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« au feu éternel; tandis qu'il n'y aurait rien qu'il ne fit pour « se contenir et acquérir la vertu, afin d'obtenir les biens « qui viennent de Dieu. Ni vos lois, ni vos supplices ne «retiennent point les méchants; ils savent que l'on peut se <«< cacher de vous qui n'êtes que des hommes; mais s'ils « étaient persuadés qu'il y a un Dieu à qui il est impossible « de rien cacher, non-seulement de nos actions, mais de « nos pensées, vous conviendrez que la crainte au moins «<les rendrait sages. Mais il semble que vous craigniez «< que tout le monde ne vive bien et que vous n'ayez plus "personne à punir. Pensée plus digne de bourreaux que de « bons princes.

"

.....

Depuis la venue de Jésus-Christ, nous prions « pour nos ennemis. Nous nous efforçons de convertir nos persécuteurs, afin qu'ils espèrent le bien que nous espé

« rons.... »

Saint Justin se plaignait ensuite de ce que les chrétiens étaient les seuls que l'on persécutât, tandis que l'on souffrait toutes les autres religions, celles dans lesquelles on adorait les arbres, les fleuves, les crocodiles et la plupart des bêtes, et il terminait en priant l'empereur de ne pas condamner à mort des gens qui n'avaient fait aucun mal; « car nous vous déclarons, » ajoutait-il, « que vous n'évi« terez point le jugement de Dieu, si vous persévérez dans « votre injustice. De notre part nous dirons que la vo« lonté de Dieu soit faite! >>

Mais la persécution n'en continua pas moins, car l'empereur, qui d'ailleurs était un excellent prince, tenait beaucoup aux superstitions du paganisme, et les pontifes idolâtres, voyant le discrédit dans lequel tombait peu à peu le culte de leurs dieux, invoquaient contre les chrétiens la sévérité des lois, la puissance des gouverneurs, et la crédulité du peuple.

Antonin mourut en l'année 161, laissant l'empire à

Marc-Aurèle son gendre, et à Lucius Verus (1), son neveu, tous deux ses fils adoptifs.

Marc-Aurèle avait alors quarante ans, et c'est de lui qu'on a dit avec raison que, pendant le cours de son règne, il avait vérifié ce mot de Platon, que les peuples seraient heureux si les rois étaient philosophes. Ce prince s'appliqua avec soin à régler l'intérieur de l'empire, de concert avec le sénat, et à faire respecter les frontières vivement attaquées dans la Germanie et dans l'Orient. Mais quoiqu'il se piquât de clémence, et qu'il eût coutume de punir au-dessous de la rigueur des lois, il n'en persécuta pas moins les chrétiens, soit à l'instigation des philosophes qui ne pouvaient supporter des hommes qui les surpassaient en solide vertu, soit qu'il y fût porté par ses propres sentiments, car il tenait à la stricte observation de l'ancienne religion des Romains. L'apologie publiée par Athénagore, et qui fut par lui adressée aux deux empereurs vers l'an 166, ne toucha point leur cœur; car, l'année suivante, il y eut plusieurs martyrs à Smyrne, en Asie, parmi lesquels saint Polycarpe (2), qui gouvernait cette église depuis environ soixante-dix ans, y ayant été mis par l'apôtre saint Jean.

Ainsi ces princes, que l'histoire représente comme des amis de l'humanité, comme les délices de la terre, se montraient injustes, cruels, sanguinaires envers des citoyens paisibles, vertueux, qui n'invoquaient pour leur défense que la pureté de leurs mocurs, leur désintéressement, leur piété envers Dieu, leur fidélité envers les maîtres de l'empire, et qui, supportant avec une héroïque résignation les plus affreux supplices, ne faisaient entendre contre leurs bourreaux que des paroles de pardon et de paix.

(1) Lucius Verus mourut en l'an 169. (2) Il fut brûlé vif sur un bucher.

XXI.

MISSION DE SAINT POTHIN,

SON ARRIVÉE A LYON,
CETTE ÉPOQUE.

ÉTAT DE LA GAULE A

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Vers le milieu du e siècle, pendant que Marc-Aurèle gouvernait l'empire romain, et que saint Soter occupait le siége de saint Pierre, Pothin, disciple de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, passa de l'Asie dans la Gaule avec plusieurs autres propagateurs de la foi, et s'arrêta à Lyon, l'une des villes les plus célèbres et les plus considérables du pays, tandis que plusieurs de ses compagnons allèrent prêcher à Vienne.

La Gaule était alors romaine par les mœurs, par les institutions, par les unions (1) entre familles, et peut-être aussi par ses vices. Déjà, sous César, plusieurs villes avaient été honorées du droit de cité; sous le règne de Claude (2), la noblesse gauloise avait obtenu l'entrée du sénat et l'honneur des grandes magistratures (3). Mais quels que fussent les avantages que cette politique généreuse des Romains eût ainsi accordés aux peuples que la victoire leur avait donnés, ceux-ci n'en avaient pas moins conservé le désir de recouvrer leur indépendance et leur nationalité. C'est de la

(1) Jam moribus, artibus, affinitatibus nostris mixli. (TACITE, Ann., liv. XI, sect. 14.)

(2) Cet empereur, qui était né à Lyon, portait beaucoup d'affection aux Gaulois.

(3) Le sénat résista d'abord; mais Claude, qui s'était porté le défenseur des Gaulois, tint ferme, et finit par triompher de cette résistance. Les Éduens (peuples d'Autun), à cause de leur ancienne alliance, jouirent les premiers de cette faveur, qui s'étendit ensuite aux Auvergnats, aux Belges, etc.

Gaule qu'était parti le signal de la révolution qui renversa Néron (1). Sous Vitellius, Civilis avait tenté de délivrer le pays du joug étranger; ce Batave, qui n'avait du barbare que l'audace et la fierté, ne le cédait en capacité, soit pour la guerre, soit pour la négociation, aux plus habiles de Rome; mais son entreprise glorieuse dans ses projets, hardie et généreuse dans sa poursuite, fut plus ruineuse qu'utile, puisqu'elle eut pour résultat d'affermir et d'irriter davantage la domination qu'il avait voulu renverser (2). Aussi la Gaule n'espérant plus sa liberté avait-elle accueilli la civilisation romaine (3) comme un dédommagement, comme

(1) Ce fut Vindex, Gaulois d'extraction et propréteur des Gaules, qui opéra ce mouvement.

(2) Quatre seigneurs gaulois, Tutor, Classicus, Valentin et Sabinus, s'étaient joints à Civilis. Personne n'ignore la noble et admirable conduite d'Éponine, ferme de Sabinus. Celui-ci, ayant été vaincu par les Séquanais, s'était réfugié dans une espèce de souterrain et avait fait annoncer sa mort à sa femme, qu'il aimait beaucoup. Éponine se montra si désespérée en apprenant cette nouvelle, que Sabinus, craignant qu'elle n'en pérît, lui fit savoir secrètement la vérité, en la priant de mener toujours grand deuil afin de confirmer ainsi la croyance de sa mort. Éponine joua parfaitement son personnage: on la voyait toute la journée en pleurs; mais la nuit elle allait visiter secrètement son mari; elle alla même diverses fois à Rome dans l'espérance de pouvoir obtenir de l'empereur la grâce de Sabinus. Pendant les neuf ans que les époux passèrent dans cette espèce de caverne, Éponine y accoucha de deux enfants. Ayant été découverts dans leur retraite, ils furent conduits à Rome devant l'empereur Vespasien; Éponine s'étant prosternée devant lui et ayant mis ses deux enfants a ses pieds : « César, » lui dit-elle, « prends pitié de ces pauvres créatures « qui ont pris naissance dans le tombeau. Nous ne les avons mis au monde qu'afin qu'il y eût plus de suppliants qui implorassent ta miséricorde, « et que tu pusses nous donner grâce pour l'amour de ces innocents, qui « ne t'ont point offensé. » Tous ceux qui étaient présents furent attendris; mais Vespasien, demeurant impitoyable, les envoya tous au dernier supplice. Éponine y marcha avec un courage qui excitait à la fois l'admiration et la pitié; n'appelant sa mort qu'un changement de vie, elle dit qu'il lui avait été plus doux de vivre dans les ténèbres que de vivre désormais dans la lumière qui lui eût fait voir Vespasien sur le trône; qu'après tout, lui pensant faire du mal, il lui faisait grâce, puisqu'il la délivrait de toute crainte et du joug de son impitoyable domination.

(3) Plusieurs empereurs firent de fréquents voyages dans la Gaule et y

une consolation de ses malheurs. Mais cette civilisation que Rome avait commencée, il appartenait au christianisme de l'accomplir et de la perfectionner.

Quoiqu'on ne puisse fixer d'une manière précise l'époque de la naissance de l'église gallicane, on ne peut néanmoins lui refuser l'honneur d'avoir eu pour premiers fondateurs les disciples mêmes des apôtres (1). Mais étant demeurée obscure pendant près d'un siècle à cause de l'état politique du pays, elle ne commença à se montrer avec

firent élever de magnifiques monuments. C'est pendant son séjour dans ce pays que l'empereur Adrien fit bâtir à Nîmes une basilique en l'honneur de Plautine, femme de Trajan, à laquelle il était redevable de son adoption. Cet admirable édifice est maintenant appelé Maison Carrée. On croit aussi que le pont du Gard est un de ses ouvrages, parce que les premières lettres de son nom y sont gravées et qu'on y voit une femme voilée qui semble être la déesse Isis; car cet empereur se plaisait aux mystères de la religion égyptienne. Nîmes, après Rome, est la ville de l'Europe qui possède le plus de monuments de la grandeur romaine; car on y voit encore l'Amphithéâtre, ou les Arènes, qui est presque entier et qui est l'un des morceaux les plus grandioses qui restent de l'antiquité; quant au temple de Diane, il est très-endommagé.

(1) Il est difficile de se persuader, dit avec raison le P. Longueval (Hist. de l'Église gallicane, Disc. prélim.), que saint Pierre et saint Paul étant à Rome uniquement occupés de la propagation de l'Évangile, aient négligé de le faire annoncer à une nation aussi illustre et aussi voisine de l'Italie que l'étaient les Gaulois.

Saint Épiphane assure que saint Luc et quelques autres disciples de saint Paul ont prêché la foi dans la Gaule. Le ministère de la parole divine, dit ce saint docteur, ayant été confié à saint Luc, il l'exerça en passant dans la Dalmatie, dans la Gaule, dans l'Italie, dans la Macédoine, mais particulièrement dans la Gaule, ainsi que saint Paul l'assure dans ses épîtres de quelques-uns de ses disciples. «Crescent, dit-il, est en Gaule. » Car, ajoute saint Épiphane, il ne faut pas lire en GALATIE, comme quelques-uns l'ont cru faussement, mais en GAULE. » Ce sentiment était si bien établi en Orient, que Théodoret, qui lit dans la Galatie, entend par ce mot la Gaule, parce que les Grecs donnaient ce nom à la Gaule, et les Galates n'avaient été ainsi nommés qu'à cause qu'ils étaient une colonie de Gaulois. La tradition de l'église de Vienne confirme cette opinion; de temps immémo→ rial cette église a cru que saint Crescent, son premier évêque, fut disciple de saint Paul, et presque tous les martyrologes lui donnent cette qualité. Il parait également certain que saint Trophime fut envoyé dans les

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