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ce qu'on vous rebat continuellement, et ce qu'on tâche de vous imprimer dans l'esprit, et voilà en même temps ce qui vous rassure; mais n'est-ce point une fausse assurance que celle où vous êtes? ne vous trompezvous point? ne vous trompe-t-on point? Un doute de cette nature, et sur un sujet de cette importance, mérite bien que vous preniez soin de l'éclaircir. Or où en chercherez-vous l'éclaircissement, et où le trouverez-vous ? vous l'avez dans vos mains et sous vos yeux; car je vous renvoie toujours au même oracle, qui est l'Eglise. Voyez quel jugement est émané de son tribunal; lisez et convainquez-vous. Quoi! ce que l'Eglise, ce que son chef visible, ce que ses pasteurs qualifient de scandaleux, de faux, d'hérétique, vous le regarderez comme indifférent par rapport à la foi? Ces anathêmes partis du siège apostolique et secondés de tant d'autres qui les ont accompagnés ou suivis dans les Eglises particulières, tout cela ne vous étonne point? vous pouvez tenir contre tout cela? vous pouvez vous figurer que tout cela ne tombe que sur de pures opinions, que sur des opinions permises et arbitraires? Vous me répondez qu'on vous le dit de la sorte: mais qui sont ceux qui vous le disent? quels qu'ils puissent être, devez-vous compter sur leur témoignage, lorsque vous le voyez démenti par l'Eglise universelle?

III. Est-ce politique ? Car la politique se mêle dans les affaires de religion comme dans toutes les autres. On veut garder des mesures; et quoiqu'on pense ce qu'on doit penser, on prétend avoir de bonnes raisons pour ne pas parler de même. Il ne reste donc que l'une de ces deux choses à faire ou de parler autrement qu'on ne pense, et ce seroit une mauvaise foi dont on n'est pas capable et dont on ne pourroit porter le reproche au fond de sa conscience; ou de ne point parler du tout, et de ne rien dire, et c'est à ce milieu qu'on s'en tient comme au tempérament le plus juste et le plus sage.

Je ne suis, dit-on, ni ne veux être rien : j'ai mes vues j'ai mes prétentions; et pour y réussir, il faut être ami de tout le monde. Ces gens-là peuvent m'être utiles dans les rencontres, ou ils me le sont même actuellement. D'ailleurs ce sont la plupart des personnes de connoissance, et j'ai toujours été en commerce avec eux; la prudence m'engage à les ménager. La prudence? mais quelle prudence? la prudence de la chair. Or, selon saint Paul, cette prudence de la chair est ennemie de Dieu (1); et puisqu'elle est ennemie de Dieu, il s'ensuit que c'est une prudence criminelle devant Dieu et réprouvée de Dieu.

Comment ne le seroit-elle pas? Y a-t-il raison de fortune, de parenté, de société; y a-t-il considération et intérêt humain, qui doive vous lier la langue, et vous empêcher de vous déclarer, de vous élever pour la cause de l'Eglise, et pour celle du Seigneur? On vous parle tant en d'autres conjonctures des engagemens de votre baptême, et ils sont grands en effet. A Dieu ne plaise que j'en diminue l'obligation. Mais plus ils sont grands, plus ils sont authentiques et solennels, et plus vous êtes coupable de les soutenir si mal. Est-ce là ce que vous avez promis à Dieu et à son Eglise sur les sacrés fonts où vous fûtes régénéré en Jésus-Christ? Avezvous renoncé au monde, pour vous conduire par des vues si mondaines? Du moins si c'étoit en ce qui regarde le monde mais en matière de foi, quelle part la sagesse du monde doit-elle avoir ? Qu'y a-t-il de commun entre la justice et l'iniquité, entre la lumière et les ténèbres; et qu'a le fidèle à partager avec l'infidèle! (2)

Soyez sage et circonspect, je le veux, et je suis le premier à vous y exhorter: mais soyez-le avec cette sobriété que demande l'Apôtre; soyez-le jusqu'à certain point, et non au-delà. Ayez des égards, j'y consens; mais n'en ayez que jusqu'à l'autel. Car à l'autel, c'est

(1) Rom. 8. (2) 2. Cor. 6,

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à-dire, quand la religion est en compromis, et qu'il y va de l'honneur et de l'autorité de l'Eglise, vous devez oublier tout le reste, et ne vous souvenir que des paroles du Fils de Dieu : Quiconque aura quitté pour mon nom sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfans, ou ses héritages, je le mettrai au nombre de mes disciples, et il possédera la vie éternelle (1). Voilà une promesse bien avantageuse; mais écoutez en même temps une menace bien terrible, et digne de toute votre réflexion Celui qui sauve sa vie, la perdra; et celui qui la perdra pour moi, la sauvera (2). Dans le sens de l'évangile, qu'est-ce que cela signifie? Ce que vous ne pouvez trop méditer : savoir, qu'en toutes choses, mais surtout dans les choses de Dieu, on ne doit point tant avoir de ménagemens pour le monde, et qu'en voulant se sauver pour le temps présent, on se perd pour l'éternité.

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IV. Est-ce insensibilité? est-ce que vous vous souciez peu de tout ce qui concerne l'Eglise et la religion? Mais à quoi serez-vous donc sensible, si vous ne l'êtes pas à ce qui touche la foi que vous devez professer, où vous devez vivre, et où vous devez mourir? Est-il rien qui vous soit plus important que de la conserver pure, cette foi, laquelle doit être le fondement de votre sanctification et de votre salut.

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Vous me direz Je ne l'attaque pas. Non, vous ne l'attaquez pas directement; mais vous souffrez qu'on l'attaque impunément; mais on l'attaque, et vous ne vous y opposez pas; mais vous ne la soutenez pas, mais vous ne la défendez pas. Or quiconque n'est pas pour elle, est contre elle; de même que quiconque n'est pas pour Jésus-Christ, est contre Jésus-Christ (3). Vous me direz: Il n'est question que de quelques points; et faut-il tant se remuer pour cela et se troubler? Je le (1) Matth. 19. (2) Matth. 10. -(3) Matth. 12.

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sais; ce n'est que de quelques points; mais ce sont des points essentiels, ce sont des points de foi. Or, à l'égard de la foi, tout est d'une extrême conséquence, et il n'y a rien à négliger. Vous me direz: Ce n'est pas là mon affaire; mais de qui sera-ce donc l'affaire? Est-ce l'affaire des hérétiques? est-ce l'affaire des infidèles? ou n'est-ce pas l'affaire de tous les enfans de l'Eglise, de s'intéresser pour leur mère, et de résister en face à ses ennemis? Je dis l'affaire de tous les enfans de l'Eglise : car c'est une affaire commune, et chacun y est pour soi, quoique différemment et par proportion. Ah! de tous ceux qui tiennent pour le parti contraire, j'ose avancer qu'il n'y en a pas un, ou presque pas un, qui ne se fasse une affaire de l'appuyer de toutes ses forces. On a du zéle pour le mensonge: on en manque pour la vérité. Vous me direz Quand je me déclarerai, la cause de l'Eglise n'en sera pas meilleure. Et que suis-je en effet? De quel poids peut être le suffrage d'un homme comme moi, d'un homme sans lettres et sans étude? On vous l'accorde: l'Eglise peut fort bien se passer de votre suffrage; et si l'on vous presse de vous déclarer, ce n'est point précisément afin que la cause de l'Eglise en devienne meilleure, mais c'est afin que vous-même, en vous déclarant, vous en soyez meilleur. C'est, dis-je, afin que vous vous acquittiez de votre devoir envers l'Eglise; afin que vous rendiez à l'Eglise l'hommage d'une soumission publique qu'elle exige de vous, et que vous ne pouvez lui refuser sans violer ses droits, et sans être coupable. De sorte que je puis appliquer ici ce que disoit saint Augustin dans l'affaire du pélagianisme, et à l'occasion de quelques-uns qui gardoient le silence, et ne vouloient point donner à connoître ce qu'ils pensoient: Faisons-leur, écrivoit ce saint docteur à Sixte, seulement prêtre alors, et depuis pontife, faisons-leur une salutaire violence pour les attirer à

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NEUTRALITÉ DANS LES CONTESTATIONS, etc. nous, non point dans la crainte qu'ils ne nous nuisent, mais dans la crainte qu'ils ne se perdent.

V. Est-ce lâcheté? Elle seroit honteuse dans le service d'un prince de la terre; et pour en éviter la honte, il n'y a point de péril où l'on ne s'exposât: on n'y épargneroit pas sa vie. Mais présentement, qu'est-ce que je vous demande au nom de l'Eglise? Une parole, un simple témoignage de votre déférence à ses sentimens, et vous n'avez pas assez de résolution pour la prononcer, cette parole, ni pour le donner, ce témoignage! Où donc est l'esprit du martyre, dont tout catholique doit être animé? Mais encore que craignezvous, et qui craignez-vous? Faut-il si peu de chose pour vous étonner?

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Malheureuse neutralité qui forme tant de fausses consciences! car, sous le frivole et vain prétexte qu'on demeure à l'écart, et qu'on ne prend part à rien, on croit sa conscience en sûreté : comme si la foi ne vouloit de nous point d'autre confession que le silence. Neutralité scandaleuse : c'est un outrage que vous faites à l'Eglise de n'oser pas vous ranger de son côté, ni professer ouvertement ce qu'elle vous enseigne. D'ailleurs, à combien de gens persuadez-vous par votre conduite, que vous ne recevez pas le jugement que l'Eglise a porté, et que dans le cœur vous le rejetez, quoiqu'au dehors vous gardiez des mesures et que vous affectiez de paroître neutre? A combien d'autres donnez-vous au moins lieu de penser qu'ils n'ont pas plus à se mettre en peine que vous, et que le mieux est de laisser toutes ces affaires comme indécises? Ils se déclareroient, si vous vous étiez une bonne fois déclaré vous-même. Neutralité que l'Eglise aussi dans tous les temps a condamnée et traitée de prévarication.

Enfin, neutralité favorable à toutes les hérésies, et

qui

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