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sieurs conquêtes de ce genre, dignes de son zèle pour la pureté de la discipline, et pour le véritable esprit du gouvernement de l'Eglise.

Dès le moment où il fut nommé à l'évêché de

XXI.

Bossuet soumet à sa jurisdiction l'abbaye deFare

moutier.

Meaux, Bossuet se trouva engagé dans une pro-
cédure
que M. de Ligny, son prédécesseur, avoit
commencée contre l'abbesse de Faremoutier. Le
21 février 1682, peu de jours seulement après
qu'il eut pris possession de son siége, il eut le
bonheur de terminer par une transaction, dont
l'archevêque de Reims et les évêques de la Ro-
chelle et de Beauvais (1) furent les arbitres, toutes
les discussions qui existoient entre l'évêché de
Meaux et l'abbaye de Faremoutier. Cette tran-
saction, dont il seroit peu important aujourd'hui
de faire connoître toutes les dispositions, fut re-
vêtue de lettres-patentes en date du 14 avril 1682*.
Depuis que le monastère de Faremoutier fut Meaux.
rentré sous l'obéissance de son pasteur, il ne cessa
de donner des exemples d'édification et de piété,
qui lui méritèrent toute l'affection paternelle de
Bossuet; "c'est le témoignage que Bossuet lui-

(1) Toussaint de Forbin Janson, nommé à l'évêché de Digne en 1653, transféré à celui de Marseille en 1668; et enfin à l'évêché de Beauvais en 1679: nommé commandeur de l'ordre du Saint-Esprit en 1689, cardinal en 1690, grand aumônier de France en 1706, mort en 1713, âgé de quatre-vingts ans.

* Histoire de l'église de

Abbaye de Rébais.

même se plut à lui rendre dans l'ordonnance qu'il fit, en terminant le procès-verbal de visite de cette abbaye en 1693; il y représente ce monastère «< comme le modèle de ceux du diocèse; » et il y exprime le désir de voir les servantes de » Dieu qui l'habitent, non-seulement s'entretenir » dans la sainte régularité où elles vivent, mais >> encore croître dans l'esprit de piété, de lecture >> et de retraite ».

Bossuet ne fut pas moins heureux dans une discussion du même genre, qu'il eut dans la suite avec l'abbaye de Rébais.

Les abbés de Rébais étoient en possession d'une jurisdiction absolument indépendante des évêques de Meaux sur les ecclésiastiques et les laïques de Rébais, et de cinq paroisses qui en relevoient; le titre de cette exemption étoit une sentence arbitrale rendue en 1212 par des commissaires du pape.

Bossuet appela comme d'abus de cette sentence arbitrale, et il eut la satisfaction de n'éprouver aucune opposition de la part de l'abbé et des religieux de Rébais. M. Caillebot de la Salle, évêque de Tournai et abbé de Rébais, étoit pénétré d'une religieuse vénération pour Bossuet; et comme évêque, il sentoit lui-même combien il importoit au bon ordre et au maintien de la discipline ecclésiastique d'assurer et d'étendre la juris

diction épiscopale conformément à l'esprit des

anciens canons.

XXII. Affaire de

Jouarre.

Si Bossuet fut en partie redevable de la facilité avec laquelle il termina l'affaire de l'abbaye de l'abbaye de Rébais, à l'estime qu'inspiroient ses vertus et son caractère, on peut croire aussi que la vigueur avec laquelle il avoit attaqué et conquis l'abbaye de Jouarre, n'avoit pas peu disposé les religieux de Rébais à céder à l'ascendant d'un évêque qui avoit toujours le grand art de mettre de son côté la raison, la justice, les canons de l'Eglise, et les lois de l'Etat.

La singularité de quelques circonstances de l'affaire de Jouarre nous invite à entrer dans des détails qui pourroient paroître aujourd'hui assez indifférens, s'ils ne servoient à faire connoître le caractère de Bossuet, l'esprit de suite et de fermeté qu'il apportoit dans tout ce qu'il entreprenoit, et cette sorte de supériorité naturelle qui l'élevoit au-dessus de toutes les considérations capables d'arrêter les hommes plus sensibles à des égards intéressés, qu'à l'accomplissement de leurs devoirs.

L'exemption de l'abbaye de Jouarre paroissoit fondée sur les titres les plus imposans, et affermie par le temps et par les contradictions mêmes qu'on avoit tenté de lui opposer. Il falloit qu'elle eût

déjà été l'objet de quelques discussions entre les évêques de Meaux et les abbesses de Jouarre dans des temps bien anciens, et dont les traces n'existent plus parmi les monumens historiques, puisqu'en 1225, le cardinal Romain, légat du pape, fut choisi par toutes les parties intéressées pour arbitre de leurs différends et de leurs prétentions.

La sentence arbitrale, que le cardinal Romain rendit en 1225, maintint l'abbesse et l'abbaye de Jouarre dans l'exemption la plus entière et la plus absolue des évêques de Meaux, et dans le droit de ne relever que du saint Siége. Elle les soumit seulement à payer une redevance annuelle de dixhuit muids de grains à l'évêché et au chapitre de Meaux. On doit ajouter que cette sentence arbitrale avoit obtenu une telle solennité, qu'elle avoit été insérée dans le corps du droit cano* Histoire nique *.

de l'église de Meaux.

Depuis cette époque, les évêques de Meaux avoient constamment respecté l'exemption de l'abbaye de Jouarre, ou ce qui étoit encore plus favorable aux priviléges de cette abbaye, toutes les fois qu'ils les avoient attaqués, ils avoient vu leurs réclamations proscrites par des jugemens contradictoires. Souvent même on avoit vu des évêques de Meaux ou leurs officiers reconnoître formellement cette exemption, et prêter leur ministère

à des actes où elle étoit exprimée dans les termes les plus précis et les moins équivoques.

Les priviléges exorbitans dont jouissoit l'abbesse de Jouarre devoient nécessairement entraîner de grands abus; et ces abus avoient été portés à un tel excès, qu'en 1680, plus d'un an avant l'avénement de Bossuet à l'évêché de Meaux, Louis XIV avoit cru devoir demander des commissaires au pape pour la réforme de cette abbaye.

On peut observer que ce recours même du roi à l'autorité du pape pour la réforme de l'abbaye de Jouarre sembloit être un nouveau préjugé en faveur de son exemption.

HENRIETTE DE LORRAINE étoit alors abbesse de Jouarre. Cette princesse, trop portée peut-être à ne considérer, comme on l'avoit vu trop souvent dans les siècles précédens, son titre d'abbesse que comme une décoration extérieure, qui ne la soumettoit à aucune des obligations imposées à des religieuses d'un rang moins relevé, vivoit ou plutôt régnoit à Jouarre, comme dans le palais de ses pères.

Elle disposoit des revenus de l'abbaye avec une autorité aussi arbitraire, qu'elle auroit pu le faire d'un héritage de sa maison : et pendant ses courts et rares séjours à Jouarre, elle parois

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