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qui sert à les établir et à les répandre. Car de même que dans une guerre civile les factieux sont contens, pourvu qu'on ne s'oppose point à leurs entreprises, ainsi les hérétiques ne souhaitent rien davantage, sinon qu'on ne les contredise point et qu'on ne forme aucun obstacle à leurs progrès. Ils savent bien du reste s'aider et se fortifier. Ce sont les premiers à demander la neutralité; mais à condition qu'ils ne l'observeront pas, et qu'ils n'omettront rien pour agir sourdement et plus efficacement. Ce sont les premiers à demander la paix : mais bien entendu qu'ils profiteront de cette paix pour continuer la guerre avec d'autant plus de succès, qu'elle se fera avec moins d'éclat. Une infinité de personnes, même de ceux qui ne sont point mal intentionnés, se laissent surprendre à ce piége. Que ne vit-on en paix, disent-ils, et pourquoi tout ce bruit? J'aimerois autant, quand le loup est dans la bergerie, et que le berger crie de toutes ses forces pour appeler au secours, qu'on lui demandât pourquoi il se donne tant de mouvemens et fait tant de bruit. Sans ces mouvemens, sans ce bruit, que deviendroit le troupeau? La paix est à désirer: qui en doute? mais il faut que ce soit une bonne paix.

Pensées diverses sur l'Eglise et sur la soumission qui lui est due.

Il y en a qui des intérêts de l'Eglise font leurs propres intérêts, et il y en a qui, de leurs intérêts propres, font les intérêts de l'Eglise. Grande différence des uns et des autres. La disposition des premiers est bonne et toute sainte, et celle des seconds est mauvaise et toute profane. Que veux-je dire? le voici. Les uns font des intérêts de l'Eglise leurs intérêts: comment, propres où? par leur zèle pour l'Eglise, par leur atta

et par

chement inviolable à l'Eglise, par la sensibilité de leur

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TOME XV.

cœur sur tout ce qui a rapport à l'Eglise; soit sur ses avantages, pour y prendre part et s'en réjouir; soit sur ses disgrâces, pour s'en affliger et y compatir. De sorte que, sans égard à aucun intérêt personnel, ils envisagent d'abord en toutes choses les intérêts de l'Eglise, et y adressent toutes leurs intentions et tous leurs désirs. Mais les autres se conduisent par un principe et un sentiment tout opposé. Ils font de leurs intérêts propres les intérêts de l'Eglise; c'est-à-dire, que pour autoriser l'ardeur qu'ils témoignent à rechercher les dignités ecclésiastiques, ils se regardent volontiers comme des sujets utiles à l'Eglise, comme des gens capables de rendre à l'Eglise des services importans, et d'y faire beaucoup de bien. Beaucoup de bien! Hé que ne sont-ils de meilleure foi, et que ne connoissent-ils mieux le fond de leur ame! Leur vue directe et primitive n'est pas tant le bien qu'ils feront dans l'Eglise, que le bien et les revenus dont ils y jouiront.

On ne peut trop respecter la primitive Eglise ; mais Ja haute idée qu'on en a, ne doit pas servir à nous faire mépriser l'Eglise des derniers siècles. Dans la primitive Eglise, parmi beaucoup de sainteté, il ne laissoit pas de se glisser des relâchemens; et dans l'Eglise des derniers siècles, parmi les relâchemens qui s'y sont glissés, il ne laisse pas d'y avoir encore beaucoup de sainteté.

OSERAI-JE faire une comparaison? Elle est odieuse, mais elle n'en est pas moins juste. N'avoir pour l'Eglise et pour ses jugemens qu'une soumission de respect; ne lui rendre qu'un honneur apparent et extérieur; ne déférer à ses oracles que par le silence, lorsqu'en secret on s'élève contre elle, lorsqu'on lui résiste dans le cœur, et même par les effets: n'est-ce pas traiter cette épouse de Jésus-Christ comme Jésus-Christ lui-même, son divin époux, fut traité des soldats auxquels on l'a

bandonna dans sa passion? Ils le couronnèrent, ils lui mirent un sceptre dans la main, ils venoient tour à tour se prosterner à ses pieds et l'adorer : voilà de grands témoignages de respect; mais en même temps ils le frappoient au visage, et lui donnoient des soufflets.

CETTE grande lumière du monde chrétien, ce docteur par excellence et ce défenseur de la grâce, cet homme d'un génie si élevé et d'une si haute réputation dans tous les siècles qui l'ont suivi, saint Augustin, en traitant des matières de religion, ne vouloit pas qu'on le crût sur son autorité particulière, ni sur sa parole, mais il renvoyoit au témoignage de l'Eglise. Aujourd'hui des troupes de femmes, faisant profession de piété, et conduites par un directeur, qui certainement n'est rien moins que saint Augustin, se laissent tellement prévenir en sa faveur, que dès qu'il a parlé, elles ne veulent déférer à nul autre tribunal, quel qu'il soit. Ce seul homme, souvent d'un savoir très-superficiel, voilà leur évêque, leur pape, leur Eglise.

On me dira qu'elles agissent de bonne foi, et que leur simplicité les excuse. Qu'il y ait en cela de la simplicité, j'en conviens: mais il faut aussi convenir qu'il y a encore plus d'opiniâtreté. Or je doute fort qu'une simplicité accompagnée d'un tel aheurtement et de tant d'opiniâtreté, doive être traitée de bonne foi, ou qu'une telle bonne foi puisse être devant Dieu un titre de justification.

Je m'en tiens à ce que m'enseigne mon directeur : c'est le pasteur de mon ame; voilà ma règle. Mais selon cette règle, croyez-vous être en droit de rejeter toutes les décisions de l'Eglise auxquelles ce directeur n'est pas soumis? conduite pitoyable et hors de toute raison. Car quand vous vous élevez contre l'Eglise pour vous attacher à ce directeur, cela montre que vous ne vous

y attachez que par entêtement, et non par le vrai principe, qui est un principe de religion, puisque la même religion qui vous ordonne d'écouter ce pasteur particulier, vous ordonne encore beaucoup plus expressément d'écouter le commun pasteur des fidèles et le corps des évêques qui lui sont unis de communion.

DIEU, par le prophète Isaïe, se plaint qu'il a formé son peuple; qu'il a pris soin de les nourrir comme ses enfans, de les élever, et qu'ils l'ont méprisé (1). Les prédicateurs appliquent quelquefois ces paroles à l'Eglise, et lui font dire, dans un sens moral et spirituel, qu'elle nous a formés en Jésus-Christ; que dès notre naissance et par la grâce de notre baptême, elle nous a reçus entre ses bras et dans son sein; qu'elle nous y a fait croître, et qu'elle n'a point cessé pour cela de nous fournir une nourriture toute céleste, qui sont ses divines instructions et ses sacremens : mais que nous ne lui témoignons que du mépris, que nous la déshonorons, que nous la scandalisons par notre conduite et par une perpétuelle transgression de ses commandemens. Cette application est juste, et cette plainte solide et bien fondée. Mais laissons ce sens spirituel et moral, et prenons la chose dans le sens des termes le plus littéral, dans le sens le plus propre ; l'application n'en sera pas moins raisonnable. Et en effet, combien de gens ne sont distingués que par le rang qu'ils tiennent dans l'Eglise, ne sont riches que des biens de l'Eglise, ne vivent que du patrimoine de l'Eglise, et sont toutefois les plus rebelles à l'Eglise et les plus déclarés contre elle? C'est bien à leur sujet, et bien à la lettre, que l'Eglise peut dire, des uns: Je les ai nourris (2), et la subsistance qui peut-être leur eût manqué dans le monde, ils l'ont trouvée à l'autel ; des autres: Je les ai élevés (3), agrandis, et sans l'éclat qui leur vient de (1) Isai. 1.- (2) Enutrivi. (3) Exaltavi.

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moi, peut-être ne seroient-ils jamais sortis de l'obscurité et des ténèbres. Cependant, leur reconnoissance, à quoi se réduit-elle? à une obstination invincible contre mes plus sages et mes plus saintes ordonnances (1).

On voit des femmes d'un zèle merveilleux pour la réformation de l'Eglise : c'est-là leur attrait, c'est leur dévotion. Elles entrent dans toutes les intrigues et tous les mystères: car certain zèle n'agit que par mystères et que par intrigues. Elles s'entremettent dans toutes les affaires. Mais cependant si l'on vient à examiner ce qui se passe dans leur maison, on trouve que tout y est en désordre, Un mari, des enfans, des domestiques en souffrent; mais c'est de quoi elles sont peu inquiètes. Pour leur citer l'Ecriture, qu'elles ont si souvent dans les mains et où elles se piquent tant d'être versées et intelligentes, on peut bien leur dire avec saint Paul : Celui qui ne prend pas soin de sa propre maison, comment veut-il prendre soin de l'Eglise de Dieu? (2)

ZÈLE pour l'Eglise, zèle qu'on ne peut louer assez, ni assez recommander. Mais du reste, c'est une vertu; et toute vertu consiste dans un milieu et dans un juste tempérament, qui évite toutes les extrémités. Vous prenez les intérêts de l'Eglise, et en cela vous faites votre devoir, et le devoir de tout chrétien, de tout catholique. Mais ne les prenez-vous point quelquefois plus que l'Eglise ne les prend elle-même ? Pourquoi ces abattemens, ces désolations où vous tombez? Pourquoi ces inquiétudes, ces alarmes continuelles? Pourquoi ces aigreurs, ces amertumes de cœur? N'omettez rien de tout ce qui dépend de votre vigilance et de votre attention; parlez, agissez mais au regard du succès, laissez à Dieu le soin de son Eglise; c'est son affaire plus que la vôtre. Le mal vient de ce qu'il se glisse (1) Spreverunt me. (2) 1. Ad Tim. 3.

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