Sayfadaki görseller
PDF
ePub

en général le caractère de la génération nouvelle. On lui a dit qu'elle étoit appelée à tout refaire, religion, politique, morale, et elle l'a cru. Elle passe en souriant sur des débris; où va-t-elle ? elle l'ignore. Elle va où sont allés tous ceux qui se sont perdus :

Per me si va tra la perduta gente.

Étrange misère ! Mais il est ainsi.

Et cependant parce que l'Église, seule invariable, arrête encore le mouvement fatal qui emporte et les gouvernemens et les peuples, tous les efforts se dirigent contre elle. Ses dogmes, son culte, ses ministres, sont livrés aux outrages des derniers manœuvres de l'impiété ; mais, comme nous l'avons remarqué, c'est surtout sa constitution qu'attaquent les habiles du parti. Il leur falloit un prétexte, ils l'ont trouvé; ce sont les libertés gallicanes, devenues le cri de guerre de tous les ennemis du christianisme, de tous les hommes à qui Dieu pèse. Il leur falloit un nom pour opposer à l'autorité catholique; ils ont profané celui de Bossuet. Destinée lamentable de ce grand évêque! Que si, là où ses vertus reçoivent sans doute leur récompense, il savoit de quels desseins on le veut rendre complice, ses os tout desséchés en tressailliroient dans le tombeau. Lui qui tant de fois protesta si éloquemment de son amour pour l'Église romaine, de son obéissance filiale à ses pontifes, il les entendroit insulter chaque jour par des sectaires qui se disent ses disciples; il verroit se développer une noire conjura

tion pour séparer d'eux le royaume de saint Louis : mais parmi ceux qui se plaisent à semer contre eux les soupçons et la défiance, qui repoussent leur autorité, qui voudroient peu à peu habituer les Français à ne voir dans le père commun des chrétiens qu'un étranger; parmi les voix qui s'élèvent pour répandre ces odieux sentimens, il ne pourroit comme nous en reconnoître une qui, en d'autres temps, rendit aussi un'éclatant hommage à cette Rome sainte à qui l'Europe doit sa civilisation.

Admirez cependant les dispensations de cette haute providence qui conduit le monde et veille sur l'Église de Jésus-Christ. Des hommes s'émeuvent, se rassemblent, pour ébranler le trône du prince des apôtres, pour soustraire à sa puissance des peuples égarés, et sur ce trône elle fait asseoir un pontife dont les vertus et la sagesse profonde rappellent la sagesse et les vertus de Léon-le-Grand; également distingué et par l'inébranlable fermeté du caractère, et par cette douceur persuasive et attirante qui rend presque inutile la fermeté; qui à la piété du prêtre et à la science de Dieu unit la connoissance de l'état du siècle et le génie du gouvernement; pontife enfin tel qu'il le falloit pour ranimer la foi, pour relever l'espérance, et qui semble, en ces tristes temps, avoir été donné aux chrétiens comme une preuve vivante de l'immuable fidélité des promesses.

Grâce encore à cette providence si merveilleuse dans ses voies, le clergé français, purifié par une longue persécution, instruit par l'expérience et par le

zèle passionné avec lequel les ennemis du christianisme soutiennent et propagent certaines maximes trop fameuses, a renoncé pour toujours à des préjugés qu'on ne put jamais, dans l'oppression ou le tenoit la magistrature, regarder comme sa vraie doctrine. Ce n'est pas à la suite d'une révolution qui a mis à nu toutes les erreurs que de vains mots le séduiront. Les libertés qu'on lui prêche, il les a connues; il sait qu'elles aboutissent pour la religion à l'athéisme, et pour le prêtre à l'échafaud. Des études mieux dirigées sur plusieurs points ont, quoi qu'on en dise, étendu ses vues, rectifié ses idées, et dissipé pour lui bien des nuages. Que, du fond de ses ténèbres, un imbécile orgueil lui reproche de manquer de lumières, c'est aussi ce que disoient des premiers disciples du Christ les savans et les sages du monde, alors que sur les peuples, assis dans l'ombre de la mort, se levoit le soleil des intelligences (1). La science véritable, car il en est une, la science qui vient de Dieu et qui conduit à Dieu, à qui la doit-on, si ce n'est au clergé? Transmise par lui d'âge en âge, il la conservera fidèlement mais il repousse sans doute, et ne cessera de repousser avec horreur, la fausse science, les trompeuses lumières qu'admirent quelques insensés; lumières semblables à ces lampes funèbres que les anciens plaçoient dans les tombeaux, et qui n'éclairoient que des ossemens.

Il est trop tard aujourd'hui, après ce qu'on a vu, (1) Oriens ex alto: Illuminare his qui in tenebris et in umbrâ mortis sedent. Luc., I, 78, 79.

pour réussir à détacher le sacerdoce français du vicaire de Jésus-Christ les liens qui les unissent ont été retrempés dans le sang des martyrs. Cependant puisqu'on s'efforce de renouveler, pour en tirer bientôt les dernières conséquences, de funestes opinions heureusement éteintes, il est nécessaire de montrer combien elles sont absurdes en elles-mêmes, et comment elles tendent à renverser et l'Église et l'État; mais il faut auparavant essayer d'apprendre à ceux qui l'ignorent, ce qu'est le pouvoir souverain dans la société spirituelle.

CHAPITRE Vİ.

Du souverain pontife.

La philosophie de ces derniers temps, fille de l'hérésie et aveugle comme elle, n'a jamais pu rien comprendre ni à la religion ni à la société. De ses théories étroites et stériles il n'est sorti, dans l'ordre des idées, qu'un doute universel; et dans l'ordre politique, que des révolutions. Impuissante à créer aucun système durable, à établir aucune doctrine, elle n'a pas même conçu celles qu'elle attaquoit. Pendant près d'un siécle elle a travaillé à démolir le christianisme, comme de stupides manœuvres démolissent un palais dont les belles proportions, l'ensemble et le plan leur sont totalement inconnus. Tout hébétée de matérialisme au moment même où elle annonçoit des prétentions si exclusives à la pensée et à la raison, a-t-elle seulement entrevu la profondeur et l'admirable harmonie des dogmes chrétiens? Encore aujourd'hui ces hautes vérités qui recèlent le mystère de l'intelligence humaine et le principe de sa vie, que sont-elles à ses yeux, sinon des rêveries incompréhensibles, ou tout au plus des formes variables et passagères de notre entendement? La nature de l'Église, sa constitution, ses lois, l'influence même temporelle qu'il étoit de sa mission d'exercer pour le salut des peuples et le perfec

« ÖncekiDevam »