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> tableau pour en conserver la mémoire, où il est re» présenté recevant les marques de son ordre des >> mains de la Vierge, qui paroît avec son fils descen» dante du ciel. Le roi est derrière ce prince, et M. de >> Meaux dans un coin, pour souvenir du baptême » qu'il a donné à ce prince. Le tableau est actuelle» ment exposé à Notre-Dame de Paris. La marque de » son ordre est une étoile attachée à un ruban blanc. » Toute cette histoire est expliquée au long, en ca» ractères d'or, dans un autre tableau au bas du » grand, où ce prince se qualifie Louis Aniaba, roi » d'Abyssinie, à la côte d'Or en Afrique, qui fait par» tie de la Guinée (1) ».

Il paroît par la suite de la lettre de Bossuet au comte de Pont-Chartrain, que le succès ne répondit ni aux espérances du jeune tartare, "ni aux yeux de ses généreux protecteurs. Cependant il écrivit pendant le cours de son voyage quelques lettres à Bossuet, les unes de Vienne, les autres d'Ispahan, où il étoit parvenu. Mais il se bornoit à lui parler de ses sentimens religieux, et du zèle dont il étoit animé pour faire triompher le christianisme dans ses Etats, s'il étoit jamais assez heureux pour remonter sur le trône de ses pères.

Mais en 1703, Bossuet reçut tout-à-coup une lettre

(1) On ne sait comment concilier cette dernière partie du récit de l'abbé Ledieu, qui fait ce jeune prince roi d'Abyssinie, 、en Afrique, avec les paroles expresses de Bossuet, qui le suppose fils du roi de la grande Tartarie, et qui lui fait recevoir le baptême à Ispahan.

datée

datée de Livourne; il lui apprenoit son retour en Europe, et lui faisoit le récit de ses malheurs. Bossuet, en rendant compte à M. de Pont - Chartrain de tous ces détails, invitoit ce ministre à supplier le roi d'accorder ses secours et ses bontés à ce jeune infortuné, que des tentatives si inutiles et si malheureuses privoient de toute espérance de rentrer dans sa patrie.

On voit dans le journal de l'abbé Ledieu, sous la date du 22 novembre 1706, près de trois ans après la mort de Bossuet, que ce jeune tartare étoit encore à Paris, logé chez la marquise de Boufflers, où il vivoit de sa pension du roi et de quelques secours de l'abbé Bossuet.

Mais au mois de juillet 1708, il partit tout-à-coup de Paris pour se rendre en Espagne. Il y obtint par le crédit de la princesse des Ursins et du cardinal PortoCarrero une pension de Philippe V, et une compagnie de cavalerie, avec laquelle il fut s'enfermer à Ceuta, déjà menacé d'un siége par les maures du royaume de Maroc; mais il se brouilla avec le gouverneur de la place, retourna à Madrid au mois de juin 1710, d'où il écrivit au comte de Pont-Chartrain et à l'abbé Bossuet, que son intention étoit de retourner en Asie, avec la ferme disposition de vivre et de mourir dans la foi catholique.

Nos recherches ne nous ont procuré aucunes nouvelles lumières sur la suite de la vie de ce singulier personnage, dont il est assez difficile de savoir s'il étoit ce qu'il se disoit être, ou un simple aventurier.

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On a de la peine à concilier tous les détails que nous venons d'exposer, avec la relation que l'on trouve dans l'Histoire générale des voyages, tom. 11, édition in-12, pag. 203 à 253. Cette relation nous représente avec assez de vraisemblance cet Aniaba comme un aventurier, qui n'avoit aucun rapport avec la Tarta ́rie, ni avec le prince de la Tartarie, et qui n'étoit qu'un simple esclave de l'un des principaux personnages de la petite Cour du petit roi d'Issim, sur la Côte d'Or, en Afrique. Il avoit été mené en France par un capitaine marchand, qui se proposoit d'en faire son valet. Mais il lui fut enlevé par quelques personnes qui trouvèrent de l'avantage à le faire passer pour un prince. Ce jeune nègre consentit aisément à se charger d'un rôle dont il devoit tirer du profit et de l'honneur. Il fut assez bien élevé; et ce fut alors qu'on le présenta à Bossuet, qui ne crut pas devoir se méfier des témoignages qu'on lui rendoit de ce jeune homme. Il se confirma encore plus dans cette disposition, lorsque l'abbé Bossuet, son neveu, lui manda de Rome qu'il avoit été reconnu par des missionnaires qui prétendoient l'avoir vu à Ispahan : ce qui n'étoit pas, et ce qui ne pouvoit pas être.

Mais lorsqu'on fut informé que le jeune Aniaba étoit né sur la Côte d'Or, en Afrique, Louis XIV, qui désiroit y former un établissement, le fit embarquer au mois d'avril 1701, sur un bâtiment commandé par le chevalier Damon, qui aborda sur la Côte d'Or, au royaume d'Issim le 25 mai 1701; il y débarqua le

jeune Aniaba. Il paroît que ce jeune homme s'y conduisit fort mal sous tous les rapports, et qu'il renonça même à la religion chrétienne. Le capitaine Damon l'abandonna en 1702 à sa mauvaise destinée: apparemment Aniaba s'ennuya de son sort, et regretta l'existence qu'il avoit en France, puisque la lettre de Bossuet nous apprend qu'il étoit revenu à Livourne en 1703. Ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'il ait pu encore y trouver des dupes et des protecteurs.

N. 2.

Sur l'authenticité des Elévations sur les Mystères, et des Méditations sur l'Evangile.

Le génie de Bossuet est tellement empreint dans ces deux ouvrages; l'élévation des pensées et le caractère du style annoncent si clairement que lui seul pouvoit en être l'auteur, qu'on ne peut assez s'étonner qu'on ait osé hasarder quelque doute sur leur authenticité. On ne peut que déplorer l'esprit de parti, quel qu'il soit, lorsqu'il conduit à de pareilles méprises, ou à des suppositions contraires à la bonne foi.

L'évêque de Troyes, neveu de Bossuet, fit imprimer pour la première fois les Elévations sur les Mystères en 1727, et les Méditations sur l'Evangile en 1731, en vertu du privilége qu'il avoit obtenu dès 1708, où ces deux ouvrages étoient textuellement énoncés. Le public accueillit ces fruits du génie de Bossuet avec la

juste admiration qu'il a toujours accordée à tout ce qui vient de ce grand homme. Ce ne fut pas sans une extrême surprise que l'on vit tout-à-coup paroître dans le Journal de Trévoux, du mois de juin 1731, une lettre réelle ou supposée d'un personnage obscur qui signoit Michel Fichaut, prêtre du diocèse de Quimper. L'objet de cette lettre étoit de démontrer que les Elévations sur les Mystères ne pouvoient être de Bossuet, parce que « cet ouvrage, disoit l'auteur de la lettre, contre» dit les savans écrits que cet illustre prélat a lui» même publiés contre les calvinistes, et lui attribue » des erreurs qu'il a combattues. »

*

. Les journalistes de Trévoux eurent la singulière maladresse de partager les doutes, et l'opinion si peu réfléchie de l'écrivain; ils prétendirent même les appuyer de leur autorité et de leurs raisonnemens. Il semble qu'ils auroient dû naturellement commencer par s'assurer de l'authenticité des manuscrits originaux; ce qui n'eût exigé de leur part ni beaucoup de peines, ni beaucoup de recherches. L'évêque de Troyes, trèsopposé de tous les temps aux journalistes de Trévoux, fut ravi d'avoir une occasion si favorable d'humilier une société qu'il n'aimoit pas plus qu'il n'en étoit aimé; il étoit en droit de réclamer une juste réparation, puisqu'on n'avoit pas craint de le traduire au tribunal du public comme un faussaire et un imposteur. Il présenta au parlement de Paris, le 24 mars 1733, une requête tendant << à ce qu'il lui fût permis de déposer au >> greffe de la cour le manuscrit original des Elévations,

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