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religion, à l'Eglise et à l'Etat; et que des considérations de société ne pouvoient pas balancer des considérations d'un ordre si supérieur. Il est facile de comprendre, combien le cabinet de Bossuet devoit s'enrichir de toutes les heures qu'il auroit perdues ou consacrées à tous ces devoirs de convention, qui consument une grande partie de la vie.

XXIV. Amis de Bossuet.

Bossuet étoit en amitié ce qu'il étoit en théologie, en philosophie, en politique. Il aimoit ses amis sous les rapports de leurs vertus, de leur science, de l'utilité dont ils pouvoient être à la religion. Il ne parloit jamais de lui aux autres, et n'avoit pas besoin qu'on lui parlât de lui *. « On *Notes ma

» doit parler de soi le moins que l'on peut, disoit

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Bossuet, on ne dit jamais que des impertinen»ces. C'est en quoi les apologies de saint Atha» nase sont admirables; il y parle toujours de lui » sans se rendre odieux. »

La dernière édition des ouvrages de Bossuet présente une collection volumineuse de ses lettres; et elles ne forment qu'une très-petite partie de celles qu'il a écrites. Si l'on n'y trouve pas ces épanchemens de l'ame qui échappent involontairement à saint François-de-Sales et à Fénélon, et qui donnent à leurs pensées et à l'expression de leurs sentimens une onction si touchante, elles

nuscrites de Fleury.

sont remarquables par le caractère profondément religieux, dont elles sont empreintes. Elles montrent toujours Bossuet considérant les hommes comme des voyageurs sur la terre marchant à travers le temps pour arriver à l'éternité, et ne voyant dans leurs rapports de société, que le grand but de leurs destinées, DIEU et la RELIGION. Toutes les lettres de Bossuet concernent les travaux qui l'occupoient pour la défense de la religion, ou se rapportent à l'accomplissement des devoirs dans l'ordre de la condition où la providence a placé les personnes à qui il écrit.

On auroit tort de conclure de ces réflexions que Bossuet étoit étranger au sentiment de l'amitié. Il eut beaucoup d'amis, et ces amis étoient tous des hommes du plus grand mérite. Mais on voit que le lien qui les unissoit, étoit moins une affection du cœur, qu'un intérêt commun pour la gloire de la religion, et la noble ambition de réunir tous leurs talens et tous leurs efforts surer son triomphe.

pour as

Bossuet eut le malheur de perdre des amis qui lui étoient bien chers à des titres si sacrés; et il donna des larmes sincères à leur mort. Mais on voit toujours la religion assise à ses côtés, prête à essuyer ses pleurs. Dans l'espace de quelques jours seulement (en 1684), trois de ces amis si distin

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*Lettre de

Bossuet à

Rancé. 23 oc

gués, dont les deux premiers lui devoient leur existence et leurs places, M. de Cordemoi, l'historien, l'abbé de Vares, garde de la bibliothèque du roi, et l'abbé de Saint-Luc, aumônier du roi, lui furent enlevés presque subitement. Ce fut aux prières de l'abbé de Rancé que Bossuet eut recours, pour trouver des consolations à sa douleur. * Je recommande à vos prières, lui écrit Bos» suet, trois de mes principaux amis, et qui m'é- l'abbé de » toient le plus étroitement unis depuis plusieurs tobre 1684. >> années, que Dieu m'a ôtés en quinze jours par » des accidens divers. Le plus surprenant est ce» lui qui a emporté l'abbé de Saint-Luc, qu'un » cheval a jeté par terre si rudement, qu'il en >> est mort une heure après, à trente-quatre ans. >> Il a pris d'abord sa résolution, et n'a songé qu'à » se confesser, et Dieu lui en a fait la grâce. Les >> deux autres se sont vus mourir, et ont fini >> comme de vrais chrétiens. Ce coup est sensible, » et je perds un grand secours. Cela n'empêchera » pas que je ne continue ce que je vous ai dit *, priant Dieu que si c'est pour sa gloire, il me

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» soutienne lui seul, puisqu'il m'ôte tout le reste. » Vos prières. Tout à vous. »

On aime à voir le grand CONDÉ mêler ses larmes à celles de Bossuet sur les pertes de l'amitié

* La Dé

fense de la

déclaration

du clergé.

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dans une lettre écrite de sa main, et dont nous avons l'original sous les yeux, il dit à Bossuet :

Lettre du « Je viens d'apprendre par M. Sauveur, que grand CONDÉ » M. de Cordemoi étoit fort malade, et qu'il y à Bossuet.

>>

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lui

» avoit bien du péril en son mal. J'en suis dans la
plus grande peine du monde, ayant pour
beaucoup d'estime et d'amitié. J'écris à M. Bos-
» suet (1) de m'en mander des nouvelles; je ne
>> doute pas que vous n'en ayez une grande dou-
» leur, sachant l'amitié que vous avez pour lui.
» En vérité, vous êtes bien à plaindre; car vous
>> venez de perdre M. l'abbé de Saint-Luc, et il
n'y a guères que vous avez perdu M. l'abbé de
» Vares. Personne au monde ne s'intéresse tant
» que moi à votre déplaisir, d'autant plus que je
» connois mieux que personne le fond de votre
» amitié, et que je connoissois le mérite de M.
» l'abbé de Saint-Luc, et l'amitié et l'attachement
qu'il avoit pour vous. Je vous supplie de croire
» que je sens très-vivement votre déplaisir et vo-
» tre inquiétude sur le mal du pauvre M. Corde-
» moi. Faites-moi la justice d'être bien persuadé
>> que rien ne peut m'être plus sensible que toutes
>> les choses qui vous touchent, et que personne
» ne vous honore tant que
moi. »

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(1) Frère aîné de l'évêque de Meaux.

Cette lettre paroît justifier le grand CONDÉ du reproche qu'on lui avoit fait dans sa jeunesse, d'être peu susceptible d'attachement; elle fait connoître en même - temps les rapports qu'il aimoit à entretenir dans sa retraite, et vers les derniers temps de sa vie, avec tous les hommes de mérite qu'il avoit admis dans sa société sous les auspices de Bossuet. Les années avoient amorti l'emportement et le feu de ses passions; les lumières de son esprit et sa confiance en Bossuet lui avoient appris à connoître et à aimer la religion; et le caractère, ainsi que les principes de Louis XIV donnoient alors à tous les esprits et à tous les sentimens une direction grave et religieuse.

Les liaisons d'estime et d'amitié que Bossuet avoit formées à Versailles, conservèrent toute leur force, lorsqu'il cessa d'y résider habituellement. Nous avons déjà nommé quelques-uns de ces hommes distingués : et on a pu observer, par la considération dont ils jouissoient, et par la réputation qu'ils ont laissée, que le mérite et la vertu avoient seuls présidé à cette association respectable, dont Bossuet étoit le chef, le guide et l'oracle.

}

La reconnoissance se réunissoit à tous les sentimens d'estime et d'admiration que Bossuet

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