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dont les saints livres nous font le récit. Menaces qui se vérifient encore de siècle en siècle par mille événemens que nous devons attribuer à la justice de Dieu, et qui sont de visibles, mais terribles châtimens de l'ambition.` 1. Combien y en a-t-il que Dieu arrête au milieu de leur course? Ils s'agitoient, ils se tourmentoient, ils disposoient les choses avec toute l'adresse et toute l'assiduité imaginables; une espérance presque certaine leur répondoit du succès; mais un fâcheux contre-temps, mais la mort d'un patron, mais le refroidissement d'un ami, mais la faveur d'un concurrent, mais quelque sujet que ce soit, a tout à coup rendu inutiles tant de démarches et tant de mouvemens. Comme cette tour de Babylone, l'ouvrage est demeuré imparfait; et de cette fortune qu'on vouloit bâtir, il n'est resté que la douleur d'y avoir perdu ses peines, et vainement consumé ses jours. Ils édifieront, dit le Seigneur, et de mon souffle je disperserai tout ce qu'ils auront amassé de matériaux et fait de préparatifs. 2. Combien y en a-t-il qui, plus heureux en apparence, ont obtenu ce qu'ils souhaitoient? tous les chemins leur ont été ouverts, tout les a soutenus; mais dans leur élévation, à quoi se sont-ils vus exposés ? à la censure et aux mépris, aux plaintes et aux murmures, aux traverses et aux contradictions, aux alarmes continuelles, aux affaires les plus désagréables, aux embarras les plus accablans, aux dégoûts et aux déboires les plus affreux: de sorte qu'ils ont été forcés de reconnoître que dans la médiocrité de leur premier état, ils étoient mille fois, et plus honorés du public, et plus contens en eux-mêmes; ils se promettoient de marcher dans des voies tout aplanies, mais Dieu les a semées d'épines. 3. Combien d'autres, après avoir vécu un certain nombre d'années dans la splendeur, et y avoir eu tout l'agrément qu'ils pouvoient attendre, ont été renversés par une disgrâce? De quelles chutes avons-nous enten

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TOME XV.

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du parler, et avons-nous même été témoins? Tout s'est éclipsé des familles entières sont tombées avec leur chef, et l'éclat des pères n'a pu passer jusques aux enfans; car ce sont-là les coups du bras tout-puissant de Dicu, et c'est ainsi qu'il abat de leur trône les potentats qui se confioient en leur pouvoir. 4. Encore s'il daignoit les consoler dans leur infortune; mais parce que jamais ils ne se sont occupés de Dieu, et que jamais ils n'ont su recourir à Dieu, il les livre à leurs noires mélancolies. Il les voit se ronger, se désoler, dépérir sans verser sur eux une goutte de son onction divine pour leur adoucir l'amertume du calice. Apprenons de Jésus-Christ à être humbles ; c'est ce qu'il vient nous enseigner, et c'est dans notre humilité que nous trouverons tout à la fois et l'innocence et le repos de

nos ames.

MARDI.

Jean-Baptiste condamnant l'attachement aux richesses.

SERMON

SUR L'ATTACHEMENT AUX RICHESSES.

Nihil ampliùs quàm quod constitutum est vobis faciatis.... contenti esto te stipendiis vestris.

Ne demandez point au-delà de ce qui vous est marqué... contentez-vous de votre solde. Luc. 3.

RIEN de plus juste que cette règle de conduite; rien de plus conforme à la droite raison. Les publicains à qui parloit Jean-Baptiste, établis pour recevoir les deniers publics, ne devoient point grossir leur recette, en exigeant au-delà du prix ordinaire; et les soldats, contens de leur solde, ne devoient rien prétendre au-dessus de ce qui leur étoit assigné par l'ordre du prince. Que de désordres cesseroient, si l'on se conduisoit dans tous les états selon cet esprit d'équité! mais une insa

tiable avarice semble l'avoir banni du monde, et si l'iniquité règne dans toutes les conditions, on peut dire que c'est surtout par l'attachement aux richesses. Passion qu'il nous importe infiniment de déraciner de nos cœurs, et rien ne doit plus fortement nous y exciter, que d'en considérer les divers caractères; car c'est une passion vaine, inquiète dans ses mouvemens, dangereuse dans ses effets. Passion la plus vaine dans son objet; ce sont les biens temporels qu'elle se propose : premier point. Passion la plus inquiète dans ses mouvemens; ce sont les soins fatigans et les embarras où elle jette: second point. Passion la plus dangereuse dans ses effets; ce sont les injustices qu'elle fait commettre aux dépens de la conscience et du salut: troisième point. Bienheureux les pauvres de cœur, qu'un saint détachement dégage d'une passion si frivole, si importune, si pernicieuse!

PREMIER POINT. Passion la plus vaine dans son objet. Il ne s'agit point ici de la vue sage et modérée qu'on peut avoir de ne pas manquer dans son état, et de s'y soutenir honnêtement. C'est une prudence, et Salomon lui-même demandoit à Dieu de ne pas tomber dans l'extrême pauvreté ; mais il ne souhaitoit pas avec moins d'ardeur que Dieu le préservât de la passion des richesses, la regardant comme une des passions les plus frivoles et les plus vaines.

En effet, à quoi aspire-t-elle, et pourquoi y aspiret-elle ? 1. A quoi aspire-t-elle ? aux biens de la vie, à les amasser, à les multiplier, à les accumuler; car c'est une de ces deux sangsues qui nous sont représentées au livre des Proverbes, et qui, ne se trouvant jamais remplies, ne cessent point de crier Apporte, apporte (1). Orqu'est-ce que ces biens qui allument une soif si ardente? des biens temporels, passagers, péris

(1) Prov. 30.

sables; des biens qu'on acquiert aujourd'hui, et qu'on perd demain; des biens qui du moins un jour nous seront certainement enlevés, et dont on n'emportera rien avec soi; des biens qui nous causeront d'autant plus de douleur quand, malgré nous, il les faudra quitter, que nous y aurons été plus attachés. En vérité, pour peu qu'on raisonne, peut-on ne pas voir que des biens de cette nature ne doivent point faire naître des désirs si vifs, et que de s'en infatuer, de s'en infatuer, c'est une vanité et une foiblesse pitoyable?

2. De plus, cette passion si aveugle, pourquoi aspire-t-elle à ces biens visibles et terrestres? Est-ce pour en jouir? est-ce pour en goûter les douceurs ? C'est seulement et précisément pour les posséder; car pour en jouir, il faudroit en user, et l'usage les diminueroit. Or c'est ce qu'une ame intéressée ne veut point. On veut toujours mettre en réserve, et jamais ne rien ôter. De là, jusqu'au milieu de l'abondance, les plus sordides épargnes. Au lieu que l'Apôtre, plein de l'esprit de l'évangile, disoit: Nous n'avons rien, et nous possédons tout(1); l'avare, idolâtre de son trésor, doit dire : J'ai tout, et je vis comme ne possédant rien. Qui donc jouira de tant de biens? des héritiers, et non point le maître qui les a actuellement dans les mains. Voilà ce que le SaintEsprit dans la sagesse appelle une grande misère, et ce que nous pouvons appeler une insigne folie.

SECOND POINT. Passion la plus inquiète dans ses mouvemens. C'est pour cela que l'évangile compare les richesses à des épines, qui de leurs pointes piquent le cœur et déchirent l'ame. Inquiétude dans l'acquisition des biens après lesquels on soupire; et inquiétude dans leur possession.

1. Inquiétude dans l'acquisition: car ces biens ne vien

(1) 2. Cor. 6.

nent pas se présenter d'eux-mêmes; il faut les rechercher, et ce n'est pas sans peine qu'on les trouve. Mille obstacles s'opposent aux desseins qu'on forme, mille accidens les dérangent et les arrêtent. Cependant la passion d'avoir, sollicite, presse, ne peut souffrir de retardement, tant elle est précipitée, ne peut se contenter de rien, tant elle est avide. De là donc les troubles et les agitations. On se surcharge de travail, d'affaires, d'entreprises. L'une terminée, on s'engage dans une autre, et souvent même on les embrasse toutes à la fois. On y pense la nuit, on s'en occupe le jour; on y sacrifie son repos, on y altère sa santé, on y expose sa vie. A force de vouloir se procurer un prétendu bonheur, que l'imagination fait consister dans l'opulence, on se rend malheureux, et l'on consume ses années dans un tourment que la mort seule finit.

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2. Inquiétude dans la possession. Il n'en coûte pas moins pour conserver, que pour acquérir. Ce qu'on aime, on craint de le perdre; et plus on l'aime, plus les alarmes sont fréquentes: car on les prend aisément. Une perte qui arrive, chagrine, et est capable de désoler un homme,à qui néanmoins il reste d'ailleurs beaucoup plus qu'il ne lui faut pour être en état de porter le dommage qu'il a souffert. Parce qu'on est âpre sur l'intérêt, on ne veut rien laisser inutile; mais on prétend que tout ce qu'on a profite; et ce sont toujours pratiques nouvelles, toujours nouvelles fatigues. On ne veut rien céder, rien relâcher de ses droits; on les exige à la rigueur, et de là les contestations, les démêlés, les procès. Il n'y a làdessus qu'à interroger tant de riches du siècle, et qu'à les faire parler. Leur convoitise les dévore; mais s'ils savoient la contenir et la régler, avec une fortune un peu moins ample, ils vivroient beaucoup plus tranquilles, et cette paix vaudroit mieux que toutes leurs richesses.

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