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Christ, devenue le temple du Saint-Esprit que l'Apôtre appelle l'Esprit de Jésus-Christ. Morale que nous ne devons point traiter d'idée subtile et superficielle, mais dont nous comprendrions toute la solidité et toute la force si nous étions plus remplis des principes de la religion et plus touchés de ses sentimens. Morale dont les Pères ont fait plus d'une fois le sujet de leurs instructions, et sur laquelle Tertullien insistoit si vivement. Car, disoitil, avant que le Fils de Dieu se fût revêtu d'un corps semblable au nôtre, c'étoit toujours un crime de s'abandonner aux désirs de la chair: mais depuis le mystère de l'homme-Dieu, maintenant et plus que jamais, ce n'est plus seulement un crime, c'est un sacrilége. Morale qu'ils avoient puisée dans l'excellente et sublime théologie de saint Paul et dans ces fréquentes exhortations qu'il faisoit aux fidèles, en leur représentant qu'ils étoient les frères de Jésus-Christ, qu'ils étoient ses membres, qu'ils étoient son corps, et par conséquent qu'ils avoient une obligation plus étroite de se conserver purs et sans tache. Quvi donc, s'écrioit dans l'ardeur de son zèle ce maître des gentils, quoi! les membres de JésusChrist, je les abandonnerai à une prostituée ? (1) Quel scandale dans la foi que nous professons! Quel abus énorme !

2. Profanation particulière, et plus criminelle encore, par rapport à certains engagemens, à certaines vocations, à certains caractères. N'entrons point là-dessus tropavant dans un détail qui pourroit blesser les ames innocentes et chastes. Il seroit à souhaiter que ces abominations fussent ensevelies dans un éternel oubli : mais le moyen de dérober à la connoissance du public des désordres si publics? Que veux-je donc dire? Vous le savez, vous qui, liés par le sacré nœud du mariage, après vous être juré au pied de l'autel une fidélité mu

(1) 2. Cor. 6.

tuelle et inviolable, démentez toutes vos promesses, et profanez un sacrement si saint par des attachemens si illégitimes; vous le savez, vous qui, sans respect pour le Dieu vivant et pour la présence de son Fils adorable, osez profaner le temple même, le sanctuaire, la table de Jésus-Christ, et y apporter toute la corruption d'un cœur sensuel et dissolu ; vous le savez, vous qui, voués spécialement au Seigneur, élevés aux plus hauts ministères, employés à la célébration des mystères les plus redoutables, consacrés pour cela, et comme marqués du sceau de Dieu, vous dégradez vous-mêmes et n'avez point horreur de profaner dans votre caractère ce que la religion a de plus auguste et de plus divin. Après cela nous étonnerons-nous de tant de calamités qui se répandent sur la terre, et n'est-ce pas le juste

châtiment de la licence effrénée de notre siècle et du débordement de nos mœurs ? Rappelons toute notre raison, ranimons toute notre religion : l'une et l'autre, avec la grâce du ciel, purifieront nos voies, et rétabliront le peuple de Dieu dans sa première sainteté.

LUNDI.

Jean-Baptiste condamnant l'ambition.

SERMON SUR L'AMBITION.

Omnis mons et collis humiliabitur.

Toutes les montagnes et toutes les collines seront abaissées. Luc. 3.

PUISQUE le Fils unique de Dieu descend du sein de son père, et qu'il vient sur la terre s'abaisser luimême et s'anéantir, il est bien juste que les montagnes du siècle, c'est-à-dire, que les grandeurs humaines s'humilient, et qu'elles déposent aux pieds de cet hommeDieu tout leur orgueil. Mais par le plus déplorable ren

versement, tandis que la majesté divine quitte le trône de sa gloire et s'abîme en de profondes ténèbres, l'homme veut s'élever, se distinguer, et ne pense qu'à satisfaire son ambition. Esprit répandu dans tous les états de la vie, et même jusque dans les plus viles conditions, où chacun, selon qu'il lui peut convenir, est jaloux d'une certaine supériorité qui le place au-dessus de ses égaux,et qui lui donne sur eux l'ascendant. C'est ce désir de l'honneur, cet esprit d'ambition que nous devons aujourd'hui combattre, comme opposé directement à l'esprit de Dieu : car c'est par là, et non par les raisons d'une sagesse mondaine, que nous allons l'attaquer. Ambition dont nous verrons tout ensemble, etle désordre et le malheur: ambition criminelle, et ambition malheureuse; criminelle devant Dieu, malheureuse de la part de Dieu. Ambition criminelle devant Dieu; en quoi ? dans les projets qu'elle inspire à l'ambitieux premier point. Ambition malheureuse de la part de Dieu; comment? par les jugemens et les coups du ciel qu'elle attire sur l'ambitieux : second point. La suite développera mieux encore ces deux

vérités.

PREMIER POINT. Ambition criminelle devant Dieu dans les projets qu'elle inspire à l'ambitieux. On veut s'agrandir précisément pour s'agrandir; on le veut pour jouir des avantages temporels de la grandeur. On le veut à l'infini, sans se prescrire aucun terme où l'ambition s'arrête; on le veut indépendamment de Dieu; on le veut sans égard au mérite, et sans être en peine si l'on a les dispositions requises. Enfin, on le veut les voies les plus illicites et aux dépens de la conscience. Tout cela autant de désordres par où l'ambition devient criminelle devant Dieu. Reprenons toutes ces propositions.

par

t

1. On veut s'agrandir précisément pour s'agrandir; on ne cherche dans la grandeur que la grandeur même. Or la grandeur, comme grandeur, ne convient qu'à Dieu, qui est seul grand et qui le doit seul être. Vouloir donc s'élever et se faire grand, c'est une espèce d'attentat sur les droits du Seigneur, et de cet être suprême devant qui tout être créé n'est que néant. 2. On veut s'agrandir pour jouir des avantages temporels de la grandeur, c'est-à-dire, pour se glorifier, pour recevoir des hommages et des respects, pour tenir partout le premier rang, pour vivre dans la pompe et dans l'éclat. Or ce n'est point à cela que les grandeurs du siècle sont destinées; et n'y envisager que cela, c'est un abus hautement condamné dans la loi de JésusChrist: elles sont établies pour la gloire de Dieu et non point pour la nôtre. 3. On veut s'agrandir à l'infini, et sans se prescrire jamais un terme où l'ambition s'arrête; plus on monte, plus on veut monter, et à peine at-on fait un pas, que la pensée naît d'en faire un autre; désir insatiable, désir déréglé, contraire à la modestie et à la modération chrétienne. Mais désir surtout condamnable dans des gens de rien, quand, à force de se pousser, devenus plus audacieux, ils ne rouIgissent point d'aspirer enfin aux degrés les plus éminens, et prétendent, comme l'ange superbe, se placer au-dessus des nues et des astres de la première grandeur. 4. On veut s'agrandir indépendamment de Dieu et sans faire nul fonds sur Dieu. L'ambitieux compte sur lui-même, compte sur son industrie, compte sur des amis, sur de puissans protecteurs; mais pense-t-il à mettre Dieu dans ses intérêts? Contre l'oracle et l'expresse défense du Saint-Esprit, il s'appuie sur un bras de chair. Voilà toute sa ressource. 5. On veut s'agrandir sans égard au mérite, et sans examiner si l'on a les dispositions requises: témérité insoutenable; on s'in

gère dans des postes, dans des ministères, dans des prélatures qu'on n'est pas en état de remplir, et où l'on ne doit néanmoins entrer que pour en accomplir tous les devoirs. 6. On veut s'agrandir par les voies les plus illicites et aux dépens de la conscience. Y a-t-il iniquité que l'ambition n'emploie pour venir à bout de ses desseins? Mais la conscience y répugne : hé! qu'est-ce que la conscience d'un ambitieux, ou a-t-il une autre conscience que son ambition? concluons par les paroles de Jésus-Christ, et disons que de la manière dont on se comporte dans la poursuite des honneurs du monde, Ce qui est grand aux yeux des hommes, n'est qu'abomination aux yeux de Dieu (1).

SECOND POINT. L'ambition malheureuse de la part de Dieu : comment? par les jugemens et les coups du ciel, qu'elle attire sur l'ambitieux. Nous ne lisons point dans l'Ecriture de menaces plus ordinaires que celles-ci: savoir, que Dieu confondra les orgueilleux de la terre. Que tandis qu'ils s'épuiseront de travaux et de soins pour l'établissement de leur fortune et pour leur agrandissement, il déconcertera leurs mesures, il dissipera leurs desseins, il fera échouer leurs entreprises. Que s'il les laisse parvenir au point de prospérité où ils visoient, ce sera pour tourner contre eux leur prospérité même, et qu'ils y trouveront une source de chagrins et de déplaisirs les plus mortels; que s'il les laisse atteindre jusques au faîte de la grandeur, ce sera pour rendre leur chute d'autant plus désastreuse et plus éclatante, qu'ils tomberont de plus haut, et que dans leur ruine, il les abandonnera à eux-mêmes et à leur désespoir. Menaces qui ne regardent que la vie présente; car ne parlons point de ce que Dieu prépare à l'ambitieux dans l'éternité. Menaces confirmées par tant d'exemples

(1) Luc. 15.

dont

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