ridicule de le con>> damner sans en avoir déterminé tous les sens. » On adore Dieu, et en un certain sens, on n'alui seul. >>

» dore que

Bossuet rapporte ensuite un grand nombre d'exemples de l'usage que l'Ecriture elle-même fait du mot adorer, sans qu'il se présente à l'esprit de qui que ce soit, l'idée du même culte que l'on rend à Dieu, et qui doit être réservé à Dieu seul.

Bossuet s'explique ensuite avec sa raison supérieure, et sa mesure ordinaire sur le culte qu'on rend dans quelques lieux aux larmes et au sang de Jésus-Christ.

Savoir, dit Bossuet, s'il reste quelque part » ou de ce sang, ou de ces larmes, c'est ce que l'Eglise ne décide pas. Elle tolère même sur » ce sujet les traditions de certaines Eglises, sans

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>>

qu'on doive trop se soucier de remonter à la » source. Tout cela est indifférent et ne regarde

» pas le fond de la religion. Je dois seulement

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