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éclat que par le nombre et l'héroïsme des martyrs de Vienne et de Lyon.

Gaules par saint Pierre et y fonda l'église d'Arles, qui fut la première des Gaules, et que c'est de cette ville que le don de la foi se communiqua aux autres provinces.

On peut dire aussi avec vraisemblance que saint Paul porta dans les Gaules les premières semences de la foi; car si l'on admet, ainsi que cela est d'ailleurs établi par plusieurs Pères de l'Église, que ce saint apôtre sé rendit en Espagne, il est à supposer qu'il y alla par le grand chemin qui conduisait d'Italie dans ce pays, c'est-à-dire par la Gaule, et comme ses voyages étaient autant de missions, on ne peut croire qu'il ait manqué d'annoncer la foi aux Gaulois. Une ancienne inscription, trouvée en Espagne, nous apprend que le christianisme y avait pénétré dans le temps de Néron. Elle était conçue en ces termes : A Néron, césar auguste, pour avoir purgé la province de brigands et de ceux qui enseignaient aux hommes une nouvelle superstition. Si done la foi avait dès-lors été portée en Espagne, comment aurait-elle été inconnue dans les Gaules, plus voisines de l'Italie?

Saint Irénée, qui écrivait au sein de la Gaule dans le second siècle de l'Église, assure que de son temps il y avait plusieurs églises établies parmi les Celtes et dans les Germanies, c'est-à-dire dans les deux provinces de la Gaule belgique, nommées la première et la seconde Germanie; car on sait que la foi ne pénétra que longtemps après dans la Germanie d'au-delà du Rhin. Ces peuples, dit ce saint docteur, qui parlent tant de langues différentes, tiennent sur la foi le même langage. Les églises qui sont dans les Germanies, dans l'Espagne, parmi les Celtes, dans F'Orient, dans l'Egypte et la Lybie, ont toutes la même croyance et la même tradition.

Tertullien, qui écrivait peu de tems après, ne craint pas de dire que toutes les Espagnes, les diverses nations des Gaules et les endroits des iles Britanniques, inaccessibles aux Romains, étaient soumis à J.-C.

Mais la religion chrétienne ne fit que peu de progrès dans les Gaules pendant les deux premiers siècles; elle ne fut embrassée que par un petit nombre de personnes.

Sulpice Sévère, Gaulois de naissance, mort vers l'an 420, dit en parlant de la cinquième persécution, qui est celle de Marc-Aurèle, que ce fut alors qu'on vit dans les Gaules les premiers martyrs, la religion ayant été reçue plus tard au-delà des Alpes: Tum primùm intrà Gallias martyria visa, seriùs trans Alpes Dei religione susceptà. Il ne dit pas qu'elle y fut prêchée plus tard, mais bien qu'elle y fut embrassée plus tard, parce qu'elle y marcha d'un progrès lent: tardo progressu. Voilà pourquoi elle n'attira point l'attention des persécuteurs.

On peut donc tenir pour certain que la foi a été portée dans la Gaule par les apôtres ou par leurs disciples. Mais de cette tradition véritable, il

Les premières années du règne de Marc-Aurèle avaient été marquées par de nombreuses calamités. Le Tibre et le Pô, débordés, avaient ravagé les campagnes de l'Italie; une horrible famine et des maladies pestilentielles avaient décimé la population; des mouvements séditieux avaient éclaté dans la Bretagne; les Quades ou Cattes avaient pénétré dans la Germanie, et les Parthes, à l'Orient, avaient attaqué les frontières de l'empire.

Malgré le triomphe des armes romaines, la guerre, un moment interrompue, n'avait pas tardé à recommencer.

C'est dans une de ces campagnes (an 174), dirigées contre les Quades et les Marcomans (1), assisté des Sarmates, que l'empereur se trouva dans un extrême péril. Son armée s'était engagée dans des lieux arides et fermés par des montagnes, dont les hauteurs et les défilés étaient occupés par un si grand nombre de barbares qu'il n'y avait

s'en est formé plusieurs fausses qui ont donné pour fondateurs à un grand nombre de nos églises des évêques envoyés par les apôtres.

Grégoire de Tours, né en 539, rapporte au consulat de Dèce, c'est-àdire à l'an 250, la mission des fondateurs des principales églises des Gaules.

« Ce fut sous Dece, » écrit-il, « que sept évêques furent ordonnés et en« voyés dans les Gaules pour y prêcher la foi, ainsi que le marque l'his«toire du martyre de saint Saturnin, savoir: Gatien à Tours, Trophime à « Arles, Paul à Narbonne, Saturnin à Toulouse, Denis à Paris, Austremoine « en Auvergne, et Martial à Limoges. »

On ne peut guère supposer, ajoute Longueval, que Grégoire, qui était évêque de Tours, qui avait été élevé dans l'église d'Auvergne, si voisine de Limoges, et qui avait fait de fréquents voyages à Paris, ait ignorė la tradition de ces quatre dernières églises sur l'époque de leur fondation. Les actes de saint Saturnin sont garants de ce qu'il avance sur le temps de ce premier évêque de Toulouse; la vie de saint Paul de Narbonne ne contient rien qui nous oblige de le faire plus ancien. Il n'y a donc que saint Trophime d'Arles sur lequel il nous parait que Grégoire de Tours s'est trompé, et Longueval prouve cette erreur par plusieurs raisons concluantes.

(1) Les Marcomans occupaient la Bohême, et les Quades la Moravie et les environs. Les Marcomans, après avoir étendu leurs ravages sur la Germanie, menaçaient de se porter sur les provinces plus voisines de Rome.

guère moyen d'en sortir sans s'exposer à être écrasé. D'un autre côté, la disette d'eau, occasionnée par les grandes chaleurs de l'été, incommodait beaucoup les Romains qui, dévorés par une soif ardente, tombaient d'épuisement et de désespoir. C'en était donc fait de l'armée, lorsque les soldats chrétiens, qui composaient la légion Mélitène (1), s'étant prosternés à genoux et ayant fait à Dieu de ferventes prières, une pluie subite vint rendre la vie aux Romains; ils étaient si altérés que, lorsqu'il commença à pleuvoir, on les voyait, dit un historien (2), lever la tête et ouvrir la bouche pour recevoir quelques gouttes de rafraîchissement; puis, ils en emplirent leurs casques, burent abondamment et abreuvèrent leurs chevaux. Cependant il tombait sur les ennemis une grêle furieuse, mêlée d'éclairs et de foudres, qui leur fit un mal affreux et amena leur soumission.

Ainsi fut sauvée (3) l'armée de Marc-Aurèle, qui, en reconnaissance d'un si grand service, défendit d'inquiéter les chrétiens; mais, soit qu'on lui eût persuadé dans la suite qu'il était redevable à Jupiter de cet orage si salutaire, soit qu'il y fût excité par la fureur aveugle des peuples ou par la haine des magistrats, la persécution reprit bientôt son cours sur plusieurs points de l'empire; mais elle ne fut nulle part plus vive qu'à Vienne et à Lyon (4), ainsi que nous

(1) Ainsi appelée, parce que la plupart de ses soldats étaient de Mélitine, en Arménie, ou des environs. Elle fut nommée depuis légion fulminante. (2) Dion-Cassius.

(3) Ce fait est rapporté par tous les auteurs de ce temps-là; il a été consigné, du reste, dans les bas-reliefs de la colonne Antonine, faite à la même époque. Les Romains y sont représentés les armes à la main contre les Barbares, que l'on voit étendus par terre avec leurs chevaux, et écrasés par une grêle mêlée de foudre, tandis qu'on aperçoit dans la région des nuages l'image de Jupiter Pluvius. C'est sur cette colonne, élevée par Marc-Aurèle, et réparée par Sixte V, que ce pape fit placer la statue de saint Paul.

(4) Voy. LONGUEVAL, liv. I, p. 5. Cette persécution eut lieu en l'année 177,

l'apprend la relation que les églises de ces deux villes écrivirent aux églises d'Asie, d'où étaient originaires plusieurs de ceux qui furent martyrisés.

Cette lettre, qu'Eusèbe nous a conservée, est sans contredit, ainsi que l'observe le P. Longueval (Hist. de l'Eglise gall.), un des plus beaux et en même temps un des plus sûrs monuments de l'histoire ecclésiastique. On l'attribue à saint Irénée, qui était alors un des ornements du clergé de Lyon (1).

(

« Les serviteurs de Jésus-Christ qui sont à Vienne et à « Lyon, dans la Gaule, à nos frères d'Asie et de Phrygie <«< qui ont la même foi et la même espérance, la paix, la grâce et la gloire de la part de Dieu le père et de Jésus« Christ notre Seigneur... Nous ne trouvons pas de termes <assez propres pour vous exprimer la rigueur de la persé«<cution que la haine des gentils a excitée contre les saints « et la cruauté des supplices que les martyrs ont soufferts «< avec une patience héroïque; car l'ennemi a déployé toutes «ses forces contre nous... L'animosité était telle contre

(1) Le concile tenu à Lyon en 177 par les confesseurs de Jésus-Christ (synodus martyrum lugdunensium), pendant que les martyrs étaient en prison, condamna l'hérésie de Montan, de Prisca et de Maximilla, ses prophétesses qui prétendaient avoir seules reçu la plénitude de l'esprit de Dieu, qui n'avait été communiqué qu'imparfaitement aux autres. Montan se mettait ainsi au-dessus des apôtres. Dans le concile tenu dans le même temps (synodus Viennensis ac Lugdunensis ecclesiarium), on rédigca la lettre dont je rapporte ci-dessus quelques fragments, ainsi que plusieurs autres lettres sur l'hérésie de Montan, également adressées aux églises d'Asie, avec le jugement rendu par le concile à ce sujet.

Cinq autres conciles eurent lieu à Lyon sous l'épiscopat de saint Irénée. Dans l'un de ces conciles, saint Irénée écrivit au pape saint Victor pour l'exhorter vivement à suivre l'exemple de ses prédécesseurs, en ne retranchant pas de sa communion les Asiatiques quarto-décimans, qui célébraient toujours la Pâque le 14 du mois, que ce jour fût ou ne fût point un dimanche.

Trois de ces conciles furent tenus sur la Pâque et sur le jeûne, et lg cinquième contre l'hérésie des valentiniens,

« nous, que l'on nous chassait des maisons particulières, « des bains, de la place publique; et qu'en général on ne « souffrait point qu'aucun de nous parût en quelque lieu " que ce fût...

« ... La fureur du peuple, du président et des soldats se déploya particulièrement contre le diacre Sancte, ori« ginaire de Vienne; contre Mature, néophyte, mais géné«<reux athlète; contre Attale, originaire de Pergame, la « colonne et le soutien de cette chrétienté, et contre Blan« dine, jeune esclave, par qui Jésus-Christ a fait connaître << comment il sait glorifier devant Dieu ce qui paraît vil et méprisable aux yeux des hommes.

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Cependant on se saisit du bienheureux Pothin qui gouvernait l'église de Lyon; il était àgé de plus de quatrevingt-dix ans, et en ce moment malade. Comme il pou<< vait à peine se soutenir et respirer à cause de ses infir«mités, quoique le désir du martyre lui inspirât une nou« velle ardeur, on fut obligé de le porter au tribunal... « où il fut suivi par tout le peuple qui criait contre lui..... Le président lui ayant demandé quel était le Dieu des chrétiens, il répondit : « Si vous en êtes digne, vous le « connaîtrez. » Aussitôt il fut accablé de coups sans aucun << respect pour son grand âge. Ceux qui étaient proche le frappaient à coups de poing et de pied; ceux qui étaient plus éloignés lui jetaient ce qu'ils pouvaient trouver sous « la main... Le saint évêque fut jeté à demi-mort dans la prison où il expira deux jours après... »

g

Indépendamment de ces martyrs auxquels on fit souffrir des tortures et des supplices jusqu'alors inconnus (1), il y

(1) On fit griller Attale sur une chaise de fer, et, pendant que l'odeur de ses membres brûlés se répandait au loin, il dit en latin au peuple qui assistait à ce spectacle barbare : « C'est ce que vous faites qu'on pourrait « appeler manger de la chair humaine pour nous, nous n'en mangeons #pas et nous ne commettons aucune espèce de crime, » Ces martyrs,

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