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LIV.

SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE [er. — ÉTAT POLITIQUE DU ROYAUME.

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SAINT ROBERT FONDE CITEAUX.

MONASTERES.
ABBÉ DE LA ROUE; SES SUCCÈS COMME PRÉDICATEUR.

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ROBERT D'ARBRISSEL
COMMENCEMENTS

DE LA CÉLÈBRE ABBAYE DE FONTEVRAULT. — ABBAYES D'AROUAISE, DE NOGENT-SOUS-COUCY. SERVICES RENDUS A LA SOCIÉTÉ PAR LES COMMU

NAUTÉS RELIGIEUSES.

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TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ FÉODALE. EFFORTS DU CLERGÉ POUR ADOUCIR LES MOEURS. CHEVALERIE; RÉCEPTION D'UN CHEVALIER. HILDEBERT ÉVÊQUE DU MANS. — SAINT ANSELME ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY. CONCILE DE BARI Contre les GRECS. — LE B. JEAN ÉVÊQUE DE THÉROUANNE. — MORT DU PAPE URBAIN II. — PONTIFICAT DE PASCAL II. LÉGATS ENVOYÉS EN FRANCE. — CONCILE DE VALENCE. -CONCILE DE POITIERS.COMBAT LIVRÉ AUX pères de ce cONCILE. CONDUITE HÉROÏQUE DE CES PRÉLATS. PIERRE, ÉVÊQUE DE POITIERS. PRONONCÉE CONTRE LE ROI, RENONCENT A LEUR PÉCHÉ. RÉVOLTE DE HENRI V CONTRE L'EMPEREUR son père.

L'EMPEREUR.

EXCOMMUNICATION DU ROI.

ADMIRABLE FERMETÉ DE CONSÉQUENCES DE L'EXCOMMUNICATION

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BERTRADE ET LE ROI LEUR SERMENT. LEUR ABSOLUTION.

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FIN MISERABLE DE MARIAGE DE BOHÉMOND, PRINCE d'Antioche, AVEC CONSTANCE, FILLE DU ROI PHILIPPE. — PASCAL II EN FRANCE. — CONFÉRENCE A CHALONS-SUR-MARNE AVEC LES envoyés de l'empereur HENRI V AU SUJET VULGRIN, ÉLU ÉVÊQUE DE Dol, refuse l'ÉPISCOPAT.

DES INVESTITURES.

MORT DU ROI PHILIPPE jer.

Pendant que ces événements s'accomplissaient en Orient, Philippe Ier régnait en paix et l'État jouissait d'un calme inaccoutumé. La plupart de ces fiers et turbulents seigneurs, si redoutés des peuples et du roi, étaient à la croisade, et quoiqu'on fit partout des vœux pour leurs succès, nul n'en faisait pour leur retour.

De nouveaux monastères furent alors fondés par le zèle fervent de quelques religieux. Saint Robert, abbé de Molesme, désirant pratiquer la règle de saint Benoît dans toute sa rigueur, partit avec vingt moines pour aller s'établir à cinq lieues de Dijon, dans une solitude appelée Citeaux,

défricha ce terrain couvert de ronces et de bois, et dirigea quelque temps cet illustre établissement, qui fut bientôt le chef d'une nouvelle congrégation.

Robert d'Arbrissel, abbé de la Roue, prêchait, vers la même époque, la parole de Dieu avec un grand éclat, et le peuple accourait en foule pour entendre ses instructions. Quelques saints personnages, s'étant mis sous sa direction, allèrent mener la vie érémitique dans la forêt de Craon, et ne quittèrent leur retraite que pour porter dans le monde l'exemple de leurs vertus. Tels furent Vital de Mortain, Raoul de la Fustaie, Alleaume, Pierre de l'Étoile et Bernard, qui, dans la suite, fondèrent les monastères de Savigni, de Saint-Sulpice-de-Rennes, d'Estival (1), de Fontgombaud, de Tyron, tandis que leur compagnon, le bienheureux Renaud, allait s'ensevelir avec d'autres ermites dans la forêt de Melinais.

Mais Robert d'Arbrissel se distinguait entre tous ses disciples autant par ses austérités que par ses grands talents. Nu-pieds, et couvert d'un sac, il parcourait les diocèses, prêchant partout la pénitence, et partout obtenant un immense succès. Il était escorté dans tous les lieux où il allait par un grand nombre de personnes qui, l'ayant une fois entendu, ne voulaient plus se séparer de lui. Or, comme il y avait, dans cette multitude, des femmes mariées, des veuves, de jeunes filles, des clercs et des hommes de toutes les conditions et de tous les âges, le saint abbé, craignant qu'il n'arrivât quelque désordre, s'arrêta dans un lieu désert où il fixa ses auditeurs et sépara les deux sexes. Des cellules furent bâties pour tous ces pénitents, et, dans le centre, un oratoire. L'on employa les clercs à célébrer la messe et les laïques à défricher et cultiver les terres pour nourrir la communauté. Parmi les femmes, les unes, les plus déli

(1) Alleaume ne fit que rétablir l'abbaye d'Estival.

cates, récitaient l'office; les autres travaillaient. La plus touchante modestie, la plus grande union régnaient dans cette colonie, dont la réputation se répandit bientôt dans les provinces du royaume. On accourait de tous côtés pour être admis dans cet asile et consacrer sa vie à Dieu. Robert, dur à lui-même, indulgent pour les autres, doux pour les pénitents, recevait tout le monde et nommait ses disciples les pauvres de Jésus-Christ.

Tels furent les commencements de l'abbaye de Fontevrault, qui fut pendant près de sept siècles le refuge de la piété, du repentir, de la pénitence, et dont les bâtiments immenses ont été, depuis la révolution, transformés en une maison centrale de détention. Puissent les condamnés qu'y envoie la justice humaine se souvenir parfois des anciens habitants de ces lieux et travailler à se rendre dignes du suprême pardon, lorsqu'ils comparaitront au tribunal de Dieu!

Dans l'Artois, le bienheureux Heldemare jetait les fondements de l'abbaye d'Arouaise, aux environs de Bapaume, tandis que saint Godefroi, depuis évêque d'Amiens, rendait très-florissant le monastère de Nogent-sous-Coucy, dont il était abbé.

Ainsi s'entretenait, se ranimait cette sainte ardeur pour la vie monastique dans laquelle se formèrent tant de grands hommes. Le monde, cet ingrat qu'il faut plaindre et servir (1), ne s'avise guère de chercher dans l'histoire de ces solitaires des objets capables de piquer la curiosité; elle en renferme cependant, et pour des yeux intelligents les annales des monastères sont un spectacle également intéressant et varié. Une suite de grands papes qui ont gouverné l'Église avec une sagesse digne des plus beaux siècles; un nombre presque infini de saints évèques qui

(1) DE BOISMONT, Sermons.

ont rempli successivement les plus grands siéges de l'Église d'Occident; des apôtres pleins de zèle qui ont porté la lumière de l'Evangile chez les nations barbares; de sages législateurs qui ont défriché les forêts, apprivoisé la férocité et policé les mœurs des peuples sauvages qui les habitaient; des fondateurs de villes qui ont donné naissance à des Etats considérables; des ministres habiles et fidèles qui ont gouverné avec un génie supérieur de vastes monarchies; les monastères devenus l'asile de la piété, le séminaire des évêques, l'école des rois; les sciences accueillies et cultivées dans ces saintes retraites, tandis qu'elles étaient méprisées partout ailleurs; une foule d'écrivains laborieux, qui, attentifs à recueillir les précieux monuments de l'antiquité, les ont transmis jusqu'à nous (1).

Voilà ce que l'on trouve dans l'histoire de ces communautés, de ces saintes familles, aussi grandes par leurs bienfaits qu'admirables par leurs vertus.

Et quel étrange et triste tableau présente, à la même époque, l'histoire de la société féodale! De sombres et lourds châteaux couvrent le territoire; des remparts, des fossés en défendent l'approche, et l'on ne voit partout que monuments de guerre, car la guerre est partout. Leurs possesseurs y vivent isolés, désœuvrés, étrangers aux idées, aux mœurs nouvelles, aux progrès de la civilisation; toujours sur le qui-vive, toujours prêts à combattre pour se défendre ou pour attaquer, ils ne sortent de ces citadelles, de ces repaires, que pour aller sur les grands chemins courir les aventures et se livrer au brigandage.

Que d'efforts généreux et constants de la part du clergé pour changer ces instincts sauvages, pour faire passer à travers tant d'obstacles et de barrières les notions morales

(1) Eloge du savant bénédictin Rivet, principal auteur des neuf premiers volumes de l'Histoire littéraire de la France. (Voy. le t. IX de cet ouvrage.)

les plus élevées, et pour imprimer au sentiment guerrier un nouveau caractère en donnant au courage une honorable et noble direction! Voyez quelles cérémonies religieuses sont introduites dans ce grand acte de la vie féodale, la réception d'un chevalier.

« Le jeune homme, l'écuyer qui aspirait à ce titre était dépouillé de ses vêtements et mis au bain, symbole de purification. Au sortir du bain, on le revêtait d'une tunique blanche, symbole de pureté; d'une robe rouge, symbole du sang qu'il était tenu de répandre pour le service de la foi; d'une saie ou juste-au-corps, symbole de la mort qui l'attendait, ainsi que tous les hommes.

« Ainsi purifié et vêtu, le récipiendaire observait pendant vingt-quatre heures un jeûne rigoureux. Le soir venu, il entrait dans l'église et y passait la nuit en prières, quelquefois seul, quelquefois avec un prêtre et des parrains qui priaient pour lui.

« Le lendemain, son premier acte était la confession; après la confession, le prêtre lui donnait la communion ; après la communion, il assistait à une messe du SaintEsprit et ordinairement à un sermon sur les devoirs des chevaliers et de la vie nouvelle où il allait entrer. Le sermon fini, le récipiendaire s'avançait vers l'autel, l'épée de chevalier suspendue à son cou; le prêtre la détachait, la bénissait et la lui remettait au cou. Le récipiendaire allait alors s'agenouiller devant le seigneur qui devait l'armer chevalier : « A quel dessein, lui demandait le sei« gneur, désirez-vous entrer dans l'ordre? Si c'est pour « être riche, pour vous reposer et être honoré, sans faire << honneur à la chevalerie, vous en êtes indigne, et seriez « à l'ordre de la chevalerie que vous recevriez ce que « clerc simoniaque est à la prélature. » Et sur la réponse du jeune homme, qui promettait de se bien acquitter des devoirs de chevalier, le seigneur lui accordait sa demande.

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