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que vous m'avez faits et à ma grâce? Voilà donc sur quoi nous devons prendre en main la cause de Dieu et nous juger nous-mêmes, sans égard, ni aux prétextes de l'amour-propre, ni aux répugnances de la nature, ni aux révoltes des passions; car il n'y a que l'équité qui doit ici nous animer et nous conduire. Selon cette droite équité, nous mesurerons la vengeance par la grièveté de l'offense; et plus nous nous reconnoîtrons criminels, plus nous redoublerons le châtiment et la peine. Or pour comprendre combien nous sommes coupables, comprenons, autant qu'il est possible à la foiblesse de nos connoissances, ce que c'est que Dieu, et ce que c'est que l'homme rebelle à Dieu : ce que c'est, dis-je, que Dieu, et combien les droits de ce souverain maître sont inviolables et sacrés ; ce que c'est que l'homme devant Dieu, et quelle est sa dépendance, quels sont ses devoirs. De là nous conclurons de quoi nous sommes redevables à Dieu, en qualité de pécheurs; et que faudra-t-il davantage pour nous déterminer à tout ce qu'il y a dans une vie pénitente, de plus rude et de plus sévère?

2. Esprit de reconnoissance et d'amour. Plus un pénitent pense à la grâce que Dieu lui a faite en le rappelant, en se réconciliant avec lui, en lui remettant son péché et la peine éternelle où l'exposoit son péché, plus il sent croître son amour pour un maître dont il ne peut assez admirer l'infinie miséricorde ; et plus il est touché d'amour pour Dieu, plus il se condamne lui-même, plus il se hait lui-même de cette haine évangélique qui nous sauve en nous perdant. Dans cette disposition, on ne cherche guère à s'épargner. Vous m'avez pardonné, mon Dieu, et c'est pour cela que je ne me pardonnerai pas moi-même ; vous pouviez exercer sur moi vos vengeances pendant toute l'éternité: je le méritois; mais vous ne l'avez pas voulu; et c'est

pour cela que je veux au moins, dans le temps, vous venger de moi-même, selon qu'il vous plaira de me l'inspirer, et que votre gloire le demandera. Ah! Seigneur, j'étois un ingrat lorsque je me suis tourné contre vous, et que j'ai transgressé vos divins commandemens. Tant de bienfaits que j'avois déjà reçus, c'étoient des raisons bien fortes pour vous être fidèle jusques à la mort, et pour ne me détacher jamais de vous. Je vous ai toutefois oublié, et j'ai suivi la passion qui m'entraînoit ; mais dans mon égarement même vous avez pris soin de moi; vous m'avez recherché, et vous daignez me recevoir. Or après cette nouvelle grâce, ne seroit-ce pas dans moi une ingratitude toute nouvelle et même le comble de l'ingratitude, si je refusois de vous satisfaire, si je ne voulois me faire pour cela nulle violence, si je ne voulois rien supporter pour cela, et si de moimême je ne me condamnois à rien? Ainsi parle une ame contrite ; et de là, à quoi n'est-elle pas préparée ? quelles réparations ne voudroit-elle pas faire à Dieu ? Il n'y a point d'état si mortifiant dont elle ne se juge digne, et souvent on est plutôt obligé de la retenir que de l'exciter. Mais nous, par des principes bien opposés, de quels ménagemens n'usons-nous pas, lors même que nous sommes pénitens, ou que nous croyons l'être? La pénitence consiste dans le repentir du cœur, il est vrai : mais dès que ce repentir est dans le cœur, il se produit au dehors et passe bientôt aux œuvres; autrement, il est bien à craindre que ce ne soit un faux repentir qui nous trompe, et une illusion que nous n'apercevons pas, ou que nous nous cachons à nous-mêmes, mais que Dieu connoît.

SECOND POINT. Notre propre intérêt que nous avons à procurer, soit pour la vie présente, soit pour l'autre vie: deux motifs qui nous regardent spécialement, et

qui, en vue des avantages attachés aux œuvres d'une pénitence satisfactoire, sont encore pour nous de nouveaux engagemens à les pratiquer, autant que notre condition le comporte, et selon qu'elle le peut per

mettre.

1. Par rapport à la vie présente. Le plus grand intérêt que nous ayons sur la terre, c'est de vivre dans la grâce de Dieu, et de mettre par là à couvert notre salut; de tenir en bride nos passions, et de réprimer leurs appétits déréglés; de nous prémunir contre les tentations du démon, contre les dangers du monde, contre les illusions de la cupidité, contre les convoitises de la nature corrompue; de marcher ainsi dans les voies du ciel, et d'y persévérer jusques à la mort. Or qui ne sait pas que le moyen le plus assuré pour tout cela, ce sont les exercices de la mortification chrétienne? Mener une vie aisée, passer ses jours dans le repos et dans le plaisir, ne rien refuser à sa sensualité et à ses désirs de tout ce qu'on croit pouvoir leur accorder sans crime, et en même temps vouloir garder son cœur et le préserver de toute corruption, c'est vouloir être au milieu du feu, et ne pas brûler. Ils se sont réjouis, disoit le Prophète, ils se sont traités et nourris délicatement, ils se sont engraissés (1); et qu'estil arrivé de là? C'est qu'ils ont abandonné le Seigneur, leur Dieu et leur Créateur. Source ordinaire de tant de vices qui règnent parmi les hommes, et dont les saints ne se sont garantis qu'en se renonçant euxmêmes, et en se déclarant les plus implacables ennemis de leurs corps. Que dis-je? tout saints qu'ils étoient, et avec toutes les pénitences qu'ils pratiquoient, ils n'ont pu même éteindre absolument dans eux le feu de cette concupiscence qu'ils avoient apportée en naissant. Quoique morts en apparence, ou réduits par la conti

(1) Deut. 32.

cela il doit désespérer de la miséricorde divine, et s'abandonner à tous les excès où son désespoir peut le précipiter. Il nous est donc bien important de savoir quelle est l'efficace et la vertu de la pénitence, afin que nous ayons recours à cette piscine salutaire, et que nous y cherchions la guérison des blessures de notre ame. Or tout se réduit à deux articles, savoir, qu'il n'y a point de pécheur que la pénitence ne puisse justifier, et qu'elle ne puisse sanctifier. Deux avantages tout différens justifier le pécheur, et sanctifier le pécheur. Justifier le pécheur, c'est précisément le rétablir dans la grâce de Dieu qu'il avoit perdue : mais parce que dans cet état de grâce il y a divers degrés, sanctifier le pécheur, c'est de plus le faire monter à cette perfection qui distingue les élus de Dieu et qui en rehausse le mérite. Ainsi le pécheur justifié par la pénitence, sanctifié par la pénitence; voilà le double miracle qu'elle opère dans nous. Parlons encore autrement, et disons: Nul péché, si grief et si énorme, que la pénitence ne puisse effacer; et nulle sainteté, si haute et si parfaite, où la pénitence ne puisse nous élever.

que

PREMIER POINT. Nul péché, si grief et si énorme, la pénitence ne puisse effacer; et par là même, point de pécheur qu'elle ne puisse justifier. Cette proposition suppose une vraie pénitence, une pénitence parfaite, une pénitence accompagnée de toutes les conditions requises: car c'est en ce sens que nous devons l'entendre. Or tel est alors son pouvoir, qu'il n'y a rien dont elle n'obtienne une rémission assurée, une rémission prompte, une rémission entière; et c'est ainsi qu'en humiliant l'homme devant Dieu, elle triomphe du cœur de Dieu, quelque irrité qu'il soit, et lui fait une espèce de violence pour le fléchir et le gagner.

Rémission

Rémission assurée : non pas que Dieu, selon les droits de sa justice, ne pût rejeter le pécheur, et lui refuser sa grâce pour jamais. Mais la miséricorde l'emporte sur cette justice rigoureuse, et c'est assez que le pécheur, renonçant à son péché, lève l'obstacle qui le séparoit de Dieu pour engager Dieu comme un père tendre, ou comme ce bon pasteur de l'évangile, à recevoir cette brebis égarée, et à reprendre en faveur de cet enfant prodigue les premiers sentimens de son amour. Nous en faut-il d'autre garant que Dieu lui-même et que sa parole? Toutes ses écritures sont pleines sur cela des promesses les plus authentiques et les plus expresses. Point d'exception: elles s'étendent à tout péché, de quelque nature qu'il soit, et quelque abominable que nous le puissions concevoir. On ne peut lire, sans en être frappé et comme saisi d'horreur, tous les reproches que le Dieu d'Israël faisoit à son peuple. C'est une nation vendue au péché, disoit le Seigneur; c'est un peuple chargé de toutes les iniquités, une race pervertie et corrompue; ce sont des enfans ingrats et scélérats: malheur à eux! Quelle image et quel anathême ! Ne semble-t-il pas qu'il n'y avoit plus de ressource pour ce peuple, et qu'ils étoient perdus? Cependant que s'ensuit-il de tout cela? Après tant de reproches et de si terribles menaces, Revenez, conclut le même Seigneur; parlant aux mêmes pécheurs, convertissez-vous, cessez de faire le mal et ne craignez point. Quand vos péchés seroient comme l'écarlate, ils deviendront comme la neige; et quand vous auriez été tout noircis de crimes, vous serez blancs à mes yeux comme la laine la plus blanche (1). Quelle assurance pouvons-nous demander plus formelle et plus marquée?

Rémission prompte.: un moment suffit; comment cela? c'est qu'il ne faut qu'un moment pour former l'acte d'une contrition parfaite. Or cet acte est toujours et

(1) Isai. 1.

TOME XV.

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