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la défigurer tellement à nos yeux, qu'elle nous devient méconnoissable. Par quelque organe qu'elle tâche alors de se faire entendre, sa voix est trop foible, et ne peut parvenir jusqu'à nos oreilles. Ce n'est plus, à nous en croire, cette voix si intelligible et si distincte; mais c'est une voix obscure et sombre, qu'il faut éclaircir. De là donc cette autorité de l'Eglise qu'on portoit si loin et qu'on faisoit tant valoir, on la conteste, on la restreint, on lui prescrit des bornes, et des bornes très-étroites; c'est-à-dire qu'on prétend la régler selon son gré, et qu'au lieu de dépendre d'elle, on veut la faire dépendre de nous et de nos idées. En vérité, est-ce là obéir; et quelque soumis que l'on soit d'ailleurs ou qu'on le paroisse, n'est-ce pas ici qu'il faut dire avec saint Jacques: Celui qui pèche dans un point, se rend coupable sur tout le reste (1).

Actions de grâces d'une ame fidèle et inviolablement attachée à l'Eglise.

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Grâces immortelles vous soient rendues, Seigneur, de m'avoir fait naître au milieu de votre Eglise, de m'avoir mis au nombre des enfans de votre Eglise, de m'avoir nourri du pain, je veux dire, de la doctrine de votre Eglise de cette Eglise formée du sang de votre Fils adorable, són chef invisible, dont saint Pierre, et après lui ses successeurs, tiennent la place en qualité de chef visible; de cette Eglise catholique, apostolique, romaine, la seule vraie Eglise; de cette Eglise la colonne de la vérité, et contre laquelle toutes les puissances de l'enfer n'ont jamais prévalu, ni ne prévaudront jamais.

Voilà, mon Dieu, le choix qu'il vous a plu faire de moi, parmi tant d'autres que vous avez laissés dans les ténèbres de l'infidélité et de l'erreur; et voilà ce que je

(1) Jac. 2.

dois regarder comme une marque de prédestination dont je ne puis assez vous bénir, ni vous témoigner assez ma reconnoissance. Combien de peuples sont nés dans l'idolâtrie, et ont reçu depuis leur naissance une éducation toute païenne! La nuit s'est répandue sur la terre; elle a enveloppé dans ses ombres les plus vastes contrées les pères ont méconnu le vrai Dieu, et les enfans instruits, ou plutôt séduits par leurs pères, ont prodigué, comme eux, leur encens à de fausses divinités. Vous l'avez permis, Seigneur, et vous le permettez encore par un de ces jugemens où nos vues ne peuvent pénétrer, et où nous n'avons d'autre recherche à faire que d'adorer en silence la profondeur de vos conseils. Combien même, jusques au milieu du christianisme, sont nés dans l'hérésie, l'ont sucée avec le lait, y ont vécu, et ont eu le malheur d'y mourir ! Pourquoi n'ont-ils pas été éclairés de votre lumière comme moi; ou pourquoi ne suis-je pas tombé comme eux dans un sens réprouvé? C'est une distinction que je dois estimer par-dessus tout, et dont je dois profiter; mais du reste, c'est un secret de providence qui passe ma raison, et dont il ne m'appartient pas de découvrir le mystère.

Vous avez encore plus fait, Seigneur ; et me faisant naître dans le sein de votre Eglise, vous m'avez donné une religieuse et pieuse affection pour cette sainte mère, pour ses intérêts, pour son honneur, pour son affermissement et son agrandissement. Car si je me trouve aussi sensible que je le suis, et que je fais gloire de l'être, à tout ce qui la touche, à tout ce qui peut blesser ses droits, à tout ce qui peut affoiblir son autorité, c'est à vous que je me tiens redevable de ces sentimens. C'est vous, mon Dieu, qui me les avez inspirés, et c'est ce que je compte pour une de vos grâces les plus particulières.

Hélas! entre les enfans même que l'Eglise a élevés,

qu'elle a tant de fois reçus à ses divins mystères, pour qui elle a employé tous ses trésors, nous n'en voyons que trop qui la traitent avec la dernière indifférence, et je pourrois ajouter avec le dernier mépris. Gens toujours déterminés à railler de ses pratiques, à censurer la conduite de ses ministres, à se faire un divertissement et un jeu de ses troubles, de ses scandales, de ses afflictions et de ses pertes. Ah! Seigneur, si votre Apôtre veut que nous pleurions avec ceux qui pleurent, et que nous nous réjouissions avec ceux qui ont sujet de se réjouir, fussent-ils d'ailleurs nos plus déclarés ennemis, à combien plus forte raison devons-nous prendre part, et nous intéresser aux divers états de notre mère, à ses avantages et à ses disgrâces?

Pour moi, mon Dieu, quoique le plus indigne de ses enfans, j'ose le dire, et je ne perdrai rien de l'humilité, et de la basse estime de moi-même qui me convient, en me rendant devant vous et à votre gloire, ce témoignage, que tout ce qui part de votre Eglise, m'est et me sera toujours respectable, toujours vénérable, toujours précieux et sacré ; que tout ce qui s'attaque à elle me blesse dans la prunelle de l'œil, ou plutôt par l'endroit le plus vif de mon cœur ; et que dans toutes ses épreuves et toutes ses douleurs, elle ne sent rien que je ne ressente avec elle. Oui, Seigneur, je le dis encore une fois, et dans cette confession que je fais en votre présence, et que je serois prêt de faire en présence du monde entier, je trouve une consolation que je ne puis exprimer, parce que j'y trouve un des gages les plus certains de mon salut.

Cependant, Seigneur, puisque j'ai commencé à raconter vos miséricordes envers moi, je n'ai garde d'omettre celle qui m'est encore la plus chère, et qui me découvre plus sensiblement les vues de votre aimable providence sur ma destinée éternelle : c'est, mon Dieu, cet esprit de docilité dont je me sens heureusement

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prévenu à l'égard de l'Eglise et de ses décisions. Vous nous l'avez prédit, Seigneur, que dans tous les temps il y auroit des contestations, des schismes, des partialités, et votre parole s'accomplit de nos jours, comme elle s'est accomplie dans les siècles qui nous ont précédés. Je vois bien des mouvemens et des agitations; j'entends bien des discours et des raisonnemens. L'un me dit : Le Christ est ici; l'autre : Il est là. Mais dans ce tumulte, et parmi tant de questions qui partagent les esprits, je vais à l'oracle, je consulte l'Eglise, et je m'arrête à ce qu'elle m'enseigne. Dès qu'elle a parlé, je me soumets et je me tais. Je n'écoute plus, ni celuici, ni celui-là ; ou je ne les écoute que pour rejeter l'un parce qu'il n'écoute pas l'Eglise, et pour me joindre à l'autre parce qu'il fait profession comme moi de n'écouter que l'Eglise.

Par là, mon Dieu, je me dégage de bien des embarras, et dans un moment je lève toutes les difficultés : car j'en ai tout d'un coup la résolution dans mon obéissance à l'Eglise. Par là ma foi devient plus pure, plus ferme, plus assurée et plus tranquille. Au milieu de toutes les tempêtes et de tous les orages, je me jette dans la barque de Pierre ; et toute battue qu'elle est des flots, j'y goûte la douceur du calme le plus profond. Je passe à travers les écueils et je ne crains rien pourquoi? c'est que je sais que dans la barque de Pierre, il n'y a pour moi ni écueils ni naufrages à craindre.

Ce n'est pas là sans doute, Seigneur, une de vos moindres faveurs. Que dis-je, et ne puis-je pas avancer que cet esprit docile et soumis est le premier caractère de vos élus ? Quand j'aurois tous les autres signes qui les font connoître, si je n'avois pas ce caractère essentiel, toutes mes espérances seroient renversées. Mais, mon Dieu, si d'autres me manquent, ah! du moins j'ai celui-ci, et vous ne permettrez pas que jamais je vienne à le perdre. De cette sorte, quelque peu de bien que

7༠ ACTIONS DE GRACES D'UNE AME FIDÈLE. je fasse, je le ferai avec confiance, parce que je le ferai dans votre Eglise. Hors de là que ferois-je sur quoi je pusse compter? car une vérité capitale et un principe incontestable dans la religion, c'est qu'il n'y a point de salut hors de l'Eglise. Vous nous l'avez ainsi déclaré vous-même dans votre évangile, et dans les termes les plus exprès, lorsque vous nous avez donné pour maxime de regarder comme un publicain, et comme un païen, quiconque n'est pas uni à l'Eglise, et ne lui rend pas le devoir d'une obéissance filiale. Or puisque hors de l'Eglise il n'y a point de salut, il doit s'ensuivre que tout le bien qui ne se fait pas dans sa communion n'est qu'un bien apparent ; que toutes les vertus qui se pratiquent, ne sont que des vertus vides, et sans mérite par rapport à l'éternité ; qu'on n'est rien devant vous, et que rien ne profite pour s'avancer dans votre royaume. Tellement que, séparé de l'Eglise, en vain je ferois des miracles, en vain je transporterois les montagnes, je prédirois l'avenir, je répandrois tout ce que je possède en aumônes, je livrerois mon corps à la mort. Avec tout cela je ne pourrois être qu'un anathême, et je serois immanquablement rejeté, parce que, selon votre témoignage même, je n'entrerois pas par la porte, et que je ne serois pas de vos brebis.

Je veux donc, Seigneur, comme le Prophète, je veux confesser votre saint nom; mais je le veux confesser dans votre Eglise (1). Je veux publier vos grandeurs, et célébrer vos louanges; mais je les veux célébrer dans votre Eglise. Je veux annoncer votre parole et vos divines vérités ; mais je les veux annoncer dans votre Eglise. C'est la sainte montagne d'où votre loi devoit sortir; c'est le temple auguste où les peuples devoient s'assembler de toutes les parties du monde, pour vous offrir leur encens et vous adresser leurs vœux; c'est le sanctuaire où vous voulez recevoir notre culte, (1) Ps. 84.

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