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de l'Europe pour la Chine, les missionnaires furent divisés en deux groupes sous Boym et sous Martini, ce ne fut pas sans intention. Les premiers avaient pour objetif l'empire Ming, les derniers l'empire Mantchou. Mais à leur arrivée à Macao, en 1658, il ne pouvait être question de pénétrer en Chine, ni pour pour les autres. La dernière partie se jouait entre Mings et Tartares. Préoccupés par des intérêts égoïstes, soucieux de ne pas se compromettre, les mandarins de Macao se réservaient, regardaient se dérouler les événements, défendaient aux européens de quitter la ville.

Verbiest et ses amis durent patienter et attendre. A la fin de 1658, ils eurent un jour d'inquiétude. Une émeute de la populace troubla les rues de Macao. C'était un soulèvement du chinois contre le portugais, n'ayant en rien le caractère d'une persécution du païen contre le chrétien. Dorville nous a laissé un récit circonstancié de cette affaire (1); mais les belges n'y jouèrent aucun rôle. Tout ne tarda pas à rentrer dans l'ordre. Le 23 décembre Rougemont écrivait à Bollandus que Couplet, Dorville, Verbiest et lui se portaient bien (2).

L'année suivante 1659, Couplet, Verbiest et Rougemont furent admis aux derniers voeux. La cérémonie eut lieu, le 5 février, pour Couplet et Verbiest; le 16 du même mois, pour Rougemont. Le comble fut alors mis à leurs désirs, car au courant de cette même année 1659, tous purent pénétrer en Chine. Verbiest fut appliqué à la mission de Si-Gnan-Fou, dans la province de Xen-Si. C'est la seule époque de sa longue carrière pendant laquelle il mena à proprement parler la vie du missionnaire. Encore ne fut-ce pas pour longtemps.

(1) Lettre du 30 oct. 1658, à Goswin Nickel, citée ci-dessus. (2) BR., Ms 16691-93, f° 1, autographe.

II

<< J'habitais Si-Gnan-Fou depuis huit mois, écrit Verbiest, le 5 juillet 1660 (1), quand je reçus, le 5 février de l'année courante, une lettre du R. P. Jean Adam. Il m'y apprenait, qu'autorisé par le Père visiteur, il avait présenté une requète ou mémorial au roi, où il me peignait, dit-il, comme très au courant des sciences mathématiques, le priant de bien vouloir m'appeler à Péking, pour y prendre la place du P. Bernard Diestel, qui devait quitter pour motif de santé.

» Le soir du 24 avril, le vice-roi reçut les lettres patentes du roi et les remit à Chi-Hiem. Celui-ci me rendit visite le lendemain matin vers 9 heures, pour me les transmettre et me féliciter de l'honneur que le roi me faisait. Il me pria très humblement de bien vouloir, ce jour là même et les jours suivants, rendre visite au vice-roi et aux autres autorités. Dans ce but, il me prêta deux beaux chevaux. Je fis mes visites, en compagnie du P. François Ferrari. Non seulement je fus reçu partout avec des témoignages d'exquise politesse, mais tous ces grands personnages vinrent après me visiter chez moi.

» Trois jours après mon départ, le vice-roi m'envoya trois tables chargées de mets très variés. Je le remerciai et le priai de me faire l'honneur d'accepter en échange quelques petits cadeaux; entre autres, un volume où notre religion était prouvée par les arguments de la raison naturelle.

» Le 9 mai, je quittai la ville de Si-Gnan-Fou, porté en litière à mulets. En ville même cependant, et jusqu'à un mille de distance, je montais à cheval. Plus de vingt cavaliers, les uns chrétiens, d'autres païens m'en

(1) A. Philippe Couplet. Publiée en flamand, dans Cornelius Hazart, Kerckelycke Historie, t. I, t'Antwerpen, By Michiel Cnobbaert, 1682, pp. 242-243.

touraient. On remarquait parmi eux quelques parents du vice-roi; l'un d'eux fit même route avec moi jusqu'à Péking. Beaucoup de nos chrétiens, échelonnés des deux côtés du chemin, marchaient avec nous, les uns devant, les autres derrière, nous faisant cortège pendant l'espace d'un mille. En plusieurs endroits, nous trouvâmes des collations prètes. Tout cela se fit par les ordres d'un vice-roi, pas du tout notre ami et, en outre, d'une cupidité telle qu'elle a fini par provoquer son arrestation. Il est détenu aujourd'hui à Péking. Sur le devant de ma litière et sur tous mes bagages, se trouvait écrit en gros caractères : Le très savant docteur Ferdinand, appelé par le roi.

>> En témoignage d'honneur, les gouverneurs de toutes les villes de mon parcours envoyaient à ma rencontre, jusqu'aux limites de leur territoire, huit ou dix cavaliers, porteurs de bannières, de trompettes, de tambours, de cymbales. Dès qu'ils apercevaient ma litière, ils sautaient à bas de leurs chevaux, tombaient à genoux, inclinaient jusqu'à terre têtes et bannières, poussaient des exclamations de bien-venue, me félicitaient de mon arrivée, tant en leur nom personnel qu'en celui de leur ville. Remontant ensuite à cheval, ils marchaient devant ma litière, aux sonneries des trompettes et aux accords des autres instruments de musique, m'accompagnant ainsi en cortège à travers les rues. Dans chaque ville, le gouverneur lui-même venait m'en faire les honneurs à quelque distance hors des murs. A son défaut, il déléguait son secrétaire pour me recevoir et me prier d'entrer.

>> Dans la plupart des villes, on tirait à mon arrivée trois coups d'une grosse pièce d'artillerie. A ce signal la population accourait. La même chose se reproduisait au départ. Je traversai ainsi trente-cinq villes. Enfin, après un mois entier de voyage, j'arrivai le 9 juin à la capitale de Péking.

A la vue de pareille marche triomphale, ce fut pendant quelques jours, on le pense bien, chez tous les missionnaires et dans la colonie belge surtout, un débordement d'enthousiasme.

« Béni soit Dieu, s'écriait Couplet (1), qu'un empereur payen comble de tant d'honneurs les prédicateurs de l'Evangile! Que le Ciel donne aux payens la grâce d'embrasser une loi dont ils estiment à un si haut degré le prix ! Qu'il écarte les obstacles qui les en empêchent! Mais heureusement, le petit peuple voit notre abnégation! Il remarque que notre zèle pour le salut des âmes n'est refroidi en rien par le respect dont les grands nous entourent! Aussi se sent-il encouragé par là à exécuter sans peine et allégrement ce que nous prêchons ! >>

Il ne faudrait cependant pas s'y tromper. C'était Bernard Diestel et non pas Schall lui-même, dont Verbiest venait prendre la place. Schall conservait toute la direction de l'Observatoire. Témoin cette lettre écrite, quelques mois plus tard, par Verbiest lui-même (2).

« La mère du feu roi, grand'mère du roi régnant, montre au P. Jean Adam une affection extraordinaire; se disant en public sa fille, le nommant son père, lui envoyant tous les mois quelques cadeaux.

» Les gouverneurs de la ville (de Péking) prièrent le P. Jean Adam de prendre la direction de la descente d'une cloche énorme suspendue à l'une des tours des remparts, pour la faire hisser ailleurs. Cette cloche a le sextuple des plus grandes d'Europe. La cloche d'Erfurt, un monstre, la plus lourde, non seulement de l'Europe mais de la terre entière, d'après le P. Kircher, ne pèse pas plus de 26 600 livres, tandis que cette cloche de Péking en pèse 120 000. Il y a ici à Péking,

(1) Ajouté en post-scriptum, à la lettre de Verbiest.
(2) Publiée en flamand par Hazart, O. c., pp. 243-244.

8 cloches en cuivre et une en fer de pareilles dimensions. Elles y furent hissées, en l'an 1400, par le roi Yum Lo, qui voulait transmettre ainsi un nom fameux à la postérité.

» Nous célèbrerons, le mois prochain, l'anniversaire du P. Jean Adam. Dès maintenant, princes et savants s'apprêtent à le féliciter en compliments magnifiquement imprimés.

La première phrase de cette lettre, ne peut pas passer inaperçue.Ce n'est plus l'empereur, mais sa grand'mère qui donne au P. Schall des gages de bienveillance et de faveur. Xun Chi venait en effet de mourir inopinément au palais de Péking, le 6 février 1661, âgé de 24 ans à peine. Il laissait le trône à un enfant en bas àge, qui devait être un jour l'illustre empereur Kang Hi. Cette mort fut un coup de foudre pour la mission. «Jamais, dit Rougemont (1), depuis la fondation de l'empire Chinois, empereur n'eut, dans un étranger, la confiance que Xun Chi eut dans le P. Schall, jamais empereur ne lui rendit des honneurs pareils à ceux que Schall en reçut.» Pendant quelques années encore, les quatre régents de l'empire continuèrent cependant à conserver pour Schall les sentiments d'estime que lui avait voués Xun Chi. Au premier abord, rien ne parut done changé.

Parmi les événements de la mission, notons, en juin 1661, le départ pour Rome (2) des PP. Grueber et Dorville, en ce moment attachés tous deux à l'observatoire de Péking. En quittant l'Europe, Grueber avait reçu de Goswin Nickel l'ordre de chercher à découvrir une route de Péking à Smyrne, par la voie de terre, à travers les déserts du Thibet. L'heure était venue de mettre le projet à exécution; mais répugnant d'entre

(1) Historia Tartaro-Sinica Nova authore P. Francisco De Rougemont Societatis Jesu Belga, evangelii apud Sinas praecone... Lovanii, Typis Martini Hullegarde, ante Hallas. Anno M.DC.LXXIII, p. 196.

(2) Voir mes Documents sur Albert Dorville.

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