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J. Stevenson a voulu jeter quelque lumière sur ce sujet et son exploration de la mer des Sargasses a montré que là aussi,comme trop souvent, la tendance des explorateurs à l'exagération s'est donné beau jeu. En réalité la quantité de végétaux marins flottant dans cette mer est loin d'avoir l'importance que d'aucuns lui avaient attribuée (Cf. J. Stevenson, The Sargasso See. Science, (nouv. sér., t. 32, p. 832, 1910).

Comme on peut le voir, tout ceux qui ont combattu la formation de gîtes de combustible par les plantes marines ont toujours fait valoir avec raison comme objection capitale, le fait qu'on ne rencontre aucune trace d'algue au voisinage ni dans les gisements de combustible et que de plus on n'a jamais, dans la nature actuelle, observé de formation de combustible au détriment de plantes marines.

Sans vouloir le moins du monde ressusciter la défunte théorie de la formation des gisements de combustible par les plantes marines, on peut cependant faire quelques réserves sur le bienfondé de la dernière partie de cette argumentation. Certes les dépôts actuels de tourbe d'origine marine n'ont pas l'importance ni l'extension que d'aucuns voulaient leur attribuer, mais font-ils complètement défaut? C'est une autre question. Nous avons peine à nous figurer les ressources de la nature et trop souvent nous voulons l'enfermer dans le cercle étroit de notre horizon borné.

Quand on a vu les masses considérables de varech qui s'accumulent sur certaines plages normandes ou bretonnes, on a peine à croire que, dans des circonstances favorables,ces matières végétales ne pourraient pas donner des gîtes de combustible. J'ai eu l'occasion d'observer en Sardaigne un dépôt tourbeux évidemment formé de plantes marines montrant par conséquent la possibilité de la formation de gisements de ce genre, lorsque les conditions favorables sont réalisées. Nous montrerons aussi que le Dr Cohn avait tort de croire (cf. op. cit.) qu'il ne pouvait pas se former d'accumulations de plantes marines sur les côtes méridionales.

A l'extrémité S.-O. de la Sardaigne il existe un vaste golfe appelé « Golfo di Palmas » situé entre la Sardaigne et les îles de San-Pietro et de San-Antioco. L'angle N.-E. de ce golfe est échancré par une petite anse appelée Porto-Botte, la localité historique où abordèrent pour la première fois les Romains lorsqu'ils envahirent la Sardaigne et où aboutit actuellement le terminus du chemin de fer des mines de St-Léon. Tout le bord

du golfe de Palmas surtout au N.-E. est constitué par une plaine très basse entrecoupée de marais et d'étangs et dont le sol est formé d'alluvions entremêlées de cailloux roulés et qui donnent naissance à une côte très basse à peine marquée. Le fond de la mer en pente très faible est couvert d'un cailloutis continu se prolongeant dans la mer aussi loin qu'on peut voir. Or chose curieuse, dans l'anse de Porto-Botte, la côte disparaît sous une accumulation d'une litière particulière. Au bord de la mer on voit que cette litière s'élève au-dessus des eaux d'environ 0,30 à 0,40 en une petite falaise abrupte montrant la tranche du dépôt. Celui est constitué par un feutrage assez stratifié de plantes allongées empilées les unes sur les autres. A la surface et dans la saison très sèche où j'ai fait mes observations (août) les plantes sont fort sèches et ont une teinte grisâtre. Elles sont libres et le dépôt n'a aucune cohésion. Mais plus bas il devient plus humide de plus en plus foncé et entrelacé et finit par acquérir la consistance d'une tourbe fibreuse. La formation descend évidemment sous le niveau de l'eau comme on le voit sur la tranche, au bord de la mer, mais l'abondance de l'eau empêche de voir jusqu'à quelle profondeur on rencontre cette tourbe. Les végétaux qui constituent cette tourbe paraissent tous les mêmes. Ce sont des lanières très minces ayant tout au plus la largeur du petit doigt et longues parfois de plusieurs décimètres. Les végétaux superficiels, les mieux conservés, montrent absolument l'aspect d'algues desséchées du groupe des Laminaires. Le dépôt paraît assez étendu dans toute l'anse assez vaste de Porto-Botte. Vers l'intérieur il se fond insensiblement dans le terrain alluvionnaire et s'étend jusqu'à une petite saline ancienne aujourd'hui desséchée. Il y a là certes un nombre respectable de mètres cubes d'un dépôt tourbeux en voie de formation. Je n'ai pas eu l'occasion de parcourir d'autres parties du golfe de Palmas pour voir si ce dépôt y existe aussi. Le temps m'a manqué pour cela et la région ravagée par la fièvre paludéenne en cette saison se prète mal à une exploration. J'ai cependant encore observé la còte du golfe de Palmas tout au fond du golfe là où l'isthme étroit et bas qui réunit l'île de SanAntioco à la terre ferme longe la rade di Ponti. Le dépôt tourbeux n'y existe pas.

Voyons maintenant quelle peut être l'origine de cette formation si spéciale et si localisée, nécessairement due à un ensemble de conditions très particulières rarement réalisées ailleurs

puisque des formations semblables n'ont pas encore été signalées, à ma connaissance.

Pour bien comprendre ces conditions il est nécessaire d'avoir sous les yeux la carte topographique au 1/25 000 d'Italie f 233 (pl. III S.-O.) Golfo di Palmas. On voit que dans cette région de la Sardaigne l'ile est bordée par un relief dirigé N.-O. à S.-E. et formé par les montagnes trachytiques et palaecozoïques du Sulcis et de l'Iglescente. En mer et parallèlement s'étend le relief trachytique des iles San-Antioco et San-Pietro. La dépression qui s'étend entre ces deux lignes de relief est occupée partie par la mer, partie par une plaine alluvionnaire. L'isthme qui réunit San-Antioco à la Sardaigne coupe cette dépression en deux et au sud et largement ouvert vers le midi s'étend le golfe de Palmas.

Il est probable que les côtes et les fonds rocheux qui se développent dans la partie sud du golfe sont favorables au développement d'algues et spécialement de laminaires. Celles-ci arrachées par les tempêtes si fréquentes autour de la Sardaigne sont poussées vers le fond du golfe et s'accumulent sur la côte. Dans des régions humides ces algues se décomposeraient probablement avec rapidité, mais avec le climat remarquablement sec de la Sardaigne le dépôt peut s'accroître sans se décomposer trop vite. Alors les parties inférieures protégées de l'accès de l'air par les couches superficielles peuvent petit à petit subir la transformation tourbeuse. On peut se demander d'après cela pourquoi le dépôt tourbeux n'existe pas aussi au fond du golfe, contre l'isthme indiqué plus haut. La chose est, je pense, assez aisée à expliquer.

La grande dépression dont nous avons parlé plus haut, par suite de son orientation forme une sorte de couloir où le mistral souffle avec une grande violence. Pour s'en convaincre on n'a qu'à regarder les rares oliviers sauvages qui croissent dans la plaine alluvionnaire. Sous l'action répétée du mistral leur tête est pliée à angle droit avec le tronc et croît horizontalement tournée pour tous invariablement vers le S.-E. L'isthme très plat et étroit n'offrant aucune protection contre le vent, les algues que le vent du sud pousse contre l'isthme sont rejetées dans le golfe quand souffle le mistral. Les algues ne peuvent se maintenir contre la côte que là où il existe des anses mieux protégées. C'est le cas pour l'anse de Porto-Botte mieux abritée contre la côte dans un repli de celle-ci tourné vers le S.-E.

Comme on le voit donc le curieux dépòt que nous venons de décrire doit son existence à un concours de plusieurs circonstances bien spéciales. Néanmoins les côtes de Sardaigne sont si variées et si sinueuses que je ne doute nullement de l'existence, en d'autres endroits de l'ile, de formations semblables. Il n'est pas non plus illogique de supposer qu'avec le même concours de circonstances, mais sur une échelle plus vaste, il pourrait se produire des dépôts de tourbe marine plus considérables.

X. STAINIER,

Professeur à l'Université de Gand.

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ENCYCLOPÉDIE DES SCIENCES MATHÉMATIQUES (Édition française publiée sous la direction de J. MOLK). Tome I, vol. 2, fasc. 2 et 3; tome I, vol. 3, fasc. 3 et 4; tome I, vol. 4, fasc. 4; tome II, vol. 2, fasc. 1; tome II, vol. 3, fasc. 1; tome III, vol. 1, fasc. 1; tome III, vol. 3, fasc. 1. Paris et Leipzig, Gauthier-Villars et

Teubner, 1910 et 1911.

Les années 1910 et 1911 ont vu l'éclosion de neuf nouveaux fascicules de l'Encyclopédie, dont cinq relatifs au tome I (Arithmétique et Algèbre), deux au tome II (Analyse), deux au tome III (Géométrie). Le même soin a présidé à l'élaboration de ces nouveaux fascicules où l'importance relative des additions de l'édition française par rapport à l'édition allemande n'est pas moindre que dans les précédents fascicules; aussi la richesse de cette édition française est-elle véritablement incomparable. Sans rien enlever aux divers collaborateurs de l'Encyclopédie de leur très grand mérite, il est permis de faire honneur de la perfection avec laquelle cette édition française est mise au point, à M. Molk dont le zèle infiniment scrupuleux est à la hauteur de sa vaste érudition. Il n'est pas exagéré de dire que pas une ligne de cette œuvre considérable ne voit le jour sans qu'elle ait été passée au crible de sa critique vigilante, et cela explique, en dépit de la multiplicité des collaborateurs, l'homogénéité qui s'affirme dans l'ensemble de cette belle édition.

Voici maintenant la liste des articles contenus dans les fascicules ci-dessus énumérés:

Propriétés générales des corps et des variétés algébriques, d'après G. Landsberg, par J. Hadamard et J. Kürschak.

Théorie des formes et des invariants, d'après F. W. Meyer, par J. Drach (à suivre).

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