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dans la plupart de ces disputes, beaucoup de naturel, beaucoup d'humain. Si l'on n'y prend garde, de religion devient une guerre de passion.

guerre

Ce n'est pas toujours par la profession que nous faisons d'être attachés à l'Eglise, qu'on peut bien discerner si nous sommes vraiment catholiques, ou si nous ne le sommes pas. Il n'y a point de langage plus ordinaire aux hérétiques et aux novateurs, que de témoigner dans leurs discours et dans leurs écrits un grand attachement à l'Eglise, que de prêcher la soumission à l'Eglise, que d'exhorter les fidèles à prier pour l'Eglise, Mais quelle est cette Eglise pour laquelle ils semblent si zélés? une Eglise à leur mode, et qu'ils se sont faite ; une Eglise, ou plutôt une secte séparée de la vraie Eglise. Voilà ce qu'ils entendent sous ce titre pompeux d'Eglise, et voilà ce qui éblouit les simples et ce qui les trompe. La voix est de Jacob, mais les mains sont d'Esau (1). C'est donc à la règle et au caractère distinctif que nous a marqué saint Ambroise, qu'il faut s'en tenir. Ce Père parle de Satyre, son frère, et voici ce qu'il en dit. Après un naufrage d'où il étoit échappé, il voulut en action de grâces participer au sacrement de l'autel, et dans cette pensée, il s'adressa à l'évêque du lieu. Mais comme c'étoit un temps de division et de schisme, il s'informa d'abord si cet évêque étoit catholique : C'est-à-dire, ajoute saint Ambroise, expliquant ce terme de catholique, s'il étoit uni de communion et de créance avec l'Eglise romaine (2). Car sans cela, Satyre ne reconnoissoit point de vraie catholicité, et n'en devoit point reconnoître.

Tout est subordonné dans l'Eglise : mais ce grand principe, ce principe si raisonnable et si essentiel pour la conduite et le bon ordre de toute société, nous l'en

(1) Genes. 27. (2) Ambr.

tendons diversement, selon les divers rapports sous lesquels nous le considérons. A l'égard de ceux qui dépendent de nous, nous sommes les plus rigides et les plus implacables défenseurs de la subordination. Mais s'il s'agit d'une puissance supérieure de qui nous dépendons nous-mêmes, c'est sous ce rapport que la subordination n'excite plus tant notre zèle: il se ralentit beaucoup, et même il s'éteint absolument. Ainsi, entendez parler un supérieur ecclésiastique de ceux qui sont soumis à sa juridiction; ce sont des plaintes perpétuelles du peu de docilité qu'il trouve dans les esprits; ce sont de profonds gémissemens sur le renversement de la discipline, parce que chacun veut suivre ses idées, et vivre à sa mode; ce sont les discours les plus pathétiques et les plus belles maximes sur la nécessité de la dépendance, pour établir la règle et pour la maintenir. Tout ce qu'il dit est sage, solide, incontestable : mais il seroit question de voir si ce qu'il dit, il le pratique lui-même à l'égard d'une souveraine et légitime puissance dont il relève et à qui il doit se soumettre. Voilà néanmoins ce qui seroit bien plus efficace et plus persuasif, que tant de gémissemens et tant de plaintes, que tant de belles maximes et tant de discours. Peut-être croiroit-on, en se soumettant, affoiblir l'autorité dont on est revêtu, et c'est au contraire ce qui l'affermiroit. Voulons-nous qu'on nous rende volontiers l'obéissance qui nous est due, donnons nous-mêmes l'exemple, et rendons de bonne grâce l'obéissance que nous devons.

DANS les troubles de l'Etat, le bon parti est toujours celui du roi et de son conseil ; et dans les troubles de l'Eglise, en matière de créance et de doctrine, le bon parti est toujours celui du vicaire de Jésus-Christ, du siége apostolique et du corps des évêques.

UN époux infidèle qui quitte son épouse pour en

par de brillantes, mais de fausses peintures; qu'on lui laisse voir toutes les suites du choix qu'elle fait ; qu'on lui propose les objets tels qu'ils sont, et qu'on lui montre les épines dont est semée la voie où elle entre. Car qu'est-ce en effet que la vie religieuse, sinon l'évangile réduit en pratique, et dans la pratique la plus parfaite? et qu'est-ce que l'évangile, sinon une loi de renoncement à soi-même, de mort à soi-même, de guerre perpétuelle contre soi-même ?

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Mais on me dira que ces pensées peuvent décourager une ame et la rebuter; et moi je réponds que c'est de là même au contraire qu'elle peut et qu'elle doit tirer les motifs les plus propres à la résoudre et à l'affermir dans sa résolution: comment ? parce que c'est de là qu'elle apprend à estimer l'état religieux par où il est précisément et souverainement estimable, savoir, comme un état de sanctification, comme un état de perfection, comme un état de salut, comme un état où l'ame religieuse peut amasser chaque jour de nouveaux mérites pour l'éternité, et accumuler sans cesse couronnes sur couronnes. Point capital auquel elle doit uniquement s'attacher, et en quoi elle doit faire consister sur la terre tout son bonheur. Aussi est-ce sur cela seul que le prédicateur lui-même doit insister, et en cela seul qu'il doit renfermer les excellentes prérogatives de la profession religieuse. Quoi qu'il en soit de tout le reste, et quelques couleurs qu'on emploie à l'embellir et à le relever, dès qu'on s'écartera de cette importante considération du salut, je n'hésiterai point à dire en particulier de l'état religieux et des personnes qui s'y engagent, ce que saint Paul disoit en général du christianisme et des chrétiens qui le professoient: Si l'espérance que nous avons se borne à cette vie, de tous les hommes nous sommes les plus malheureux (1).

-(1) 1. Cor. 15.

Voilà ce que je dirai, sans craindre d'en être désavoué par aucun de ceux qui ont quelque connoissance de la vie religieuse, et surtout de ceux qui en ont quelque expérience. Mais du moment qu'on m'alléguera le salut, qu'on me parlera de la vocation religieuse comme d'un gage de prédestination et de salut, qu'on m'y fera reconnoître une prédilection de Dieu et une providence spéciale par rapport à mon salut, ah! c'est alors que je m'écrierai avec le même saint Paul: Au milieu de mes tribulations et dans les plus rudes épreuves de mon état, je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie (1).

J'ajouterai encore, comme le Prophète royal: Un jour dans votre maison, ó mon Dieu! vaut mieux pour moi que mille années parmi les pécheurs du siecle (2). Que j'y sois humilié, dans cette maison de mon Dieu, et que j'y occupe les dernières places; que j'y ressente toutes les incommodités d'une étroite pauvreté, et que j'y porte tout le poids d'une obéissance rigoureuse; que la nature avec toutes ses convoitises y soit combattue, domptée, immolée : il me suffit que ce soit une maison de salut, pour me la rendre non-seulement supportable, mais agréable, mais aimable. Je n'y demande rien autre chose, et c'est là que je porte toutes mes prétentions. Traiter de la sorte le bonheur de la profession religieuse, c'est prendre dans le sujet ce qu'il y a de solide et de réel, et c'est toujours dans chaque sujet à ce qu'il y a de réel et de solide qu'un prédicateur doit s'arrêter; autrement il dira de belles paroles qui frapperont l'air mais sans convaincre les esprits ni toucher les cœurs.

Et il ne faut point me répondre que l'évangile, après tout, que tous les Pères de l'Eglise, fondés sur la parole de Jésus-Christ, promettent au religieux, non-seulement le centuple de l'autre vie, qui est le salut éternel, mais encore dès cette vie présente, un centuple qui ne peut

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être autre chose que le repos dont on jouit et toutes les douceurs qui l'accompagnent. Il est vrai que le Sauveur du monde a parlé de ce double centuple, l'un de la vie future, l'autre du temps présent, puisqu'il a dit dans les termes les plus formels : Personne ne quittera pour moi sa maison, ou ses frères ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses héritages, qui dès à présent ne reçoive cent fois autant, et qui, dans le siècle à venir, n'obtienne la vie éternelle (1). Il n'est pas moins vrai que le centuple de cette vie ne peut être, pour une ame religieuse, que la paix qu'elle goûte dans son état, et qui seule vaut cent fois mieux que tous les héritages et tous les biens auxquels elle a renoncé : car c'est ainsi que les interprètes vérifient ce beau passage de saint Marc, et qu'ils entendent la promesse du Fils de Dieu. Mais qu'estce que cette paix? voilà l'article essentiel et sur quoi de jeunes personnes peuvent être dans une erreur dont il est bon de les détromper au lieu de les y entretenir par des discours flatteurs et de vaines exagérations.

Quand Jésus-Christ donna la paix à ses disciples, il les avertit en même temps que ce n'étoit point une paix telle que le monde la conçoit ni qu'il la désire. Je vous donne ma paix, leur dit ce divin Maître : c'est la mienne, et non point la paix du monde. Cette paix du monde, cette paix fausse et réprouvée, est une paix oisive, molle, fondée sur les aises et les commodités de la vie, sur tout ce qui plaît à la nature et qui satisfait l'amour-propre : mais la paix de l'ame religieuse est établie sur des principes tout contraires, sur la haine de soi-même, sur un sacrifice perpétuel de ses appétits sensuels, de ses inclinations, de ses passions, de ses volontés. Tellement que le religieux ne peut-être content dans sa retraite, qu'autant qu'il sait s'humilier, se crucifier, se vaincre, se rendre obéissant, pauvre, patient,

(1) Marc. 19.

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