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*Lettre de M.me de la Vallière.8 février 1614.

cœur, avoit entretenu long-temps les irrésolutions de M. de la Vallière. Elle étoit mère, et la douleur de se séparer de sa fille étoit le seul lien qui auroit pu désormais l'attacher au monde. C'est ce qu'elle écrivoit au maréchal de Bellefonds, avec cette candeur qui donne une expression si simple et si touchante à tous ses sentimens. << * Je n'ai plus qu'un pas à faire. Je sacrifie de » bon cœur les grandeurs et les richesses; mais » pour de la sensibilité, j'en ai ; et on a raison de » vous dire que M. de Blois (1) m'en a donné... >> Je l'aime; mais elle ne m'arrête pas un seul ins» tant. Je la quitte sans peine, et je la vois avec

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plaisir. Ce sont des sentimens opposés ; mais je » le sens comme je le dis. Il faut que je parle au » roi, et voilà toute ma peine. Priez Dieu pour » moi, qu'il me donne la force qui m'est néces»saire pour cette démarche. »

Elle ajoute dans une autre lettre du 19 mars suivant (1674). « Enfin je quitte le monde sans >> regret, mais ce n'est pas sans peine. Ma foi» blesse m'y a retenue long-temps sans goût, ou » pour parler plus juste, avec mille chagrins. » Vous en savez la plus grande partie, et vous >> connoissez ma sensibilité. Elle n'est pas dimi(1) Depuis princesse de Conti.

» nuée, je m'en aperçois tous les jours, et je vois » bien que l'avenir ne me donneroit pas plus de » satisfaction que le passé et le présent. »

Ce fut le 20 avril 1674, que M.TMe de la Vallière alla s'enfermer aux Carmélites. Elle n'avoit pas encore trente ans.

Elle avoit demandé à Bossuet de vouloir bien prêcher le sermon de sa prise d'habit, et Bossuet en avoit pris l'engagement; mais il fut obligé d'accompagner M. le Dauphin, qui faisoit cette année sa première campagne au siége de Dol, où le roi commandoit en personne. Au défaut de Bossuet, M.me de la Vallière avoit jeté les yeux sur Bourdaloue. On ignore les raisons qui ne lui permirent pas de remplir un ministère qui auroit si bien convenu à sa piété et au genre de son éloquence. Ce fut M. de Fromentières, depuis évêque d'Aire, prédicateur estimé, qui prononça le 6 juin 1674 le sermon de vêture de cette illustre pénitente.

Mais elle eut la satisfaction d'entendre Bossuet le jour de la profession solennelle de ses vœux. Cette cérémonie, un des triomphes les plus éclatans de la religion, eut lieu le 26 juin 1675.

Madame de Sévigné a écrit que ce sermon ne répondit pas à l'attente publique (1).

(1) Il fut imprimé sans l'aveu de Bossuet, et sur des copies peu

VI.

Bossuet précheleser

mon de la profession des vœux de M.me de la Vallière.

Il est possible que dans le monde et dans les sociétés où vivoit M.me de Sévigné, on se fût fait une très-fausse idée de la manière dont Bossuet devoit traiter un pareil sujet. Il est vrai que la réunion de plusieurs circonstances particulières de cette cérémonie offroit un tableau qui ne pouvoit appartenir qu'au siècle de Louis XIV.

On y voyoit la reine conduire au pied de l'autel, et couvrir du drap mortuaire la rivale, autrefois si heureuse aux yeux du monde, qui avoit fait couler ses premières larmes, et ouvert son cœur aux tourmens affreux de la jalousie. Presqu'à côté de la reine, on apercevoit la duchesse de Longueville, occupée à expier depuis vingt ans dans la retraite et le silence, les égaremens de sa jeunesse; et on sent combien cette espèce de conformité devoit attirer l'attention sur elle dans cette scène religieuse. On ne voyoit point Louis XIV, mais il étoit présent à toutes les pensées.

On savoit d'ailleurs que dans le moment même

exactes. L'abbé Ledieu rapporte que Bossuet, en lisant cette première édition, dit qu'il ne s'y reconnoissoit pas. Les derniers éditeurs de Bossuet déclarent qu'ils publient ce sermon sur le manuscrit original. Nous avons inutilement cherché un exemplaire de la première édition, pour le comparer avec celle qu'on a publiée sur le manuscrit original. Il pourroit être intéressant d'en observer les différences, pour expliquer ce que vouloit dire Bossuet, en déclarant qu'il ne s'y reconnoissoit pas.

où M.me de la Vallière alloit entrer dans le tombeau qui devoit ensevelir le reste de sa vie, Louis XIV étoit livré à toutes les agitations d'un violent combat entre la religion et son propre cœur. Des engagemens formels, dont Bossuet étoit dépositaire, promettoient la réparation d'un grand scandale; et M.me de Montespan, incertaine de sa destinée, n'osant disputer le cœur du roi à ses remords, tremblante entre la crainte et l'espérance, avertie par cette épreuve récente que ce cœur, où elle avoit dominé avec tant d'empire, pouvoit lui échapper, gémissoit au milieu des magnificences dont Louis XIV avoit embelli la retraite où elle paroissoit s'être fixée (1): contraste qui ajoutoit un nouvel intérêt au spectacle bien différent que présentoit alors l'Eglise des Car

mélites.

Tout ce que Paris et la Cour avoient de plus distingué, se trouvoit réuni dans cette église pour être témoin d'un événement qui appeloit tant de souvenirs et de réflexions; et au-dessus de toutes ces têtes s'élevoit Bossuet, placé entre le ciel et la terre, « qui alloit rompre un silence de tant

(1) Louis XIV étoit alors à l'armée, et M.me de Montespan à Clagny, près de Versailles. On croyoit, et on pouvoit croire à une séparation absolue.

» d'années, et faire entendre une voix que les » chaires ne connoissoient plus (1). »

Il est certain qu'un tel tableau pouvoit être favorable au talent d'un historien, ou d'un orateur profane. Mais il est au moins douteux que les convenances religieuses permissent à Bossuet d'appuyer, ou même de paroître appeler l'attention publique sur des circonstances si délicates et si présentes, auxquelles tant de personnages augustes étoient intéressés. Bossuet, confident des remords de Louis XIV, et dépositaire des engagemens de M.me de Montespan, pouvoit-il laisser transpirer des secrets confiés à sa religion et à sa conscience? N'étoit-il pas d'ailleurs trop fondé à craindre que ces remords et ces engagemens ne cédassent bientôt à l'empire d'une passion qui étoit encore dans toute sa force.

Bossuet a dit tout ce qu'il pouvoit dire, et a répondu à la pensée de tous ses auditeurs, lorsqu'il prononça ces paroles qui disoient tant de * Sermon choses : «< * Qu'avons-nous vu, et que voyonssion de M.me » nous? Quel état, et quel état? Je n'ai pas bede la Valliè- » soin de parler, les choses parlent assez d'elles

de la profes

re.

* A la reine. » mémes.... * MADAME, voici un objet digne de la

(1) Ce sont les propres expressions de Bossuet dans ce dis

cours.

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