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sent notre vocation, notre profession, notre condition, la place que nous occupons, le rang que nous tenons, le caractère dont nous sommes revêtus. Quel champ pour la pénitence, et que de fruits elle peut produire!

Fruits abondans: car dans une exacte observation de ces devoirs, surtout après un libertinage de plusieurs années, il n'y a pas peu de violences à se faire, ni peu de victoires à remporter. A combien d'exercices faut-il s'assujettir, dont on n'a presque jamais eu l'usage? à combien de soins faut-il descendre, qu'on avoit jusque-là négligés, et même tout à fait abandonnés ? combien de dégoûts et d'ennuis y a-t-il à soutenir; et en combien de rencontres faut-il rompre sa volonté et agir contre son inclination? Fruits solides: puisque dans la pratique de ces devoirs, tout communs qu'ils sont, il n'y a pas une perfection commune, et que rien au contraire n'est plus selon l'esprit et le gré de Dieu. Tout le reste est bon, et l'on n'en doit rien omettre, autant qu'il est possible; mais les devoirs sont préférables à toute autre chose, et Dieu ne demande rien de nous plus particulièrement ni plus expressément. Fruits durables et permanens: d'autres pénitences qu'on peut s'imposer, et que suggère un saint désir de satisfaire à Dieu, sont passagères ; elles ont leurs jours; elles ont leurs temps: mais l'accomplissement de nos devoirs est une pénitence de toute la vie; elle ne souffre point d'interruption, et c'est un joug que nous portons jusques au tombeau. Suivant ce plan, formonsnous l'idée d'une ame vraiment pénitente: car en voilà la plus juste image. Mais où la trouve-t-on cette ame, et où voyons-nous de tels fruits? Ne pourrois-je pas dire d'un pénitent de ce caractère, ce qui est dit de la femme forte, qu'il est aussi rare que ce qu'on apporte de plus précieux des extrémités du monde? (1) Malgré la cor

(1) Prov. 31.

rúption du siècle, nous entendons encore parler de quelques conversions : mais à quoi se terminent-elles? à corriger certains excès, à se défaire de certains vices, de certains attachemens honteux et scandaleux; mais du reste en devient-on plus fidèle aux devoirs du christianisme, aux devoirs de son état, à tout ce qui est du bon ordre, et d'une vie réglée? Là-dessus nulle exactitude, nulle attention.

SECOND POINT. Pratique de nos devoirs, pratique fervente qu'une sainte ardeur anime et que rien ne ralentit. C'étoit une excellente règle que donnoit l'apôtre saint Paul aux Romains, quand, pour leur apprendre de quelle manière ils devoient se comporter dans la loi nouvelle qu'ils avoient embrassée, il leur disoit : Comme vous avez fait servir vos corps à l'impureté et au crime, pour tomber dans le péché, faites-les servir maintenant à la vertu et au devoir, pour vous rendre saints (1). Règle que tout pénitent doit s'appliquer à lui-même, et qui lui fournit un des plus puissans motifs pour exciter son zèle dans la nouvelle route où il est entré, et dans tous les exercices d'une vie chrétienne. Ce n'est point assez pour lui de se remettre à la pratique de ses devoirs: il faut de plus que la ferveur dont cette pratique est accompagnée, la relève et la sanctifie. Car, doit-il dire: La même ardeur que j'ai eue dans mes égaremens, et avec laquelle je me suis porté à tout ce qui pouvoit contenter mes passions, au préjudice de mon devoir, ne seroit-il pas bien indigne qu'elle vînt à se refroidir dans mon retour, et à m'abandonner, lorsqu'il s'agit de satisfaire à mes obligations les plus essentielles?

Ferveur tellement nécessaire, que sans cela notre pénitence ni ses fruits ne peuvent long-temps se main

(1) Rom. 6.

tenir. Et en effet, sans ce feu, sans cette ferveur et la force qu'elle inspire, le moyen qu'un pénitent surmonte toutes les difficultés qu'il doit immanquablement rencontrer dans un genre de vie auquel il n'est point fait, et qui le gêne, qui le rebute, qui le tient toujours dans un état pénible et violent? De là donc tant de pénitens, semblables à ces lâches combattans d'Ephrem, qui prirent la fuite au jour du combat, et cédèrent dès le premier choc, se sont rendus aux moindres assauts, et ont démenti toutes leurs résolutions : pourquoi ? parce qu'un fonds de tiédeur où ils sont demeurés, quoique pénitens, leur a affoibli le courage, et qu'ils ont manqué de fermeté pour résister. Et voilà aussi la dernière et la plus commune ressource qui reste à l'ennemi de notre salut, ou plutôt à la nature corrompue, pour reprendre l'empire sur nous et pour nous enlever tous les fruits de notre pénitence. A ces heureux momens où la grâce nous touche, nous pénètre, nous possède, l'enfer, le monde, la nature, la passion, sont en quelque sorte réduits à se taire. On ferme l'oreille à toutes leurs suggestions, on repousse tous leurs efforts, on franchit toutes les barrières qu'ils nous opposent. Il faut qu'ils cèdent, et qu'ils nous laissent agir selon les saints mouvemens qui nous transportent. Mais ce feu n'est pas toujours également vif. On pourroit l'entretenir mais on n'y emploie pas les moyens convenables. Il diminue, il passe, il s'éteint; et si peut-être on n'en vient pas d'abord jusqu'à retomber dans les mêmes déréglemens, du moins, au bout de quelques jours, on se relâche ; on devient lent, froid, tout languissant. Or c'est alors que ces mortels ennemis sur qui l'on avoit eu l'avantage, et qui sembloient abattus et vaincus, commencent à se relever. C'est là l'heure justement, c'est la dangereuse conjoncture qu'ils attendoient pour renouveler leurs attaques.

:

L'esprit tentateur sollicite plus fortement que jamais; le monde se présente avec ses charmes les plus engageans; la nature, la nature, la passion se réveillent; et dans la disposition où l'on est, dans cette langueur et cet attiédissement, il n'est que trop ordinaire de rendre bientôt les armes et de reprendre ses premières voies.

y

Si nous voulons être à Dieu, soyons-y comme nous

devons être, et d'une manière digne de Dieu. Honorons-le d'autant plus que nous l'avons plus déshonoré; édifions d'autant plus le prochain, que nous l'avons plus scandalisé; tâchons de regagner tout ce que nous avons dissipé de temps, de grâces, de mérites, et enrichissons-nous d'autant plus que nous nous sommes plus appauvris. Or tout cela ne se peut sans une ferveur toujours vive, toujours agissante. Telle a été la ferveur de Magdeleine, et d'une multitude innombrable de pénitens dans tous les siècles: telle soit la nôtre.

JEUDI.

Jean-Baptiste prêchant une pénitence austère et sans ménagement.

SERMON

SUR LES OEUVRES SATISFACTOIRES.

Ipse autem habebat vestimentum de pilis camelorum, et zonam pelliceam circà lumbos suos. Esca autem ejus erat locusta et mel sylvestre.

Or, son vétement étoit de poil de chameau. Il avoit autour des reins une ceinture de cuir; et sa nourriture, c'étoit des sauterelles et du miel sauvage. Matth. 3.

Ce n'est point seulement de bouche ni par ses paroles, que Jean-Baptiste prêche la pénitence, mais par ses œuvres et par ses exemples. Ce vêtement grossier dont il est couvert, cette abstinence, ce jeûne perpétuel qu'il pratique, ce renoncement à toutes les aises et à toutes

les douceurs de la vie, voilà ce qui dut être mille fois plus efficace sur les esprits de ses auditeurs, pour les porter à une pénitence austère, que tous les raisonnemens et tous les discours. Quoi qu'il en soit, c'est à cette pénitence, c'est à ces saintes rigueurs, à cette mortification des sens, à tout ce que nous appelons œuvres pénibles et satisfactoires, que nous engagent nous-mêmes deux grands intérêts: l'intérêt de Dieu, et notre intérêt propre. L'intérêt de Dieu que nous avons à venger : premier point. Notre intérêt propre que nous avons à procurer second point. Voici une matière dont la délicatesse du monde sera offensée; mais il faut que le péché soit puni, et on n'est pas pénitent pour mener une vie commode et molle.

PREMIER POINT. L'intérêt de Dieu que nous avons à venger, soit par un esprit de justice, soit par un esprit de reconnoissance et d'amour: double raison qui regarde Dieu directement, et qui, en vue de ses droits que nous avons violés, doit nous animer d'un saint zèle contre nous-mêmes.

1. Esprit de justice : car il est bien juste que Dieu, après l'offense qu'il a reçue de l'homme par le péché, reçoive aussi de l'homme, par une peine proportionnée, la satisfaction qui lui est due. Ainsi nous devons làdessus nous regarder comme juges établis par la justice divine entre Dieu même et nous. Dieu nous dit à chacun ce qu'il disoit par son Prophète aux infidèles habitans de Jérusalem: Soyez juges entre moi et ma vigne (1); c'està-dire, entre moi et vous, pécheur que j'ai formé, que j'ai cultivé avec le même soin que le vigneron cultive une vigne dont il veut recueillir de bons fruits. Où sontils ces fruits que j'attendois? Sont-ce tant d'iniquités où la passion vous a porté ? Sont - ce tant d'outrages

(1) Isaï. 5.

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