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sentence envoyée à Rome est confirmée dans un concile. Cependant le pontife, usant encore d'indulgence, lui accorde un délai pour se purger par serment avec quelques évêques, et lui impose pour condition de restituer les biens qu'il a pris et de se retirer en attendant qu'il se justifie au monastère de Cluny.

Manassé n'obéit point, est excommunié, déposé sans retour, se maintient à main armée quelque temps dans son siége, est enfin chassé de la ville, se retire auprès du roi de Germanie, et vit errant le reste de ses jours (1).

Tandis qu'on s'occupait avec tant de vigueur de la réforme du clergé français, et qu'on purgeait l'Eglise des mauvais pasteurs, l'état monastique se distinguait par de grandes vertus; saint Robert fondait l'abbaye de Molesme, en Bourgogne; saint Etienne de Thiers, le monastère de Muret, près de Limoges; saint Gaucher, celui d'Aureil; saint Gérard, celui de Sauve-Majeure, à six lieues de Bordeaux; Simon comte de Crépy, jeune seigneur, riche et puissant, abandonnait sa fortune, ses biens pour vivre dans la soli

sition, se tint dans le cours des mois de janvier et de février 1080, que le démontrent les dates de deux lettres du pape Grégoire.

ainsi

(1) Un écrivain anonyme de la première croisade, dans son ouvrage découvert par Mabillon dans la bibliothèque du Mont-Cassin, atteste que l'évêque de Reims (et cette désignation suffit pour démontrer qu'il s'agit de Manassé) fit le pèlerinage de la Terre-Sainte peu de temps avant que les premiers croisés y pénétrassent; qu'il fut pris par le soudan de Babylone, qui le fit esclave avec les évêques de Beauvais, de Tarente, l'ermite Guillaume et autres, et qu'il recouvra sa liberté, avec tous ses compagnons de captivité, à la faveur des miracles obtenus par Guillaume. Mais on ignore ce que devint ensuite Manassé. Cet historien anonyme a copié Pierre Tudebode, premier historien de la croisade, ou bien un autre auteur anonyme publié par Bongars dans son recueil d'historiens de la croisade (Hanau, 1611. 2 vol. in-fol.), et plagiaire lui-même; car ce dernier écrivain anonyme avait complétement pillé Tudebode. Il y a toutefois, dans l'anonyme de Mabillon, diverses additions qui ne sont pas sans intérêt, et entre autres l'histoire de la captivité des évêques dont je viens de parler.

tude et s'humilier devant Dieu (1), et Hugues, duc de Bourgogne, entrait moine à Cluny.

Cependant les seigneurs allemands, mécontents de leur prince, et, s'étant assemblés, avaient délibéré sur l'état des affaires, et, d'un concert unanime, les uns par zèle de religion, les autres pour le désir d'une réforme, ceux-ci pour profiter du changement, ceux-là pour se venger, tous enfin s'étaient accordés à conclure qu'ils ne pouvaient obéir à un prince souillé de crimes et de plus excommunié; qu'il fallait donc choisir un autre roi par l'autorité du pontife qui le couronnerait empereur (2).

Mais, toutefois, avant d'exécuter cette extrême résolution, ils avaient envoyé des députés au roi pour lui parler ainsi : « Que quoique les motifs pour lesquels on entendait « le déposer fussent très-légitimes et qu'on pût le forcer « à la soumission par les armes, on voulait néanmoins, « pour employer des voies plus douces, s'en rapporter au jugement du souverain-pontife, qui serait invité de se « rendre à Augsbourg dans le mois de février; que, cepen

(1) Guibert, abbé de Nogent (*), raconte dans ses mémoires que ce jeune seigneur, ayant ouvert le cercueil de son père, fut si frappé du hideux état du cadavre, qu'il résolut de renoncer au monde. « Est-ce donc là mon « père, » s'écria-t-il, « qui a soumis tant de châteaux? Et c'est là qu'abou<< tit la gloire des grands! » C'est aussi ce qu'on trouve écrit dans un ancien roman cité par le P. Labbe, dans ses tables généalogiques:

Li cuens vit la merveille, moult en fut ébabi,
Est-ce donc men peres qui tant chatiaux broui?
Ja n'avait-il en France nuz prince si hardí,
Qui osa vers li fere ni guerre ne éstri.
Quand qu'il avait au siècle laissa et en hai
Bien le laissa voir, que la terre en guerpi
Dedans une foret en essil s'enfoui,

La devint Charbonners: y tel ordre choisi.

(2) Voy. l'Histoire de la Décadence de l'Empire après Charlemagne, par le P. Maimbourg, p. 256.

(*) Cet abbé écrivit dans les premières années du xue siècle l'histoire de la première croisade. Son récit est plein de vie; une inspiration épique, dit M. J. J. Ampère, semble l'animer.

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«dant, pour montrer, par des faits et non par de vaines paroles ou des promesses auxquelles on ne voulait plus «se fier, qu'il était résolu d'obéir aux volontés du pape, «on exigeait qu'à l'heure même il éloignât tous ses « ministres et les prélats personnellement excommuniés «< comme lui, et qu'après avoir licencié ses troupes il allât demeurer à Spire, où, sans entrer dans les églises ni se « mêler du gouvernement, il vivrait en simple particulier, n'ayant que l'évêque de Verdun près de lui, et peu « d'autres non portés dans la sentence d'excommunication, « et qu'en outre, s'il n'était absous avant l'expiration de « l'année de sa condamnation, il ne serait plus, par cela « seul, reconnu comme roi. »

་་

Henri IV avait accepté ces dures conditions, et s'était mis en route pour l'Italie, quoique au fort de l'hiver, pour aller demander son absolution.

Les évêques et les laïques allemands, que la même sentence avait frappés, étaient également partis et s'étant présentés au pape, dans la plus grande humilité, avaient été absous, après un jeûne rigoureux.

Le pape, qui avait quitté Rome pour aller à Augsbourg, ignorant pour quel dessein Henri venait en Italie, se retira dans une forteresse à quelques milles de Reggio, où il apprit bientôt les intentions du roi; mais il répondit qu'il ne pouvait juger un accusé en l'absence des accusateurs, que ce prince n'avait donc qu'à se rendre à Augsbourg, où sa cause serait examinée suivant les lois de la justice. Les envoyés répliquèrent que l'année dans laquelle Henri devait se faire absoudre était sur le point de finir; que les seigneurs allemands n'attendaient que ce terme pour se soustraire à son obéissance, et qu'il était donc urgent de lui donner l'absolution, le prince étant prêt d'ailleurs à se soumettre à tout. « S'il est vraiment repentant, dit le pape, qu'il me remette sa couronne et les autres marques de

« sa dignité, et qu'il se reconnaisse indigne de les porter. » Cette condition ayant paru trop dure, le pape se laissa fléchir.

(l - - Qu'il vienne et qu'il répare par son obéissance l'injure qu'il a faite au saint-siége.

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Henri se rendit donc à la forteresse, y entra seul, fut retenu dans la seconde enceinte, se dépouilla de toutes les marques de sa dignité, se vêtit d'une tunique de laine, resta pieds nus du matin au soir pendant trois jours, et fut admis, le quatrième jour, à l'audience du pape qui lui donna l'absolution, à condition qu'il se trouverait à l'assemblée des seigneurs allemands pour y répondre à leurs accusations; qu'en aucun cas il ne chercherait à se venger de ses accusateurs; mais qu'en attendant la sentence qui le maintiendrait sur le trône ou l'en dépouillerait, il n'exercerait aucun acte de souverain.

Le roi promit tout et fit serment de tout observer.

Le pape alors célébra la messe, et quand il en fut à la communion, il fit approcher le prince de l'autel, rompit en deux l'hostie consacrée, en prit la moitié, se tourna vers les assistants, et dit d'une voix ferme :

་་

Il y a longtemps que vous et vos fauteurs m'avez accusé « d'être parvenu au souverain-pontificat par la voie de la « simonie et d'avoir commis des crimes énormes avant et

après mon exaltation. Quoiqu'il me fùt facile de me justi་ fier par le témoignage de ceux qui savent comment j'ai « vécu depuis mon enfance, et qui m'ont élevé sur le siége apostolique, cependant, afin qu'on ne croie pas que je « compte plus sur le témoignage des hommes que sur celui « de Dieu, et pour ôter toute ombre de scandale, voici le « corps de Notre-Seigneur que je vais prendre en preuve « de mon innocence, afin que si je suis innocent, le Dieu tout-puissant me vienne en aide, et que si je suis coupable, il me fasse mourir sur-le-champ. » Et il communia.

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L'église retentit aussitôt des plus vives acclamations; mais le pape, ayant imposé silence du geste et de la voix, s'adresse alors au roi, et lui présentant l'autre moitié de l'hostie: « Mon fils, vous savez que les seigneurs allemands « vous accusent d'un grand nombre de crimes; si vous êtes « innocent, prouvez-le en faisant ce que je viens de faire « moi-même. » Henri reste immobile, ne sait que faire, se retire enfin de l'autel, va conférer avec ses confidents, et revient dire au pape avec un grand respect, que comme il n'y avait dans l'église aucun de ses accusateurs, cette preuve de son innocence serait à leur égard entièrement inutile, et qu'il le suppliait done de se contenter des voies ordinaires d'un jugement régulier. Grégoire VII y consentit, retint le prince à dîner et lui donna des avis salutaires; mais celui-ci oublia bientôt ses promesses. Les seigneurs et les évêques lombards, la plupart excommuniés, irrités de ce qu'il avait fait sans eux la paix avec le pape, menacèrent de quitter son parti. Henri répond qu'il n'a ainsi agi que par nécessité, et qu'il ne cherche qu'une occasion de se venger du pape. Les seigneurs allemands, indignés de sa perfidie, élisent un autre roi.

Au milieu de ces grandes affaires, Grégoire luttait toujours avec la même ardeur pour la réforme des abus. Bérenger, enseignant encore son hérésie, avait été cité à Rome, et, dans deux conciles (1), avait solennellement abjuré, en confessant publiquement qu'il avait erré sur le grand mystère de nos autels; mais à peine de retour en France, il n'avait pas craint de se rendre parjure, et de publier un écrit pour annuler ses rétractations. L'archevêque de Cantorbéry, le célèbre Lanfranc, composa alors (2) son

(1) En 1078 et 1079.

(2) Quelques écrivains placent la publication de cet ouvrage avant l'an 1070; mais c'est là une erreur évidente, puisque dans le deuxième cha

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