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riables; que les princes étoient, comme les autres hommes, soumis à l'autorité de ses saintes maximes; que des ministres lâches ou corrompus cessoient d'être les véritables interprètes de sa doctrine quand, par foiblesse ou par complaisance, ils montroient une coupable indulgence pour de grands scandales; qu'enfin l'Eglise avoit toujours décidé dans des circonstances semblables, qu'une séparation entière et absolue étoit une disposition indispensable pour être admis à la participation des sacremens, Louis XIV fut frappé et touché du caractère de vertu et de vérité que Bossuet avoit imprimé à ses paroles; et il lui promit encore de renoncer à ses engagemens avec M.me de Montespan. Elle reçut en conséquence ordre de quitter la Cour, et fut envoyée à Paris.

Louis XIV fit plus encore, «*il chargea Bos>> suet de disposer M.me de Montespan à consen» tir à cet éloignement. Tous les soirs Bossuet » partoit de Versailles en poste, et se rendoit à » Paris ». Et dans les longs entretiens qu'il avoit avec elle, il cherchoit à adoucir son dépit et son irritation.

Qu'on se représente une femme altière et impérieuse, accoutumée à voir depuis dix ans toute la Cour et Louis XIV lui-même à ses pieds; persuadée par la servitude générale, que des actes

* Mts. de Ledicu.

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extérieurs et des pratiques faciles devoient suffire pour la dispenser des règles communes; et on aura l'idée de tous les emportemens auxquels elle se livra d'abord envers Bossuet.

>>

<< * Elle l'accabla de reproches; elle lui dit que » son orgueil l'avoit poussé à la faire chasser; qu'il vouloit seul se rendre maître de l'esprit. » du roi pour le tourner à son intérêt ». Et voyant que Bossuet n'opposoit que de la douceur et du calme à ses extravagantes déclamations, << *elle chercha à le gagner par des flatte>>ries et des promesses; elle fit briller à ses yeux » l'éclat de la pourpre, et tout ce que les pre» mières dignités de l'Eglise et de l'Etat pou» voient offrir de séduisant à l'ambition (1) ».

Il est difficile de comprendre que M.me de, Montespan, si distinguée elle-même par l'élévation de son caractère, ait pu croire un seul moment, qu'un homme dont le caractère et les principes étoient aussi établis que ceux de Bossuet, fût accessible à un pareil genre de séduction.

Une lettre de Bossuet au maréchal de Belle

(1) L'abbé Ledieu ajoute « que M.me de Montespan avoua sou» vent depuis, que dans le temps où elle étoit le plus aigrie >> contre Bossuet, elle avoit fait faire une exacte recherche de sa » vie, et qu'elle n'avoit rien trouvé à reprendre en aucun état » où il avoit été, et que la justice l'obligeoit à lui rendre ce té>> moignage >>.

fonds, en date du 20 juin 1675 (1), laisse aperce

voir combien il sentoit lui-même toutes les difficultés et tous les embarras de l'entreprise dans laquelle il se trouvoit engagé.

<< Priez Dieu pour moi, je vous en conjure, et priez-le qu'il me délivre du plus grand poids >> dont un homme puisse être chargé, et qu'il >> fasse mourir tout l'homme en moi, pour n'agir » que par lui seul. Dieu merci, je n'ai pas encore » songé durant tout le cours de cette affaire, » que je fusse au monde. Mais ce n'est pas tout, » il faudroit être comme un saint Ambroise,'un » vrai homme de Dieu, un homme de l'autre » vie, où tout parlât, dont tous les mots fussent » des oracles du Saint-Esprit, dont toute la con» duite fût céleste. Dieu choisit ce qui n'est pas, » pour détruire ce qui est. Il faut donc n'être » pas, c'est-à-dire, n'être rien du tout à ses » yeux, vide de soi-même et plein de Dieu. »

Cependant Louis XIV étoit sincèrement disposé à remplir les engagemens qu'il avoit pris avec Bossuet. Il se plaisoit même à les renouveler en public; et tout le monde sait la réponse fine et mesurée que lui fit Bourdaloue, lorsque

(1) La date de cette lettre prouve encore que cet événement doit se rapporter à l'année 1675, et non à 1676, comme le prétend l'auteur des Eclaircissemens.

le roi lui adressant la parole, dit : « Mon père, » vous devez être bien content de moi, M.me de » Montespan est à Clagny. Oui, Sire, répondit » Bourdaloue; mais Dieu seroit plus satisfait, si Clagny étoit à 70 lieues de Versailles ».

>>

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Louis XIV paroissoit si ferme et si décidé, que les directeurs de sa conscience crurent pouvoir lui permettre d'approcher des sacremens aux fêtes de paques; et il partit pour l'armée sans avoir vu madame de Montespan, sans même lui avoir écrit.

Pendant l'absence du roi, Bossuet continua à voir madame de Montespan; et tel fut l'heureux effet de sa patience et de sa modération, que ses emportemens cédèrent à l'impression forte et puissante qu'il sut donner à ses paroles et aux instructions mêlées de douceur et de fermeté, qu'il ramenoit dans tous ses entretiens. Elle paroissoit même l'écouter avec plaisir, et répondre à son intérêt paternel par ses sentimens et par des actes de bienfaisance, qui au moins tournoient au profit du malheur et de l'indigence.

Ce fut pendant que le roi étoit à l'armée, que Bossuet, autorisé et même invité par Louis XIV, lui écrivit plusieurs lettres, dignes d'un Père des premiers siècles de l'Eglise (1).

(1) Ces lettres ont été imprimées pour la première fois dans la

SIRE,

« Le jour de la Pentecôte approche, où Votre » Majesté a résolu de communier. Quoique je ne » doute pas qu'elle ne songe sérieusement à ce

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qu'elle a promis à Dieu, comme elle m'a com» mandé de l'en faire souvenir, voici le temps » où je me sens le plus obligé de le faire....

» Jamais, Sire, votre cœur ne sera paisible» ment à Dieu, tant que cet amour violent qui » vous a si long-temps séparé de lui, y régnera. » Cependant, Sire, c'est ce cœur que Dieu de» mande. Votre Majesté a vu les termes avec » lesquels il nous commande de le lui donner » tout entier. Elle m'a promis de les lire et de les >> relire souvent. Je vous envoie encore, Sire, » d'autres paroles de ce même Dieu, qui ne sont » pas moins pressantes, et que je supplie Votre » Majesté de mettre avec les premières. Je les ai » données à madame de Montespan, et elles lui » ont fait verser beaucoup de larmes; et certai»nement, Sire, il n'y a point de plus juste sujet » de pleurer, que de sentir qu'on a engagé à la >> créature un cœur que Dieu veut avoir. Qu'il »est malaisé de se retirer d'un si malheureux et >> si funeste engagement! Mais cependant, Sire,

dernière édition des OEuvres de Bossuet, tome Ix. Nous les copions sur les minute's originales de la main de Bossuet.

IX.

Lettre de

Bossuet à Louis XIV. 1675.

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