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d'obtenir, en éloignant de son esprit, autant qu'il peut, les formidables jugemens du Seigneur, et ne conservant que le souvenir de ses bontés infinies.

Or à l'égard de Dieu est-il un outrage plus signalé? Malheur à moi, mon Dieu, si la passion m'aveugloit jusques à ce point. Je me souviendrai de votre miséricorde; et comment pourrois-je l'oublier, Seigneur, lorsqu'elle m'environne de toutes parts, et que dans mes égaremens elle ne cesse point de me suivre et de m'appeler mais je m'en souviendrai et je m'y confierai pour me laisser vaincre enfin à ses aimables et favo-, rables poursuites; pour m'encourager moi-même et m'exciter à rompre par un généreux effort les habitudes criminelles qui me retiennent; pour me répondre du secours tout-puissant de votre bras qui m'aidera et me soutiendra; pour me reprocher l'obstination de mon cœur et pour la fléchir par la considération de tant d'avances que vous avez déjà faites en ma faveur, et de tant de sollicitations auxquelles j'ai toujours résisté ; pour comprendre combien mon ame jusques à présent vous a été chère, combien elle l'est encore, et pour apprendre ce que je dois à l'amour d'un Dicu, qui, tout pécheur que je suis, veut me sauver. Car voilà, Seigneur, à quoi doit me servir la vue de cette miséricorde dont j'ai trop long-temps abusé; voilà désormais l'usage que j'en dois faire.

SECOND POINT. Confiance, par rapport au pécheur, la plus trompeuse. Il compte sur une miséricorde dont il se rend spécialement indigne, et il s'expose par sa confiance même aux châtimens de Dieu les plus rigoureux. C'est donc une grossière illusion que cette confiance sur laquelle il s'appuie; et c'est, pour établir l'espérance de son salut, un fondement bien peu solide et bien ruineux.

TOME XV.

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1. Miséricorde dont il se rend spécialement indigne. Tout pécheur, dès-là qu'il est pécheur, est indigne de la miséricorde de Dieu : mais outre cette indignité commune et générale, il y en a une spéciale et particulière ; c'est celle du pécheur présomptueux. Car est-il rien par où l'on se rende plus indigne d'une grâce, que d'en abuser ; que de s'en jouer, pour parler ainsi, et de la mépriser ; que de l'employer contre celui même, ou de qui on l'a reçue, ou de qui on l'attend? Or se rendre, non-seulement indigne, mais spécialement indigne de la miséricorde du Seigneur, et cependant faire fonds sur elle et s'en tenir assuré, tandis qu'on l'insulte, tandis qu'on s'oppose à ses desseins et qu'on renverse toutes ses vues, tandis qu'on en tarit toutes les sources, n'est-ce pas une témérité insoutenable, et y a-t-il confiance plus vaine et plus chimérique? Hé quoi! les pénitens même, je dis les vrais pénitens, touchés du repentir le plus vif et le plus sincère, n'osent encore se tenir assurés d'avoir obtenu grâce. A en juger selon les règles de la prudence chrétienne, ils ont pris toutes les mesures nécessaires pour fléchir la divine miséricorde et pour se la rendre propice. Ils se sonthumiliés devant Dieu; ils ont eu recours à ses ministres ; ils ont pleuré, gémi, renoncé à leurs engagemens ; ils se sont accusés, condamnés, assujettis à des exercices pénibles et contraires à toutes leurs inclinations. Que de sujets de confiance, et que de raisons pour bannir de leur esprit toute inquiétude! Cependant ils tremblent toujours; la vue de leur indignité les trouble, et les jette quelquefois dans des alarmes dont ils ont peine à revenir : tant ils sont frappés de cette parole de l'Ecclésiastique, que nous ne devons point étre sans crainte pour les offenses même qui ont été remises (1). Comment donc le pécheur présomptueux peut-il demeu

(1) Eccli. 5.

rer tranquille sur celles qui sont à remettre, et dont tous les jours il augmente le nombre?

2. Confiance aussi qui expose le pécheur aux châtimens de Dieu les plus rigoureux. Mille exemples l'ont fait voir; et combien de fois Dieu, également jaloux de toutes ses perfections et de ses divins attributs, a-t-il montré aux hommes par des coups éclatans, que s'il est miséricordieux, il n'est pas moins juste ; et qu'autant qu'il est libéral et bienfaisant dans ses dons, autant est-il séyère et terrible dans ses vengeances?

Et sur qui les exercera-t-il avec plus de sujet, ces vengeances redoutables, si ce n'est sur des pécheurs qui se retirent de lui, qui s'obstinent contre lui, qui foulent aux pieds toutes ses lois, qui le trahissent et le déshonorent, en présumant de sa grâce? Le jour viendra, dit-il, et vous apprendrez alors, mais à vos propres dépens et à votre ruine, vous le verrez, vous le saurez, quel mal c'étoit pour vous d'abandonner le Seigneur votre Dieu (1), et de l'abandonner parce que vous vous répondiez à vous-même de son amour. Ce n'étoit pas seulement l'offenser, mais l'insulter; or il aura son temps, où lui-même il insultera à votre malheur, quand la mort viendra fondre sur vous comme un orage, et que dans une prompté et fatale révolution vous vous trouverez tout à coup au fond de l'abîme. Car c'est ainsi que l'esprit du Seigneur s'en est expliqué, et telle est la menace qu'il vous fait encore aujourd'hui, mais peut-être pour la dernière fois : c'est à vous d'y prendre garde. De là en effet ces accidens imprévus, que le ciel permet; de là ces morts subites, qui surprennent un pécheur; de là cet aveuglement de l'esprit, dont Dieu le frappe; de la cet endurcissement du cœur où il le laisse tomber; de là ce foudroyant arrêt qu'il lui prépare dans l'éternité. Espérons et tremblons.

(1) Jerem. 2.

Espérons en la miséricorde de Dieu; mais tremblons sous le glaive de la justice de Dieu. Deux sentimens si ordinaires au Prophète royal. Que notre confiance soutienne notre crainte, qui pourroit nous abattre ; et que notre crainte retienne notre confiance, qui pourroit trop nous élever. Que l'une et l'autre, dans un parfait accord, nous conduisent au terme du salut.

MERCREDI.

Jean-Baptiste prêchant une pénitence fructueuse et sans relâchement.

SERMON SUR LES FRUITS DE LA PÉNITENCE. Facite fructus dignos pœnitentiæ.

Faites de dignes fruits de pénitence. Luc. 3.

Ce ne sont point seulement des fruits de pénitence que demande Jean-Baptiste, mais de dignes fruits; et ces fruits consistent à rétablir l'homme pénitent dans l'ordre, d'où le désordre du péché l'a fait sortir. Il s'est déréglé par la transgression de ses devoirs, et voilà les fruits de son iniquité; mais c'est par la pratique de ces mêmes devoirs qu'il se remet dans la règle, et voilà les fruits de sa pénitence. Dignes fruits, si cette pratique est telle que Dieu la veut et qu'elle doit être; si, dis-je, c'est une pratique fidèle, et si c'est une pratique fervente. Comme donc on connoît l'arbre par ses fruits, on connoît notre pénitence par ses œuvres: je veux dire qu'on la connoît par l'accomplissement de nos devoirs. Pratique fidèle qui ne laisse rien échapper: premier point. Pratique fervente qu'une sainte ardeur anime et que rien ne peut arrêter: second point. Daigne le ciel nous renouveler ainsi par la grâce de la pénitence, et puissions-nous travailler nous-mêmes à ce changement par une conduite plus régulière et plus exemplaire.

PREMIER POINT. Pratique de nos devoirs, pratique fidèle qui ne laisse rien échapper. Quand Dieu parle, dans l'Apocalypse, à cet évêque d'Ephèse dont la charité s'étoit refroidie, et qu'il l'avertit de faire pénitence: Souvenez-vous, lui dit-il, d'où vous êtes déchu, et reprenez vos premières œuvres (1). Ces premières œuvres, c'étoient ses fonctions, c'étoient ses devoirs, qu'il avoit négligés, et à quoi Dieu lui ordonnoit de s'appliquer avec une fidélité toute nouvelle. Sans cela, qu'est-ce que la pénitence? Car une solide pénitence n'est pas seulement de s'abstenir du mal qu'on a commis, mais de pratiquer le bien qu'on n'a pas fait. Voilà pourquoi Dieu, rappelant les pécheurs par la bouche de ses prophètes, et les exhortant à la pénitence, ne se contentoit pas de leur dire : Quittez vos voies corrompues; mais ajoutoit, marchez dans mes voies marchez dans les voies de la justice. Or nos devoirs, ce sont, pour chacun de nous, les voies de la justice, ce sont les voies de Dieu. Devoir envers Dieu, devoirs envers le prochain, devoirs à l'égard de nous-mêmes. Devoirs envers Dieu, qui sont tous les devoirs de religion et de piété; devoirs envers le prochain, qui sont tous les devoirs de charité, de miséricorde, de société, de droiture et d'équité, de vigilance sur autrui et par rapport à autrui, selon la différence des états et les divers degrés de subordination; devoirs à l'égard de nous-mêmes, qui regardent la réformation de nos mœurs et la sanctification de notre vie, le retranchement de nos vices et notre avancement dans les vertus. Devoirs généraux et devoirs particuliers: les uns qui nous regardent en général comme hommes, comme chrétiens, comme enfans de l'Eglise; les autres qui nous concernent spécialement et en particulier, selon les divers engagemens et les obligations propres que nous impo(1) Apoc. 2.

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