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Golifsyn, Avgustin Petrovich, kníazí

GRECO-RUSSE

PAR

LE PRINCE AUGUSTIN GALITZIN

PARIS

AUGUSTE VATON, LIBRAIRE-ÉDITEUR

RUE DU BAC, 50

DIDIER ET Cie, LIBRAIRES

QUAI DES AUGUSTINS, 35

1861

Tous droits réservés.


9-22·45

485 .662

INTRODUCTION

La Russie comprend la neuvième partie de la surface terrestre, la vingt-huitième de tout le globe, la quatrième partie de la population européenne et la quinzième du genre humain. Son histoire et sa géographie sont peu étudiées; sa religion est moins connue que celle de la Chine. En quoi diffère-t-elle de la religion catholique? comment s'est-elle détachée de l'Église ? comment serait-il possible de la ramener? les plus doctes l'ignorent, la plupart ne s'en préoccupent guère. Il est temps, pour plus d'un motif, de secouer cette indifférence, et si la valeur de toute nation, comme celle de tout individu, se résume dans ses rapports avec la Divinité qui l'a placée dans ce monde apparemment dans un but, je crois, en proposant aux recherches historiques et aux méditations consciencieuses les rapports de l'âme russe avec Dieu, notre Sauveur, toucher au

point essentiel du passé de la Russie autant qu'à celui de son avenir. Montrer, l'histoire à la main, que l'Église russe était primitivement catholique, prouver, en ne citant que ses autorités irréfragables, qu'elle est infidèle à son symbole et qu'elle a varié dans ses dogmes, constater, par ses propres aveux, combien elle est mise aujourd'hui en servitude, dégradée par ses ministres, menacée de dissolution par les sectes nombreuses qu'elle a engendrées : tel est le plan de ce travail qui ne prétend être qu'un cri d'alarme et d'amour pour en attirer de meilleurs que son auteur sur le terrain ferme du raisonnement chrétien.

Longtemps moi-même j'ai balancé, et ne savais dans l'isolement à qui m'adresser pour résoudre mes doutes mon esprit avait besoin de mouvement, et on ne me permettait de ne penser et de ne respirer que comme un soldat pense et respire; mon cœur avait besoin de rafraîchissement; plus d'une fois, je suis entré dans une petite église russe avec l'espoir d'en sortir calme et résolu ; — jamais je n'y ai entendu une parole, toujours je n'y ai rencontré qu'un silence de mort; j'ai eu beau chercher, beau me frotter les yeux pour mieux voir; partout je n'ai rencontré que ténèbres, stérilité, un esclavage d'autant plus effrayant qu'il devenait le préjugé des esclaves eux-mêmes, car la servitude change les idées des hommes sur l'honneur et la justice. L'étude, la réflexion du cœur m'ont attiré vers cette Église

qui seule a un principe d'unité indépendante de la politique humaine, et où, selon le témoignage bien remar quable de ceux même qui essayent de la combattre, le principe chrétien n'a jamais péri1. Ma conscience me presse aujourd'hui d'offrir ces faibles impressions, comme un tribut d'ardent amour, à des frères chéris, catholiques qui s'ignorent, auxquels l'Église est bien loin de fermer les portes du ciel à cause de la position de leur naissance. Puisse le cœur d'un, d'un seul d'entre eux sentir les battements du mien ! Puissent les

1. Mémoire présenté à S. M. l'empereur Nicolas par le conseiller privé Tutchef, inséré dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1850. Voici le passage d'où ce parfait aveu est extrait « En dépit de la séparation de plusieurs siècles et à travers les prétentions humaines, l'Église orthodoxe n'a pas cessé de reconnaître que le principe chrétien n'a jamais péri dans l'Église de Rome, qu'il a toujours été plus fort en elle que l'erreur et la passion des hommes; et voilà pourquoi elle a la conviction qu'il sera plus fort que tous ses ennemis. Elle sait de plus qu'à l'heure qu'il est, comme depuis des siècles, les destinées chrétiennes de l'Occident sont toujours encore entre les mains de l'Église de Rome, et elle espère avec confiance qu'au jour de la grande réunion, celle-ci lui restituera intact ce dépôt sacré. » Un membre de l'Église d'Orient nous semble mal inspiré après cet aveu « de condamner la papauté comme infidèle à la vérité œcuménique et violatrice du sanctuaire de la foi. » (Orthodoxie et Papisme, p. 27.) Les adversaires de l'Église devraient au moins s'entendre entre eux pour ne pas offrir le triste spectacle de la contradiction jusque dans l'injure.

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