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Bossuet, qui n'avoit jamais gouverné aucun diocèse, sentoit combien l'expérience est nécessaire dans toute administration.

Il avoit lui-même, dans un sermon prêché peu de temps auparavant en présence de Louis XIV, exhorté le roi à n'élever à l'épiscopat que des ecclésiastiques déjà préparés et exercés par une association anticipée aux devoirs et aux fonctions du ministère pastoral; et il se croyoit plus obligé que tout autre de suppléer en quelque manière à l'expérience qu'il présumoit lui être nécessaire. Quand on pense que c'est Bossuet qui croit avoir besoin d'apprendre à être évêque, on ne sait ce qu'on doit le plus admirer de tant de modestie ou de tant de grandeur.

Il s'étoit donc toujours proposé, dans le cas où il plairoit encore à la providence de l'attacher à une église particulière, de consacrer l'intervalle plus ou moins long qui devoit se trouver entre sa nomination et l'expédition de ses bulles, à une espèce de retraite auprès de quelqu'un de ces anciens évêques qui honoroient le plus alors l'Eglise de France par l'exemple de leurs vertus et par leur amour de la règle et de la discipline. C'étoit M. Vialar, évêque de Châlons sur Marne, qu'il avoit eu dessein de prendre pour guide, pour maître et pour modèle dans son nou

vel apostolat. Mais ce prélat étoit mort depuis près d'un an, lorsque Bossuet fut nommé à l'évêché de Meaux.

Cet événement changea ses premières vues; et il voulut au moins se préparer à la méditation des nouveaux devoirs qui lui étoient imposés, dans une retraite encore plus séparée du monde que la maison d'un évêque même étranger au monde.

Ce fut vers la solitude de la Trappe qu'il tourna ses regards, pour s'y recueillir tout entier dans les graves pensées qui alloient l'occuper.

En répondant au compliment que lui fit l'abbé de Rancé sur sa nomination à l'évêché de Meaux, il lui annonça ses dispositions en ces termes :

*Lettre de Bossuet à

l'abbé de

22

juin 1681.

«* La promesse que vous me faites de prier » Dieu pour qu'il me conduise dans les fonctions » de l'épiscopat, m'est d'un grand soutien. Mais Rance. 2 >> vous n'en serez pas quitte pour cela. Il y a dix » ans que j'ai dans l'esprit que si Dieu me remet» toit en charge dans son Eglise, j'aurois deux » choses à faire, l'une d'aller passer quelque >> temps en action avec feu M. de Châlons; l'au>> tre, d'aller aussi passer quelque temps en orai» son avec vous. Dieu m'a privé du premier par » la mort de ce saint prélat, je vous prie de ne pas » me refuser l'autre. Si vous me faites cette grâce,

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III.

Il est dé

1682.

» aussitôt que j'aurai reçu réponse de Rome, » je disposerai mes affaires au départ

Mais les circonstances ne permirent pas à Bosputé à l'as- suet de suivre son dessein. La célèbre assemblée semblée de de 1682 (1) alloit s'ouvrir; et comme il falloit, pour ainsi dire, que tous les pas de Bossuet dans sa glorieuse carrière fussent marqués par des exceptions honorables, l'assemblée métropolitaine de Paris le nomma député à l'assemblée générale du clergé, quoiqu'il n'eût point encore reçu ses bulles de l'évêché de Meaux (2); et il fut immé

(1) Cette assemblée commença dès le mois de novembre 1681; mais comme les quatre fameux articles ne furent proclamés qu'au mois de mars 1682, cette assemblée est restée plus connue sous cette dernière date.

(2) Le procès-verbal de l'assemblée métropolitaine de Paris est du 30 septembre 1681, et Bossuet y est simplement désigné comme nommé évêque de Meaux. Il ne reçut ses bulles qu'à la fin du mois d'octobre suivant. Le pape Innocent XI, qui étoit rempli d'estime pour Bossuet, et qui lui en avoit déjà donné des témoignages authentiques au sujet du livre de l'Exposition et de sa Lettre sur l'éducation de M. le Dauphin, lui accorda de luimême la remise de la moitié de la taxe des bulles. Bossuet se hâta de lui en témoigner sa reconnoissance par une lettre dont nous avons la minute originale de la main de Bossuet. Il y exprime dans les termes les plus énergiques son profond respect pour le saint Siége:

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« Beatissime pater, en iterùm ad me pulverem et cinerem ab » altá Petri sede paterna vox omni reverentiá gratique animi

» significatione prosequenda.... In partem ergò vocandus sollici

diatement désigné pour faire le sermon d'ouverture de cette assemblée.

Bossuet se hâta d'instruire l'abbé de Rancé de l'obstacle imprévu que cette succession rapide d'événemens apportoit à ses projets. « Je crains » bien, lui écrivoit-il, d'être privé pour cette an» née de la consolation que j'espérois. L'assem» blée du clergé va se tenir, et non-seulement on » veut que j'en sois, mais encore que je fasse le » sermon d'ouverture. Il ne me reste qu'un peu d'espérance je pourrai peut-être échapper >> douze ou quinze jours, si ce sermon se remet, » comme on dit, au mois de novembre. Quoi qu'il » en soit, si je ne puis aller prier avec vous, >> priez du moins pour moi. L'affaire est impor» tante et digne de vos soins.... » Ici Bossuet exprime avec sincérité ses craintes et ses espérances

>>

»tudinis, plenitudinem potestatis omni obsequio venerabor, et » romanæ matris afflixus uberibus, lac certè hauriam parvulis » propinandum. Parisiis, 1. novembris 1681.

» Très-saint Père, une voix paternelle sortie du siége si élevé » de Pierre, digne de tout mon respect et de toute ma recon»> noissance, se fait encore entendre à moi, qui ne suis que cen» dre et poussière.... Appelé à entrer en partage de votre sainte » sollicitude, je révérerai très-profondément la plénitude de » puissance que Dieu vous a confiée, et attaché aux mamelles >> de l'Eglise romaine, notre mère, j'y sucerai le lait que je » dois distribuer aux petits.... »

IV.

Tableau

cane.

>>

« Vous savez, dit-il à l'abbé de Rancé, ce que >> c'est que les assemblées, et quel esprit y domine » ordinairement. Je vois certaines dispositions qui >> me font un peu espérer de celle-ci, mais je n'ose » me fier à mes espérances, et en vérité elles ne » sont pas sans beaucoup de crainte. Je prie Dieu » que je puisse trouver le temps de vous aller » voir; j'en aurois une joie inexprimable.

« De Fontainebleau, septembre 1681. »

Mais il est facile de comprendre comment dans une circonstance où le gouvernement et le clergé étoient occupés de la discussion la plus délicate, et de l'affaire la plus importante qui se fussent présentées depuis bien des années, on ne crut pas pouvoir permettre à Bossuet de s'éloigner de Paris, même pour peu de jours..

L'assemblée de 1682 est l'époque la plus méhistorique de morable de l'histoire de l'Eglise gallicane. C'est l'Eglise galli- celle où elle a jeté son plus grand éclat; les principes qu'elle a consacrés ont mis le sceau à cette longue suite de services que l'Eglise de France a rendus à la France. Il peut sans doute être permis à un évêque de ramener avec complaisance ses regards sur un tableau qui rappelle des titres honorables pour le corps dont il est membre (1).

(1) Nous ne nous sommes pas dissimulé que ce tableau fidèle

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