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caractère, le génie, et les maximes de Bossuet et de Fénélon, se retrouve jusques dans le genre d'agrémens que ces deux hommes célèbres apportoient dans la société et dans le commerce de l'amitié. Tous les contemporains de Fénélon s'accordent à le représenter comme un modèle de goût, *St. Simon d'élégance et de politesse ; * ne voulant jamais d'Aguesseau. >> avoir plus d'esprit que ceux à qui il parloit; se plaçant à la portée de chacun, sans jamais le >> faire sentir; enchantant tout le monde par la >> facilité qu'il apportoit dans la société; ne dis>> putant jamais; paroissant même céder aux au>> tres, dans le temps qu'il les entraînoit; toujours original, toujours créateur; n'imitant per» sonne, et paroissant lui-même inimitable, avec » je ne sais quoi de sublime dans le simple, qui » ajoutoit à son caractère un certain air de prophète. »

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Tant d'agrémens, joints à un extrême désir de plaire, devoient certainement faire rechercher le commerce de Fénélon à toutes les personnes sensibles au charme de l'esprit et du goût, dans un siècle et dans une Cour qui en offroient les plus aimables modèles.

Mais on ne sait si tant de supériorité, malgré l'art infini que Fénélon apportoit à la voiler, ne lui auroit pas donné plus d'admirateurs que d'amis,

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d'amis, si l'amitié n'eût pas été en même temps le premier besoin de son cœur, le plus grand bien de sa vie. Ceux qui n'avoient pas le droit de se regarder comme ses amis particuliers, pouvoient se trouver quelquefois éblouis, et peutêtre même importunés de l'éclat que son esprit, ses grâces et son éloquence naturelle répandoient avec tant de profusion dans la conversation. On remarque en général dans la société, que la domination la plus douce inquiète toujours un peu l'amour-propre de ceux même qui ne se refusent pas à la reconnoître. On consent quelquefois sans peine à admirer la supériorité du génie et des talens, lorsqu'elle est fondée sur des titres incontestables. Mais il n'en est pas de même du don ou du bonheur de plaire; tant de qualités diverses peuvent permettre d'y aspirer, tant d'exemples prouvent que l'on peut y réussir par les qualités les plus opposées, que l'on se résout difficilement à se soumettre à une prééminence trop éclatante dans un genre dont les formes et les succès sont nécessairement un peu årbitraires. C'est ce qui expliqueroit peut-être pourquoi Bossuet, qui ne cherchoit jamais à plaire, et dont il paroît que la conversation n'étoit remarquable que par une extrême simplicité, n'eut ni ennemis, ni envieux, tandis que Fénélon, malgré

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tant de vertus et de qualités, a eu beaucoup à
souffrir de la haine et de l'envie. Plus on étoit
frappé de la profondeur et de la hauteur des
conceptions de Bossuet dans ses ouvrages, plus
on s'étonnoit de rencontrer tant de simplicité et de
facilité dans la conversation d'un homme qu'on
ne s'étoit préparé qu'à admirer. On s'étoit senti
effrayé d'avoir à paroître en présence d'un tel
génie, et on n'éprouvoit que la satisfaction de
s'en trouver en quelque sorte rapproché par la
conformité du langage et la simplicité des ma-
nières. La société étoit toujours pour Fénélon
une occasion favorable de déployer toutes les ri-
chesses de sa brillante imagination et toutes les
grâces de l'esprit le plus aimable et le plus sédui-
sant; elle n'étoit pour Bossuet que le délassement
et le
repos des travaux de son cabinet.

La conversation de Bossuet portoit l'empreinte habituelle de son caractère, de ses mœurs et de ses principes. Elle étoit toujours grave et instructive; jamais elle n'avoit pour sujet des détails frivoles ou inutiles. Quoique placé au cen* Mis. de tre des événemens et des agitations de la Cour *; jamais il n'y faisoit entrer les anecdotes ou les nouvelles du moment. La religion, la philosophie, la morale, les ouvrages importans qui paroissoient, et qui avoient pour objet les sciences

Ledieu.

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ou les affaires de l'Eglise, fournissoient assez de matière à ces utiles entretiens. Le plus souvent ses réflexions dans la société portoient sur les grands intérêts de la religion; et il est à regretter que les amis de Bossuet ne se soient pas attachés à recueillir toutes celles qui auroient pu survivre aux intérêts du moment, et mériter d'être transmises à la postérité. On connoît souvent mieux les véritables sentimens et le caractère des grands hommes par ce qui leur échappe dans la liberté de la conversation, que par ce qu'ils consentent à confier au public dans des ouvrages imprimés.

Bossuet admettoit cependant dans la conversation de l'enjouement et une raillerie douce et aimable, pourvu qu'elle se renfermât dans une certaine mesure, et qu'elle ne blessât jamais ni le goût, ni les égards, ni la charité chrétienne. Mais on étoit toujours sûr de lui déplaire, lorsque la plaisanterie s'écartoit des bornes qu'elle doit respecter, et il la trouvoit aussi déplacée dans les livres que dans l'habitude de la société. «< Con» seillez à M. Spon, écrivoit Bossuet à l'abbé Ni»caise, d'éviter les railleries excessives dans ses » réponses; elles tombent bientôt dans le froid, » et il sait bien que les plaisanteries ne sont » guères du goût des honnêtes gens. Ils veulent

XXVII. Modestie de Bossuet.

Mts. de Ledieu.

» du sel, et rien de plus. S'il faut railler, ce doit » du moins être avec mesure. Comme je le vois » né pour le bon goût, je serois fâché qu'il don» nât dans le mauvais. »

La modestie de Bossuet étoit si simple et si naturelle, qu'elle lui inspiroit une espèce de dégoût pour les louanges et pour tous ces complimens dont on est si prodigue dans la société, pour peu que l'on ait des titres légitimes ou même équivoques à la célébrité. Dès sa jeunesse, à cet âge où l'on est si avide de succès, et où la gloire étoit venue le chercher, dès le moment même où il parut, on l'avoit vu aller se renfermer chez lui aussitôt qu'il descendoit de la chaire, et s'y tenir, pour ainsi dire, caché, pour se soustraire au murmure flatteur des applaudissemens qui accompagnoient tous ses pas. Dans la suite de sa vie, «* si on tiroit de lui quelque » aveu des succès qu'il avoit obtenus dans sa » jeunesse, ce n'étoit jamais que par occasion, » dans des temps déjà éloignés, où il n'avoit plus » à craindre d'être flatté, et où il étoit supérieur » à tous les éloges ».

De tous les genres de travaux qui ont rempli la vie de Bossuet, celui pour lequel il avoit le moins de goût est précisément celui où il a montré une élévation de génie, de grandeur, d'ima

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