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LA

PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

SELON LES ASTRONOMES GRECS ET ARABES (1)

(Suite)

IV

LES PREMIÈRES RECHERCHES DES ARABES SUR LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES. MASCIALLAH. — AL FERLE MOUVEMENT DE L'APOGÉE SOLAIRE.

GANI.

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Les premiers astronomes qui aient écrit en Arabe touchant la précession des équinoxes, et dont les écrits nous soient parvenus, sont des contemporains des célèbres kalifes Al Mansour, qui régna de 754 à 775, et Al Mamoun, qui occupa le trône de Bagdad de 813 à 833. Ce sont le juif Masciallah (2) et l'arabe Al Fargani.

Parmi les nombreux écrits de Masciallah, il en est un que le Moyen Age chrétien a bien connu ; c'est un

(1) Voir la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 3e série, t. XXI, 20 janvier 1912, p. 55.

(2) Sur Masciallah, voir: Vite di matematici arabi tratte da un'opera inedita di Bernardino Baldi con note di M. Steinschneider. 1. Autori arabi orientali. 1. Messala (Bollettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze matematiche e fisiche publicato da B. Boncompagni, t. V, 1872, pp. 429-431).

IIIe SÉRIE. T. XXI.

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petit traité de Cosmographie qui a pour titre : De elementis et orbibus cælestibus (1).

En ce traité, Masciallah admet que le ciel se compose de dix orbes superposés (2): ce sont, d'abord, les sept orbes des astres errants; puis un orbe privé d'astre que l'auteur nomme l'orbe des signes; ensuite, l'orbe des étoiles fixes; enfin, un nouveau ciel sans astre, le grand orbe.

Tous les cieux qui portent des astres se meuvent d'occident en orient par rapport au grand orbe; le ciel des étoiles fixes décrit, en cent ans, un degré du grand orbe (3).

Le grand orbe se meut d'orient en occident; son mouvement est le mouvement diurne; c'est le neuvième ciel de Macrobe et de Simplicius.

Il est difficile de comprendre ce que Masciallah entend par l'orbe des signes. Ce ciel privé d'étoiles, qui sépare l'orbe de Saturne de l'orbe des étoiles fixes, se meut, dit-il (4), d'orient en occident, comme le grand orbe; il ajoute que lorsqu'on dit qu'une planète est en tel ou tel signe, c'est à l'orbe des signes que cette indication se rapporte, et non pas au neuvième orbe, au ciel des étoiles fixes; enfin, il nous apprend que « les auteurs qui représentent les images des astres selon l'Astronomie Altasamec » ne voulaient supposer que

(1) De elementis et orbibus cœlestibus liber antiquus ac eruditus Messahalæ laudatissimi inter Arabes astrologi. Cui adjectum est scriptum cujusdam Hebræi de Eris seu intervallis regnorum, et de diversis gentium annis ac mensibus. Item iisdem de rebus scriptum cujusdam Saraceni, continens præterea præcepta ad usum tabularum astronomicarum utilissima. Quæ omnia ad veteris archetypi lectionem diligenter collata, celebri famæ Illustrissimi Principis ac Domini D. Augusti Ducis Saxoniæ etc., et publicorum studiorum utilitati, dicavit loachimus Hellerus apud inclytam Germania Noribergam Mathematum Professor. Noriberga excudebant Ioannes Montanus et Ulricus Neuberus. Anno Domini MDXLIX.

(2) Messahala De elementis et orbibus cœlestibus liber, Capp. XVIII et XX. (3) Massahalæ De elementis et orbibus cœlestibus liber, Capp. XIX et XXIV.

(4) Messahala De elementis et orbibus cœlestibus liber, Capp. XVIII et XX.

neuf cieux et réduisaient l'orbe des signes à n'être qu'un grand cercle de l'orbe suprême; il attribue à Ptolémée l'opinion contraire, qu'il fait sienne.

En cet exposé, il est possible de discerner certaines confusions, dont l'origine se trouve en quelques obscurités du langage de Ptolémée. Au VII chapitre du premier livre de l'Almageste, celui-ci établit qu'il y a dans le ciel deux premiers mouvements différents; l'un est le mouvement diurne, que l'astronome d'Alexandrie attribue à une sphère qu'il ne distingue pas, en cet endroit, de la sphère des étoiles fixes; « le second mouvement, qui se compose de plusieurs autres, est embrassé par le premier et embrasse les sphères de toutes les planètes; il est emporté par le premier, comme nous avons dit, et en même temps il entraîne les planètes, en sens contraire, autour des pôles du cercle oblique.

«

Il est clair que ce que Ptolémée entend par ce second mouvement, ce n'est pas une rotation attribuée à un ciel particulier, mais l'ensemble des diverses rotations qui s'effectuent d'occident en orient parallèlement au zodiaque. Il est clair aussi que l'écliptique auquel, en l'Almageste, sont rapportés les mouvements des étoiles fixes ou errantes est bien un grand cercle d'une sphère qu'anime le seul mouvement diurne. « Les auteurs qui représentent les images des astres selon l'Astronomie Altasamec » ont donc exactement compris l'intention de l'astronome Alexandrin, que Masciallah a travestie d'assez étrange manière.

Cette allusion aux « auctores qui faciunt imagines secundum Astronomiam Altasamec », auteurs dont Masciallah fait des prédécesseurs de Ptolémée, n'est pas sans intérêt. Nous retrouverons, en d'autres ouvrages arabes, la mention de ces mêmes auteurs, et nous verrons qu'il les faut sans doute identifier avec

ces << anciens astrologues» auxquels Théon d'Alexandrie attribuait l'hypothèse de l'accès et du recès.

Al Fergani, dans l'abrégé de l'Almageste qu'il a composé et dont la vogue a été si grande au Moyen Age, adopte, en ses grandes lignes, la théorie de la précession proposée par Ptolémée; mais il la modifie en un point essentiel. Il regarde le mouvement que l'astronome Alexandrin avait attribué aux étoiles fixes comme un mouvement qui entraine les orbes de tous les astres, fixes ou errants; l'aux (1) et l'opposé de l'aux des diverses planètes et du Soleil tournent donc d'occident en orient, d'un degré par siècle, autour des pôles de l'écliptique.

Voici comment Al Fergani s'exprime à cet égard (2):

Après avoir exposé quelle est la forme des sphères des astres et la composition des orbes de ces mêmes astres, venons à la description des mouvements que l'on trouve en chacune de leurs sphères; commençons par rapporter quel est le mouvement de la sphère des étoiles fixes, car ce même mouvement est inséparable des mouvements des divers astres errants.

>> Disons donc que la sphère des étoiles fixes se meut d'occident en orient, et qu'elle entraîne avec elles les sept sphères des astres errants; son mouvement se fait autour des pôles du zodiaque, et il est d'un degré en cent ans, selon l'évaluation de Ptolémée. Par suite de ce mouvement, les apogées et les noeuds des excentriques des planètes tournent, en un siècle, selon

(1) Rappelons que l'aux est l'apogée de l'excentrique et que l'opposé de l'aux en est le périgée; nous verrons bientôt l'origine du mot aux.

(2) Nous citons Al Fergani d'après la traduction abrégée d'Isidorus Hispalensis, que nous avons consultée dans le texte suivant : Incipit liber de aggregationibus stellarum et principiis celestium motuum quem Ametus filius Ameti qui dictus est Alfraganus compilavit, 30 continens capitula. (Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 7298) — Cap. XIII: De narratione motuum Solis, et Lune, et Stellarum fixarum in orbibus suis in duabus partibus orientis et occidentis, qui nominantur motus longitudinis.

l'ordre des signes, de cette même quantité, de telle sorte qu'ils accomplissent leur révolution et parcourent la totalité du zodiaque en 36000 ans.

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... Le Soleil a deux mouvements d'occident en orient. L'un est son mouvement propre en son orbe excentrique..... L'autre est le mouvement par lequel sa sphère tourne autour des pôles du zodiaque; ce mouvement est égal à celui de la sphère des étoiles fixes; il est d'un degré en cent ans. »

Le traité d'Al Fergani renferme une remarque qui devait attirer l'attention sur un fait astronomique d'une haute importance, savoir la lente diminution qu'éprouve l'inclinaison de l'écliptique. Voici cette remarque (1):

« L'arc du grand cercle passant par les pôles, qui se trouve compris entre chacun des points tropiques (solstices) et l'équateur, est l'inclinaison du zodiaque sur l'équateur. Selon ce qu'a trouvé Ptolémée, cette inclinaison vaut 23°51', le cercle comprenant 360°. Mais selon l'observation que Jean, fils d'Al-Mansour (2), fit au temps du kalife Al Mamoun, elle est de 23°35′ (3) ; un grand nombre de sages s'accordent à admettre cette évaluation. »

Il semble, en ce passage, qu'Al Fergani regarde simplement la seconde détermination de l'obliquité de l'écliptique comme plus exacte que la première; rien n'indique qu'à ses yeux cette obliquité soit un élément

(1) Al Fergani, Op. laud., Cap. V: De duobus primis motibus qui sunt de motibus celi, quorum unus est motus totius, quo dies et noctes fiunt, ab oriente ad occidentem, et alter est stellarum quem videntur habere in orbe signorum ab occidente ad orientem.

(2) C'est-à-dire Iâhia (Abou Ali) ibn Abou Mansour.

(3) Le nombre de minutes est laissé en blanc dans le manuscrit que nous avons consulté; il est marqué dans bon nombre d'autres manuscrits (Cf. Delambre, Histoire de l'Astronomie du Moyen-Age; Paris, 1819; pp. 63 et 65.) Mais le nombre 23° 35′ semble dù à une erreur de copiste. Les autres auteurs qui nous ont renseignés sur cette observation de lâhia ibn Abou Mansour ont tous donné le nombre 23°33' (Cf. Al Battani Opus astronomicum, éd. Nallino, pars I, pp. 157-159).

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