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Racine, dans un voyage de Fontainebleau *, long-temps avant qu'elle parût et il a partagé avec Boileau le mérite d'avoir mieux jugé le chefd'œuvre de Racine que tout le reste de ses contemporains.

la

On connoît les opinions assez sévères de Bossuet sur l'emploi des brillantes fictions que la mythologie des anciens a transmises aux poètes de tous les siècles. Bossuet auroit désiré que poésie dans son langage sublime eût dédaigné ces frivoles ornemens, qui avoient été imaginés pour ajouter une dangereuse séduction aux enchantemens d'un culte qui ne parloit qu'aux sens, et d'une religion qui n'offroit à l'adoration des peuples que des tableaux voluptueux, des souvenirs coupables et de grands scandales. Il croyoit que les grandes images, les nobles pensées, la richesse, la force, l'originalité d'expressions répandues dans les livres sacrés, pouvoient suppléer avec avantage aux plus heureuses conceptions d'une poétique étrangère à la religion, à la morale, à la législation, aux habitudes des peuples modernes. Il craignoit qu'elles ne servissent plus souvent dans la jeunesse à égarer l'imagination, et à ouvrir le cœur à la séduction des passions, qu'à inspirer ces grandes concepBOSSUET. Tome 11.

23

* Mts. de

Ledieu.

XXV.

De Bossuet

tions qui ont honoré quelques grands génies, auxquels il étoit bien loin de refuser son admiration. Enfin Bossuet pensoit que, si la mythologie avoit été la théologie d'une religion voluptueuse et dépravée, une religion sainte et puré devoit inspirer à des poètes élevés à une école plus sainte et plus grave des idées, des images et des expressions plus conformes à la doctrine et à la morale qu'ils y avoient puisées.

Ce systême poétique étoit digne sans doute d'un évêque tel que Bossuet; et Racine a montré dans Athalie et dans Esther, qu'en parlant le langage des écrivains sacrés, on peut être encore plus élevé et plus sublime, que les poètes de l'antiquité qui ont fait entendre le langage des Dieux.

Cependant on pourroit dire sans offenser la et de San- gloire de Bossuet, et sans déroger à la sainte

teuil.

dignité de ses maximes, que la circonstance

où il crut devoir exercer sa censure contre un poète qu'il aimoit et qu'il estimoit, n'étoit pas de nature à mériter une telle sévérité. Bossuet admiroit le génie poétique de Santeuil, et lui pardonnoit les singularités de son caractère. Il l'attiroit souvent à Germigny; et ce fut à Germigny même que Santeuil en fit la description

dans une pièce charmante, qui offre la peinture la plus agréable d'un lieu que la présence de Bossuet a consacré.

Mais quelques années après, Santeuil fit la description des jardins de Versailles, et la dédia à La Quintinie, à qui la France doit l'art d'avoir perfectionné la culture des arbres fruitiers. Santeuil avoit déployé dans cette pièce, avec autant de goût que de magnificence, toutes les richesses de sa brillante imagination. On sait qu'à cette époque il n'étoit pas même nécessaire d'être poète pour être inspiré par les enchantemens de Versailles. La nature du sujet, les arbres, les eaux, les fontaines, les marbres animés qui respiroient dans ces lieux de fêtes et de plaisirs; toutes les merveilles de l'art que la main d'un grand roi avoit rassemblées sous les yeux de l'Europe frappée d'admiration; tous les dieux de l'Olympe, qui, dociles à sa voix, venoient orner

la

pompe de sa Cour et le cortège de ses fêtes triomphales, un pareil sujet prêtoit à l'imagination d'un poète les plus brillantes couleurs de la poésie antique. Si jamais les dieux de la fable purent se croire dans leur empire, c'étoit sans doute dans un tel lieu. Cependant Santeuil avoit su résister à la dangereuse séduction que son sujet sembloit lui offrir. Il s'étoit borné à chanter les

dieux des vergers, Pomone, les nymphes et les déités champêtres. Il faut encore ajouter que Santeuil s'étoit renfermé dans les bornes de la décence la plus sévère, et qu'aucun des scandales de la mythologie ne venoit se mêler au tableau des nobles délassemens d'un roi que l'âge avoit déjà désabusé de toutes les illusions de la jeunesse. Cependant ce simple cortège de Pomone, des nymphes et des dieux champêtres déplut à l'austérité de Bossuet; et il blâma hautement Santeuil de s'être cru obligé de recourir à ce luxe efféminé. Santeuil en fut instruit, et il adressa à son auguste censeur son apologie dans une pièce de vers sous le titre de poëta christianus, dont les beautés sembloient encore effacer celles de la pièce qui avoit blessé la rigidité de Bossuet.

Ce poète qui réunissoit les extrêmes les plus opposés, tour à tour simple et sublime, doux et irascible, enfant et bouffon, fut en cette occasion, comme en toutes les autres, fidèle à son caractère. Il composa sa pièce de vers sous la forme d'une amende honorable; il fit graver à la tête une vignette; on y voyoit Bossuet revêtu de ses habits pontificaux, et Santeuil à genoux devant lui sur les marches de l'église cathédrale de Meaux, la corde au cou, faisant amende honorable, et jetant au feu tous ses vers profanes.

Dans cette pièce, Santeuil cherchoit d'abord à fléchir son juge, en rappelant (1) « qu'il étoit quelquefois permis de mêler des jeux innocens » à des études sérieuses; que par cette heureuse » diversité, l'esprit acquiert de nouvelles forces. >>

>>

Mais bientôt feignant d'abjurer de coupables erreurs (2), « il fait vœu de briser une lyre pro» fane, et de dépouiller son front des lauriers, » dont la main des grâces et des nymphes l'avoit » couronné, pour fléchir le courroux du Dieu ja>> loux qu'il avoit offensé ».

Jamais peut-être Bossuet n'a reçu des éloges plus vrais et plus noblement exprimés, que dans cette pièce de vers de Santeuil (3).

(1) Conveniunt aliquandò leves post seria ludi.
Indè animos capit, et dulci recreata labore,
Mens ad opus longè redit acrior, et sua musis
Otia sunt.

(2). . . . . Frangam mea plectra tubasquæ
Avulsasque manu discerpam invertice lauros.

Fletibus et crebris ululatibus et lamentis:
Quà potero, læsi placea numinis iram.
(3) Se tibi majestas soliorum et regia sceptra
Submittunt, pavidi tibi ponunt arma tyranni.
Fulgentem radiis, et toto numine cinctum
Infernæ te acies, tete impia Tartara pallent.
Quin etiam ipse tremens duri dominator averni,
Ad primos vocis sonitus, caput abdit in antris,
Nocte sua vix tutus.

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